C'est qui ? :blink:
C'est moi ! :winner:
Voici donc mon résumé de \"mon\" Ariégeoise 2016.
Ayant en ce moment trop de travail avec mes chambres d'hôtes (
www.lamaisonlutz.com - désolé pour la pub :whistle: ), j'étais obligé de faire l'aller-retour dans la journée. Lever donc à 4:30 :S
Contre toute attente, j'ai trouvé une place de parking tout de suite, l'attente aux dossards était de l'ordre de 25 secondes, et même aux toilettes, la queue n'était pas très longue (ni la mienne... oups, pardon)
Organisation au top, à ce niveau-là.
Niveau produits divers et variés, j'avoue avoir pris un sachet de smecta avant le départ. Je ne sais pas vous, mais j'ai toujours une (voir plusieurs) de ces envies de chi... avant des grandes cyclos... et quand la machine s'emballe... Allez, je vais quitter le registre scatologique.
Dans le SAS prioritaire, une des premières personnes que je croise, n'était personne d'autre que Jean Goubert, que je connais pour l'avoir fortuitement rencontré lors de mes vacances Ariégeoises de l'an passé sur les pentes du plateau de Beille, suite à quoi on s'était organisé une sortie le lendemain. Un gars adorable, un coureur qui a les jambes, mais aussi la tête et le coeur. Beau et mérité vainqueur de la XXL. J'y reviendrai.
Jean, donc, me disais que l'homme à surveiller serait Thomas Peyroton, un Elite d'île de France. Chose d'autant plus facile qu'il portait un maillot blanc aux couleurs de la France. Pour une tenue repérable, on peut difficilement mieux faire !
Quant à moi, j'avais repéré les jumeaux Couffignal que je savais capable de faire de gros dégâts.
Ca part - assez vite, j'arrive à me frayer un chemin aux premières avant-postes du peloton. Y arrivé, qui est-ce que je vois partir en échappé ? Notre cher maillot blanc / France, avec 2 autre gus. J'y vais (un petit effort, ils n'étaient même pas encore à 100 m du peloton), et l'un des autres gus était... Jean Goubert (portant un maillot beaucoup moins repérable :-) )
YES !
On était donc 5 à prendre cette échappé précoce. Et pour moi, c'était le paradis. Je pouvais faire ce que je sais et ce que j'aime par dessus tout faire: rouler ! Un léger vent dans le dos, profil ondulé, ça tournait bien, très bien même, les jambes répondaient à merveille (certainement grâce à un entrainement à courtes et très hautes intensités effectué l'avant-veille) - nous roulions sur les premiers 40 km du parcours avec une moyenne de 41,5 tandis que les avant-postes du peloton étaient à 39,5. Du coup, à chaque passage de la voiture du directeur sportif, l'écart avait augmenté d'une minute. Perso, je n'en revenais pas. Certes, dans le peloton, il y avaient de bons grimpeurs, tels Seb Pillon et les frères Couffignal, qui pouvaient compter sur leur force de frappe dans les cols. Mais de là à nous laisser partir de la sorte... En plus, Seb Pillon me connait, les frères Couffignal me connaissent, et Jean, en tant que 2ème des deux derniers éditions, n'est certainement pas un inconnu au chapitre non plus... tout le monde devrait donc être au courant que l'échappée n'était pas constituée de piètre grimpeurs.
Jean a gagné la XXL sur les premières 50 km en fait. Quant à ma victoire sur l'Aiégoise, ça ne s'est pas joué sur un fil, comme pour Jean, mais sur un bout d'amarre épais comme CA.
Sur la première montée, la côte de Nalzen, nous lâchions le premier de l'échappée - à ma grande satisfaction, car de visu, c'était un quadra, comme moi, qui ne devrait donc plus me disputer la victoire dans ma caté d'âge. A quatre, ça continuait à tourner tout aussi bien.
