manu74annecy a écrit : 15 mai 2019, 13:57
Un traitement de faveur entre le cyclisme et les autres sports sur la question du dopage de la part des journalistes?
Autant on peut estimer que certaines fédérations (voire gouvernements) protègeraient, autant, les journalistes, dans la recherche du buzz perpétuel, ne vous inquiétez pas, à la moindre occasion, ils se jetteraient sur une telle histoire qui impacterait un footballeur ou un tennisman célèbre.
Moi je suis bien plus pessimiste que vous, je crois surtout que ce genre d'affaire concerne malheureusement le plus souvent les sports d'endurance, et donc notre cher sport préféré. désolé....
En plus rétroactivement, les journalistes arrivent ils à déterrer des vieux dossiers dans les autres sports?
des histoires de dopage, certaines ont été soulevées (juventus, les argentins en tennis, créatine dans le rugby...) mais on est loin du scandale qui a éclaboussé 99 % des cyclistes de la vingtaine d'années 90-2000.
Seul le dopage est allemand et bloc de l'est plus largement peut-être comparé.
Alors désolé, loin de moi l'idée de dire qu'il n'y a pas de dopage ailleurs, et qu'il n'y en a pas eu.
Je suis le premier à reconnaitre que les autres sports devraient être surveillés autant que le cyclisme, ce qui a quand même sans aucun doute eu tendance à bien assainir les pratiques.
Mais on efface pas le passé aussi facilement... et ces histoires de dopage organisé en équipe, ou autour d'un docteur sulfureux prêt à se servir de sportifs comme de rats de laboratoires avec de bonnes vieilles mixtures qui font flipper (pot belge, actovégin), C'est surtout un sport qui a concentré ces pratiques et donc ces révélations depuis les années 90...et si cela existait ailleurs, pourquoi ça n'aurait jamais fuité?
Parce que le sentiment que le dopage n'a que trop peu d'impacts sur les performances dans des disciplines comme le foot ou le tennis est tellement profondément ancré dans les mentalités que relayer des affaires de dopage dans ces sports n'intéresse en fait que très peu les gens. Enfin tout autant qu'une révélation de Football Leaks sur la fraude fiscale de Messi ou les accusations de viol de CR7, tout le monde s'en fout vu que ce n'est pas lié aux résultats sportifs, le dopage dans l'esprit des gens, ben c'est pareil. Par contre, un détournement de fonds publics chez un Fillon lui est directement à la probité du gusse et donc à son intégrité qui constituait le socle de son personnage.
S'il n'y a pas de corrélation directe entre les éléments révélés et ce qui peut toucher à la crédibilité de l'entité attaquée, ou susciter un enjeu pour le futur donc créer une attente, le journaliste sait qu'il va perdre son temps à moins d'écrire pour la presse people. C'est pourquoi on a bien souvent des enquêtes qui sont feuilletonnées (cas fréquent chez Mediapart, Canard Enchaîné) qui va ainsi créer une attente artificielle auprès de son lectorat.
Et dès lors qu'un journal commence à sortir des éléments, il se fait attaquer en justice (le Monde qui avait sorti que le Real Madrid, le Betis Seville, la Real Sociedad je crois était liés directement à l'affaire Puerto) et censurer, donc rien n'incite à creuser pour aller chercher la petite bête.
On l'a vu avec la Juve dans les années 90-début 2000, il y avait plus de médicaments dans la pharmacie du club que dans tout l’hôpital de Turin. Mais les gens ne s'en souviennent même pas et à l'époque, l'affaire avait été relayée en France au moment du procès ou le dopage à Parme qui avait fait la Une du 20h mais sans vraiment susciter des débats prolongés, on en parle 3/4 jours et puis on passe à autre chose et tout est très vite oublié et le sport reprend ses droits.
L'opinion générale du dopage dans ces sports étiquetés comme technique (ça avait encore du sens dans les années 80 mais plus maintenant, regardez l'intensité des matchs de Ligue des Champions en fin de saison...) est très bien résumé par Dugarry (propos de 1998) :
"Pfuff, le dopage, je m'en fous! Un mec dopé, ça ne change rien, je le dribble quand même, et une passe, ça reste une passe, non? Si le type a les pieds carrés, c'est pas l'EPO qui va y changer quelque chose. Moi, j'suis prêt à tout faire pour gagner, mais pas question de risquer ma vie pour claquer à 35 ans."
Sauf qu'un an plus tard, il est contrôlé à la nandrolone (3 fois au dessus du seuil) et blanchi sur vice de forme par la FFF.
Le vélo se traîne encore les balafres de l'affaire Festina, mais à la même période, l'ampleur de scandales similaires en foot a été fortement atténuée par la couverture de nombreux dossiers (le labo de Rome qui ne contrôlait pas les anabolisants dans les échantillons des footballeurs, le Comité Olympique Italien qui faisait disparaître des dossiers de footballeurs controlés positifs, l'équipe de France du Mondial 98 dont une bonne partie jouait dans le Calcio).
Puisque tu t'interroges sur l'absence de dossiers déterrés rétroactivement dans les autres sports, je te donne ici une partie de réponse avec les propos tenus par Alain Garnier devant la commission d’enquête sénatoriale sur la différence de traitement entre les sports, l'ancien directeur de l'Agence mondiale antidopage la regrette
"Si, à l'époque, le ministère des Sports avait accédé à la demande de M. Verbruggen (alors président de l'Union cycliste internationale), qui était de détruire tous les échantillons du Tour de France quarante-huit heures après les résultats, tout cela serait resté inconnu de tous, y compris les échantillons positifs de Lance Armstrong, qui constituent pourtant la seule preuve scientifique du rapport de l'Usada (agence américaine antidopage). Cependant, en cette même année 1998, cette exigence de destruction de preuves a été accordée à la Fifa à l'issue de la Coupe du monde de football. Le foot, lui, a eu droit à l'impunité..."
Guardiola contrôlé deux fois positif à la nandrolone (on ne parle pas d'un petit produit comme le salbutamol là mais d'un produit lourd, c'est un stéroïde anabolisant, ce qui a bien du accélérer son alopécie androgénétique d'ailleurs), tout le monde a oublié.
Un DS en vélo avec de telles casseroles perdrait toute crédibilité et tout le monde y ferait référence systématiquement.
Zidane a plus d'éléments à charges que Froome (pour l'instant, on reste sur du salbutamol et un shoot de prednisolone sur prescription approuvée par Zorzoli selon la procédure d'urgence de l'UCI).
Zidane évoque des cures de vitamines en injection par les mêmes termes et protocole que ses coéquipiers Conte et Tacchinardi, et il a été démontré grâce à ceux-ci qu'il s'agissait d'EPO. Johnny Haliday évoque un établissement suisse où il se faisait oxygéner son sang sur conseil de son ami Zizou. Ce dernier était probablement traité par Fuentes par la suite à Madrid.
Pourquoi un des trois footballeurs les plus techniques de ces 25 dernières années aurait-il eu besoin de prendre de la créatine et de l'EPO ? Si lui en avait besoin pour y être performant alors on peut conclure que le dopage joue effectivement un rôle majeur dans le foot.