Sympa vos histoires de l'étape du tour !
Ce n'est pas pour ça que ça me décidera à m'inscrire un jour à cette épreuve mais les récits croisés sont vraiment intéressant à lire !
Sinon, je vais vous raconter mon week end calvaire qui a été à 2 doigts de me faire arrêter le vélo... et je ne suis pas encore remonté dessus.
Championnat national FSGT à Saint Geniés de Malgoires entre Nimes et Ales donc.
Un circuit unique de 23 bornes à peu de choses près... les compteurs n'étaient pas tous d'accord.
Circuit très exigeant. Commence par un faux plat montant puis premier virage à droite et première montée d'environ 1 km à 5-6 %. Ensuite très courte descente puis faux plat montant, on arrive à Saint Beauzely et une vrai descente pour enfin faire de la roue libre (ou pas).
On arrive sur une route bien large et une vraie difficulté. 5 km de montée irrégulière avec les 2 premiers km à 7% de moyenne (ça commence par 200 m à 10%)... les 3 km suivants sont des toboggans à tendance montante jusqu'à Montagnac.
A Montagnac on attaque une grosse descente bien raide où il faudra freiner à la fin pour tourner à droite sur une route étroite, sinueuse... où le plat n'existe pas. C'est dans l'ensemble assez descendant (faux plat) mais il y a un petite bosse de 30à m environ à 4-5% pour casser le rythme. On retrouve une portion de route très large (D8) à Domessargues. Un petit coup de cul sur cette portion mais dans l'ensemble ça descend un peu. Enfin dernier virage à droite pour attaquer une dernière cote de 600 m à 4% qui fait mal aux jambes. La fin est en moyenne plate avec un petit coup de cul en plus, mais c'est surtout beaucoup d'enchainements de faux plats montant / descendant.
Circuit donc exigeant ... Certains diront le vendredi soir à le reco que c'était un circuit de merde pour sprinter... les courses ont montrées que c'était tout l'inverse. Plutôt un circuit de très bons puncheurs / rouleurs voire grimpeurs.
Samedi matin Contre la Montre par équipe.
Le vendredi soir à l'hôtel les 4 de l'équipe, on tente d'établir une stratégie pour ce chrono par équipe.
Notre équipe est composé de
- Ludo un mec expérimenté, déjà champion national de chrono par équipe en UFOLEP. Gros rouleur, fort sprinteur... passe pas un pont (je schématise, il est quand même champion régional FSGT à Bazus en haut d'une bosse)
- Colin, tout l'inverse. Grimpeur qui refuse de l'admettre, n'aime pas frotter, mais alors pas du tout.
- Franck, passe partout, surtout rouleur.
- Moi, euh, rouleur, trop gros/lourd pour monter les bosses comme un avion, mais je peux serrer les dents quand ça fait moins de 5 minutes... gros défaut : fragile mentalement (je l'ai découvert à mes dépens ce week end).
Objectif de l'équipe : podium.
Tactique : Je lance la machine au départ sans partir trop vite. Je passe le relais à Colin pour la première bosse dans laquelle il nous attend. On relance en haut pour prendre de la vitesse avant la deuxième bosse où Colin fait tout devant pour nous protéger d'un petit vent de face.
Et ensuite, mode machine à rouler à 4... On a déjà rouler ensemble pour s'entrainer à tourner, c'est pas si mal.
Petite inquiétude le vendredi soir. Le comité me dit qu'ils ont donné ma combinaison à un autre mec. Et qu'il me l'amènera le samedi matin. Ok mais ils ne l'ont pas prévenu. J'ai bien fait de l'appeler, parceque sinon le départ à 8h30 nu aurait été problématique ;-) Mauvaise nuit. Clim HS dans la chambre et surtout l'hôtel accueillait une soirée karaoké en plein air, juste en face de notre chambre... jusqu'à 4h30 du matin... pour un levé à 6h... dur...
Echauffement sur le circuit. Dès l'échauffement dans les bosses il faut dire au grimpeur de se retourner, que c'est l'échauffement etc... Sauf qu'il faut le dire 1 fois, 2 fois... Quand je le suis, je suis à 180 puls dans la montée (pour un max à 192)... Ca fait haut, et après pour relancer c'est compliqué.
A la fin de l'échauffement, je réexplique le principe du chrono, et surtout du chrono par équipe :
Dans les montées ça sert à rien de mettre les 3 autres dans le rouge si tu es plus fort. Il faut se mettre au niveau du moins fort pour que toute l'équipe ait encore assez de jus pour relancer en haut et reprendre de la vitesse, de l'inertie... Je dis donc à Colin que ce n'est pas la peine de monter plus fort qu'à l'échauffement dans un premier temps.
On se place sur la ligne de départ. 5-4-3-2-1 C'est parti... Pas de sprint pour commencer, je lance la machine progressivement. Au bout de 500 m ma vitesse de croisière est atteinte et je commence à entendre Colin gueuler que c'est trop fort... Je relâche alors un peu mon effort et on commence à tourner avant la première bosse. Ca permet de trouver une vitesse qui convient aux 4.
