Hommage : Pierrick Fédrigo
Publié : 31 août 2016, 14:35
Dimanche soir s'est arrêtée la carrière d'un des plus grands champions cyclistes français de ces quinze dernières années.
Petit retour sur la carrière de Pierrick Fédrigo.
Ne à Marmande le 30 novembre 1978, le jeune Pierrick passe professionnel en 2000 dans l'équipe Crédit Agricole de Roger Legeay, au sein de laquelle il évoluera pendant cinq saisons.

Durant les deux premières années, Fédrigo est assez discret mais se révèle à la fin de la saison 2002. 3ème du casse-pattes Tour du Doubs, vainqueur coup sur coup d'une étape du Tour du Limousin (3ème du général) puis d'une étape de Paris-Corrèze, il manque pour 1 seconde la victoire finale au Tour de l'Avenir, battu par Petrov. C'est la révélation française de fin de saison, et il vient s'ajouter à la longue liste de jeunes Français très prometteurs que l'on découvre en ce temps là (Chavanel, Casar, Pineau, Fritsch, Vogondy, Salanson, Edaleine...). Le cyclisme français est au creux de la vague et cherche un successeur à Laurent Jalabert qui part en \"retraite\". Cette génération prometteuse est donc déjà portée aux nues par des suiveurs impatients de revoir le cyclisme français en haut des tablettes.
Fédrigo ne sera jamais le crack attendu mais aura réalisé une belle carrière. Classieux sur un vélo, bon tacticien, passant bien les bosses, rapide, il a plein de qualités mais parait peu ambitieux lorsqu'il s'agit d'aller conquérir une grande classique ou une grande course par étapes. Peut-être conscient de ses limites, il se satisfera de mener sa carrière \"à la Moncoutié\", dispensant à petite dose du bonheur à ses supporters pendant 17 ans.
En 2003, après un début de saison compliqué par une blessure, il décroche sa première sélection pour le Tour de France, le graal de tout coureur français. Équipier de Christophe Moreau, il n'ira pas au bout des trois semaines de course, abandonnant à bout de forces dans la grande étape pyrénéenne de Loudenvielle. On aura quand même eu le temps de le voir dans ses œuvres dans l'étape de l'Alpe d'Huez, à l'attaque dans le col du Télégraphe qu'il franchira en tête.
Sa fin de saison sera marquée par une belle victoire d'étape sur Tour de l'Avenir, au sommet de la célèbre côte de la Croix Neuve à Mende.
2004. Fédrigo prend de l'assurance et de la caisse et devient membre d'un binôme redoutable avec Thor Hushovd sur les manches de la Coupe de France (3ème à Vitré et à Plumelec). C'est sur les 4 Jours de Dunkerque qu'il montre à tous qu'il est désormais parmi les meilleurs puncheurs français, croisant le fer avec Laurent Brochard et Sylvain Chavanel sur l'exigeante étape de Boulogne. Il se classe 4ème de la course, payant sa faiblesse contre la montre.
Il fait partie de la garde rapprochée de Moreau sur le Tour (avec Botcharov, Halgand et Salmon) mais s'illustre à titre individuel en se classant 4ème à Nîmes derrière ses expérimentés compagnons d'échappée, Aïtor Gonzalez, Nicolas Jalabert et Christophe Mengin. Sur la lancée de ce premier Tour achevé, il remporte le Tour du Limousin, sa première course par étapes.
En ce temps-là, les équipes françaises se font la guerre pour obtenir l'un des 4 sésames accordés par l'UCI pour intégrer le tout nouveau Pro Tour. Le recrutement va bon train et Fédrigo est sur le marché. C'est Jean-René Bernaudeau qui décroche la timbale et Pierrick enfile un nouveau maillot, celui de Bouygues Telecom.
Fédrigo restera fidèle à l'écurie vendéenne pendant 6 saisons et y vivra ses plus belles années.
En 2005, il est assez discret sur les épreuves du Pro Tour mais se distingue sur le calendrier français. Vainqueur de sa première course d'un jour, Cholet Pays de Loire, il remporte ensuite les 4 Jours de Dunkerque grâce à sa supériorité manifeste dans les monts du boulonnais. C'est sur ce même parcours qu'il décroche le titre de champion de France le 26 juin.

