Bon allez, je fais un petit résumé détaillé également :
17000 inscrits annoncés, c'est 3000 de plus que l'an dernier, finalement un peu moins de 13000 partants, c'est 2000 de plus que l'an dernier.
Le parcours est vraiment costaud, on le sait, 140 bornes pour 4600m de D+, ça ne rigole pas. Là aussi, pour le même kilométrage, c'est 800m de D+ que l'an dernier. Certains avaient râlé l'an dernier, car ils jugeaient le parcours \"trop facile pour une EDT\". Ils seront servis.
Il a fait chaud voire très chaud toute la semaine, mais on annonce des orages pour le WE et ça tombe effectivement le samedi soir. Je sens se profiler le scénario de l'an dernier, avec une épreuve sous le déluge, et je ne suis pas rassuré pour les descentes (ça avait été le chemin de croix dans la descente du Tourmalet en ce qui me concerne). J'ai d'ailleurs pu voir les descentes de la Croix de Fer ou du Mollard, on est bien loin de la route parfaite, dégagée et propre du Tourmalet ...
Au final, il n'en sera rien. Bien au contraire, on aura une journée dans la droite lignée des précédentes, soit la canicule dans la plaine avec des températures entre 35 et 38°C au pied des cols en gros ...
Pour ma part, j'arrive une semaine avant, pour des vacances et pour me permettre de retrouver le coup de pédale. Je ne me rassure pas vraiment en vérité. Ma première sortie se termine de façon catastrophique, complètement à l'arrêt dans le Galibier après un énorme coup de bambou. Vélo mal réglé ? Coup de chaud ? Route la veille ?
Probablement un peu de tout.
J'ai beau faire de plus belles sorties par la suite (je constate que, l'expérience aidant et l'entraînement se cumulant, je n'ai jamais grimpé aussi bien), je note qu'après deux cols sous le cagnard, je suis rincé. Cette situation est nouvelle par rapport à l'an dernier. Et moi qui ne craignait pas l'EDT qui se profile, je commence à douter.
Ce dont je suis sûr maintenant, c'est que les fortes chaleurs comme on a actuellement, grèvent terriblement mes performances. Autant, psychologiquement, j'avais subi la pluie de l'an dernier, autant les fraîches températures du Tourmalet m'avaient permis de monter comme un cabri et de reprendre des mecs par centaines, bien loin de ce que j'ai fait dans le Glandon cette année.
Autre souci, j'ai changé de chaussures il y a un mois, les vacances par dessus, je n'ai pas réussi à (et je n'ai pas eu le temps de) retrouver ma position, et si la hauteur de selle semble à peu près bonne, impossible de retrouver mes appuis.
On en reparlera vous verrez.
Ainsi, je me présente sur l'EDT dans le sas 5. Le temps est dégagé, on annonce seulement les orages pour le milieu d'aprem. Il faudra être arrivé avant 15h. ^^
Comme chaque on poireaute dans le sas, mais à 5' près, on va dire qu'on part à peu près à l'heure. C'était pas toujours ça les années précédentes (notamment à Annecy avec tous les sas en enfilade).
Après même pas 5' de route, le Chaussy se profile déjà. Pour moi, l'objectif est clair, gérer dans le Chaussy et le Glandon, puis tenter de terminer plus fort.
Le Chaussy se fait à la fraîche, heureusement car c'est blindé. Il faut souvent temporiser pour passer, la route avant n'a, évidemment, pas permis d'allonger le sas.
Je me retiens sans cesse de lâcher les chevaux, la route est longue, pourtant cette montée me convient bien. Première contrariété, le Garmin s'éteint pour cause \"batterie faible\" après même pas 2 ou 3km dans le Chaussy. Ça signifie faire l'EDT aux sensations, puis aucune analyse possible de l'effort plus tard, super !
Le Chaussy se fait bien, en haut je ne m'arrête pas au ravito. 5' plus tard, bouchon dans la descente on est à l'arrêt. Des clampins tentent de se faufiler par l'herbe, des mecs finissent par râler et ils ont raison. En fait, des gars se sont vautrés et ils sont évacués. Les pompiers ne veulent pas que les coureurs passent.
Je note notamment un Pinarello plié en deux dans l'herbe.
