Pyrénéenne 2019, 4 vallées (= grand parcours) (165 km, 3 cols Aspin, Hourquette, et arrivée au sommet du Tourmalet).
Aller un petit CR de ce qui sera probablement ma seule cyclo de l'année.
Prépa :
rien de spécial; inscription par lassitude de l'Ufolep cette année, je me suis dit que ça ferait un objectif pour continuer à rouler. Pas trop fait de grands cols avant, par faute de temps ou à cause de la canicule.
Jours d'avant et nuit et trajet :
rien de spécial, j'ai mal dormi (3 h peut-être, la chienne ne faisait que bouger dans la chambre, des aller-retours toute la nuit). J'y vais en bagnole par les petites routes, il fait sombre, y'a du crachin breton, je ne vois que dalle et à 5-6h du mat tous les chats sont de sortie; par chance j'en n'ai écrasé aucun.
Avant le départ :
dossard, salutation de connaissance, mise en tenue, je m'habille
en été avec les manchettes. Je suis un des premiers sur la ligne; mais voilà, ce qui devait arriver, arriva : la taupe frappe au guichet, je m'éclipse, y'a évidemment la queue à l'endroit adéquat; par chance, on est juste à côté du Stade Bagnérais (grand club de rugby autrefois) et encore par chance, les vestiaires sont ouverts... Quand je reviens sur la ligne après avoir poser la marchandise, je suis au fond du fond avec 400 cyclistes devant moi, il est 7h du matin, il bruine.
La "course":
Comme souvent et comme un débile, partant du fond, je m'amuse à remonter tout le monde dans les 15 premiers km de faux-plat montant entre Bagnères et Ste-Marie de Campan. Je rejoins finalement le peloton de tête composé d'une centaine d'individus. (y'a un segment où je suis classé 88 sur 14000

).
Puis je décroche volontairement des les premières rampes d'Aspin. Ce col fait 12 km, mais en réalité les 7 premiers km ne sont que des faux-plats à 3% de moyenne, seuls les 5 derniers km par ce versant sont "durs", à 8%.
J'y monte à mon train et me trouve plutôt bien. Les jambes tournent correct. On est dans la brume entourés par les sapins, l'ambiance est calme et mystérieuse. J'apprécie.
Descente humide et bouses de vache écrasées, j'y vais prudemment (euphémisme pour moi). Je suis dépassé par un groupe de 15 êtres humains, sur lequel je reviens dans la vallée.
Petit tour et détour dans la vallée de la Neste pour rejoindre le pied de la Hourquette, ça roulotte dans le petit grupetto de 20 dont je fais partie. On accélère un peu juste avant le pied, je fais ma part de boulot, ni plus, ni moins. Le ciel est toujours aussi bas.
On attaque la Hourquette d'Ancizan, le groupe explose bien sûr. Ce petit col de 10 bornes est difficile, petite route étroite et granuleuse tout en forêt, les 4-5 premiers km sont rudes à 9-10%, puis il y a un répit au milieu (1 km à 5%) et enfin les 4 derniers km sont réguliers à 7-8%. Je monte à mon rythme, plutôt tranquille sans faire attention aux autres, je dépasse, on me dépasse, tout celà est anecdotique si loin de la tête de course.
Toujours dans la brume et la forêt, l'ambiance est un peu fraîche, un peu la sensation d'être sur un tapis roulant. C'est paisible malgré tout, silencieux, le brouillard atténue les sons, les effluves des épicéas sont apaisantes, je vois aussi quelques frènes et autres hêtres des montagnes qui ne poussent qu'à ces altitudes dans le sud-ouest.
Le sommet et première pose ravito, coca, abricots secs dans les poches et saucisson.
La descente se fait bien, je l'apprécie par ce côté, peu technique et très jolie jusqu'au lac de Payolle (avec un petit raidar à remonter au tiers). Seulement, il me faut freiner par 3 fois à cause des vaches et des ânes qui n'en ont strictement rien à foutre de nous autres, les connards de cyclistes, et qui traversent devant nous sans un regard, comme si nous n'étions que de vulgaires mouches colorées.
Puis vient un enchaînement de 4 vallées, longues, sur des routes assez grosses et sous la grisaille. C'est un peu fastidieux. Je me retrouve d'abord pendant un long moment dans un groupe de 4, dont un espagnol et une femme. On roule plutôt pas mal, chacun fait sa part, même l'humain de sexe féminin (elle fera finalement 3ème féminine et me remerciera, à l'arrivée, de l'avoir bien aidé). Bon après je ne me défonce pas non plus, car à 4, on a bien peu de chance de revenir sur qui que se soit, par contre, ça va revenir de l'arrière à coup sûr.
Et j'ai raison, on se retrouve dons à 15 après la côte de Loucrup, puis à 20 à Lourdes, puis à 50 à Argelès-Gazost! Donc je l'écris pour tout ce qui me lisent : sur les cyclos de montagne rien ne sert de rouler et de se défoncer dans les vallées si on est seul ou dans un trop petit groupe (sauf si on est professionnel), mieux vaut attendre les gros groupes qui reviennent toujours à coup sûr de derrière puis se caler tranquille dans l'aspi en attendant le prochain col.
Enfin, on arrive à Luz-St Sauveur, le pied du "géant des Pyrénées", le bien nommé Tourmalet. Déjà 140 bornes dans les pattes. 17 bornes à plus de 8% de moyenne
Je gère la première moitié, plutôt doucement, mais ça passe. On a rattrapé les derniers du petit parcours, du coup je dépasse pas mal de monde, ce qui motive un tout petit peu. On passe le plafond nuageux et à Barèges on se retrouve sous le Soleil qui tape assez dur, bien que la température soit tout à fait correcte. Mais après ce village, les rampes sont affreuses et les choses se compliquent pour moi, je ressens les premiers signes de faiblesse et de faillite psychologique. Merde, va falloir finir au mental, le ras-le-bol me titille. Mais bon, je suis entouré par les zombies et là où je me trouve plus personne n'a d'ailes. Même galère. Je m'arrête au dernier ravito à 6 bornes du sommet, coca encore et jambon; je retrouve dans ma poche 3 Vache-qui-rit que j'avais prise dans la vallée, choix curieux (je n'y toucherai pas, gâchis de nourriture). Ce ravito ne me requinque pas du tout, c'est pire je trouve. Je déserre complètement mes godasses (gros échauffements aux pieds). Et là on voit le sommet du Tourmalet qui semble incroyablement haut, à la hauteur d'au moins 2 Tour Eiffel, c'est saisissant, vertigineux et magnifique. Ce col est le seul des Pyrénées, à mon sens, que l'on peut qualifier de grandiose, un géant, le seul qui peut rivaliser avec les grands cols alpins.
Bref, je finis je ne sais trop comment. Je suis vraiment mal les 2 derniers km, qui sont atrocement difficiles, des rampes à plus de 12%, entre le vide et la roche. Je pose pied à terre à 100 mètres de la ligne, tellement je suis mort, je remonte à l'aide d'une poussette de spectateur. Cuit.
Epilogue :
Sur l'autre versant après 4 km de descente, à La Mongie, un repas est servi, mais je suis allé trop loin dans la douleur et mon estomac, vidé de sang et contracté, n'accepte plus la nourriture, rien ne passe. Je laisse tomber et file à la bagnole 25 km plus loin tout en descente, manière de décontracter et de tourner les jambes.
Au final : 142ème sur 403 finishers sur ce parcours, pour 482 inscrits. Correct, sans plus.