Forum cyclisme de Velo-Club du Net

Quel grand malade !

Quel inconscient, surtout !

Le coup de pression, terrible

Tu pouvais même t'accrocher à un camion tant qu'à faire

Heureusement pour moi les camions était loin et j'avais pris le temps, quand j'étais sur le bas-côté d'analyser la situation ... grimper la côte à pied avec le sac à dos et le vélo dans la main était inenvisageable après 200 bornes je l'avais fait dans la forêt noire, c'est un coup à se briser le dos avec la fatigue

Sacré périple encore une fois !
Ta dû en prendre plein la tête de toutes ses galères.

Mercredi 21 Juin : Une journée à Thessalonique !
La chanson du jour:


Thessalonique est la capitale de la Macédoine avec plus de 300 000 habitants. Elle est située au fond du golfe Thermaïque. Elle a également en Grèce le titre honorifique de cocapitale, car historiquement la ville qui règne sur l'Empire Byzantin, avec Constantinople.


Ville historique donc avec des vestiges de la rome antique comme l'arc de Galère en hommage à l'empereur Galère qui me rappelle que ce n'est pas chose facile d'arriver là à vélo .

Je me lève tard ce matin, mais assez tôt pour profiter du petit-déjeuner à l'hôtel. Je vais rencontrer un ami ce soir donc j'ai du temps pour me reposer. J'en profite pour bien boire et faire des étirements car les jambes sont lourdes de la veille, où j'ai pas mal forcé. Alors que la chaleur se fait étouffante, et comme je redoute la climatisation, je décide de sortir trouver un endroit plus frais. Je suis près de la mer, où les bords de mer ont été aménagés pour que les piétons et les cyclistes profitent des plaisirs de la promenade .


Voilà mon itinéraire défini pour sortir de la ville demain, le long de cette "piste cyclable"

Je me réfugie dans un cybercafé où je prépare la suite de mon itinéraire en Grèce, Albanie et Croatie, bref jusqu'à l'Italie . Sacré travail car je ne veux pas me faire surprendre comme hier. Mais même préparé, la réalité du terrain est parfois différente de ce que l'on peut voir sur internet. J'étudie également l'ascension du Mont Olympe, du bord de mer jusqu'au sommet, à 2900m d'altitude .

Voilà, c'est maintenant la fin de journée et je vais rejoindre Nikos qui sera mon guide pour cette soirée, nous nous retrouvons à la célèbre tour blanche de Thessalonique, au bord de mer.


La tour Blanche de Thessalonique, à la fin de la promenade.

La flemme de faire des efforts aujourd'hui, nous prenons le bus pour aller jusqu'aux remparts d'où se trouve un magnifique panorama sur la ville, le golfe et même, quand le temps le permet, une vue sur le Mont Olympe.



Je passe la soirée à boire du vin (avec modération) au centre-ville, je suis surpris de voir autant de grecs, flâner dehors un mercredi soir, surtout après avoir vu la misère dans la campagne à l'est de Thessalonique. Mais c'est une belle soirée d'été, d'ailleurs ça doit être la fête de la musique en France, et les grecs comme tous les soirs, préfèrent prendre l'air ou plutôt que de rester devant la télé. L'ambiance est agréable, et je termine la soirée à 1h du mat', au bord de mer. Je suis complètement claqué et demain, je dois aller au mont olympe. Ça promet

Jeudi 22 Juin : Etape 30 : En route pour l'Olympe ! La chanson du jour :

Règle n°95 petit : concentres-toi

Je me lève tard aujourd'hui, et je repars vers 11h pour me diriger vers le pied de l'olympe, à 150kms de là. Le trafic est une horreur à Thessalonique et les pistes cyclables dangereuses. Je suis prudent. Ayant bien étudié mon parcours hier, pour sortir de la ville, je prends la via olimpou puis longe l'autoroute tout en m'éloignant de la mer car je longe un parc naturel où se jettent plusieurs fleuves. Je passe le premier, le Vardar par un pont pas trop loin de l'autoroute, mais ensuite, cela se complique, je dois prendre la direction du nord (alors que je veux aller au sud ) afin de rejoindre Alexandreia pour y retrouver la nationale qui me mènera vers l'Olympe.


