Ah, chouette, VCN en ligne à nouveau !
J'en profite donc pour vous conter ma Barousse-Balès !
Après de longues hésitations - vas / n'y vas pas - et le désistement de dernier minute de Sam Leguevacques, la seule raison pour laquelle j'y suis finalement allé, c'était... parce que j'avais prévu de le faire. Je pense qu'on appelle ça de la discipline, et plus je vieillis, plus je découvre cette chose étrange, mais non sans goût.
Décision à la dernière minute = inscription sur place la veille. Avec un départ à 7:30, une inscription le matin et donc une arrivée le matin même, n'étaient plus possible.
Arrivé aux inscriptions, je vois environ 140 pèlerins inscrits sur le grand parcours (138 km, 3200 m D+ (qui étaient 2950 de \"vrai\" D+). Que des gens parfaitement inconnus de moi. La dame à l'inscription me dit qu'ils auraient un pro de direct énergie cette année. Bof. Je ne suis pas un fan de la participation de pros sur les cyclos - ça a tendance à pas mal fausser - ou disons, plus prudemment: influencer - non seulement les résultats, mais aussi le déroulement de la course. Soit.
Il y avait un petit barnum avec tireuse, mais là, il y n'y avaient que des gens de l'orga, point de cyclistes. Tant pis, une petite bière, et en attendant, je vois arriver - en vélo - Seb Pillon, excellent grimpeur et 2' cette année sur l'Ariégeoise XXL. Voilà non seulement quelqu'un que je connaissais, mais qui devrait en plus me rendre la victoire quasi-impossible. Après quelques mots échangés avec Seb, j'apprends que \"presque toute la Team\" (Payname) devrait être au départ, et que ça allait partir vite.
Voilà ce qui suffit à foutre une bonne appréhension avant une course. Bon, ça peut aider à l'élaboration d'une tactique. Mais autant rester ignorant. Enfin. Je trouve.
Cette histoire du barnum déserté... je n'en parle pas par hasard. Je m'enquiers pour trouver un bon resto, histoire de faire le fameux \"stock de glucides\". On m'indique un resto à Mauléon Barousse, 8km de là, flyer à l'appui - mais attention, sans réservation, ça risque d'être chaud !
Arrivé sur place - 0 cyclistes, des places en terrasse à gogo. J'ai très bien mangé (méli-mélo crevettes / asperges / foie gras sur lit de tagliatelle, gâteau aux poires et amandes sur pain d'épices...), le prix était correct, que du bonheur. Au retour à Izouart (lieu de départ), je vois au camping des cyclistes par dizaines, se servir des pâtes toutes nues, du réchaud de camping directement dans la gamelle. D'où ma question (un brin provoc): Vous, camarades cyclistes, ne seriez pas un peuple un peu fruste ? Pas de bière au pied des Pyrénées une belle aprèm d'été, pas de resto... quel est donc le but ? De grapiller 30 secondes sur le chrono final par le truchement d'une abnégation d'ascète ? Faut il choisir entre bonne chère et bonnes performances ? A notre niveau ? Vraiment ?
Voilà pour la réflexion du jour...
Mais revenons à nos onions (légèrement dorés dans du beurre, agrémentés de clous de girofle):
Puisque sur info de Sam (qui m'avait \"entraîné\" au départ dans cette Barousse-Balès), il n'y avait pas d'hébergement sur place, j'ai opté pour matelas-dans-break et je me suis foutu dans un petit pré, avec un ciel étoilé de dingue de l'autre côté du toit ouvrant. Nuit potable - digne d'une quelconque nuit de veille d'épreuve sportive (Y en a-t-il parmi vous qui dorment comme des bébés dans pareil cas ?)
Départ le lendemain sans chichis - à 195 iscrits (pour finir), ce n'est pas une grande affaire. 2 km neutralisés, et puis départ dans la vallée.
Départ mou. Vraiment mou. Qui m'aida à élaborer ma stratégie de course sur le pouce: Puisqu'il y aurait des gens plus forts dans les cols que moi, autant prendre autant d'avance que possible. Au bout de 7 km, je pars donc en mode fusée. J'aurai dû le faire plus tôt (vous comprendrez pourquoi).
Personne ne me suit, et jusqu'à la moitié du Port de Balès, je prends 2 bonnes minutes d'avance. Sensations méli-mélo (comme les pâtes de la veille)... Pas super, pas mauvais non plus. Le cardio qui bloque aux alentours de 162 (j'aurai préféré le rupteur vers 165), des passages en danseuse pas trop pénibles, et pour finir un bon rythme au train, droit comme un i dans la selle, histoire de respirer au mieux. Le port de Balès n'est pas un col facile, mais j'en ai moins chié que lors de la première fois ou je l'avais fait à l'entraînement. Je lui trouvais beaucoup plus de replats hier que ce jour-là :-)
Comme prévu, quelques km avant le sommet, Seb Pillon me double - pas comme une fusée, mais avec suffisamment d'appui pour me décourager de le suivre. Fatalité, quand tu nous tiens...
J'ai basculé avec 20 secondes de retard sur lui, qui j'ai maintenu en gros pendant la descente.
Ceux de vous qui me lisent de temps en temps savent que je suis bon descendeur - eh bien, pas hier. Non que j'était mauvais, mais je ne le \"sentais\" pas. Enfin. Ce ne sont toujours que des histoires de quelques secondes en descente, de toute façon...