Première bosse, dès le pied, le grimpeur se met devant et appui fort sur les pédales. Ca monte vite, et après 100 m il faut déjà lui crier (parce qu'il est loin) qu'il faut nous attendre, qu'il va trop vite. Il nous attend, mais une fois dans sa roue il reprend son rythme... Crier une 2ème fois, puis on revient dans sa roue puis il reprend son rythme... Mais il comprend pas en fait :paf-mur:
Ca commence à m'agacer un peu de devoir demander à un gars d'attendre et de ne pas nous mettre dans le rouge, qu'il regarde derrière lui si on est bien ou pas... Non le gars ne sait pas se caler en dessous de son seuil pour ne pas nous mettre dans le rouge. première bosse finit, je m'apprête à relancer, quand j'entends un bruit de chaine derrière moi. C'est Franck qui a eu un problème au moment de remettre le grand plateau je pense... Du coup je fais ma relance en dedans pour éviter d'en perdre un si tôt.
On n'est pas trop mal sur cette partie de circuit une fois que tout le monde a repris ces esprits. Mais ça ne dure pas car après la descente on à un angle droit. Je suis devant au virage, fait la relance, me retourne... attends que tout le monde soit là et on se remet à tourner ensemble pendant 300 m... on arrive à la vraie difficulté. On avait dit à Colin d'y aller tout doucement au début... 10% ça fait mal. Que dalle, il y va fort encore une fois. Rappel à l'ordre 1 fois, puis 2 ... Comme dans la première fois, il monte vite, on crie, il attend, quand on est dans sa roue il reprend son rythme. On est dans le rouge ... j'ai le choix entre
- fermer ma gueule
- poser le vélo et monter dans la voiture suiveuse
- crier fort...
Je remonte à son niveau et je lui dit énervé : \"C'est la dernière fois\"... Puis je vois Ludo loin derrière. 2 choix :
- On continue sans lui alors que pendant 15 bornes ça va être tout plat et on perd un temps monstre
- On l'attends et on gagne du temps sur 3 km... donc pas grand chose
Je redescend à son niveau dépité et je le protège du vent de face pour qu'il bascule avec nous. Colin est devant avec Franck dans sa roue, mais 20 mètres plus haut. Ils nous servent à rien.
En haut plus de jus pour relancer c'est vraiment dur physiquement, mais surtout mentalement.
On va se refaire sur la deuxième partie plus propice aux gros culs...
Les relais passent bien, on fait tous quelques erreurs de trajectoire, de timing dans la prise de relais, quelques petits écarts, mais on n'est pas des pros et dans l'ensemble ça reste assez propre, on s'entend bien, c'est même parfois très beau !!!
Par contre, je pensais qu'on serait plus rapide que ça... On n'atteint pas le 60 km/h dans le faux plat descendant... j'ai de la réserve pour y aller au dessus, mais je vois bien que dans le groupe Colin risquerait de sauter si je fais ça. Franck peut être aussi. Et on n'a besoin le plus possible des 2 quoiqu'il arrive.
Puis on arrive sur la grande route (D8) et là on voit pas mal de monde au milieu. Un groupe parti avant nous a chuté. C'était donc ça le bruit derrière nous dans la portion précédente, l'ambulance essayait de nous doubler...
On arrive très vite sur le lieu de l'accident, les bénévoles semblent paniquer, il y a une petite marre de sang, un mec par terre, une voiture en face de nous nous bloque la route, la moto s'arrête... sauf que les vélos de chrono n'ont pas de super freins... on a frôler le suraccident... Mauvaise gestion de la part des bénévoles, mais je peux comprendre. On perd du coup un temps monstre dans cette histoire. Dommage.
Il faut relancer la machine tout de même juste derrière. Il reste une petite bosse. Avant ça on continue de tourner, j'allonge quelques fois mes relais sur le plat pour faire reposer les autres. Puis au pied de la bosse, Colin se met nous remonte et dis \"Je vous dépose en haut\". Avec Ludo on se regarde... Ludo me dit \"Mais qu'est ce qu'il fait\". Moi je déconnecte. J'en ai marre. Je suis dépité de voir que mon pote n'a pas compris et pas imprimer tout ce qui s'est passé avant. Je prends 20-30 mètres... le temps que je réfléchisse à savoir ce que je fais... Je m'arrête là ou je continue pour faire la fin. Puis je descend 2 dents et je bouche le trou juste après la bosse grâce à la relance qu'ils n'ont pas su faire car ils étaient allé trop fort dans la bosse. Je repasse devant, on tourne à 4... puis dans le coup de cul à 1,5 km de l'arrivée Colin saute. Ludo et Franck tire la langue, les relais sont pas bien appuyés... Je me mets devant et accélère progressivement... Je me retourne régulièrement et à 300 m de la ligne je vois Franck à 2 m derrière Ludo. Je relâche un peu pour qu'il revienne, mais j'aurai pas du car ils ont fini en sprintant et je me suis retrouvé 2 secondes derrière eux sur la ligne.