C'est un petit sommet qu'il atteint dans sa carrière, à 26 ans. Il ne fera jamais réellement mieux, même si d'autres belles victoires l'attendent. Mais ceux qui l'attendaient comme le nouveau cador français sur les Ardennaises en seront pour leurs frais.
Fédrigo ne fera pas vraiment briller son maillot bleu-blanc-rouge, à l'exception d'une journée du printemps 2006, lorsqu'il gagne en solitaire l'étape la plus difficile des 4 Jours de Dunkerque, au parc d'Olhain. Dauphin de son coéquipier Voeckler sur la Route du Sud, il rappelle que lorsqu'il le veut bien, il grimpe plutôt pas mal. C'est avec cette forme qu'il se classe dans les 30 premiers du Tour de France. Il ne fera jamais mieux, mais découvre sa vraie vocation, celle de baroudeur lors des étapes difficiles. Le 16 juillet à Gap, il offre à Jean-René Bernaudeau la première victoire de son équipe en sept participations au Tour, en manœuvrant à la perfection le rapide et rusé Salvatore Commesso, quelques encablures devant le peloton.
Attendu en fin de saison, il ne fera guère mieux que 7ème du GP de Plouay mais remportera une étape de la course qui lui réussit si bien, le Tour du Limousin. Il ne pourra empêcher Leonardo Duque de le battre au jeu des bonifications pour le classement final.
De 2007 à 2010, la carrière de Pierrick Fédrigo se poursuit de la même manière, le Marmandais collectionnant ici où là quelques prestigieux lauriers, sans dépasser le cap attendu : second Tour du Limousin remporté de haute lutte face aux grimpeurs de la Caisse d'Epargne en 2007, deux nouvelles étapes des 4 Jours (2008 et 2009), une étape du Dauphiné Libéré en 2009, et surtout le GP de Plouay 2008 face au grand coureur de classiques italien Alessandro Ballan. Cette victoire restera la seule classique de niveau World Tour remportée dans sa carrière. Quelques semaines plus tard, Ballan devient champion du monde, tandis que Fédrigo refuse la sélection. Critiqué pour son manque d'ambitions et pour privilégier en fin de saison sa passion de la chasse, Fédrigo ne changera jamais son fusil d'épaule.
Sa victoire à Tarbes sur le Tour de France 2009 est un trophée de plus à son tableau de chasse qui semble suffire à son bonheur.
En 2010 Fédrigo semble au faîte de sa condition physique. Il remporte un Critérium International durci par son déménagement en Corse et inaugure victorieusement l'ascension du Col de l'Ospédale. Sur le Tour, il surprend par sa capacité à accompagner facilement le groupe des favoris au départ de l'étape reine des Pyrénées partie tambour battant. C'est sans faiblesse apparente qu'il intègre ensuite l'échappée du jour et file vers sa 3ème victoire d'étape sur le Tour. Un aperçu de plus de sa capacité à grimper très fort lorsque la tête et les jambes ont décidé de suivre. N'avait-il pas accompagné et devancé à l'arrivée à la Toussuire des Leipheimer, Evans, Valverde, Szmyd et autre Zubeldia sur le Dauphiné 2008 ? Les vraies capacités de grimpeur de Fédrigo resteront un mystère.


Fin 2010, alors que la difficulté de Bernaudeau à trouver un sponsor pour l'année suivante n'a jamais été aussi grande, Pierrick Fédrigo se résoud à partir et signe un contrat dans l'équipe de Marc Madiot. Il passera 4 saisons à la FDJ.
Cette période sera marquée par son inexorable déclin et surtout sa convalescence suite à la maladie de Lyme en 2011. Il ne remporte aucune course en 2011 et laisse sa place dans l'équipe du Tour, conscient de ses faiblesses. Il retrouve néanmoins la forme en fin de saison et passe près d'une nouvelle grande victoire au GP de Montréal, deuxième derrière Rui Costa.

Il retrouve le chemin de la victoire en 2012, en regagnant au Col de l'Ospédale, puis gagne sa 4ème et dernière victoire sur le Tour, à Pau comme en 2010. Sa 3ème et dernière victoire sous le maillot de la FDJ sera sur Paris-Camembert en 2013.
Au terme d'une année 2014 blanche, il décide de quitter la FDJ et signe un dernier contrat au sein de l'équipe Bretagne Séché, rebaptisée en 2016 Fortunéo Vital Concept.
Il y gagne en 2015 sa dernière victoire, Cholet Pays de Loire, dix ans après sa première victoire sur cette course.