Après a descente de Balès, c'était Peyresourde direct, sans transition aucune. Dur. Tout de suite. Je n'avais même pas l'impression d'avoir pu prendre un peu de l'élan de la descente dans cette montée. Vers les 3/4, je me fais doubler par un \"vieux\", avec dans sa roue Clément Jolibert, qui était finalement le seul autre coureur de la Team Payname à avoir pris le départ. Le vieux, je me disais bien que ça pourrait être Matthieu Dumont, que je connais de réputation. Eh bien, c'était lui.
Et là, je pense que j'ai fait ma première erreur stratégique. (C'est toujours beaucoup plus facile d'analyser ces courses après-coup que sur le vive :-) ).
J'ai suivi la première accélération de Matthieu, sans troooop de mal, mais pas la deuxième. J'aurais pu. Une troisième, peut-être pas. Mais il ne l'aurait peut-être pas fait, non plus. On ne saura jamais.
Toujours est-il que sur le sommet de Peyresourde, je prends à nouveau 20 secondes sur le duo, avec Seb Pillon à environ 2 minutes, mais encore bien visible dans les lacets.
Une autre descente en demi-teinte, et voilà que le côté le plus pénible et soulant de cette cyclo commence à se présenter: L'organisation. Le dernier col était le col d'Azet. Sur la descente de Pyresourde, à un moment, il y a un panneau à gauche \"Azet\". Pas de fléchage. Pas de panneau. Personne. N'ayant plus personne en vue, je me demandais pendant un bon moment, si j'étais encore sur le parcours.
Arrivé dans la vallée (d'Arreau, je crois), une suite de plusieurs intersections, avec dessus des bénévoles de l'orga. Chacun muni d'un petit panneau vert d'un côté et rouge avec barre blanche de l'autre. Pour réguler le traffic. Et indiquer le chemin aux coureurs. En même temps. Ce qui finissait en une gesticulation de panneaux généralisé, qui ne voulait plus rien dire - ni pour les coureurs, ni pour les conducteurs, d'ailleurs. A la question: \"Je vais tout droit ?\" On me répondait par: \"EEeHhh !\" Ce qu'on appelle, je crois, par \"la néffirgative\". Avec ça, 0 fléchage au sol. Dommage.
Inutile de préciser qu'à de nombreuses intersections, je perdais un temps précieux - mais après la course, j'appris qu'il en avait été de même pour tout le monde.
Venait donc le dernier col - le col d'Azet. Il commence par une belle rampe bien raide, que j'attaque en danseuse. Pouah, c'est raide, j'arrive à peine à tourner les jambes - quel idiot, j'étais resté sur la plaque :-/ Evidemment qu'après, les premiers tours de pédales au train étaient bien pénibles, et ça ne s'est pas arrangé par la suite. Dur. Vraiement dur. J'en ai chié.
Sur quasiment tout le col, je gardais Mathieu et Clément en vue - mais impossible de revenir dessus. J'aurai du m'accrocher quand c'était le moment...
Juste avant le sommet, un quatrième coureur qui me revient dessus - décidemment.... En tout cas, mon analyse qu'il y aurait de meilleurs grimpeurs que moi, avait-été juste...
Là, c'était James Lowden... On se met d'accord qu'on resterait ensemble jusqu'au sommet pour reprendre les deux autres dans la descente / dans les 50 km de plat / vallonné qui restaient. Sauf qu'au dernier lacet, James voit que les deux énergumènes ne sont vraiment pas loin. Et il accélère. Et je ne suis pas. Faut dire que j'étais un peu au rupteur. Et il fallait absolument que je m'arrête prendre de l'eau, donc à quoi bon m'accrocher pour m'arrêter au sommet et puis le laisser filer ?
Et voilà que ma course fut décidé.
James réussit seul à rattraper Matthieu et Clément. A trois, ils reviennent sur Seb. Qu'il déposent à 20 km de l'arrivée. Clément, lui, a - de son propre aveu - fait toute la cyclo comme un entraînement derrière scoot (dans la roue de Mathieu sans prendre un seul (!) relais - il était au rupteur tout le long). Il s'est donc logiquement fait déposer peu de temps après Seb. A la fin, Matthieu a laissé traverser James la ligne en premier, en gentleman - il avait gagné la Barousse-Balès les 2 fois précédentes.
Et moi, qu'est-ce que je pouvais faire, seul dans le plat avec un groupe de 3 qui roule devant, dont Mister Mathieu Dumont \"je fais le chrono de Fronton à 47 de moyenne\"...
Par ailleurs, côté organisation, ça tournait à la catastrophe... A plusieurs reprises, je me demandais si j'étais encore sur le parcours. A chaque rond point, c'était la cohue. Dans une traversée très étroite de village, j'ai manqué de très peu me casser la gueule, car les bénévoles, à force de gesticuler, de siffler, et de sauter dans tous les sens, avaient fait tellement peur à un conducteur que celui-ci avait pilé devant moi, dans une descente, sur du gravier.... Je sentais ma roue arrière se dérober, mais j'ai réussi in extrémis à rattraper le coup.
Pour finir, je prends, en plus des 20 secondes de retard que j'avais déjà, 5 minutes de plus sur la partie plate. Mais je ne me fais plus doubler par personne.
Parti avec le groupe, j'aurais pu batailler pour un podium.
Alors où est-ce que ça a cloché ? Manque d'ambition ? Manque de lucidité ? Peur de me faire trop mal pour m'accrocher ? Incapable de m'accrocher ?
Enfin. Une cinquième place avec un plateau pareil, il n'y a pas de honte à avoir. Mais à défaut de gagner, on se dit toujours qu'on aurait pu mieux faire...
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