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Intéressant ! Et bravo à la Rtbf pour un article aussi neutre !
A la décharge de Remco, les 16 mois de différence cités dans l'article, à leur âge, c'est pas négligeable. Et puis surtout, et c'est ce que je dis depuis un moment, c'est qu'on ne connait pas les limites du garçon. Il n'a pas fait de GT, il n'a que peu fait de montagne, on connait pas ses facultés de récupération. On a que son exceptionnelle précocité et sa puissance phénoménale pour dire que, peut être, il sera un monstre dans les GT. Il se pourrait... ou peut être pas. Le Giro sera un premier indicateur, mais même en cas de perf en demi teinte, il est encore jeune, un peu lourd, ça ne sera pas un avis définitif. Mais s'il nous fait un Giro du niveau de la Vuelta de Pogacar, là, on saura qu'on va s'ennuyer les prochaines années
Sur les 3 fantastiques :
- Bernal, c'est le présent, déjà vainqueur du Tour. Il a confirmé.
- Pogacar, on ne sait pas jusqu'où il va monter, mais on sait déjà qu'il est taillé pour les GT (polyvalent, très bon grimpeur, bon rouleur, bonne récup). A sans doute du potentiel sur les courses d'un jour accidentées.
- Remco, déjà un des meilleurs rouleurs du monde (à son âge, c'est fou), brute sur les courses d'un jour, même accidenté. Reste l'inconnu sur les GT, même s'il y a des signes indirects qui laissent à penser qu'il pourrait y briller.
Bref, plus ils sont jeunes, moins on a de certitude, mais c'est assez logique...

Aparté, allez faire un tour sur le topic Athlétisme, si vous aimez les précoces, vous allez être servi, c'est encore au dessus de Remco à mon humble avis

Il y a un élément que ne souligne pas l'article non plus.
Remco n'a à ce jour que 2 années et demi de vélo dans les jambes quand Pogacar fait du vélo depuis qu'il est pré-ado.
Bernal faisait déjà énormément de VTT avant de passer sur route.
Remco est vraiment un OVNI dans la catégorie au-dessus pour moi. Il a encore donc tellement de possibilité d'amélioration.
Quant à ses facultés de récupération sur les GT, je pense depuis le début que ça sera justement son arme principale qui le rendra insubmersible en GT.
On peut se souvenir de la Course de la Paix 2018 où il écœure tout le monde le dernier jour après un solo de 80 km sur un terrain pas forcément difficile alors que jusque là ses adversaires lui tenaient la roue. L'anecdote sur son semi-marathon en 1 h 16 min à 16 ans, ce qui étonne ce n'est pas tellement son temps mais le fait qu'il l'ait réalisé même pas 24 h après un match de foot la veille.
C'est grâce à ça qu'il peut déjà rivaliser avec l'élite : il est capable de répéter à l'infini ou presque plusieurs efforts au seuil dans la même journée avec très peu de temps de récupération (à San Sebastian, il lui faut très peu de temps mort, quand les leaders eux ont besoin de souffler, il repart). Et c'est souvent ce qui fait défaut aux jeunes cracks qui arrivent chez les pros : ils rivalisent sur un effort brut mais sur l’enchaînement ils explosent.
Je l'imagine comme une sorte de Nibali, pas forcément supérieur en montagne lors des deux premières semaines et même parfois dominé mais imbattable par la suite.
Ce qu'a fait Froome lors du Giro 2018, je l'en sens capable sur chaque GT en troisième semaine.

On peut aussi penser que la manière dont il s’entraîne depuis ses débuts l'a modelé : son coach depuis les juniors est de l'école de Mon Vanden Eynde, le plus grand entraîneur de l'athlétisme belge (avec des élèves comme Ivo Van Damme, Jos Hermens (NED)...)
Il a appliqué les méthodes de Mon au vélo auquel il ne connaissait pas grand chose.
Et un élément clé est l'entrainement bi-quotidien. Quelque chose qui est complètement étranger à la culture du cyclisme sur route mais que l'on voit pratiqué dans de nombreux autres sports d'endurance. Les frères Ingebrigtsen, coaché par leur père, font énormément de bi-quotidien et presque jamais de longues sorties supérieures à 1 h 30 min. Leur père explique que multiplier les longues sorties nuit fortement à la récupération car il faut reconstituer les réserves en glycogène et ça les empêchent de faire beaucoup du qualitatif les jours suivants. Après, les frères Ingebrigtsen brillent sur le demi-fond. Donc il est vrai que ce n'est pas tout à fait le même effort en cyclisme sur route.

