Forum cyclisme de Velo-Club du Net

Merci Le Sucre ! Mais il faut bien avouer qu'actuellement, nous ne sommes pas assommés sous la masse de travail, ce serait même plutôt le contraire.

J'ai découvert ce topic il y a quelques jours et prends le temps de lire patiemment le récit de cette épopée. J'en suis à la Bulgarie. Un grand bravo Le Sucre Sportif, ce que tu as fait est tout bonnement impressionnant.
Ajouter à la dimension sportive, qui relève déjà d'un très haut niveau, l'aspect minimaliste quant au matériel (les nuits à la belle étoile dans des lieux complètement inconnus et éloignés de ta Normandie, quoi!), il fallait oser! Cela a pu m'arriver de dormir sous un auvent ou dans un fossé, mais ponctuellement, lors de virées en stop, pas pendant un mois et demi lors d'un tour d'Europe à vélo!
Bravo, et merci pour le récit. Te lire est très agréable.

Franchement c est un truc de malade ce que tu as fait. Et on sent bien que la traversée de l Italie t as transformé en machine.
Tu es devenu idole du forum, le futur vainqueur des duels pourra allez se coucher, tu es définitivement l homme de l'année ici!

Momo2 a écrit : 12 nov. 2017, 21:07 J'ai découvert ce topic il y a quelques jours et prends le temps de lire patiemment le récit de cette épopée. J'en suis à la Bulgarie. Un grand bravo Le Sucre Sportif, ce que tu as fait est tout bonnement impressionnant.
Ajouter à la dimension sportive, qui relève déjà d'un très haut niveau, l'aspect minimaliste quant au matériel (les nuits à la belle étoile dans des lieux complètement inconnus et éloignés de ta Normandie, quoi!), il fallait oser! Cela a pu m'arriver de dormir sous un auvent ou dans un fossé, mais ponctuellement, lors de virées en stop, pas pendant un mois et demi lors d'un tour d'Europe à vélo!
Bravo, et merci pour le récit. Te lire est très agréable.

Merci Momo ! Tu as du vivre les mêmes émotions alors, dormir dehors, il y a ce côté liberté, cette beauté d'être dans la nature, de se sentir pleinement humain Par contre, je n'aurais jamais osé dormir dans un fossé, il ne faut pas être claustrophobe

damienleflahute a écrit : 12 nov. 2017, 21:29 Franchement c est un truc de malade ce que tu as fait. Et on sent bien que la traversée de l Italie t as transformé en machine.
Tu es devenu idole du forum, le futur vainqueur des duels pourra allez se coucher, tu es définitivement l homme de l'année ici!

Merci Damien, mais je ne pense pas être le seul à avoir fait ou qui fera des périples de ce genre ! J'espère avoir démontrer que les cyclistes motivés ont ce "pouvoir" en eux

Mercredi 12 Juillet : Etape 50 : Inexorable arrivée ! Village-départ : Rodilhan (30) Chanson du jour :


Ce soir j'espère enfin arriver à Gabian, dans l'arrière-pays biterrois où je pourrai me reposer, et mettre mon vélo en réparation avant de repartir, plus tard. Bien plus tard Je suis éreinté de la veille, les jambes ne tournent pas. Pourtant, il me reste une centaine de kilomètres, et j'espère arriver dans l'après-midi. Je souhaitais tout d'abord passer par le littoral (et notamment Sète), mais nous sommes en pleine période estivale, je ne veux pas m'y risquer. Mais je ne vais pas couper de passer par Montpellier qu'il aurait été difficile de contourner .

Me voilà reparti très tôt sur une nationale, contournant Nîmes par le sud. Il fait frais, il n'y a pas grand monde sur la route mais la fatigue se fait ressentir, je n'ai pas bien dormi . Je fais une première pause à Lunel où je prend un petit déjeuner, vers 9h.


L'arc de triomphe de Montpellier, en l'honneur de Louis XIV

J'arrive dans le centre-ville de Montpellier vers 11h. Pour être allé quelques fois dans le centre ville depuis le quartier de la gare, je me souviens que le centre-ville piéton est un endroit agréable où il fait bon faire du vélo ou marcher . Il y a tout ce qu'il faut pour le vélo, mais dans mon état de fatigue, les trottoirs, les piétons peuvent devenir dangereux ... ou c'est plutôt moi qui dois l'être . Je cherche à aller vers le sud-ouest et Lavérune. Il me faut donc passer devant la gare, avant d'aller chercher le sud-ouest.

Je route tranquillement sur les pistes cyclables puis me retrouve sur un espace piéton, car il n'y a plus de route, je cherche à me diriger vers la gare. En cherchant ma route, au niveau de l'arrêt de tram du Corum, je tombe A regarder les passants et les panneaux, je n'avais pas vu une marche.... Je m'étale sur la pierre froide. J'ai mal à la hanche gauche, celle sur laquelle je dors préférentiellement . Je suis en sale état. Pas lavé depuis Milan, je saigne mais c'est superficiel. Et je suis si proche du but ... Deux personnes attendant le tram me relèvent, je les remercient car la fraîcheur des pierres ne me donnait pas envie de repartir Je me remets de mes émotions, et repars. Je ne suis pas tombé méchamment, mais ma hanche est douloureuse. C'est le dernier jour, il ne me reste plus que 70kms, et tout cela sera oublié. D'ailleurs, si tout se passe bien, je peux rentrer vers 14h, profiter d'une bonne sieste avant que mon père finisse de travailler. Ca serait l'idéal .


La place de la Comédie, que je traverse peu après ma chute.

En sortant de Montpellier, le trafic s'intensifie. N'ayant pas trouvé de route pour Lavérune, je me dirige vers Saint-Jean de Védas, et donc la plage... De nombreux touristes et montpelliérains y vont en cette fin de matinée. Roulant soigneusement à droite dans un rond-point, un automobiliste me coupe la route pour sortir du rond-point. Je n'ai pas la force de m'énerver. Ça sert à rien, le chauffard est déjà loin. Peut-être que je n'ai pas été assez lucide pour anticiper la manœuvre? Que ma fatigue ne me permets pas d'apprécier correctement les distances et les vitesses ? Pourtant, j'ai dû sortir du rond-point moi aussi, pour assurer le coup . Je m'arrête sur le bas côté, en totale détresse, ces derniers kilomètres, avec la fatigue du Ventoux, et la chute, me paraissent tellement loin ... et il commence à faire très chaud. Je craque sur le bord de la route. C'est dur, je suis incapable de juger si je peux repartir. Mince, il me reste moins de 100kms, j'y suis presque

Je trouve un primeur au rond point suivant, j'y fais le plein de vitamines, négocie pour avoir une bouteille d'eau de 2l "elle n'est pas à vendre monsieur". Dans l'état où je suis, ils pourraient faire un geste non Je vais squatter là une bonne heure, le temps d'une bonne sieste. Je me rend compte que je n'ai plus qu'une gourde, l'autre à dû voler pendant ma chute. Pas envie de faire demi-tour, et il est maintenant trop tard. Il faudra finir, en pleine canicule, avec une réserve d'0,5l d'eau seulement... Puis je finis la bouteille d'eau que j'ai réussi à obtenir et analyse le rond point, qui semble être le dernier avant de quitter l'agglo... Le soleil est maintenant au Zénith, mais Lavérune n'est pas indiqué . Comme par miracle, je vois deux cyclistes rouler sur une piste cyclable derrière un petit talus, évitant le rond-point. C'est parti pour l'Hérault à vélo


La piste cyclable entre Lavérune et Pignan, à l'ouest de Montpellier, parfaite

Je vais pouvoir traverser le département sur cette piste aménagée le long de la D5, reliant Montpellier à Pézenas. Il n'y a pas d'ombres, je suis dans la garrigue et les vignes, il fait maintenant très très chaud. Je m'arrête tout les 10kms à cause de mon unique bidon . L'après-midi va être longue et les fontaines/robinets sont coupés car il y a un plan anti-sécheresse en cours. Je fais des étirements, me baffe parfois pour me réveiller, me motiver . La piste cyclable va au sud à partir de Cournonsec (certainement pour rejoindre Sète). Je vais donc la quitter et en profite pour faire une pause dans un supermarché en guise de ravitaillement.


L'étang de Thau, au sud de Villeveyrac, qui se trouve entre Agde et Sète que l'on voit en arrière plan, célèbre pour son ostréiculture

En approchant de Villeveyrac, je me rend compte que je vais devoir passer quelques côtes. Je suis, depuis Cournonsec, retourné sur la route principale, la piste cyclable ayant changé d'itinéraire. Je vais passer un faux plat ridicule, de quelques centaines de mètres, quasiment à l'arrêt . Je ne comprends pas, hier le Ventoux, je l'ai monté sans problèmes, là, je suis éteint, sans forces. Je fonctionne beaucoup trop à la motivation, ce qui peut être une force ou une faiblesse suivant les situations ...

Je vais faire ma dernière pause dans un bar de Villeveyrac, où je suis accueilli par un "Oh, un cycliste, vous n'allez prendre qu'un verre d'eau je suppose" . "Oui, mais avec du sirop dedans s'il vous plaît". Il a du voir à ma tête, que je ne faisais pas du vélo pour amuser la galerie . Je reste là 2h, tout près de l'arrivée, à plaisanter avec le barman, un ancien vélotaffeur de l'extrême. Je ne manquais pas d'énergie, mais c'est mes nerfs, après la chute et à cause de la canicule qui avaient besoin de faire une pause. Il me raconte ses retours du boulot quand il vivait en Alsace, avec son vélo équipé de dynamo, la nuit, quand il ne pouvait s'arrêter de pédaler malgré le vent, la pluie, la pente sous peine de se retrouver dans le noir . Penser à autre chose, dédramatiser, tourner en dérision, afin de reprendre les 40 ultimes kilomètres comme s'il s'agissait d'une sortie d'entraînement avant de rentrer chez soi, comme une sortie routinière .


Le monument de Molière, à Pézenas, où le dramaturge aimait vivre.

Je repars donc, m'arrête une dernière fois à Pézenas. Puis prend la direction de Bédarieux. Cette route, je la connais par coeur, il me reste 15kms. Je l'ai faite plusieurs fois à vélo. Mais là, je la trouve horriblement étroite . Et il y a beaucoup de passages. Je me fais souvent frôler. Le moindre écart est fatal, et j'ai le vent de côté ! Un vrai calvaire, d'autant que les arbres plantés sur le bord de la route, et qui me protège un peu, laissent place à des rafales lorsque la haie se termine. Je ne me suis jamais autant senti fragile du voyage, alors que je suis tout près de chez mon père

Heureusement que je me suis arrêté fréquemment. Je reste calme, et prend le temps de faire le signe des bras "laissez moi un mètre s'il vous plait", car j'ai bien envie de rentrer "sauf", comme j'ai pu le faire en Croatie. Arrivé à Roujan, je m'attends à passer une dernière difficulté dans le centre-ville, que je passe étrangement plutôt bien, gérant mon effort. L'avantage de connaître le terrain. Et je sais qu'à la sortie du village, je n'aurais plus qu'à redescendre jusqu'à ma destination finale

17h environ, j'arrive enfin à destination. Je suis exténué. Je crois que j'ai fait peur à mon père en arrivant ! En fait, pour en avoir rediscuter, il a été surpris de me voir, avec les traits tirés de la fatigue, aussi vieux Je me pèse : 63kilos, pour 1m85. J'ai perdu 15kilos pendant mon séjour. Cela fait 2 mois que je ne m'étais ni rasé, ni coupés les cheveux. Ma dernière douche, c'était dans la banlieue de Milan . Bref, je vais tenter dans les prochains jours de bien boire, dormir, manger, mais avant tout, de prendre une bonne douche !

Encore félicitations !!!
Superbe voyage, superbe récit, tu m'es inspirant ! Bravo et merci !

Le sucre sportif a écrit : 12 nov. 2017, 21:42

Momo2 a écrit : 12 nov. 2017, 21:07 J'ai découvert ce topic il y a quelques jours et prends le temps de lire patiemment le récit de cette épopée. J'en suis à la Bulgarie. Un grand bravo Le Sucre Sportif, ce que tu as fait est tout bonnement impressionnant.
Ajouter à la dimension sportive, qui relève déjà d'un très haut niveau, l'aspect minimaliste quant au matériel (les nuits à la belle étoile dans des lieux complètement inconnus et éloignés de ta Normandie, quoi!), il fallait oser! Cela a pu m'arriver de dormir sous un auvent ou dans un fossé, mais ponctuellement, lors de virées en stop, pas pendant un mois et demi lors d'un tour d'Europe à vélo!
Bravo, et merci pour le récit. Te lire est très agréable.

Merci Momo ! Tu as du vivre les mêmes émotions alors, dormir dehors, il y a ce côté liberté, cette beauté d'être dans la nature, de se sentir pleinement humain Par contre, je n'aurais jamais osé dormir dans un fossé, il ne faut pas être claustrophobe

Je le suis pourtant un peu, mais ça ne m'a pas gêné. Au contraire, on s'y sent protégé.
Et c'est vrai qu'étonnamment, lors de ces nuits à la belle étoile, je n'ai pas spécialement eu de mal à trouver le sommeil, alors que je ne m'étais pourtant pas fait dix heures de vélo le jour même.

Tu m’as donné des sueurs froides jusqu’au bout...
En tout cas, RESPECT
Magnifique aventure

Attention ce n'est pas fini !!!!

Le sucre sportif a écrit : 12 nov. 2017, 23:08 Attention ce n'est pas fini !!!!

WTF

Bravo LeSucre !! Le Ventoux par Sault, c'est pas le col le plus dur qui soit mais la fin reste bien hard... Je l'ai fait cet été après avoir fait Bédoin juste avant.

El_Pistolero_07 a écrit : 12 nov. 2017, 23:26 Bravo LeSucre !! Le Ventoux par Sault, c'est pas le col le plus dur qui soit mais la fin reste bien hard... Je l'ai fait cet été après avoir fait Bédoin juste avant.

Merci ! Oui c'est traître car on peut prendre de la confiance sur la première partie. Mais le vent joue beaucoup et j'ai été chanceux ! Tu as bien raison de commencer par Bédoin, j'espère que tu avais pris le temps de récupérer car enchaîner les H.C. comme ça c'est monstrueux

Bah... Le temps de la descente... Regarde : https://www.strava.com/activities/1151579213

Le sucre sportif a écrit : 12 nov. 2017, 23:08 Attention ce n'est pas fini !!!!

Tu rentre en Normandie après?

El_Pistolero_07 a écrit : 13 nov. 2017, 08:51 Bah... Le temps de la descente... Regarde : https://www.strava.com/activities/1151579213

Ah oui c'est solide ! Moi j'ai perdu en autonomie pendant les derniers jours : n'ayant plus de réserves en graisses et avec la chaleur, j'étais contraint de m'arrêter trop fréquemment, je ne pouvais couper à une pause à Sault, puis au Chalet-Reynard et enfin après la descente à Malaucène ... bref, chapeau car faire 4h40 de vélo, avec une D+de 2,8kms , je fais ça en une journée pleine, en passant mon temps à chercher de l'eau et du sucre partout

gradouble a écrit : 13 nov. 2017, 10:29

Le sucre sportif a écrit : 12 nov. 2017, 23:08 Attention ce n'est pas fini !!!!

Tu rentre en Normandie après?

Oui, en fait mon vrai "Paris-Nice" à moi c'est de traverser la France pour aller de chez mon père, à chez ma mère (et vice-versa) donc une fois que j'aurais repris de l'énergie et réparé le vélo, je repars à l'assaut du Massif Central (étant déjà passé par le Limousin l'an passé)

A la base j'aimerai repartir à la fin du Tour de France, dans 10jours, mais on verra comment se passe la récupération et la réparation du vélo

Le sucre sportif a écrit : 13 nov. 2017, 10:30

El_Pistolero_07 a écrit : 13 nov. 2017, 08:51 Bah... Le temps de la descente... Regarde : https://www.strava.com/activities/1151579213

Ah oui c'est solide ! Moi j'ai perdu en autonomie pendant les derniers jours : n'ayant plus de réserves en graisses et avec la chaleur, j'étais contraint de m'arrêter trop fréquemment, je ne pouvais couper à une pause à Sault, puis au Chalet-Reynard et enfin après la descente à Malaucène ... bref, chapeau car faire 4h40 de vélo, avec une D+de 2,8kms , je fais ça en une journée pleine, en passant mon temps à chercher de l'eau et du sucre partout

J'ai fait le coté Bédoin à fond, mode chrono, 177 BPM de moyenne sur 1h30. Par contre, Sault, tranquille, j'ai même fait une pause eau au chalet Reynard.

Merci tu ne t'es quand même pas arrêté aussi longtemps que ça à Béziers? Quel feignant.

damienleflahute a écrit : 16 nov. 2017, 20:39 Merci tu ne t'es quand même pas arrêté aussi longtemps que ça à Béziers? Quel feignant.

Si j'avais pu, je serais reparti plus vite, c'est pas évident de s'arrêter plus d'une semaine après avoir forcé comme ça, on ne sait pas si on va vraiment pouvoir repartir

Au final, on m'a conseillé de faire une coupure de deux semaines histoire de bien recharger les batteries, le fait de rédiger les résumés de la première semaine le matin, et de voir le TdF l'après-midi m'ont permis de garder ma motivation intacte