Le parc national du delta de l'Axios-Loudias-Aliakmonas, où vivent en toute quiétude de nombreuses espèces d'oiseaux, avec une vue en arrière-plan sur Théssalonique

Je vais souffrir de la chaleur aujourd'hui. On annonce des températures record, près de 40°C . Mais mon corps est tellement habitué qu'en prenant une pause vers 14h, je m'empresse de mettre ma doudoune et mes jambières, et surtout mon cache-col en entrant dans le bar ! La clim' est un gros problème pour moi qui passe mon temps dehors. Le serveur ne me comprend pas. Il ne parle pas anglais donc pour lui expliquer que dans mon état, se prendre un courant d'air à 15-20°C alors qu'il fait 40°C dehors est dangereux est peine perdue . Mais au moins je suis à l'ombre. D'ailleurs je refuse toujours de boire de l'eau froide où avec des glaçons, je prends de l'eau tiède pour protéger ma gorge. Je deviens de plus en plus fragile (casse-pied aussi ) au fil des jours.

En prenant le sud à Alexandreia, je retrouve le littoral vers 16-17h à Méthione. Je ne suis plus très loin de l'Olympe et je traîne le long de la mer, car c'est ma dernière journée où je verrais la mer Egée donc je profite. En plus, il commence à faire plus frais en cet fin d'après-midi, avec un léger vent de côté


La ville de Méthone, au bord de mer

Je repars, et comme je me suis un peu perdu en allant trop loin dans le bord de mer, je dois passer une bosse pour retrouver Katerini, où je mange un sandwich dans son centre-ville très animé.



Je reprend la route et il me reste une vingtaine de kilomètre avant Litochoro, la dernière ville avant l'Olympe. Je suis parti tard donc je vais arriver très tard à Dion, ville créée en hommage à Dionysos, dieu de la beuverie . L'esprit de l'olympisme m'envahit peu à peu. A partir de là, j'ai une piste cyclable. Je m'arrête prendre un dernier rafraîchissement et prend de quoi manger pour le lendemain matin.

Il fait maintenant nuit et je repars pour m'approcher du pied du col le plus possible. Je vais faire une montée sèche. Je me traîne, les voitures me klaxonnent. Pourtant, je me mets sur le bas côté à chaque dépassement pour éviter tout problème. Ça me gonfle très vite, je vais trouver un arbre derrière lequel m'abriter du vent, où je vais pouvoir dormir, au bord d'une zone militaire. Demain, je vais tenter de tutoyer le ciel !

Grosse étape à venir!

il prend son temps maintenant... on y va à reculons vers l'Olympe ?

AlbatorConterdo a écrit : 23 oct. 2017, 16:56 il prend son temps maintenant... on y va à reculons vers l'Olympe ?

Il manque peut être d'objectifs précis... La route vers Bucarest était visiblement autrement plus motivante!

romanom a écrit : 23 oct. 2017, 16:59

AlbatorConterdo a écrit : 23 oct. 2017, 16:56 il prend son temps maintenant... on y va à reculons vers l'Olympe ?

Il manque peut être d'objectifs précis... La route vers Bucarest était visiblement autrement plus motivante!

C'est pas faux , mais il y a tellement de choses à dire sur la Grèce, que j'essaie d’étoffer mes résumés à ajouter des détails historiques/touristiques que je ne maîtrise pas. Je découvre comme vous !

Vendredi 23 Juin: Etape 31 : Le domaine des Dieux ! Village-départ : Litochoro La chanson du jour :


Je me réveille aux aurores, le long de cette route, contre un arbre. Je tente de rassembler mes affaires mais j'ai perdu, à cause du vent, une chaussette que j'avais laissée séchée contre une branche Autre oubli, je me réveille en voyant mon portable, que j'avais rechargé lors de ma dernière pause hier soir, allumé, et donc quasiment sans batteries, dommage moi qui voulant profiter d'être à pied pour prendre des photos :boulet: . Je déjeune et part ayant pour objectif, en partant à 5h30-6h, d'arriver au sommet avant midi, pour éviter de me retrouver en plein soleil lorsque la pente sera la plus rude et la moins ombragée. Il y a une route bitumée jusqu'au premier refuge, à 1100m d'altitude. Je vais donc faire les vingt premiers kilomètres à vélo, c'est un col que je vais grimper sans échauffements, et vu comme s'est déroulée ma dernière journée bulgare je ne suis pas du tout confiant...


Dès le début, des lacets m'emmène vers l'Olympe. Je ne vois rien du sommet tant la végétation est dense, et j'aperçois la mer s'éloigner après chaque lacet. Je ne suis pas en jambes ce matin. Je vais mettre plus de deux heures à atteindre le refuge. Mes gourdes se vident très vite et je suis également à cours de nourriture dès la mi-pente. Un défilé de voiture me dépasse, les randonneurs vont partir entre 7h et 8h du premier refuge, pour arriver au sommet vers 12h, et éviter de grimper aux heures les plus chaudes. J'avais prévu de faire pareil mais j'ai une vraie défaillance, les kilomètres sont longs et j'aperçois après une quinzaine de kilomètres interminable, un refuge à ma droite . Je jette mes dernières forces pour grimper mais ce n'est pas le refuge, et l'établissement et fermé . Je m'impatiente à rejoindre le refuge pour prendre un vrai petit-déjeuner. Heureusement pour moi, les derniers kilomètres sont bien plus roulant et j'arrive au refuge à 8h30.