Evenepoel ne fait pas souvent de longues sorties mais coupe aussi ses sessions en deux et prend le temps de recharger le midi.
Je pense que ce genre d'entrainement convient vraiment à merveille pour un coureur comme Evenepoel c'est-à-dire un coureur qui n'a pas à se soucier d'apprendre à brûler efficacement les graisses à l'effort, car, à là base, Evenepoel a une capacité remarquable à le faire et produit peu de lactates. Bon, le revers de la médaille, c'est que sa capacité de lipolyse extraordinaire l’empêche de sortir de grosses puissances sur des durées inférieures à 5 min.
Mais cet entrainement bi-quotidien avec les réserves pleines lui permet d'apprendre à être plus efficace dans ce domaine et surtout de moins épuiser son organisme sur le plan hormonal et à pouvoir augmenter aussi les charges de travail.
Voilà aussi pourquoi à mon avis, il peut se permettre de ne pas se priver à l'entrainement et manger confortablement à sa faim, mais ça lui fera toujours prendre un peu de poids comme il recharge pas mal le midi en temps normal.

Enfin, ce qui risque de faire défaut à Evenepoel sur le Giro, c'est son expérience en montagne tout de même.
Jusqu'à ce jour, il n'a connu que deux jours de course avec enchaînement de col (Mondial d'Innsbruck et sur l'Ionica Adriatico Race) et c'est peut-être en mai qu'il va pour la première fois voir que son impasse dans la caté espoirs n'a pas eu que des avantages, caté où l'on dispute des Ronde l'Isard, des GIro U23, des Tour du Val d'Aoste, Tour de Savoie, des Tour d'Alsace, des Tour de l'Avenir. Il va vraiment arriver dans l'inconnue totale sur ce plan.
C'est un domaine où il part de très loin, c'est pour ça qu'il ne grimpe pas encore au niveau des tous meilleurs même s'il a la puissance pour, il y a une phase d'adaptation neuro-musculaire, un coup de pédale à trouver, savoir gérer ses braquets sur une tappone (Tony Martin par exemple ne savait mouliner efficacement et passait tout en force, c'est pourquoi il n'a jamais pu être un coureur de GT, impossible d’enchaîner les cols et les étapes de montagne en pédalant de la sorte).
Et puis trois semaines sans tomber, ça ne va pas être évident pour lui.

Toujours passionnant à lire
Peut-il aussi souffrir de l'altitude ? Ou est-ce que maintenant, avec tous ces stages en altitude, tout le monde est quasi sur un pied d'égalité ?

Donc en fait quand il mange une glace à midi, tout est calculé, ça fait partie de son entraînement.
Moi qui me l'imaginait en rebelle faisant fi des conventions, je suis déçu

loloherrera a écrit : 10 févr. 2020, 21:19 Toujours passionnant à lire
Peut-il aussi souffrir de l'altitude ? Ou est-ce que maintenant, avec tous ces stages en altitude, tout le monde est quasi sur un pied d'égalité ?

Merci.
Du haut de ses 1.65m, je doute que Remco souffre beaucoup de l'altitude.

jimmy39 a écrit : 10 févr. 2020, 21:24 Donc en fait quand il mange une glace à midi, tout est calculé, ça fait partie de son entraînement.
Moi qui me l'imaginait en rebelle faisant fi des conventions, je suis déçu

Pas calculé non, mais il est bien conscient qu'il est "extraordinaire" et que ce n'est pas un kg en plus ou en moins qui va déterminer ces prochaines performances. Contrairement à certains coureurs qui ont besoin d’être vraiment au poids pour être performant et d'avoir une alimentation surveillée.
Un cas extrême en la matière fut Tom Danielson, qui est à 20% Inuit, issu d'une famille ayant prospéré dans le BTP (construction d'igloos).
Si on n'a encore jamais vu d'Eskimo remporter le Tour de France ou terrasser Martin Fourcade en biathlon, c'est bien parce qu'ils ont un patrimoine génétique pas du tout adapté au sport de haut niveau.
En bref, le génome de Tom Danielson était plus proche de celui d'un ours polaire que de celui d'un Peter Crouch.
Tout ce qu'il mange, il le stocke sous forme de gras en prévision des hivers rudes.
De plus, il économise tout le gras pendant l'effort et ne brûle que du sucre, donc il était souvent vidé avant même la fin des étapes et ne tenait pas la distance.
Il a fallu que le Dr. San Milan lui fasse changer son régime alimentaire pendant son entrainement hivernal pour qu'il arrête d'utiliser trop les sucres à l'effort. Il ne mangeait plus que du guacamole et des noix.
Je sais aussi qu'un Sylvain Chavanel a aussi un métabolisme à chier de ce coté là et ça lui a aussi causé de nombreuses fringales en carrière. Donc il devait vraiment faire attention à son alimentation et de ce fait, il a toujours eu un visage très émacié à cause de ça.

