Re: Tour de France 2022
Publié : 21 juil. 2022, 23:21
par trevorphilips
je crois qu'avec ce qu'on a vu sur ce tdf, une place au CG est quelque chose de beau et d'honorable. On a souvent eu des coureurs 1 par 1 qui se battaient pour la place. C'est ça une vraie course, où chacun se donne à fond. Il y a d'ailleurs eu pas mal de remontées dans le top 10 (voire mieux) de coureurs qui étaient largués
par contre, à contrario, le leader d'une équipe qui vient sur le tdf peut tout de suite oublier l'objectif "victoire finale". C'est clairement inaccessible. Le mieux à faire c'est une 3e place à la thomas. L reste ce sera des belles places d'honneur.
Et ensuite ya les étapes mais il faudra être sacrément costaud. Ca on le sait depuis quelque années. Mais ce qu'il y a de nouveau c'est WVA et pogacar. Si WVA est avec vous dans une échappée vous êtes mal barrés. Pogacar c'est 3 victoires en moyenne par tour de france. Les sprinteurs vont vous en piquer quelques unes aussi (y compris cet omniprésent WVA

) ; bon les chronos aussi c'est quasi mort forcément avec ces 2 là + vingegaard. Ca fait quand meêm pas bcp d'étapes en ligne à se mettre sous la dent
Re: Tour de France 2022
Publié : 22 juil. 2022, 13:08
par SnakePlissken
Article du jour dans l'Equipe, sur l'évolution de Jumbo depuis qu'ils ont récupéré une Rabobank en miette, et sur le soucis après l'échec de 2020, d'être offensif pour ne rien regretter. Le cyclisme total, en référence au foot total de l'Ajax où tout le monde attaque et tout le monde défend. On apprend aussi que même sans être sur le Tour, Roglic continue de donner des conseils à Vingegaard.
Chaque
hiver, lors du premier stage de la
saison, c’est le même rituel. Me-
rijn Zeeman, manager de la for-
mation Jumbo-Visma depuis
2016, rassemble coureurs, en-
traîneurs, directeurs sportifs, mé-
canos, assistants, cuisiniers,
chauffeurs de bus... et, à l’aide
d’images projetées sur un écran
géant, il retrace le chemin accom-
pli depuis 2015, quand il a com-
mencé à rebâtir l’équipe. Il pré-
sente les dix règles internes au
groupe – élaborées collective-
ment et remises en question cha-
que année – aux nouveaux arri-
vants et donne la parole à qui veut
la prendre. Ce soir-là, à l’hôtel
Barcarola de Sant Feliu de
Guixols, Steven Kruijswijk, un des
trois vétérans du groupe avec Ro-
bert Gesink et Jos van Emden, se
lance : « Si vous n’êtes pas à l’aise
avec quelque chose, je vous en prie,
parlez-en à votre coach (chaque
coureur a un entraîneur référent).
Notre culture, c’est de tout mettre
sur la table ; on peut discuter de
tout, c’est même la responsabilité
de chacun d’entre nous.»
Juste avant, Zeeman et Richard
Plugge, le patron de l’équipe, ont
rappelé les années galères, le
manque de moyens et les stages
hivernaux de 2016 et 2017 où « un
des hôtels prenait l’eau de toute
part, ça tombait du toit dans les
chambres ; et l’autre était enseveli
sous la neige, qu’il avait fallu dé-
blayer à la pelle. » Ils racontent
comment ils ont reconstruit sur
les ruines de la puissante Rabo-
bank, gangrenée par le dopage
jusqu’à être abandonnée par son
sponsor en 2013 et courir sous le
nom symbolique de Blanco, évo-
quant une page blanche. « On est
passés du 2e budget au plus petit, se
souvient Zeeman, on était la risée
du peloton. Le cyclisme baignait
dans une culture du dopage mais,
en plus, cette équipe n’était plus une
bonne équipe: pas de communica-
tion, de transparence, de cohésion.
Rabobank, c’était beaucoup d’ar-
gent et quand on a repris, on n’avait
plus du tout les mêmes moyens.
Tout était négatif, des gens quit-
taient le navire, ils n’avaient jamais
d’augmentation, les coureurs
n’avaient pas de résultats. C’est là
qu’on a décidé de tirer un trait.»