Le refuge de Prionia, à 1100m d'altitude, où se termine la route bitumée, avec un restaurant et surtout une écurie, les chevaux de trait permettant de ravitailler les refuges plus haut.

Un garde me dit que le restaurant n'ouvre qu'à 9h. Pour patienter, je trouve un robinet pour faire ma toilette et surtout me réhydrater abondamment. Je vais également laisser mon vélo, cadenassé aux barrières. Pas de problèmes (au début), il restera là à atteindre sagement mon retour. Je me change pour mettre ma tenue de randonneur. Bon, en fait, j'ai pris le strict minimum dans mon sac, donc je vais m'élancer vers le sommet de l'olympe, à 2900m d'altitude, en short de plage (qui ne me va plus parce que j'ai perdu une dizaine de kilo depuis le départ), des chaussures en toile, et un t-shirt . Je laisse mes jambières pour couvrir mes jambes, par précaution. Enfin, je prend avec moi qu'une gourde (je n'ai qu'une poche) et vais grimper avec mon sac (j'ai déjà du mal à laisser mon vélo, je ne vais pas en plus laisser mes affaires avec!). C'est mon sac qui fera office de ceinture pendant toute l'ascension, gare à ceux tentant de prendre mon sillage


Les premiers hectomètres d'ascension

C'est parti ! J'ai 6kms de montée pour atteindre le sommet. Je pars de 1100m d'altitude, il y a un second refuge à 2100m puis le sommet à 2900m . Dès le début de la montée, je suis à l'aise. Le deuxième petit déjeuner m'a fait du bien. Il faut 4h pour grimper du refuge jusqu'au sommet. Bien que je n'apprécie pas la grimpette à vélo, je suis plus à l'aise quand il faut grimper à pied, délesté de mon vélo (Sans doute mon refus systématique de prendre les escalators et les ascenseurs). Je pars à 9h30 et dès le début, je me mets en mode KOM . J'ai un bon rythme, je me concentre sur ma respiration et sur ma foulée, que j'allonge le plus possible. Je dépasse beaucoup de marcheurs, et je suis surpris de voir des familles, des enfants très jeunes faire la montée . Il faut dire que le sommet de l'Olympe est très accessible. Il y a des robinets régulièrement dans la montée, tant mieux, mon choix (subi) de ne prendre qu'une gourde est le bon.

Peu avant d'arriver au refuge, la végétation diminue et je commence à sentir les effets de l'altitude : je baille et je sens des picotements aux bras . Devant moi, j'entends parler français Deux botanistes sont venus pour admirer les particularités de la flore à ces altitudes. Je me sens un peu bête à ne pas profiter ou comprendre cette nature, et je continue de tracer, ils me rejoindront pendant la pause. Chacun ses plaisirs !


Le refuge A, à 2100m d'altitude, la photo est prise là où j'ai fait ma sieste

J'arrive au second refuge malgré ma fatigue à 11h30, je suis en dessous des 4h d'ascension puisque j'ai effectué les 2/3 du kilométrage . Je mange et fait une sieste pour habituer mon corps à l'altitude, mais surtout parce que je suis claqué! Comme d'habitude, je fais mon intéressant à dormir dans la caillasse en short de plage, avec une couverture de survie et une jambière me couvrant les yeux de la lumière du jour, devant les autres randonneurs qui se restaurent .


Le refuge A vu après les premiers hectomètres du dernier tronçon, la végétation se dissipe !

Avant de repartir, je bois abondamment. Il est 13h et je ne vais plus avoir de ravitaillement jusqu'à ce que je rentre. Je repars, et tout de suite la pente est plus raide, il y a de moins en moins de lacets. Il y a de moins en moins de végétation aussi, l'ombre est absente. Je me retourne, et je vois la mer au loin, magnifique ! Le mont Olympe à ce côté mythique à émerger de la mer jusqu'à frôler les 3000m Un randonneur parti quelques minutes après moi grignotte petit à petit son retard sur moi , puis dès les 2500m franchis, il explose (peut-être l'altitude, comme pour moi à 2000m). Je suis très à l'aise sur le final, et je commence à croiser les randonneurs qui rentrent du sommet. A mes saluts, on me répond "good luck" . J'aime pas trop ça, je suis de plus en plus superstitieux depuis que j'ai pris la route. Et puis j'ai le vertige, il ne faut pas se retourner!