Bradounet_ a écrit : 10 févr. 2020, 22:26

loloherrera a écrit : 10 févr. 2020, 21:19 Toujours passionnant à lire
Peut-il aussi souffrir de l'altitude ? Ou est-ce que maintenant, avec tous ces stages en altitude, tout le monde est quasi sur un pied d'égalité ?

Merci.
Du haut de ses 1.65m, je doute que Remco souffre beaucoup de l'altitude.

Le plus important est que ce "jeunisme", comme le dit le journaliste de la RTBF, va nous faire vivre une magnifique décennie à venir. Les luttes Poga, Remco, Bernal et autres vont nous changer, enfin, je l'espère...

Superbe article dans le Sport Magazine Cyclisme sur les témoignages des papas de Tom Boonen et Remco Evenepoel

Concernant Remco, c'est vraiment un extra terrestre ce gars, morceaux choisis :

- Remco a couru le semi marathon de Bruxelles. Il a terminé 13ème en 1h16, à 16 ans. Jusqu'à 5 km de l'arrivée, il était toujours avec les Kenyans, eux dans leur tenue d'athlétisme, lui avec un maillot de foot d'Anderlecht sur le dos..

- Après qu'Anderlecht l'a écarté, un jour, en rentrant du travail, j'ai vu que mon vélo, mon casque et ma tenue de course avaient disparu. Un peu plus tard, il était devant la porte et me dit : regarde un peu ton GPS, j'aurais dû prendre une photo : 120 km à une moyenne de 34 km/h alors qu'il n'avait jamais roulé à vélo...

Ah ouai... Ca parle quand même ses chiffres là...

Le gamin a des capacités hallucinantes

Et donc Remco aurait subi une énorme défaillance et perdu plus de 10' dans les derniers 5km de la course ? Ou bien est-ce que les journalistes sont déjà entrain d'enjoliver la légende de Remco

jimmy39 a écrit : 11 févr. 2020, 16:23 Et donc Remco aurait subi une énorme défaillance et perdu plus de 10' dans les derniers 5km de la course ? Ou bien est-ce que les journalistes sont déjà entrain d'enjoliver la légende de Remco

Oui, sur cette anecdote, il a toujours expliqué avoir explosé sur la fin. Maintenant, il était peut-être pas avec les gars de tête mais avec un groupe de poursuivants dont des kényans

Ou alors avec les fameux Kenyans blancs.

N'empêche, en course à pied, quand on voit un gars en tenue de footeux débarquer dans le 1er box, on se dit toujours "encore un kéké qui surestime ses capacités"

Je ne sais pas d'où sort cette histoire de kényans mais j'ai été vérifié dans les résultats du semi marathon et il n'y en a aucun

C'est la creation du mythe!!!on fait ça pour les gourous

Il y avait bien des Kenyans mais ils sont classés 1 et 3 du marathon donc on peut penser que Evenepoel a bien suivi leur rythme sur 15 km et eux ont continué leur course mais sur 27 km... Les temps correspondent (course gagnée en 2 h 24 donc semi autour des 1 h 12).
La présence des Kenyans devant Remco est confirmée par son entraîneur des U16 à Anderlecht (https://sportmagazine.levif.be/sport/cy ... 1581436335).
Par contre, là encore on sent que le journaliste ose prendre quelques libertés quand il nous décrit Evenepoel comme un "petit gars tout maigre" ce qui n'était pas vraiment le cas vu la photo.

Il va pouvoir se reconvertir dans le triathlon une fois ses 5 Tours en poche

Merci pour tes explications bradounet ! Toujours aussi pationnant de te lire !

Bradounet_ a écrit : 11 févr. 2020, 16:35 Ou alors avec les fameux Kenyans blancs.

Non c'est pas vrai, jusqu'à 500m de l'arrivée, Remco était devant Kipchoge !