Voilà Pierrick, tu as décidé de mettre un terme à ta carrière après la Bretagne Classic ! Bon vent pour tes prochains projets et merci pour ta longue et belle carrière !
Petit retour sur la carrière de Pierrick Fédrigo.
Ne à Marmande le 30 novembre 1978, le jeune Pierrick passe professionnel en 2000 dans l'équipe Crédit Agricole de Roger Legeay, au sein de laquelle il évoluera pendant cinq saisons.

Durant les deux premières années, Fédrigo est assez discret mais se révèle à la fin de la saison 2002. 3ème du casse-pattes Tour du Doubs, vainqueur coup sur coup d'une étape du Tour du Limousin (3ème du général) puis d'une étape de Paris-Corrèze, il manque pour 1 seconde la victoire finale au Tour de l'Avenir, battu par Petrov. C'est la révélation française de fin de saison, et il vient s'ajouter à la longue liste de jeunes Français très prometteurs que l'on découvre en ce temps là (Chavanel, Casar, Pineau, Fritsch, Vogondy, Salanson, Edaleine...). Le cyclisme français est au creux de la vague et cherche un successeur à Laurent Jalabert qui part en \"retraite\". Cette génération prometteuse est donc déjà portée aux nues par des suiveurs impatients de revoir le cyclisme français en haut des tablettes.
Fédrigo ne sera jamais le crack attendu mais aura réalisé une belle carrière. Classieux sur un vélo, bon tacticien, passant bien les bosses, rapide, il a plein de qualités mais parait peu ambitieux lorsqu'il s'agit d'aller conquérir une grande classique ou une grande course par étapes. Peut-être conscient de ses limites, il se satisfera de mener sa carrière \"à la Moncoutié\", dispensant à petite dose du bonheur à ses supporters pendant 17 ans.
En 2003, après un début de saison compliqué par une blessure, il décroche sa première sélection pour le Tour de France, le graal de tout coureur français. Équipier de Christophe Moreau, il n'ira pas au bout des trois semaines de course, abandonnant à bout de forces dans la grande étape pyrénéenne de Loudenvielle. On aura quand même eu le temps de le voir dans ses œuvres dans l'étape de l'Alpe d'Huez, à l'attaque dans le col du Télégraphe qu'il franchira en tête.
Sa fin de saison sera marquée par une belle victoire d'étape sur Tour de l'Avenir, au sommet de la célèbre côte de la Croix Neuve à Mende.
2004. Fédrigo prend de l'assurance et de la caisse et devient membre d'un binôme redoutable avec Thor Hushovd sur les manches de la Coupe de France (3ème à Vitré et à Plumelec). C'est sur les 4 Jours de Dunkerque qu'il montre à tous qu'il est désormais parmi les meilleurs puncheurs français, croisant le fer avec Laurent Brochard et Sylvain Chavanel sur l'exigeante étape de Boulogne. Il se classe 4ème de la course, payant sa faiblesse contre la montre.
Il fait partie de la garde rapprochée de Moreau sur le Tour (avec Botcharov, Halgand et Salmon) mais s'illustre à titre individuel en se classant 4ème à Nîmes derrière ses expérimentés compagnons d'échappée, Aïtor Gonzalez, Nicolas Jalabert et Christophe Mengin. Sur la lancée de ce premier Tour achevé, il remporte le Tour du Limousin, sa première course par étapes.
En ce temps-là, les équipes françaises se font la guerre pour obtenir l'un des 4 sésames accordés par l'UCI pour intégrer le tout nouveau Pro Tour. Le recrutement va bon train et Fédrigo est sur le marché. C'est Jean-René Bernaudeau qui décroche la timbale et Pierrick enfile un nouveau maillot, celui de Bouygues Telecom.
Fédrigo restera fidèle à l'écurie vendéenne pendant 6 saisons et y vivra ses plus belles années.
En 2005, il est assez discret sur les épreuves du Pro Tour mais se distingue sur le calendrier français. Vainqueur de sa première course d'un jour, Cholet Pays de Loire, il remporte ensuite les 4 Jours de Dunkerque grâce à sa supériorité manifeste dans les monts du boulonnais. C'est sur ce même parcours qu'il décroche le titre de champion de France le 26 juin.