L'interminable dernière ligne droite menant vers Skala, et la crète du Skolios. A cet endroit, il reste environ 30minutes d'ascension. Good Luck

Les derniers 500m d'ascensions se font en ligne droite, la pente est raide, je grimpe parfois avec les mains ! J'arrive au niveau du Skala à 2860m d'altitude . A ma gauche, une crête sinueuse mène vers le Skolios (qui porte bien son nom) à 2905m d'altitude. A ma droite, le Mytikos, qui n'est accessible qu'aux escaladeurs chevronnés, avec un matériel approprié. Je reste là, je profite de la vue . Je discute avec un grec, 70 ans, il est déjà monté une dizaine de fois. Comme moi, il n'est pas très chaud pour aller plus loin. Faire une borne de plus, avec le vertige, pour aller au Skolios, est un risque que nous jugeons inutile.


Le sommet de skolios, avec un chemin sinueux et rendu glissant par les cailloux, il faut être solide et bien concentré pour y aller !

Quelques minutes plus tard, et après avoir profité de la vue sur les autres sommets et la mer, tout en mangeant quelques biscuits, j'angoisse en repensant à mon vélo que j'ai laissé en contrebas, à 8h de marche aller-retour. Sans mon vélo, je suis plus libre de me promener dans la nature vierge mais ça serait plus long pour rentrer chez moi par mes propres moyens


Le mythikos, le domaine des dieux, vue depuis le Skala. J'ai pu voir un petit groupe de 5 randonneurs l'escalader

Je repars. Devant moi, le vide. J'avais vu un ado descendre en dérapage tout à l'heure, freiné par les cailloux . J'ai plutôt tendance à descendre incliné vers l'arrière, ça me tire dans les mollets, qui me servent de freins. Au retour, plutôt que de dire bonne chance à ceux que je croise je joue les supporter "bientôt le sommet, plus que 15 minutes" , "plus que 30 minutes" puis je croise le gars qui avait souffert aux 2500m, je lui lance un COME ON . Il s'arrête trop souvent, il a du mental pour persévérer comme ça alors qu'il me semble, vu son regard, au bout de sa vie !


Vue sur la descente, dommage que les nuages empêchent de profiter de la vue sur la mer

De mon côté, je me dépêche d'atteindre le refuge. J'y suis à 15h. Je remange à nouveau, mais surtout retire mes chaussures, enlève les cailloux qui s'y sont glissés, nettoie et refroidit mes pieds. Le problème avec mes chaussures pourries, c'est la descente. Je suis à la limite de cloquer. Ce qui ne serait pas pratique pour les prochains jours à vélo. En faisant ma pause, on s'interroge sur ma tenue. "Ah c'est vous le cycliste qu'on a vu ce matin ?" Ca me permet de ne pas passer pour un inconscient qui se flingue en grimpant l'olympe avec un short à fleurs, j'ai une excuse

La dernière partie de la descente, jusqu'au refuge où se trouve mon vélo, est moins pentue, et donc plus longue. Surtout, je vais descendre avec précaution et m'arrêter aussi souvent que possible pour refroidir mes pieds près des points d'eau. Heureusement que j'ai mon sac, avec notamment ma serviette pour les sécher, et il y a bien plus de fontaines sur cette partie de l'ascension.


La cascade, où l'on peut se rafraîchir au retour de l'ascension, près du refuge de Prionia !

J'arrive en bas à 18h. Nouveau repas. La montée a été épuisante et l'adrénaline est retombée. En me restaurant je vois arriver le randonneur que j'avais lâché. On se félicite. On a réussi notre objectif. Il prend l'avion demain pour les Etats-Unis, et moi je vais prendre la route pour la Lombardie, mon prochain objectif. Je remets ma tenue de cycliste, mais pas encore les chaussures à cales : les 500 derniers mètres de la route menant au premier refuge sont gravillonnés, et pour l'avoir grimpé à l'aller, je trouve plus sage de les descendre à pied.

La veille, j'avais repéré un coin tranquille pour dormir, à Dion. Arrivé à Litochoro, je retrouve l'arbre de la nuit dernière, mais la chaussette est définitivement perdue . Heureusement, j'en ai une deuxième paire ! Je retrouve la piste cyclable pour aller jusqu'à la ville de Dion mais ne retrouve pas le refuge repéré la veille. Je vais dormir sur le terre-plein du parking du site archéologique de Dion. En face de moi, quelqu'un dort dans une tente. Que fait-il ici ??


Photo-bonus :

"J'ai laissé mon vélo à 2840m d'altitude environ pour grimper jusqu'à Skala et Mythikas"

Même si je doute de la véracité de cette info (impossible d'aller jusqu'à Mythikas depuis Skala) il faut être fou pour grimper des pentes à 40% avec un VTT [/spoiler]

ça valait le coup d' attendre.

Très grosse journée. Associer la montée d'un col en vélo avec un sac à dos de 8kg + une randonnée de 1900m de dénivelé c'est du lourd.

10 kilos de perdus

Xav_38 a écrit : 24 oct. 2017, 10:59 Très grosse journée. Associer la montée d'un col en vélo avec un sac à dos de 8kg + une randonnée de 1900m de dénivelé c'est du lourd.

10 kilos de perdus

Merci, une journée qui va laisser des traces !
Concernant le poids, je mouline énormément donc je ne fais que du "cardio" résultat, j'ai beaucoup perdu au niveau des cuisses, des fesses et du ventre. Après j'ai mis 10 kilos, c'est environ et finalement ce fut très progressif pendant tout le mois. Mais j'aurai certainement dû manger bien plus gras : je ne mangeais que des fruits et des féculents, des trucs facile à digérer donc j'ai beaucoup "fondu" sur le vélo ...

Samedi 24 Juin : Etape 32 : Le jour d'après ! La chanson du jour:



Village-départ : Dion Ce matin, je suis réveillé par l'arrivée de dizaines de voiture sur le parking où je dormais. Voilà des kamikazes pires que moi qui commencent à s'échauffer : des concurrents pour le marathon de l'Olympe. 44Km à l'assaut de l'Olympe, des grands malades

Moi, de mon côté, je suis complètement cassé après mon excursion pédestre : mes mollets sont morts d'avoir amortie toute la descente en chaussure en toile. Le constat est terrible, je ne peux plus marcher Voilà la punition pour avoir voulu effleurer du regard la demeure des dieux. Je prend mon petit déjeuner en regardant les marathoniens s'élancer (d'autres s'élanceront plus tard). Ils ne sont pas plus d'une quarantaine, dont la personne qui a dormi dans une tente en face de moi .

Je suis donc très pessimiste sur mes chances de repartir. Mon objectif de l'Olympe passé, il faut se concentrer sur le retour vers la France, en passant donc par la Lombardie, Milan, puis San Remo. Tout cela est loin. Il faut mettre le cap vers le nord-ouest pour atteindre la botte. Mais il faut tout d'abord repasser les monts Olympes pour aller chercher l'Albanie, qui m'a été conseillée à l'Ancienne République Yougoslave de Macédoine, car plus sûre, et plus direct. Les grecs ont bien insisté sur le fait que ce pays ne s'appelle pas la Macédoine, puisque la Macédoine est une région grecque. Bref, je vais devoir faire attention à ne pas dire de boulette quand je serai dans les Balkans, car je sens que les conflits éthniques, religieux sont encore bien présents dans les mémoires.


Lofos, peu avant le premier col de la journée

Je repars donc en direction de Βροντού (Vrontou), où je trouve une fontaine pour faire ma toilette, de quoi me ravitailler avant de repartir vers 8h. Il fait déjà très chaud et je redoute le passage des cols dans la journée. Je me perds dans le village suivant pour atteindre Lofos, qui est mal indiqué.

Déjà 11h, j'entame le premier col après une courte et raide descente. Me voilà carbo, tout à gauche, plus de jus, et les mollets, que j'utilise très peu sur le plat, sont indispensables pour forcer dans les bosses. Il faut dire que le pied de ce col est particulièrement difficile. Pour la première fois, j'ai de vraies douleurs musculaires. Je trouve par miracle un camion vendant des pâtisseries sur le bord de la route, près d'une fontaine. Je fais une pause là en dévorant un gâteau bien huilé et sucré.

Et c'est reparti. Pas moyen de trouver de l'ombre sur la route. Ah si ! Parfois, je vois de l'herbe à gauche de la route, et quelques arbres. Mais il y a des ruches de partout. Pas le choix, la chaleur me rend dingue et j'ai besoin de ma tête pour ne pas empirer ma situation . Je m'arrête dès que je vois une bande d'ombre peu importe les abeilles. Alors que je me réveille d'une énième sieste, un grec en voiture qui s'arrêtait me regarde l'air abasourdi, et me fait comprendre que les abeilles sont dangereuses. Bein, je n'ai pas eu de problèmes, il suffit de ne pas les écraser et elles me laissent tranquille ! Il m'a rappelé le Hongrois bienveillant, qui tentait de me faire comprendre que le sirop, ça ne se boit pas pur . Son mime de l'abeille qui part butiner et pique est encore aujourd'hui un bon souvenir. Il a dû me prendre pour un fou, c'était réciproque . Finalement, c'est un peu une thérapie pour moi, je tourne tout au ridicule aujourd'hui, je m'amuse du moindre détail, ça me permet de faire passer la douleur et les kilomètres.