La première difficulté, le col de la Croix des Morts, était attaqué en mode \"creusage / maintien d'écart\", les 6% à 20km/h de moyenne. J'avais des jambes comme rarement encore cette année. Cool que ce soit tombé sur le jour de l'Ariégeoise :banane:
A l'approche du port de Pailhères, nous avons enfin un peu levé les pieds, l'écart annoncé était de 6:30 avec le groupe de chasse, et de souvenir, 12 minutes avec le peloton. Thomas a pissé un coup, nous l'avons attendu en roulant doucement.
Sur le faux plat menant au port de Pailhères, Thomas, et dans une moindre mesure Jean, ont commencé à sauter certains relais. C'est donc un prénommé Julien et moi qui assurions la plupart du taf, mas à rythme raisonnable.
Arrivé sur les pentes de Pailhères, j'ai tout de suite trouvé mon rythme, alternant danseuse et train. Les yeux rivés sur le cardio, je savais qu'en restant entre 157 et 165, ça allait bien se passer jusqu'en haut. Dès que je dépassais les 165, je me foutais dans le rouge. J'en parlais avec Jean, qui ne manifestait aucun désir d'aller plus vite que ça, et le rythme semblait également convenir à Thomas. Dommage juste pour Julien, qui après un joli boulot jusque-là, fut lâché à 1/4 de l'ascension environ.
Jean me mettait en garde contre Thomas - qu'il allait la jouer fino, qu'il allait faire semblant d'aller mal pour nous entuber. Et en effet, il n'arrêtait pas de se plaindre de sa clavicule (apparemment cassée il y a peu), qu'il était cuit,... en fait, il nous a carrément fait la radio pendant l'ascension, il n'arrêtait pas de parler. Avec Jean, à un moment, ça discutait résultat de courses :hmm:
J'ai préféré garder mon soufflé pour la montée...
Sur environ les dernières 200m de D+, on est entrés dans le brouillard, mais nous n'avions pas, comme ceux qui sont montés après nous, eu de pluie.
A 1 km du sommet, Jean a mis le turbo. Je n'ai même pas essayé de le suivre, ni Thomas d'ailleurs - qui était le premier visé par cette attaque. J'ai gardé un vague espoir de rattraper Jean dans la descente, qui n'allait d'ailleurs pas se réaliser.
Sur la descente, justement, on a eu du bol - pas de pluie (encore), et juste assez de visibilité pour la faire à fond la caisse.
J'ai fait, à environ moitié de la descente, une expérience inédite pour moi: Pendant quelques minutes, j'avais les lèvres qui picotaient. Très bizarre. C'est passé aussi vite que ce n'est apparue. Lors des relances, quand la pente relâchait, j'ai eu quelques débuts de crampes, premier avertissement que je n'aurais probablement pas assez sous le pied pour faire la XXL. A ce moment, j'aurai bien voulu (et dû !) m'alimenter, mais en faisant un descente à fond les manettes, c'est au dessus de mes compétences. D'autant plus que j'avais réussi à distancer Thomas Peyroton, que je ne voulais pas laisser revenir.
Une fois l'élan et la fraîcheur de la descente perdu sur la montée de Chioula, ça commençait à aller carrément moins bien. Tandis que j'avais fait des passages à 10% sur Pailhères en 39/25, j'étais collé sur du 7,5 en 39/28. J'aurais vraiment dû m'alimenter - j'aurai largement regagné le temps perdu. Sur toute la course, je n'avais finalement avalé qu'en 3/4 de barre et un gel - largement insuffisant. Sous peu, je voyais Thomas revenir sur moi. Il avait subi des crampes dans la descente également, probablement plus sévères que les miennes. Du coup, je me posais la question, s'il n'allait pas justement m'enfumer, se mettre dans mon sillage pour me griller sur la ligne d'arrivée de l'Ariégeoise au lieu de faire la XXL, qu'il disait avoir l'intention de faire.
A partir de la descente de Chioula, nous étions donc à nouveau réuni. Thomas ne se mettait quasiment plus du tout devant, et continuait à faire la radio: \"on est ou là ? Ca monte encore longtemps ? C'est déjà Beille ?....\" un peu agaçant...
