Je réponds là à la fois à Tontonstou et Andy550 : Ce que vous dites n'est pas faux dans l'absolu. Le problème fondamental est que tout outil qui permet de mieux contrôler une course, de réduire l'incertitude, d'obtenir une information parfaite sur l'instant x donne une prime à la défensive : Certes les oreillettes donnent à l'occasion possibilité de coordonner une stratégie offensive, mais bien plus souvent leur utilisation est défensive._tontonStou a écrit :Je suis toujours étonné du manque de recul sur les oreillettes, le Mal absolu. Je me permets donc de nuancer l'avis majoritaire des pourfendeurs de cette technologie.veji2 a écrit :m'enfin le conservatisme en la matière est assez énorme. Quand tu compares le déroulement de courses comme le tour du Yorkshire ou A travers les Flandres et leurs équivalents WT, pas difficile de voir l'intérêt de supprimer les oreillettes.
* Je reprends toujours l'exemple de l'étape du Tour qui avait été couru sans oreillettes pour contrebalancer un Tour du Yorkshire sans aucune visibilité médiatique. Sur les grosses courses, les leaders et leurs équipes ne laisseront rien partir, et garderont tous les attaquants à portée de fusil...
* Voir les BMC se rouler les uns sur les autres, voir des coureurs perdus dans la Pampa s'apparente aux jeux du cirque et à la ridiculisation des coureurs qui n'auront rien demandé ("je ne savais pas que.."). Cette part de hasard n'a pas sa place dans le cyclisme moderne, au lieu de baver sur les DS, on baverait sur les coureurs, jusqu'à demander le retour de leurs DS, à défaut d'une formation accélérée en maitrise du hasard.
* Le nombre d'incompréhensions sur les fins de course sans oreillettes (Pozzato Roma Maxima style) font quand même tâche.
* Avoir des oreillettes permet de bâtir de belles stratégies de course. Marcato qui tracte De Gendt lors de la mémorable étape du Stelvio, c'était magnifique et impossible à imaginer sans oreillettes, où la stratégie d'équipe ne vaudrait pas tripette.
=> Le Mal n'est pas incarné par les oreillettes... mais par leur utilisation. Des DS festifs et inventifs aux commandes, et les courses n'en seraient que plus spectaculaires. On associe toujours les oreillettes aux consignes des DS... de ne PAS rouler (GVA-Amstel-style). Mais si dans l'oreillette, on lui dit d'y aller car l'écart se creuse et que les équipiers semblent carbos (ce que GVA ne peut pas savoir)... Alors on applaudit les DS, les BMC, et GVA. Au lieu de cela, sans oreillettes, on aurait des coureurs qui vont courir... n'importe comment. Ca plaira quelques temps, et puis... retour à la case départ. On aime brûler ce que l'on a, c'est dommage car je persiste à penser que les oreillettes, utilisées à bon escient, offrent du spectacle et ne le tuent pas comme c'est hélas trop souvent asséné.
ET ce n'est pas contrairement à ce que vous dites une simple affaire de mentalité qu'il faudrait changer, c'est lié au fait que l'instrument favorise de manière inhérente la défensive. Pour mettre en oeuvre une stratégie offensive, il faut que les autres vous laissent faire, il faut profiter du temps de latence ou du désordre pour placer un coureur devant, etc. En revanche pour mettre en oeuvre une stratégie défensive on dépend de moins de circonstances : on roule, on verrouille, on défend.
Je ne prétends pas que les oreillettes sont le mal en tant que tel, comme vous le dites tout instrument n'est en soi qu'un instrument, il pourrait être utilisé différemment.
Ce qui est favorable aux stratégies offensives, à l'action, c'est l'incertitude. Dans le sport de haut niveau il y a une recherche permanente de la suppression de l'incertitude, et tous les instruments sont avant tout utilisés pour cela, et c'est normal du point de vue d'un DS. Chaque instrument qui peut être utilisé pour lutter contre l'incertitude sera utilisé pour cela avant tout.
Et l'exemple de l'épopée de de Gendt n'a nul besoin d'oreillette, Jalabert et la Once l'ont bien fait à une époque où il n'y en avait pas en 95 sur Mende !
Quand je parle de réduire le nombre de coureurs par équipe c'est aussi dans le but de créer plus d'incertitude : 6 ou 15 coureurs par équipe, dans l'absolu ça pourrait tout aussi bien permettre des stratégies offensive d'une ampleur immense. Sauf que dans les faits des équipes de 15 seront avant tout utilisées pour verrouiller et contrôler, qui pour les sprinteurs en plaine, les coureurs de CG sur un GT ou les Gilbert ou Valverde sur une classique.
Moins d'équipier c'est plus de place laissée à l'imprévu, moins de cartouches disponibles pour lutter sur les attaquants, des leaders plus exposés plus tôt au devoir de la prise de décision. Pas d'oreillette c'est la même optique.
Le problème ce ne sont pas les oreillettes ou les équipiers mais leur utilisation. ça ne change rien au fait qu'en supprimant les oreillettes on supprime un instrument avant tout utilisé à des fins défensives et qu'on rend la course plus incontrôlable.
Et enfin je ne pense pas que ça donnerait lieu à des moqueries des coureurs. Pour le moment nombre de fans voire journalistes oublient quand les coureurs ont ou n'ont pas leurs oreillettes, sans oreillettes du tout on serait beaucoup plus rapidement au clair sur ça.