Quelqu'un qui ne devrait pas être sur ce topic, vu que c'est tout sauf un coureur oublié :
Giovanni Bernaudeau (dit Gio).
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Né en 1983 et élevé dans le bocage au sein d'une famille qui n'avait strictement aucun lien avec le monde du cyclisme, le petit Gio n'a pas eu une enfance facile. En effet, encore bambin, il avait perdu l'usage de ses jambes suite à un accident de poussette.
Il grandit et la vie se poursuivit cahin-caha pour lui. Jusqu'au jour où, arrivé à l'adolescence, un miracle se produisit.
Assistant par hasard à la victoire de Walter Bénéteau lors de Jard - Les Herbiers, il fut tellement pris par l'ambiance de la foule en délire qu'il se leva et marcha !!!
Ce fut une révélation. Puisque le miracle divin l'avait désigné, c'était décidé, il deviendrait cycliste professionnel et défendrait haut et fort les couleurs de la Vendée.
Le jeune Gio commenca à se dévouer à cet objectif et au départ ce fut difficile, car en effet il conservait (et conservera ensuite toujours) des séquelles assez importantes de son handicap passé, le manque de jambes.
Néanmoins, à force de persévérance, il finit par intégrer l'équipe Vendée Z. Où il fit preuve de qualités indéniables d'équipier, notamment quand il contribua par un apport de bidon décisif à la 17ème place de son coéquipier Mathieu Claude au GP des Oeufs Durs de Poilly-lez-Gien (NB : je sais pas pour vous, mais moi, le GP des Oeufs Durs de Poilly-lez-Gien a toujours été une de mes courses préférées).
Cela suffit pour attirer l'intérêt des recruteurs des plus grandes équipes. L'US Postal, la T-Mobile et la Quick Step lui firent les yeux doux.
Mais par respect pour ses parents qui avaient tant fait pour lui (notamment en lui achetant une nouvelle poussette aux normes européennes), et vu que son père était maçon et sa mère ancienne fonctionnaire aux PTT, il choisit de signer en 2005 chez Bouygues Telecom.
Equipe qui, par le plus grand des hasards, était dirigée par Jean-René Bernaudeau, un homonyme sans aucun lien de parenté (il y a beaucoup de Bernaudeau en Vendée).
Le respect et l'attention aux autres, cela a toujours été un marqueur fort dans le tempérament de Gio. A tel point que pendant toute sa carrière, il mit un point d'honneur à ne jamais battre un autre coureur, pour ne traumatiser personne.
Mais ce ne l'empêcha pas de mener la brillante carrière que tout le monde connaît, en s'illustrant sur de nombreuses grandes courses, telles que Paris Troisvilles, Liège Bastogne Bastogne, le Tour d'Italie méridionale, les Deux Jours de La Panne, les Trois Jours de Dunkerque, la Journée Lombarde, la Boucle de l'Aulne et bien sûr le Demi Tour de Vendée.
Gio était vraiment indispensable dans son équipe, sur le vélo comme en dehors du vélo. C'est son complice de toujours Mathieu Claude qui en parle le mieux, je le cite :
"Quand on bâchait au ravito, on avait deux heures à tuer avant l'arrivée et heureusement qu'il était là pour nous occuper en racontant des blagues. Et quand on ne bâchait pas, heureusement qu'on était à deux pour essayer de rentrer sur le gruppetto."
Le 4 octobre 2015, au soir du Tour de Vendée qu'il avait terminé à une formidable 26ème place, Giovanni Bernaudeau tira le rideau sur sa carrière si bien remplie. C'est ce qu'il avait choisi. Partir à 32 ans au faîte de sa gloire, comme Bernard Hinault le fit en son temps.
En 11 ans de carrière pro, il aura disputé de nombreux Grands Tours. La plupart au Gabon.