En début d'après-midi, je trouve enfin une auberge où je vais pouvoir manger une salade grecque. Les clients du restaurant, fort intéressé par mon voyage, me demande comment j'en suis arrivé là. Je ne remonte pas trop loin dans le cheminement cause/conséquence et me plaît à parler de la difficulté de l'Olympe. Ici, tout le monde à monté l'Olympe plusieurs fois : c'est à côté, accessible, mythique et il y a une vue magnifique sur la mer. Moi, quand j'y repense à tout ça, j'ai juste mal aux mollets, et je sens que le bouclage de mon tour devient de moins en moins réaliste .


Foteina, peu avant le sommet du premier col, où je prend mon repas en début d'après-midi

L'orage gronde dehors, alors je reste après manger. Je me mets à écrire mes premiers jours de voyage. C'était quand tout allait bien. Roubaix, le mur de Grammont, Huy, les journées à plus de 200 bornes. Ca me permet de relativiser, et de mieux passer cette mauvaise journée, en attendant des jours meilleurs.

Une pause salvatrice. Il est déjà tard, je n'ai pas beaucoup roulé (50kms en 8h ), j'ai toujours aussi mal, mais je commence petit-à-petit à reprendre le dessus, et me motiver pour la suite . Au sommet du col, une route continue vers un autre col, à l'ouest. Je vois un petit refuge où je m'habille pour la descente tout en réfléchissant à la suite : je peux, comme prévu, descendre vers le sud-ouest puis faire un deuxième col vers Servia, sur des routes nationales ou tenter ce raccourci vers l'ouest qui me fera atterrir directement à Servia . Je choisi sagement de rester sur le parcours prévu, tant pis si je fais quelques bornes de plus.


Les paysages lors de la descente, à l'ouest de l'Olympe

Fin de journée, je commence à retrouver des sensations, sur cette nationale avec une côte moins raide qu'en début de journée : il commence à faire plus frais et je garde un petit braquet, je tourne les jambes et roule à mon rythme. Mais je vais encore faire une sieste à 20 kms de Sérvia l'objectif de cette fin de journée


La basilique de Sarantaporo, au milieu du deuxième col

J'arrive à Sérvia mais ne trouve pas d'hôtel. Je demande à un riverain, et me dit qu'il y en a un un kilomètre plus tôt, que je n'avais pas vu (j'ai du mal avec l'alphabet grec) et qu'il va m'indiquer comment y aller Je le suis, et me voilà faisant du derrière 4x4 jusqu'au pied de l'hôtel Pas top pour l'empreinte écologique de mon voyage ni pour mes poumons mais tellement plus rapide Les prix sont abordables ici, je suis au milieu de la Grèce, dans un endroit peu touristique (bien que la région vallonnée tout autour du mont Olympe est magnifique, et avec un lac en prime. Bref, je ne peux définitivement pas me plaindre : la route, bien que difficile, est toujours aussi magnifique .

Ça a l'air magnifique ce coin de la Grèce

La question du jour : vu que tout les paragraphes (ou presque ) tu annonces faire une nouvelle sieste, combien d'heure as-tu dormi lors de cette étape ?

Bon, moi franchement les lendemain de randos en montagne, je ne monte surtout pas sur le vélo. Les descentes en randos cela a le pouvoir de te transformer les jambes en deux bouts de bois... Donc à nouveau : chapeau.

Xav_38 a écrit : 24 oct. 2017, 17:45 Ça a l'air magnifique ce coin de la Grèce

La question du jour : vu que tout les paragraphes (ou presque ) tu annonces faire une nouvelle sieste, combien d'heure as-tu dormi lors de cette étape ?

Bon, moi franchement les lendemain de randos en montagne, je ne monte surtout pas sur le vélo. Les descentes en randos cela a le pouvoir de te transformer les jambes en deux bouts de bois... Donc à nouveau : chapeau.

Merci ! J'avais très mal dormi la nuit précédente car Dion est une zone marécageuse, donc avec pas mal de moustiques ... J'ai essayé de me reposer plusieurs fois pendant le premier col, des siestes très courtes donc (de mémoire 3 ou 4) car les jambes étaient trop douloureuses. Mais je n'arrivais pas vraiment à m'endormir car j'avais peur de trop traîner avant le prochain village où je pouvais me ravitailler en eau ... Au deuxième col, j'ai trouvé une sorte de chapelle fermée, à l'entrée, j'ai dormi sur des dalles fraîches, pendant pas mal de temps, c'était parfait ! Mais comme je n'avais pas de montre ou de chrono, je me renseignais sur l'heure pendant les pauses ou en regardant la position du soleil, donc rien de très précis. J'ai du dormir au total entre 1h et 1h30 sur toute la journée. D'ailleurs les horaires que je donne, lorsque ce n'est pas pendant une pause, sont approximatives

D'ailleurs il y a un côté libérateur de ne pas être assujetti à un horaire. Pour moi, le fait de ne pas savoir l'heure et de ne pas avoir besoin de la connaitre est ce qui peut se rapprocher le plus de la Liberté, mais ça a un côté flippant, car on se sent complètement perdu, sans repères ... il me fallait au minimum savoir où j'étais ou quand j'étais

Concernant les jambes, c'était la première fois que je faisais de la randonnée, mais on m'avait prévenu de la difficulté de descendre, surtout pour les articulations, donc j'y suis allé lentement, en m'arrêtant très souvent, en refroidissant mes pieds voir même mes mollets pendant les pauses mais ça très efficace : j'ai eu des contractures aux mollets pendant plusieurs jours ... Heureusement pour le vélo, je ne pédale quasiment qu'avec les cuisses (je ne dois pas avoir une technique optimale) donc sur le plat ça allait mais dès qu'il fallait forcer

La Grèce est clairement le plus beau que j'ai traversé à vélo, avec l'Albanie et le Monténégro, qui ont des paysages similaires Mais c'est peut-être aussi parce que je commençais à ralentir le rythme, et que je profitais plus des paysages pendant cette partie du voyage de "décompression" avant les derniers objectifs italiens !

Le sucre sportif a écrit : 20 oct. 2017, 16:23 Mardi 20 Juin : Etape 29 : La Macédoine !

Eκλεκτο (Eklekto) (Grèce) – Θεσσαλονικη (Thessalonique) (Grèce) : 220 kms, D+ 1040m, Difficulté 3/5

Du plat le long de la nationale, ce qui me permet de borner, jusqu'à cette bosse pour basculer à Thessalonique

Village-départ : Eklekto

Je n'ai rien trouvé pour parler de ce village le long de la nationale 2 dans lequel je me suis endormi. Eklektos signifie "élu" en grec, et c'est à 20 kilomètres au sud-ouest de Xanthi et à 37kms au nord-est de Kavala, au bord de la mer Egée.

La ville se trouve au sud des gorges du Nestos et donc près du parc national du Nestos que j'avais traversé la veille. On peut voir les montagnes si on regarde vers le nord. Le Nestos est la frontière entre la Thrace et la Macédoine, région du nord de la Grèce que je vais traverser pour atteindre dans plusieurs jours, l'Albanie. C'est donc une très grande région historique de la Grèce, qui ne reconnaît pas (tout comme la France) l’appellation "Macédoine" pour le pays frontalier au nord (ça les macédoniens grecs que j'ai rencontré ont bien insisté sur ce point )



En suivant le Nestos, on retrouve la mer à la ville de Κεραμωτή (Keramoti), ou une liaison maritime permet d'accéder à l'île de Thasos


Malheureusement, à vélo, on ne peut pas avoir ces vues aériennes sur la côte et les îles

Réveil aux aurores, dans un abri de bus le long de la route. Ayant roulé jusqu'à minuit-1h grâce aux éclairages et aux stations services/ravitos ouvertes la nuit, j'ai peu dormi. Mais finies les excuses du vent et de la pluie, je suis cycliste! L'objectif du jour, est d'atteindre Thessalonique, à plus de 200kms. Nouvelle tappone en vue donc. Je vais suivre la route nationale 2, en position la plus aérodynamique possible (mains sur les cocottes) et mets du braquet pour contrer le vent. J’atteins Kavala (km37) pour prendre mon petit déjeuner. Il est alors 7h.


La plage où je prends ma pause, peu avant Kavala. Bien que pressé par mon objectif, je vais y rester une petite heure. Au loin, l'ouest de la ville, où je vais passer la première bosse de la journée.


Le port de Kavala et son aqueduc en arrière-plan

Je repars vers 8h, batteries rechargées. Il y a une petite bosse à la sortie de la ville, le long de la mer bel entraînement pour Milan San-Remo sur cette route où se succèdent les "Capi".


Les paysages de cette matinée : entre deux bosses, des plages et cette eau d'un bleu magnifique. Comme la veille, il n'y a pas beaucoup de monde sur la plage, mais c'est le matin et nous sommes en semaine.