J'avançais au mental, ayant beaucoup plus de reprise sur le plat / faux plat que ce que j'avais eu dans Chioula. Je savais qu'on était pris en chasse. Et je ne savais pas, si dans le groupe de chasse quelqu'un allait s'arrêter aux Cabanes. Pour moi, c'était désormais décidé que j'allais ne pas tenter la XXL. J'ai fait donc cette succession de faux plats et de petites bosses le plus vite que j'ai pu, mettant le gros paquet sur la toute dernière descente - où j'ai à nouveau distancé Thomas.
Cette partie du parcours était commune à la Montagnoule, et j'étais obligé de gaspiller un partie de mon soufflé à gueuler \"RESTEZ A DROITE\" tout le temps. D'ailleurs, si jamais quelqu'un d'engueulé de la sorte lirait ce texte, je m'excuse platement pour ce manque de politesse. Mais je n'avais vraiment pas de temps à perdre (pensais-je...).
Petite frayeur dans l'un des tout derniers virages: j'ai recommencé à pédaler précocement, si bien que j'ai soulevé ma roue arrière en touchant le sol avec la pédale intérieure, prenant par là même une inclinaison assez inquiétante. Dès que la roue arrière à reprise contact avec le sol, j'ai littéralement senti le boyau mordre l'asphalte pour s'accrocher. Elles sont vraiment extraordinaires, ses Vittoria Corsa au graphène (et hop, deuxième pub).
Restait à vivre le pire moment de la course à la toute fin: Faute de mauvais indication, de fatigue, de flux de coureurs dirigé par les nombreux spectateurs... je pris la mauvaise direction à l'arrivée, me dirigeant non pas vers l'arrivée de l'Ariégeoise et de la Passéjade, mais vers le plateau de Beille.
Au panneau l'annonçant, je me suis rendu compte de mon erreur - qui aurait été fatal si Thomas Peyroton aurait décidé de s'arrêter à l'Ariégeoise. J'ai donc fait demi-tour, remontant à contre-sens un tas de coureurs de la Montagnoule, et arrivé à l'intersection bouché par les spectateurs, je commençais à paniquer. \"Mais elle est où l'arrivée de l'Ariégeoise\" ? On m'indiquait le plateau de Beille. AAAHHHHRRRGG :paf-mur:
Au bout d'interminables secondes, j'ai fini par repéré le bon couloir - Sprint ! Même comme ça, je n'ai pas réussi à repérer la ligne d'arrivée, et je suis arrivé dans le sas de sortie comme une fusée, obligé de faire un freinage d'urgence qui a failli finir en soleil.
Le pire - complètement désorienté, je ne savais pas pendant un moment si j'avais gagné. Un jeune homme de l'organisation me disait que oui, mais tout de suite après, un coureur fraîchement arrivé de la Passéjade objectait: \"Mais non, tu fais troisième\". J'étais dans tous mes états...
Bon, peu de temps après, j'ai eu la confirmation que j'avais gagné. Thomas avait bien bifurqué sur la XXL, et personne dans le groupe de chasse (dont j'ignorais la proximité réelle - je pense moins de 2 min) s'était arrêté à l'Ariégoise. Je fais donc 2 en tout au pied de Beille, et 1 sur l'Ariégeoise.
Toujours un peu dans le vapes, je commence à faire mes étirements, informant par là-même un commissaire de course qu'il y aurait probablement confusion au niveau de la bifurcation. D'autant plus que personne d'autre n'arrivait !
Au bout d'une vingtaine de minutes, je croise quelqu'un qui arrivait plus vite que les autres (de la Passéjade). \"T'as fait l'Ariégeoise ?\" \"Oui, mais je me suis trompé de chemin, j'ai fait demi-tour au pied du plateau de Beille !\" Merde ! Lui aussi ! Le classement allait donc être complètement faussé !
J'ai eu la délivrance finale que beaucoup plus tard, quand j'ai vu le classement sur les écrans, après un interminable défilé de 20 en 20 coureurs - sur 900 classés à ce moment là. Quand le tableau était ENFIN revenu à la page 1, je vois que je gagne avec..... presque 18 minutes d'avance. :rock: