L’Héraultaise - La Roger Pingeon 138 km, 2200 D+
Je n’ai pas crevé cette fois-ci
Voilà mon premier CR de l’année, qui, quel hasard, coïncide avec ma première compétition de l’année.
Le weekend passé, je me suis rendu dans l’Hérault pour participer au combiné CLM du col du vent / Héraultaise grand parcours.
Dommage que le CLM n’ait pas attiré plus de monde. On n’est que 37 au départ. A ce qu’il semble, c’est dû au fait que c’est le vendredi après-midi, en semaine et 2 jours avant la course. Certainement, mais à part ça, j’ai remarqué que les CLM attirent moins de monde de façon générale. Le fameux effort solitaire, serait-il trop violent ?
Avant le départ, je discute avec 2 juniors bien sympas, et un authentique Hipster, muni d’une magnifique barbe à la Victor Hugo et d’un Canyon CLM monté en Fixie 53/17 ! Peu de temps après, je croise Vincent Cantoni, connu dans tout le Languedoc-Roussillon et au-delà pour ses capacités de rouleur. Lors d’une petite discussion, on se rend compte que cette saison, nous souffrons tous les deux du même mal: Une certaine irrégularité. Bien que la forme soit théoriquement là, nous ignorons donc tous les deux à quelle sauce on sera mangé ce jour-là.
Juste avant le départ, je fais ma BA du jour: Le concurrent partant juste avant moi, a une crevaison lente sur sa roue avant, et personne ne peut le dépanner d’une chambre à air à valve longue. Je négocie donc in extrémis le prêt d’une roue avant avec le premier concurrent tout juste descendu du col, et il peut partir 30 secondes après son temps officiel de départ.
Puis c’est mon tour. Après moultes tergiversations, j’ai finalement opté pour mon vélo route, sans prolongateurs. Le temps à battre est de 26:09 pour les 10,5 km, établi par un des juniors avec qui j’avais discuté auparavant, la plupart des concurrents étant situés autour des 30 minutes.
Je me le sens. Je vise un temps commençant par 24:…
Départ donc sur un faux plat montant sur 3 km, avec vent dans le dos. Ca roule tout seul. Vite, le compteur dépasse les 40 km/h, pour se caler vers les 33 à l’heure quand les 3 % de montée sont atteints. Seul petit truc - le cardio monte très lentement - peut-être trop lentement ?
Après un virage, le vrai col commence, avec un court passage dans les 8-10% dans le village d’Arboras que je passe avec l’élan du faux-plat, puis une montée assez régulière dans les 6% vent 3/4 de dos. Le cardio est monté lentement, mais il monte haut. Je me cale sur 170 pulses, je suis à 95% de ma FC max. Plus n’est pas possible. Je suis donc, comme on dit, à bloc. Et je souffre. Ca ne se fait vraiment pas tout seul, malgré le vent favorable. A mi-chemin, il y a un faux-plat qui permet une fois de plus à dépasser les 30 km/h. Après ça, le vent n’est plus si favorable que ça, et je décide de tomber la plaque. Je ne dépasse plus les 23 km/h et je grince des dents. En m’approchant de la ligne d’arrivée, le chrono dépasse les 25 minutes. Je relance, je me fous dans le rouge foncé, et je dépasse la ligne au sprint. 25:33. Je n’aurais pas pu faire mieux ce jour là. Et au speaker de dire: « 2ème temps ».
Je suis quand même un peu déçu. A ce qu’il semble, c’est « un jeune » qui a réalisé un temps canon de 24:48, inatteignable pour moi.
Descendu au village de Montpeyroux, je jette un coup d’oeil sur le classement: C’est en fait Vincent Cantoni, le « petit jeune » qui gagne (il a mon age). Il a été dans un très grand jour, et est monté les 8,1 km du col proprement dit avec 424W mesurés. Selon se propres mots, il avait 20W de plus que d’habitude, et il avait senti tout de suite qu’il avait « les jambes ». Grande performance !
https://www.strava.com/activities/922024472#22500846406
Deux jours plus tard donc, l’Héraultaise, grand parcours. A cause de travaux sur le célèbre pont du diable, ils ont du « légèrement » modifier le parcours - en gros, ils ont ajouté un col - les Lavagnes, 6 km à 6% pour presque 400 de D+
Perso, ça ne m’a pas gêné. J’aime bien quand ça monte.
Je me retrouve sur la ligne (dans le sas prioritaire, svp :-) ) avec mes potes Sam et Richard. Comme j’en ai désormais l’habitude, mes entrailles s’étaient liquéfiés avant le début de la course, et l’unique sachet de smecta que j’avais pris pour arrêter la merdorrhagie, avait du mal à faire son office. Je pars donc dans la course avec une énorme envie de chier, qui très heureusement s’estompe au bout de quelques km. Je suis sûr que vous êtes tous ravis de le savoir :-) !
L’ajout du deuxième col fait que tout le monde semble tenu en grand respect devant les désormais deux difficultés du jour, et en conséquence, ça ne roule pas, mais vraiment pas. A la recherche de Richard et Sam, j’arpente le paquet - l’idée de rouler les 3 ensemble ne semble pas tenable, vu comment à chaque dos d’âne et passage de village, nous nous éparpillions à nouveau dans ce peloton. Sur la première vraie montée, je me positionne aux avant-postes, la tête tournée à 180°, pour voir si Sam ne voudrait pas des fois se faire la malle avec moi, de grâce ! Mais point de Sam en vu. Et personne ne bouge.
Sur la deuxième montée, j’allume. Et ça suit. Ouf. La cassure est donc vite faite, et nous nous retrouvons plus qu’à une petite vingtaine (malheureusement sans Sam) à affronter des rafales de vent assez fortes dans un terrain accidenté et jamais vraiment plat.
On passe l’endroit ou tout le monde avait perdu des bidons l’année dernière, deux dos d’ânes violents dans une descente rapide - sans encombre, et la descente suivante où j’avais crevé l’année précédente - également sans encombre.
Voyant que le peloton s’étire, certains trouvent la motivation, et ça continue à rouler à un bon rythme, jusqu’au pied de la montée des Lavagnes, où nous nous retrouvons très rapidement à 5 - David Polveroni (avec qui je m’étais échappé l’année dernière), un jeune de Montagnac, un autre jeune de l’équipe de France militaire, Luc Chavanon, champion du monde amateur masters de 2014, et moi-même. Assez rapidement, Luc Chavanon part en chasse patate et est remplacé par Stéphane Mathieu de Montauban, champion CLM Midi Pyrénées élite en titre.
Très vite, nous perdons un autre élément, mais en avant cette fois-ci. David se fait la malle. Pas avec une accélération fulgurante, mais tout de même assez fort pour que personne ne se sent de le suivre. De toute façon, il restent presque 100 km, un autre col plus roulant, et nous sommes 4 - nous sommes assez sûr de le récupérer plus tard, d’autant plus que nous le gardons en vue sur quasiment toute la montée des Lavagnes.
Je suis un peu juste. Mais je m’accroche, sachant que je suis presque toujours mieux sur le deuxième col que sur le premier, donc ce serait dommage de les laisser filer.
La fin des Lavagnes comporte une portion à 14%, et je sais que je suis bien dans ces très forts pourcentages. Et en effet, je tiens les roues sans problèmes et finis devant.
La descente des Lavagnes s’avère aussi éprouvant que la montée, mais nous étions prévenus: C’est une petite route tortueuse en faux-plat descendant, route en mauvais état (bien que balayée - merci à (l’excellente) organisation), avec un fort vent dans tous les sens, mais principalement de face. Les trois autre commencent vaguement à se relayer, mais vu le terrain de jeu, je préfère rester une dizaine de m derrière, quitte à ne pas m’abriter, mais je ne veux pas prendre de risques à prendre une forte rafale de côté en dépassant un concurrent, ou une autre plaisanterie dans le genre. Pas plus tard que mardi dernier, j’ai vu ce que ça peut faire quand les roues se touchent (voir dans « vos nouveaux entraînements racontés).
A la fin, ça se transforme en vraie descente, entre l’état de la route et le vent, on a intérêt à bien tenir le guidon !
Et puis commence tout de suite le col du vent, mais sans le faux plat du chrono. D’entrée, je me trouve quelques longueurs devant les autres concurrents, et le jeune de Montagnac commence à gueuler: « Eh, c’est pas là que tu vas allumer quand t’as pris aucun relai avant ! » Je luis explique donc que ça été par pure prudence, on se cale tous ensemble sur un même rythme…. qui est franchement trop faible pour moi. A un moment, je crains même qu’à rouler comme ça, ça finirait à revenir par derrière. Le gars de l’équipe militaire et moi faisons toute la montée en tête, ce sont désormais les 2 autres qui semblent justes.
Avec déjà plus de 70 km dans les jambes, il est temps de s’alimenter. Je sors ma power bar, mais ça ne veux pas descendre. Au bout de deux bouchées, je la remballe, je ne vais tout de même pas me faire vomir !
La descente commence de façon similaire à la précédente, en faux plat vent de face. Cette fois-ci sur une bonne route, et nous commençons en effet à tourner. Mais ça s’organise assez mal. Tantôt ça tourne à droite, tantôt à gauche, est surtout j’ai comme l’impression, que nous n’avançons aucunement plus vite grâce au fait de tourner. D’ailleurs, les écarts annoncés avec David, l’homme de tête, ne bougent pas, voir augmentent. Toujours autour d’une minute. Pas étonnant, vu comment on est montés le col du vent. Mais bon, il reste 60 bornes, n’est-ce pas ?
Au km 80, une formidable descente sur une route large et en parfait état - probablement le moment le plus fun de cette cyclo - puis à nouveau terrain accidenté, vent tournant. J’appuie un peu plus mes relais. Mais je me fais engueuler par le jeune de Montagnac (à nouveau, et ça ne vas pas s’arrêter là…) « Ca ne sert à rien ! Dès que t’es devant, tu relèves ton effort, c’est l’inertie du groupe qui nous fait avancer »
Bien sûr. Si on veut aller plus vite (par exemple pour rattraper un échappé), il ne faut surtout pas accélérer. Bref.
S’en suit un joli coup de cul de 17% sur 200 m, comme je les aime. Jusqu’en haut je prends quelques dizaines de m, et là, je fais une énorme erreur stratégique - voir 2 pour le prix d’une. Je les attends. Mais quand je vois qu’ils sont tout de même encore un peu loin, j’accélère en espérant me faire la malle - avec 50 km à parcourir. Donc, je n’y mets pas tout, conscient aussi du faible kilométrage que j’ai cette année (même pas 3000), et du fait que j’ai le bide vide. J’ai été con. J’aurais dû me barrer dans le col du vent, je ne l’ai pas fait. J’aurai dû me barrer là, je l’ai fait, mais mal. Assez rapidement, ils reviennent sur moi. Et la seule conséquence en est qu’ils sont fatigués de m’avoir rattrapé, ce qui en conséquence ralentit tout le groupe.
L’écart avec David Polveroni ne bouge donc toujours pas, ou pas dans le bon sens en tout cas.
On continue à ce régime jusqu’à 10 km de l’arrivé, quand je me sens enfin suffisamment en confiance pour mettre les bouchées doubles. Je mets tout à droite, me fais tout petit sur mon vélo, et je fonce. Plus personne ne prend un relais. Le râleur de Montagnac est lâché. Au moins ça :-)
Sur le dernier segment Strada de 6 km, je reprends 30 secondes sur Polveroni, mais c’est très loin d’être suffisant. Il gagne avec 1 minute pile d’avance. Bravo à lui. A l’arrivé, ça fait donc 10 bornes que je roule seul devant au taquet, et je sens que mes comparses vont me griller sur la ligne. En tout cas l’un d’eux, Stéphane Mathieu. Juste avant la ligne, je reviens presque, mais juste presque, à sa hauteur. Il me bat d’une dizaine de cm.
C’est le vélo. De toute façon, un podium est un podium, entre la deuxième et le troisième place, quelle différence ? Il n’y a toujours qu’un seul vainqueur.
C’était donc pour moi un très bon début de ma saison cyclosportive, bien que le déroulement de la course n’a pas été selon ce que j’aurais espéré.
Les leçons a retenir sont 1) de davantage me faire confiance et 2) d’apprendre enfin à m’alimenter sur un vélo, bon sang ! Une demie power bar sur 140 bornes avec 2000 D+, c’est sûr qu’avec plus dans le réservoir, j’aurais pu mettre les gaz bien avant les derniers 10 km.
D’ailleurs une petite mention spéciale au contrôle dopage inopiné à l’arrivée: Ils ont contrôlé les 3 premiers ainsi que 3 coureurs tirés au hasard. Et ça, je trouve ça très bien.
https://www.strava.com/activities/925044179
Petit édit: Un moment décisif de la course (mais que je n'ai pas vraiment vécu comme tel) vient de m'être rappelé: En bas de la deuxième descente de la journée, arrivant sur St. Jean de Bueges, nous avons profité du fait que le peloton soit bien étiré pour se faire la malle avec un fort vent de côté. Il semblerait que pour ceux derrière, la cassure s'était en fait crée à cet endroit, et non pas comme je le pensais, dans la montée précédente. D'où l'importance d'être bien placé: Cette \"bordure\" qui ne m'a pas coûté plus d'effort que ça en tête de course, se trouvait par la suite avoir été le moment fatidique pour les poursuivants...