Le contrôle de Pogba est l'occasion de refaire le point sur le dopage à la testosterone.
Le cas le plus fameux dans le sport est sans doute celui de Ben Johnson, suspendu à vie après un contrôle positif à ce produit. Le cas de Justin Gatlin est également très célèbre. En cyclisme, on pense évidemment à Landis, mais parmi les cas célèbres Theunisse, Andersen (4 fois dans sa carrière

), Botero méritent d'être cités. Enfin récemment le docteur Freeman (sky) est tombé pour commande de testogel au début des années 2010.
Le produit est administrable par voie orale, gel à appliquer sur la peau, ou injection sous-cutanée ou intramusculaire.
Les effets recherchés sont prioritairement l'effet anabolisant avec la prise de muscle, mais le produit a également des actions sur différents organes, dont le cerveau, et je tombe sur plusieurs articles de presse dont le tout récent de ouest-France qui indiquent des bénéfices au niveau mental, avec une augmentation de la concentration et de la motivation.
Un premier test de détection du produit est apparu dans les années 80. Ce test urinaire était fondé sur la détermination du ratio testostérone / epitestosterone. L'epitestosterone est une hormone semblable à la testosterone, mais qui n'a pas ses effets. Naturellement, chez la plupart des sujets, le rapport testo / epitesto dans les urines est de 1 pour 1. Il a été convenu par les autorités antidopage qu'un rapport de 6 pour 1 était révélateur de dopage. Ce rapport a ensuite été abaissé à 4 pour 1.
Pour déjouer le test, certains athlètes ont pensé à coupler leur prise de testostérone exogène avec de l'epitestosterone. En réaction, les autorités antidopage ont fixé un seuil limite pour la présence d'epitestosterone, à 150 puis 200 ng/ml.
Cependant, en raison de certains cas de faux positifs, notamment chez de jeunes athletes chez qui le taux de testostérone augmentait sensiblement à la puberté, ou des sujets ayant un rapport testo /epitesto naturellement élevé, la nécessité de mettre en place un test plus fiable s'est fait sentir.
Le nouveau test, qui a commencé à être utilisé à la toure fin des années 90,recherche la concentration de deux isotopes du carbone, l'un des atomes qui constituent la molécule de testosterone. Pour la testosterone naturelle, il y a 99% de carbone 12 et 1% de carbone 13. Pour les testostérone de synthèse, la part de carbone 13 est légèrement inférieure, pour quelques millièmes. L'inconvénient de ce test est le matériel particulier d'analyse qu'il réclame, et la durée de l'analyse, plus longue.
Le docteur de Mondenard fait entendre que la détection de la testosterone fonctionne actuellement de la manière suivante : test testo/epitesto. Si rapport supérieur à 4 pour 1, test c12/c13. Test complémentaires possible avec analyse capillaire (je suppose en cas de contestation des résultats par l'athlète).
Cet enchaînement de tests présente une faille, si les athlètes sont capables de contrôler leur taux de testo/epitesto en microdosant la testo de manière à rester en dessous du seuil de 4 pour 1. De plus l'usage de produits masquants, ou la sur-hydratation (bonus langue de pute : quel athlete est capable de s'hydrater autant par dix degrés sur une épreuve sportive en Norvège que par canicule en Espagne ?) permettent de jouer sur la lisibilité des urines. Ajoutons que le microdosage permettrait une fenêtre de détection inférieure à 24 heures, ce qui permettrait une utilisation safe de la testo en course, et la rendrait indetectable au suivi longitudinal en rentrant les bons horaires dans ADAMS.
D'autres tests sont actuellement en cours d'élaboration, je mets en lien les recherches d'une équipe chinoise par exemple (contenu payant)
Le Docteur Mondenard explique sur son blog les expérimentations connues de certains dopeurs pour maîtriser les concentrations en testo exogène, avec deux exemples dans l'athlétisme avec le gourou Alberto Salazar et le rugby sud-africain.
En termes de cas positifs dans le cyclisme on est sur un produit ultra classique, avec plus de 200 cas avérés rien que chez les pros depuis 1980. Un pic de cas positifs s'observe dans les années 2000. Récemment (moins de dix ans) chez les pro seuls quelques cas exotiques sont remontés (dont Gaston, coéquipier du fameux Najar, au non moins fameux tour de san juan 2018), ainsi que celui de Manuel Sola, stagiaire Caja Rural, en 2017. Mais l'affaire Freeman prouve bien que les plus grosses équipes utilisent ces produits tout en échappant aux contrôles... Rappelons que l'on est sur du dopage lourd, avec des effets secondaires pas anodins...
Espérant que ce post permet d'y voir plus clair pour les moins informés ou rappelle des choses utiles aux autres. Espérant aussi n'avoir pas manqué d'information récente sur le sujet, j'ai privilégié des sources récentes tant aue possible
Sources :
Le blog du Docteur Jean Pierre de Mondenard et son article sur la testo :
https://dopagedemondenard.com/2021/11/2 ... puis-1999/
l'annuaire du site cyclisme-dopage
https://www.ouest-france.fr/sport/footb ... 26d8dee79e
Recherche chinoise :
https://pubs.rsc.org/en/content/article ... d2nj05316k
Alberto Salazar :
https://www.liberation.fr/sports/2019/1 ... s_1755028/
https://dopagedemondenard.com/tag/alberto-salazar/
Manuel Sola
https://www.cyclisme-dopage.com/actuali ... dopage.htm
Gaston :
https://www.cyclingnews.com/news/illega ... cera-case/