Des sanctions économiques se sont déjà révélé être efficaces pour stopper une guerre ou mettre fin à un régime ?
Vraie question.
Faut-il rappeler que la Russie essuie une belle récession depuis les premières sanctions imposées en 2014 et que, devant la paupérisation galopante de son peuple, Vovotchka mise désormais tout sur la fibre patriote pour tenter de rassembler sa nation, et donc quoi de mieux qu'un bon petit conflit pour rappeler à son peuple que la Russie est toujours la digne héritière de celle de Nicolas II ?
Si, à court terme, les Russes, notamment ceux de la jeune génération des grandes villes, habitués au style de vie occidental et son confort, qui peuvent sembler totalement dépassée par cette guerre qui n'est pas la leur, vont témoigner d'un amer ressentiment envers leur dirigeant les amenant au bord du gouffre.
Sur le long terme, ce ressentiment envers Poutine se transformera bien vite en une haine encore plus prononcée envers l'Occident qui leur aura mis la tête sous l'eau (le travail de propagande du régime ne sera que plus facilité).
Les rancunes ne s'effacent jamais et sont le terreau des conflits futurs.
Penser qu'acculer économiquement un peuple jusqu'au point où il n'aura plus d'autres moyens de survie que de renverser un régime en place, c'est une stratégie non seulement risquée mais surtout totalement immorale.
La Russie n'est pas le Kazakhstan (émeutes populaires en janvier dernier qui ont vu Tokaiev contraint de limoger son gouvernement sous la pression), les Russes ont été élevés dans la peur du conflit avec l'autorité depuis plusieurs générations, ils n'ont pas vraiment une mentalité à singer les gilets jaunes.
Enfin, penser que de telles sanctions fassent plier Poutine et le fassent déposer les armes me parait illusoire.
La doctrine militaire russe s'apparente à celle de l'Empire Romain pour qui la diplomatie s'apparentait à la ruse et à la perfidie et n'avait rien de très honorant pour les belligérants, au contraire du conflit armé qui permettait de faire étalage de sa puissance.
Poutine ne recherchera que le rapport de forces, c'est un soviétique, il ne faut pas chercher à rentrer dans son jeu, il sera toujours plus déterminé qu'un occidental.
Trump avait émis le souhait de faire diminuer la pression économique sur la Russie pendant son mandat, mais vite rappelé à l'ordre par son camp. Pas forcément par sympathie pour Poutine, mais plus surement pour éviter qu'il n'aille se jeter dans les bras de la Chine, vrai adversaire déclaré de Trump. La partition jouée par Biden depuis le début des pourparlers est donc pour le moins étonnante, la Russie ne représente plus grand chose économiquement et est moins un danger à présent que la Chine dans la guerre économique tous azimuts menée par les Etats-Unis, il aurait du lui concéder du terrain.
La meilleure chose à espérer, c'est malheureusement une reddition de l'Ukraine au plus vite.
Plus le conflit s'éternise et plus il s'enlise, les morts, les blessés et les destructions se cumulent jour après jour.
Je ne verserais pas dans un romantisme hollywoodien, entretenu par les médias depuis quelques jours d'ailleurs, qui souhaiterait voir les héros ukrainiens résister vaillamment à l'oppresseur, armé de surcroit par les occidentaux, car devant la supériorité numérique russe, il est évident que, si un telle issue, pourtant heureuse, devait se produire, cela se ferait au prix de très lourdes pertes humaines et une Ukraine, certes toujours souveraine, mais totalement exsangue.