Zeeman est alors entraîneur de
Steven Kruijswijk mais a suivi une
formation plus large sur le déve-
loppement personnel, et il est sur
la même longueur d’onde que
Plugge, ancien journaliste, formé
lui à la PNL (programmation neu-
rolinguistique), qui a pris la direc-
tion de l’équipe. Leur credo: pous-
s e r l e s c o u r e u r s a u x
changements grâce à des entre-
tiens sur leur comportement en
course et en dehors. « Certains
coureurs n’aiment pas être bouscu-
lés, note Plugge, mais on les con-
fronte à leurs travers sans attaquer
leur personne mais leur comporte-
ment. » «Il s’agit d’un travail sur leur
globalité, corps et esprit, ajoute
Zeeman. Nous ne leur disons ja-
mais quoi faire, genre voici le plan et
vous n’avez qu’à le suivre. On essaie
de créer un environnement où les
coureurs pensent par eux-mêmes
et prennent leurs propres déci-
sions. La motivation intrinsèque est
essentielle, ça s’appelle ownership,
la prise de responsabilités, qu’il
s’agisse d’établir leur programme
de préparation, la façon de se nour-
rir... Tous nos coaches et directeurs
sportifs sont formés à ça.» En sor-
tant de son premier entretien, en
décembre, questionné sans relâ-
che sur ses motivations, ses ob-
jectifs, ses freins intérieurs, Chri-
stophe Laporte avait lâché: «Je ne
pensais pas qu’on pouvait aller
aussi loin.»
La philosophie s’inspire des
échanges avec les autres sports,
le rugby, d’abord. En lisant le livre
Legacy de James Kerr, qui retrace
la reconstruction des All Blacks à
partir de 2007, Zeeman repère les
similitudes avec ce qui s’est passé
chez Rabobank : « Avec les All
Blacks, nous avons connu la même
décadence. Nous, c’était le dopage;
eux l’alcool, mais on fuyait l’échec, la
déception, de la même manière. »
Le Blanco Koers, les dix règles de
conduite interne, s’inspirent des
mantras mis en place par les rug-
bymen néo-zélandais. La façon de
considérer le maillot, par exem-
ple : « J’ai rencontré Conrad Smith
(centre emblématique des
Blacks, champion du monde
en 2011 et 2015), raconte Richard
Plugge, pour parler de ce qu’ils ont
appelé “leave the jersey in a better
place”, ce qui signifie que chaque
joueur a la tâche de rendre le
maillot plus prestigieux que quand il
l’a reçu, c’est une manière de parti-
ciper individuellement à l’héritage,
legacy en anglais.»
Autre inspiration, plus évidente
pour des Néerlandais: le football
total pratiqué au début des an-
nées soixante-dix par l’Ajax Am-
sterdam puis l’équipe nationale et
legs de Johan Cruyff. « On veut
pratiquer un cyclisme total, pour-
suit Plugge, c’est-à-dire être forts
et gagner avec tous nos coureurs.
On veut être devant tout le temps.
L’Ajax et la sélection jouaient collec-
tif, tout le monde attaquait, tout le
monde défendait et tout le monde
était au plus haut niveau. C’est ce
que nous voulons faire, nous aussi.
Ce serait super si, un jour, les gens
parlaient de la machine jaune
comme on a parlé de la machine
orange. »
L’Allemand Grischa Niermann,
un des directeurs sportifs, se rend
plusieurs fois au centre d’entraî-
nement des Orange «pour voir ce
qu’on pouvait reprendre à notre
compte, la technologie avec la-
quelle ils mesurent les performan-
ces physiques, le coaching dans le
vestiaire avant un match, les séan-
ces collectives.»
Les premières victoires arri-
vent vite. Primoz Roglic, un sau-
teur à ski embauché fin 2015 car
« il ne coûtait presque rien », s’im-
pose lors d’un contre-la-montre
du Giro 2016. Puis remporte une
étape sur le Tour de France, l’an-
née suivante. Zeeman : « Primoz
est là depuis le début, il a juste raté
2015, la pire année, mais il a parti-
cipé à toute notre évolution. Le suc-
cès de l’équipe est parallèle à son
ascension, c’est indissociable.»
Lors de la réunion de l’hiver 2016,
l’équipe au grand complet choisit
de nouvelles couleurs, à domi-
nante jaune, « pour fixer notre ni-
veau et notre ambition à la hauteur
d’un maillot jaune du Tour de
France. » En 2019, Steven Kruij-
swijk grimpe sur le podium de la
Grande Boucle et, en 2020, la for-
mation hollandaise se présente
au départ de Nice avec un collectif
impressionnant (Roglic, Dumou-
lin, Kruijswijk, Van Aert) qui a réglé
l’allure du peloton sur toutes les
courses précédentes. Malgré une
domination sans partage, Tadej
Pogacar, petit grain de sable de
21 ans, vient enrayer la machine,
dépossédant son compatriote
slovène Primoz Roglic du maillot
jaune à la veille de l’arrivée à Paris.
Le débriefing hivernal est sans
concession. «En 2020, on a trop été
dans le calcul, analyse Roglic, moi
en particulier. Je me posais beau-
coup de questions, je ne courais pas
complètement naturellement, et
l’équipe non plus. On n’était pas du
tout dans le fun, l’instinct. On avait
fait le choix de tout contrôler et on
s’est recroquevillés.»