Dépité par la tournure du début de la course et le non respect d'une consigne simple dans les bosses. Je suis en colère contre lui, contre moi car c'est moi qui est fait ce choix de le prendre dans l'équipe et de lui dire de faire les bosses pour nous protéger. J'ai fait une grossière erreur tactique...
On termine à la 7ème place à 30 secondes du podium. Sur les 6 équipes devant, seule 1 aura été gênée par l'accident. Le podium n'était pas qu'un doux rêve, il était largement accessible... Y-aura-t-il une prochaine fois ?
Dans l'ensemble j'ai évité les discussion sur le chrono avec Colin, dialogue de sourd. Il a quand même dit qu'on aurait pu l'attendre à la fin parce qu'il nous avait attendu dans les bosses au début. bon, passons. Faudra qu'il apprenne ce qu'est une équipe le petit jeune là !
La course en ligne
Essayons d'oublier la déception de la veille. Déjà j'ai beaucoup mieux dormi... nouvelle chambre avec une clim. Et pas de bruit dehors. Enfin en tout cas je n'ai rien entendu.
Par contre on court à 14h00 sous une chaleur étouffante. Ca va être dur. Il y a du monde pour nous ravitailler dans la 2ème bosse. Je donne des bidons, on sait jamais. 115 bornes c'est long (5 tours de circuit).
On est une délégation d'une dizaine de coureur. Il y a des mecs costaud comme Florimond par exemple ou encore Romain, Guillaume... Des choses peuvent être envisageable. On se dit qu'aucun coup ne doit partir sans un gars de la haute garonne.
Ca part fort... Il y a les premières attaques, une première échappée qui n'ira pas plus haut que la première bosse. Puis avant le village de Saint Bauzely 3 coureurs sortent. Je me décide donc à y aller. Un autre derrière reviendra également. On fait la bosse à bloc pour creuser du temps. Enfin moi j'étais à bloc ! Les autres je n'en sais rien. En haut on a 35 secondes à peu près d'avance sur le peloton. Ca tourne bien, ça coopère. Par contre, c'est vraiment fort. Sur le plat, c'est dur à suivre... et surtout ce n'est que le premier tour. Je prends par une petite inattention un petit écart après une relance mal maîtrisée... Je me bats pour revenir, mais une deuxième relance juste derrière me fait reprendre un autre écart. Je me remets dans le roues, et là la tête dit stop. A quoi bon. Il reste 100 bornes. Je me bats pour rester au contact sur un terrain qui m'est normalement propice (le plat)... Je me remémore ce chrono loupé de la veille... Je lache volontairement le groupe. Pas la peine de continuer, ça ne sert à rien.
Je me retrouve intercalé, complètement dépité, en roue libre. Le peloton me reprend. m'avale, m'engloutis, me phagocyte ...
On me dit : Et les gars faut pas rouler quand on est devant... Euh ben moi j'étais dans l'échappée et on peux pas dire que j'ai roulé... vu que j'ai sauté... Moi j'ai déconnecté de la course, mais certains semble ne jamais avoir eu le cerveau branché...
Je passe la première bosse du circuit dans le peloton. Je recule tout doucement dans ce peloton. Je déteste me retrouver derrière. Mais la tête me dit stop, tu ne te feras pas mal aujourd'hui, ça ne sert à rien. Puis au pied de la seconde bosse... je touche le fond. Même pas soif, même pas mal aux jambes... le coeur à peine haut, je m'arrête et m'effondre. Plus d'envie. Je n'ai pas réussi à passer à autre chose après le chrono. La fatigue mentale (et physique aussi je vais pas le cacher) a été plus forte... et quand tu comprends qu'il n'y a aucune chance que tu fasses une belle place sur une course où tu sais que tu vas en chier parce qu'il y a une énorme bosse, parce qu'il fait 40° et que dans le peloton tu n'as pas d'air... ben moi je m'arrête.
du coup, une fois la crise passée, je me remets en selle et vais vers ma voiture. Je rempli 10 bouteilles d'eau et vais me mettre dans une zone de ravito qu'ils venaient d'ouvrir vu la chaleur et donc où il n'y avait personne et avec le responsable du comité on a passé l'après midi a arroser et passer des bidons... Cette zone semblait salvatrice car à 3 km de la fin du tour... On ne s'est pas contenté d'arroser que les gars du 31... Bon il y en a qui j'ai refusé car j'avais un pote qui arrivait juste derrière... c'est de bonne guerre. Mais on a quand même donné à boire à ceux qui le demandait. Au final j'ai pris du plaisir dans cette tache à encourager les potes.
Reste un week end à oublier. Ou un week end qui servira de leçon. Beaucoup de remises en questions sur certaines relations, beaucoup de nouvelles connaissances faites (1 de perdu 10 de retrouvé comme on dit). Il va falloir faire aussi le bilan avec mon coach mais je semblais quand même bien en jambes. Il va falloir que je travail mon mental du coup ! Peut être que je fasse des courses FFC en 2/3 pour apprendre à vraiment me faire mal.
Allez, maintenant c'est prépa chrono de Fronton ! Et cette fois c'est individuel, je ne pourrais pas dire que c'est la faute de quelqu'un d'autre si je n'arrive pas à réaliser mon objectif.