Nouvelle pause à Néa Péramos (km 60) il est environ 10h, et, amateur de café, je teste le café grec, espérant avoir un café aussi fort que le café turc avant de me remettre en selle. Erreur, il s'agit d'un café frappé, au lait avec des glaçons. Même si cela n'a pas trop le goût de café, c'est plutôt rafraîchissant, ce qui est une bonne chose car aujourd'hui, les orages ont laissé place à un temps estival !

En fin de matinée, j'ai déjà parcours près de 100kms, contre le vent, je suis très satisfait et après avoir passé le Strymon, j'arrive devant le lion d'Amphipolis, confiant pour la suite de la journée.


Le lion d'Amphipolis, qui marque probablement la sépulture de Laomédon, proche d'Alexandre le Grand, et découvert par des soldats britanniques pendant la première guerre mondiale

Le midi, comme les touristes sont absents, tout est fermé sur la côte. Je vais mettre quelques kms a touver un snack qui me fait un sandwich à la va-vite, alors qu'ils sont occupés à placer les parasols pour la haute-saison qui approche. Je fais une nouvelle pause d'une heure pour profiter une dernière fois de la vue sur la mer.

Je quitte la mer en début d'après-midi et me retrouve abrité du vent dans une longue forêt. La route est large, plate, et droite sur des dizaines de kilomètres .


Le Rematia que je traverse au km140, changement de paysages, me voilà dans la forêt !

En cet après-midi, je suis donc abrité du vent, mais je souffre de la chaleur, je dois ralentir un peu la cadence et m'arrête assez souvent, à chaque station service, pour faire mon ravito car les gourdes sont vites finies... Pourtant j'aimerai atteindre Thessalonique avant la nuit...


Le lac Koroneia, au nord-est de Thessalonique, de l'autre côté des monts Chirotiaris.

A 30 bornes de Thessalonique, je prend un dernier encas avant d'arriver. Il est 20h, la nuit va tomber dans l'heure qui suit. J'avais noté de prendre une route à gauche pour passer une derrnière bosse (le Mont Chortiatis) avant de descendre dans la ville. Je ne fais pas confiance et continuer sur cette route où je suis sûr d'arriver à destination, sans me perdre dans de la campagne. Grossière erreur. Alors qu'il me reste 10 bornes à faire, et que la nuit tombe, je me retrouve à l'entrée d'une autoroute. Demi-tour, je cherche quelle route peut me faire franchir ce col . Je ne trouverai pas. Il n'y en avait pas. Je veux absolument arriver à Thessalonique, car je souhaite voir un ami là-bas, et si j'arrive à dormir là-bas, je peux prendre deux nuits d'hôtels, et pourrai y laisser mon vélo, pour profiter de la ville et d'une grasse mat' demain .

Je mets donc mes chaussures de ville, et franchi le grillage de l'autoroute pour aller dans le petit fossé bitumé servant à évacuer l'eau. Je monterai la plus grande partie de la côte, sur mon plus petit développement, dans ce petit fossé dont les plaques de bétons me rappellent les ravels belges . La pente est rude mais pas très longue. Plus j'avance et plus le nombre de branches dans le fossé grandit. Les intempéries de la veille sans doute . Je mets de plus en plus pied à terre, fait du porté de vélo façon cyclo-cross. Je fatigue de devoir escalader ces branches. Je vais donc rouler sur la bande d'arrêt d'urgence. Il y a beaucoup de trafic donc les voitures/camions ne roulent pas plus vite que sur les nationales, et la bande d'arrêt d'urgence y est bien plus large. Je me rassure comme je peux. Le flot incessant de camions sur la voie de droite, et qui sont très très lents dans la deuxième partie de cette côte me protège de la vitesse des automobilistes. Je ne crains rien, j'ai mes éclairages et je suis tout en fluo. Cette situation me surprend, car j'ai bien flippé sur ce coup-là : je suis conscience que la fatigue me fait prendre des risques insensés, mais je n'ai pas le choix. Au sommet de la côte, je vois un échappatoire à ma droite. Ouf! Gros soulagement. Je n'aurai pas roulé plus de 5-10 minutes sur cet autoroute mais ça m'a paru une éternité. Les entrées et sorties des agglomérations, pour un cycliste qui n'est pas du coin, c'est un gros problème dans ces pays-là: le vélo n'existe pas aux yeux de ceux qui font ces routes. Je m'arrête, remets mes cales et descend vers le centre pour y trouver un hôtel .

Je vais maintenant pouvoir profiter d'un repos bien mérité

Je trouve cette partie de récit scandaleuse, vu le nombre d'accidents depuis le début de l'année, pour moi c'est une honte d'aller franchir des barrières d'autoroute ou rouler sur des bandes d'arrêt d'urgence, tout sauf un exemple à donner.