À ce moment, je rage intérieurement. Préparer une telle épreuve implique une implication et un certain stress qui monte jusqu'au jour J. Tout ça pour se retrouver dans les bouchons de la descente du premier col, comme un départ en vacances, sérieux ? Où est le plaisir ? À ce moment, je me dis que je ne reviendrai pas l'an prochain. J'avais déjà hésité cette année.
Finalement, après 10 à 15' d'arrêt, on repart par à-coups. Je fais la descente du Chaussy sur des oeufs, là non plus je ne me suis pas rassuré les jours précédents avec les descentes crades que j'ai pu faire. C'est étonnant, j'étais plutôt à l'aise l'an dernier (stigmates de ma descente pourrie du Tourmalet ?).
Arrive la vallée, qui va être longue avec une chaleur déjà bien présente et qui, de mon humble avis, ne sert à rien (si ce n'est fluidifier le trafic et c'est sans doute nécessaire !). Là, je trouve des groupes de costauds qui bombardent. D'ailleurs, je me retrouve à lâcher prise à un moment donné, car ça envoie trop et j'ai peur d'arriver un peu sur les rotules dans le Glandon.
En bas du Glandon, je m'arrête au ravito. Je recharge les bidons (j'en rince un des deux que je remplis avec de l'eau claire pour pouvoir m'asperger copieusement), puis je commence mon chemin de croix.
Je suis collé dans une très grosse première moitié. Pas mal de types me dépassent, mais beaucoup d'autres sont également entrain de naviguer à la même vitesse que moi. Moi qui voulais \"gérer\", je suis servi, je serais bien incapable d'accélérer de toute manière.
Après le bled qui se targue d'être l'alpage du Glandon, je me sens mieux. Pas vraiment étonnant, le vent est plus frais et on trouve parfois un peu plus d'ombre avec le ciel qui se couvre et se découvre. Je ne vole pas non plus, mais j'adopte un rythme un peu plus soutenu.
Ça sera de courte durée, je sens mes pieds me brûler, signe de mauvais appuis et le soleil tape toujours das la partie supérieure du Glandon où il n'y a plus un arbre. Les 3 derniers km sont terribles en plus. Je prends la décision de faire une pause en haut afin de régler mes cales et de me ravitailler convenablement.
Là je perds facilement 20', mais j'en ai besoin pour que les pieds refroidissent et pour essayer de me remobiliser après une ascension terrible (après coup, j'ai pu constater au challenge Strava que j'étais monté à 11km/h et j'étais classé 2700, ce qui est loin d'être dégueu si je considère que j'avais la très nette impression d'être scotché).
Je me lance à l'attaque du sommet de la Croix de Fer avec des jambes retrouvées. Il fait beaucoup plus frais, je suis bien mieux, je remonte les types un par un, la différence de vitesse est parfois saisissante et je reprends nettement confiance.
Je me lance rapidement dans la descente et là, même chose, des types n'osent pas. Moi je me retrouve enfin à prendre du plaisir dans les descentes, et j'accroche la roue de bons descendeurs qui m'avaient dépassé en haut.
Après Saint Solin d'Arves, quand les pentes sont moins abruptes, je continue de faire la descente -que je connais pas trop mal-, jusqu'au pied du Mollard.
Par ce côté, je le connais, c'est court, il y a de l'ombre, parfois des replats salvateurs et les pentes sont peu abruptes. Bref, je suis confiant. Encore une fois, je remonte nettement les concurrents, je ne trouve personne pour me dépasser et les mecs qui s'accrochent finissent par sauter. C'est bon pour le moral !
En haut du Mollard, je prends le temps de me restaurer, de remplir les bidons, et de parler avec mes proches venus me soutenir. Je sais en effet que la Toussuire est interminable, qu'il fera très chaud au pied, et je veux prendre le temps d'arriver dans les meilleures conditions.
Là encore, je lâche facilement 15' dans l'affaire à discuter.
Je me lance dans la descente et, ô miracle!, la descente que je redoutais se fait très bien. Je la connais un peu pour l'avoir pratiqué à vélo et en voiture, et finalement, je l'ai bien mémorisé. Une fois encore, je me cale dans la roue d'un type qui semble bien connaître le coin et on file tout droit vers la Toussuire en reprenant des gars au passage.
Là, je suis très content, car j'ai retrouvé des sensations en descente. Il y a moyen de se faire vraiment plaisir dans danger sur route fermée, et une fois la confiance retrouvée, ça envoie du bois.
On arrive au pied de la Toussuire, il y a beaucoup de spectateurs, c'est très sympa et ça rappelle le pied d'Hautacam l'an dernier, mais avec bien plus de monde !
Heureusement d'ailleurs, car c'est une fournaise en plein après-midi.
Néanmoins, je suis confiant, et j'attaque sereinement cette montée. Il fait chaud, voire très chaud, mais on profite des tuyaux d'arrosage des riverains et des verres d'eau fraîche du public et des camping-cars. Heureusement d'ailleurs, car sans cela je pense qu'on aurait eu beaucoup plus d'abandons.
Sur les premiers kilomètres, je reprends beaucoup de types sans être repris, et je m'aperçois que je fais jeu égal avec une petite nana qui a visiblement fait la même chose que moi : En garder sous le pied pour terminer au mieux.
La plupart des gars que je ramasse sont des types que j'avais déjà doublé dans le Mollard et qui se sont sans doute arrêter bien moins longtemps que moi ...
Malheureusement, après quelques kilomètres, les spectateurs se raréfient et l'eau qui va avec également ...
En plus de ça, j'ai de nouveau les pieds qui me brûlent.
Mes bidons se vident rapidement et je prends donc la décision de faire un arrêt (le plus éclair possible cette fois) à mi-Toussuire pour refroidir mes pieds et remplir les bidons avec de l'eau fraîche. Il n'était pas prévu sur la liste, mais je n'avais pas prévu de les vider aussi vite.
C'est reparti, juste après on trouve une redescente, les panneaux indiquent 5km du sommet, mais c'est long 5km surtout quand on cherche désespérément les panneaux indiquant le kilomètre suivant. :sweat-lol:
D'ailleurs au panneau 5km, j'entends un type dire \"Merde 5 ? Je croyais qu'on arrivait à 4 moi ...\" dans un pur dépit. Je me retourne et je le vois s'écraser sur son vélo tel l'homme accablé par son fardeau.
Et il faut dire qu'avant les 2 km beaucoup plus plats de la fin, les 3 précédents affichent des beaux pourcentages entre 8 et 9%. Pas évident quand t'es au radar !
D'ailleurs, à ce moment, j'ai l'impression qu'on est tous au même rythme, fini de reprendre des gars. On lutte tous contre nous-même avec de plus en plus de spectateurs qui nous disent qu'on en voit le bout. Les femmes sont toujours très encouragées et elles sont plusieurs autour de moi, du coup le public est réceptif à notre passage.
Quand on entend un spectateur dire \"allez les gars, ce sont les derniers mètres compliqués après ça redescend un peu puis ça grimpe moins !\", j'entends un gars répondre \"ouai bah ils sont longs les derniers mètres !\".
J'avoue, ça me fait rire, car on avait l'impression d'entendre ça depuis 30 mins. :sweat-lol: :sweat-lol: :sweat-lol:
Au final, la descente arrive bien. Un petit vent frais (de face !) arrive avec, mais ça ne me gène pas, je retrouve des jambes avec la perspective d'arriver bientôt et une chaleur moins écrasante.
À la manière des pros (et surtout pour ne pas attraper froid), je referme complètement mon maillot et je commence à accélérer quand je comprends qu'il n'y aura plus vraiment de pentes. On est encore à plus d'un kilomètre. Les mecs ont fait ça bien, il y a des barrières pour \"contenir\" les spectateurs qui sont effectivement très nombreux. Les encouragements sont nombreux et je lance mon sprint loin de la ligne. Je reprends quelques gars à l'arrêt mais je me fais sauter sur la ligne par un Marc Cavendish qui lance même son vélo. :sweat-lol: D'ailleurs le speaker s'enflamme en disant que ça vole sur la ligne ! :sweat-lol: :sweat-lol:
Sacré plaisir de se prendre pour un champion à l'arrivée d'une étape de montagne !
Même les bénévoles qui donnent les médailles et qui me voient arriver à bloc, me demandent si je ne suis pas fatigué ? Si si, je suis à bout, mais surtout ravi d'avoir fini. :copain:
Après avoir récupéré ma médaille et mon t-shirt, je descends de vélo et passe toute la pasta party à pied. Les larmes me montent aux yeux quand je comprends que j'en ai enfin fini et que je n'ai pas terminé -complètement- lessivé.
Voilà pour mon résumé ! Et pour l'an prochain, on verra en fonction du parcours.