« En 2020, contrairement à nos
grands discours sur l’attaque,
ajoute Plugge, on a manqué de
courage quand on aurait dû prendre
définitivement l’avantage dans cer-
taines étapes.» En 2021, l’abandon
de Roglic, après une violente
chute, et le fait que le jeune Jonas
Vingegaard, qui dispute son pre-
mier Tour à 24ans, ne soit pas en-
core prêt à assumer le leadership,
offre une liberté de courir sans
pression qui aboutit à quatre vic-
toires d’étape.
En parallèle, le travail d’amé-
lioration dans tous les domaines
possibles continue. « Il y a chez
Jumbo-Visma un niveau d’exigence
assez unique comparé aux autres
équipes, relève un agent de cou-
reurs. Chaque recrue est ciblée
pour entrer dans leur projet collectif
et accompagnée pour s’accomplir
au mieux de ses possibilités. Et
cette exigence est attendue d’abso-
lument chaque employé de
l’équipe.» Depuis 2016, les mem-
bres du staff sportif sont con-
seillés par Wietske Idema, une
coach de coaches qui vient régu-
lièrement passer quatre jours lors
des stages, pour accompagner
les entraîneurs et les DS. Cinq cui-
siniers-nutritionnistes sont em-
bauchés en 2019, tous salariés à
durée indéterminée comme tout
l’encadrement de l’équipe. «C’est
une obligation pour moi, dit Plugge.
S’ils sont susceptibles de perdre
leur boulot à la moindre occasion,
ils ne peuvent pas adhérer au projet.
En même temps, s’ils font une bê-
tise, s’il y a une histoire de dopage, je
veux qu’ils rendent des comptes.»
La saison dernière, l’accent a
été mis sur la nutrition et, en col-
laboration avec les supermarchés
Jumbo, une application a été mise
au point qui propose aux coureurs
des menus et des quantités en
fonction de leurs heures d’entraî-
nement ou de course. « C’est très
efficace, constate Christophe La-
porte. J’ai toujours eu du mal à
m’alimenter en cas de fortes cha-
leurs, comme sur ce Tour, et là, j’ar-
rive à savoir exactement ce dont
mon corps a besoin comme sorte
d’aliments, et ça passe.»
Cet hiver, ajustée en fonction des
erreurs de 2020, la stratégie pour
le Tour a été soigneusement éla-
borée, délibérément offensive
malgré les jugements extérieurs
estimant que courir deux lièvres à
la fois – le Maillot Jaune avec
Roglic et Vingegaard et le maillot
vert avec Van Aert – était très ris-
qué. « On a choisi ce risque, révèle
Zeeman, grâce à beaucoup de dis-
cussions en amont avec les cou-
reurs, où il a fallu tenir compte de
leur ego, savoir ce qu’ils étaient
prêts à sacrifier en sachant que la
quête supérieure était la victoire fi-
nale.»
La façon de courir de Wout van
Aert, toujours à l’avant, critiquée
par beaucoup d’adversaires dans
le peloton, trouve sa source là,
dans les échanges avec le cou-
reur belge : « J’ai besoin d’avoir un
espoir de remporter des étapes
pour moi-même, expliquait le
maillot vert lundi, et je pense que je
suis plus fort pour aider l’équipe
avec cette possibilité plutôt que
d’être un simple équipier pendant
trois semaines. Cela me motive
d’avoir souvent cette perspective de
gagner et cela me permet de mieux
aider les autres.»
Symbole éclatant de cette stra-
tégie offensive, Van Aert a servi de
point d’appui à ses deux leaders
puis au seul Vingegaard pendant
trois semaines, inépuisable. Ro-
glic, quand il a compris que sa
blessure au dos ne lui permettrait
pas de réaliser son rêve, a tout sa-
crifié pour son jeune co-leader, lui
servant même de mentor à dis-
tance, tel un grand frère, en lui
faisant passer des messages
quotidiens sur la gestion de la
course. Et les autres, Kruijswijk
jusqu’à sa fracture de l’épaule,
Laporte, Tiesj Benoot et Nathan
Van Hooydonck ont exécuté leurs
missions respectives à la perfec-
tion, omniprésents lorsqu’il fallait
passer à l’attaque (souvent), fiers
d’avoir transformé leur collectif
en véritable machine jaune qui a
animé ce Tour de France en trans-
posant, cinquante ans après, les
recettes de la glorieuse bande de
Johan Cruyff. Pour inventer le
cyclisme total.
Re: Tour de France 2022
Publié : 22 juil. 2022, 13:40
par manu74annecy
Le cyclisme total?
euh ouais, jumbo sur le tour 2020, sur le dauphiné 2022, c'est pour le moins bien soporifique.
Là ils ont agit autrement car un seul adversaire avec une équipe de bras cassés. C'était quand même plus facile!
Ce qu'ils ont fait vers Valloire était bien senti, mais encore heureux qu'ils se soient servi de Roglic pour ça.
mais moi qui les trouvaient un peu dans la ligne directrice de la Sky, je trouve que c'est un peu fort de café de les comparer à l'Ajax des années 70...