Comme promis, revenu d'Isbergues (et non de Denain

, quoi que j'y sois passé sur le chemin du retour

), l'itw dans Le Soir de samedi de Adam Hansen:
"La Vuelta et son organisation « latine » n’ont pas connu la meilleure publicité, lors de l’édition 2023. Plusieurs couacs ont quelque peu entaché l’image de l’épreuve espagnole. Principalement, au début du Tour d’Espagne avec le chrono dans le noir, la menace de grève des coureurs majeurs et la lourde chute de Remco Evenepoel à Arinsal, parmi d’autres soucis. Le téléphone d’Adam Hansen, président du CPA, l’association qui sauvegarde les intérêts des coureurs cyclistes professionnels, n’a cessé de sonner ou de vibrer. Élu à la présidence de ce « syndicat » en mars dernier, l’homme au record de vingt grands tours disputés d’affilée a du pain sur la planche. La sécurité, l’environnement, la personnalité des coureurs, ses ambitions, l’Australien de 41 ans, qui se rendra à Madrid ce week-end, aborde plusieurs sujets.
Au début de la Vuelta, on vous a vu actif sur les réseaux sociaux. Quel a été votre regard sur les problèmes d’organisation ? Certains parlaient même d’un cirque…
À Barcelone, lors du chrono dans le noir, l’organisation a dû faire face à un problème de météo. C’est une tradition de commencer tard à la Vuelta. Les décideurs ont mal calculé. Mais lorsqu’ils ont voulu allumer les lumières, ils ont été confrontés à un problème d’administration. Le lendemain, les routes glissantes et l’huile des voitures sur la route rendaient le parcours extrêmement dangereux. Ce qui a poussé les coureurs à réagir. Les organisateurs ont pris conscience de leurs erreurs, ils ont ouvert les yeux. Si on se positionne à la place des coureurs, qui axent leur préparation pour obtenir des résultats, lorsqu’un problème d’organisation vient perturber cela, on ne peut que comprendre les plaintes.
Un coureur comme Remco Evenepoel n’a pas été épargné. Au troisième jour, il a d’ailleurs déclaré : « Ça commence à me casser les c*** ». Que penser de ses propos ?
Non seulement, je les comprends, mais je les soutiens. Il a connu des problèmes trois jours d’affilée, je pense qu’il avait parfaitement le droit d’exprimer son opinion. Même si elle dérange. De plus en plus, dans le cyclisme, on est à la recherche de la performance. Si tout est détruit par un facteur étranger, mettez-vous à leur place. Remco était le tenant du titre. Si lui ne parlait pas, qui aurait pris la parole à sa place ? À titre personnel, j’aime les gens qui ont de la personnalité. Les médias aiment cela aussi, je pense. Il a le droit de se plaindre.
Lors du dernier Tour de France, certains problèmes avec les motos ont été constatés, en montagne. Comment trouver une solution pour que la sécurité des coureurs soit optimale ? On se souvient de l’image de l’attaque de Tadej Pogacar dans le col de Joux Plane…
Je travaille depuis un bon moment sur un système de radar qui détecte si un coureur se trouve à proximité d’une moto. Il s’agira d’un système audio et lumineux qui permettra d’avertir le motard et éviter les problèmes qu’on a pu voir au Tour. Je suis en train de discuter avec certains organisateurs afin de tester cet outil lors des premières courses, la saison prochaine.
Un autre point semble de plus en plus faire débat dans le peloton : le respect de l’environnement. Est-il concevable de voir autant de trajets en avion, et de courses dans des destinations exotiques, à l’heure actuelle ?
Il y a certains pays qui sont controversés. Mais si on interdit les vols vers le Qatar ou les Émirats arabes unis, on doit le faire aussi pour l’Australie, par exemple. C’est encore plus problématique dans ce pays. Tout le monde vise à internationaliser le cyclisme, un peu plus chaque année. Je suis d’accord, néanmoins, sur le fait que des démarches peuvent être entreprises pour ce qui concerne les transferts durant les courses à étapes, par exemple. Mettre un trajet en avion dans un grand tour, c’est peut-être un point sur lequel il faudra travailler dans les années à venir. Il y a peut-être d’autres solutions.
Comme les sports les plus célèbres, le cyclisme est, toujours plus, guidé par l’aspect financier. L’est-il trop selon vous ?
L’argent n’est pas la chose la plus importante dans le cyclisme. Il est primordial pour les coureurs car c’est leur gagne-pain. Mais certains n’ont pas des salaires importants. Plusieurs touchent à peine 1.354 euros par mois. Ils roulent, entendons-nous bien, presque « gratuitement ». Un peu plus d’équité me semble essentielle. La place de l’argent n’est quand même pas comparable à d’autres sports, même si on ne peut nier l’évidence.
Voyez-vous des similitudes entre votre rôle et votre passé dans le peloton ?
Je n’ai jamais regardé une course cycliste quand j’étais encore coureur. Aujourd’hui, je n’arrête jamais. Devant ma télévision, j’espère toujours que les choses se dérouleront bien. Mentalement, c’était plus facile d’être coureur. Je devais juste me concentrer sur mon travail d’équipier pour mes leaders. Actuellement, c’est complètement différent. Je dois constamment réorganiser ma vie. Je suis très souvent sollicité, à toutes les heures de la journée, et même la nuit, parfois, avec le décalage horaire. Je ne dors pas beaucoup la nuit, mais je suis content d’occuper ce rôle. Rester inactif m’ennuierait."