C'est un petit sommet qu'il atteint dans sa carrière, à 26 ans. Il ne fera jamais réellement mieux, même si d'autres belles victoires l'attendent. Mais ceux qui l'attendaient comme le nouveau cador français sur les Ardennaises en seront pour leurs frais.
Fédrigo ne fera pas vraiment briller son maillot bleu-blanc-rouge, à l'exception d'une journée du printemps 2006, lorsqu'il gagne en solitaire l'étape la plus difficile des 4 Jours de Dunkerque, au parc d'Olhain. Dauphin de son coéquipier Voeckler sur la Route du Sud, il rappelle que lorsqu'il le veut bien, il grimpe plutôt pas mal. C'est avec cette forme qu'il se classe dans les 30 premiers du Tour de France. Il ne fera jamais mieux, mais découvre sa vraie vocation, celle de baroudeur lors des étapes difficiles. Le 16 juillet à Gap, il offre à Jean-René Bernaudeau la première victoire de son équipe en sept participations au Tour, en manœuvrant à la perfection le rapide et rusé Salvatore Commesso, quelques encablures devant le peloton.
Attendu en fin de saison, il ne fera guère mieux que 7ème du GP de Plouay mais remportera une étape de la course qui lui réussit si bien, le Tour du Limousin. Il ne pourra empêcher Leonardo Duque de le battre au jeu des bonifications pour le classement final.
De 2007 à 2010, la carrière de Pierrick Fédrigo se poursuit de la même manière, le Marmandais collectionnant ici où là quelques prestigieux lauriers, sans dépasser le cap attendu : second Tour du Limousin remporté de haute lutte face aux grimpeurs de la Caisse d'Epargne en 2007, deux nouvelles étapes des 4 Jours (2008 et 2009), une étape du Dauphiné Libéré en 2009, et surtout le GP de Plouay 2008 face au grand coureur de classiques italien Alessandro Ballan. Cette victoire restera la seule classique de niveau World Tour remportée dans sa carrière. Quelques semaines plus tard, Ballan devient champion du monde, tandis que Fédrigo refuse la sélection. Critiqué pour son manque d'ambitions et pour privilégier en fin de saison sa passion de la chasse, Fédrigo ne changera jamais son fusil d'épaule.
Sa victoire à Tarbes sur le Tour de France 2009 est un trophée de plus à son tableau de chasse qui semble suffire à son bonheur.
En 2010 Fédrigo semble au faîte de sa condition physique. Il remporte un Critérium International durci par son déménagement en Corse et inaugure victorieusement l'ascension du Col de l'Ospédale. Sur le Tour, il surprend par sa capacité à accompagner facilement le groupe des favoris au départ de l'étape reine des Pyrénées partie tambour battant. C'est sans faiblesse apparente qu'il intègre ensuite l'échappée du jour et file vers sa 3ème victoire d'étape sur le Tour. Un aperçu de plus de sa capacité à grimper très fort lorsque la tête et les jambes ont décidé de suivre. N'avait-il pas accompagné et devancé à l'arrivée à la Toussuire des Leipheimer, Evans, Valverde, Szmyd et autre Zubeldia sur le Dauphiné 2008 ? Les vraies capacités de grimpeur de Fédrigo resteront un mystère.


Fin 2010, alors que la difficulté de Bernaudeau à trouver un sponsor pour l'année suivante n'a jamais été aussi grande, Pierrick Fédrigo se résoud à partir et signe un contrat dans l'équipe de Marc Madiot. Il passera 4 saisons à la FDJ.
Cette période sera marquée par son inexorable déclin et surtout sa convalescence suite à la maladie de Lyme en 2011. Il ne remporte aucune course en 2011 et laisse sa place dans l'équipe du Tour, conscient de ses faiblesses. Il retrouve néanmoins la forme en fin de saison et passe près d'une nouvelle grande victoire au GP de Montréal, deuxième derrière Rui Costa.

Il retrouve le chemin de la victoire en 2012, en regagnant au Col de l'Ospédale, puis gagne sa 4ème et dernière victoire sur le Tour, à Pau comme en 2010. Sa 3ème et dernière victoire sous le maillot de la FDJ sera sur Paris-Camembert en 2013.
Au terme d'une année 2014 blanche, il décide de quitter la FDJ et signe un dernier contrat au sein de l'équipe Bretagne Séché, rebaptisée en 2016 Fortunéo Vital Concept.
Il y gagne en 2015 sa dernière victoire, Cholet Pays de Loire, dix ans après sa première victoire sur cette course.

Voilà Pierrick, tu as décidé de mettre un terme à ta carrière après la Bretagne Classic ! Bon vent pour tes prochains projets et merci pour ta longue et belle carrière !