Episode V ...............Dans lequel ce récit commence à sentir le soufre....
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Une ambiance pesante régnait au réveil du campement, le lendemain matin. Le geste insensé de Kelmeur et la disparition cruelle de la Cuirasse rose hantaient tous les esprits, mais on se gardait bien de trop aborder le sujet, car on ne pouvait traînasser.
On se mit en effet en route fort tôt, car la caravane était attendue pour le 20e tournoi, au bourg de Cervinia, dans les confins du Valais. La troupe se frayait lentement un chemin dans les pentes valdôtaines, Marollais, entouré de ses écuyers, assurant la protection de l'arrière-garde. Une position inhabituelle pour le novice, lui qui prisait tant se montrer aux avant-postes depuis quelques temps. Mais au moins, avait-il la certitude de pouvoir y côtoyer Nopik, grand habitué de cet emplacement

et dont la conversation lui était agréable.
Le convoi s'était arrêté le temps d'un bivouac

au col de Saint-Pantaléon, patron des thaumaturges, un lieu au nom prédestiné, comme nous le verrons, et l'on s'apprêtait à reprendre la route, lorsque une série d'évènements s'enchaîna. Sans prévenir, Marollais défaillit et s'affaissa sur sa monture, la gueule grande ouverte, comme pour mieux respirer. La souffrance tordait ses traits devenus d'un coup grimaçants.
Autour de lui les écuyers s'empressèrent et on prévint le fidèle Nopik, qui accourut auprès de son ami, pour recueillir ses confidences.
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Nopik : "Pourquoi cette défaillance soudaine, mon ami ?"
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Marollais (la parole entrecoupée de râles) : "Comme tu le sais Nopik, j'ai les entrailles délicates, mais les victuailles ne sont pas en cause pour cette fois. Je crois que c'est ce fumet malodorant qui émanait d'un taillis près duquel j'épanchais un vif besoin, qui m'aura incommodé. :vomito:
Sur ces explications, Nopik, accompagné de quelques écuyers, partit en quête de la source du mal. Guidés par l'odeur fétide, il leur fut aisé de retrouver le fourré en question. On en écartait prudemment les branches........... pour y découvrir un corps étendu en position christique, dans lequel on reconnaissait bientôt, mais non sans mal, Kelmeur

. Vêtu d'un simple linge noué à la taille, qui préservait sa pudeur, il exhalait une âcre odeur de soufre qui tenait à bonne distance les arrivants. Bien qu'inconscient, il paraissait cependant vivant.
On courut chercher les chirurgiens, qui en répandant forces remèdes fleuris parvinrent à neutraliser momentanément la pestilence.
Le "
Fourbe" était ensuite transporté à l'hospice voisin, où vint le rejoindre, au courage, un Marollais livide et vidé, à bout de forces.
Alertés des évènements par leurs gens, les autres chevaliers au grand complet ne tardaient pas à venir se presser au chevet des deux infortunés, en quête de nouvelles.
Kelmeur avait repris connaissance, grâce aux premiers soins qui lui avaient été prodigués par d'accortes nonnes, expertes en la matière, mais son état miséreux suscitait la pitié
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Kelmeur (la voix faiblarde) "Qu'est-il arrivé ? Aurais-je été blessé pour me retrouver ainsi alité sur cette couche ? Et que sont devenus mes effets ? "
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Tuco (parlant au nom de tous en choisissant de cacher une part de la vérité à son lieutenant) : "Tu as été victime d'un évanouissement, mon bon Kelmeur et nous t'avons retrouvé gisant dans cet état. Saurais tu nous en éclaircir le mystère ? "
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Kelmeur : "Hélas, la tête me chauffe et mon corps est trop fiévreux. Je crois que la mémoire me fait défaut, depuis que j'ai trempé mes lèvres dans ce breuvage que me tendait un badaud, avec qui je conversais au bord des lices, peu avant mon affrontement avec Noé. Sa mixture devait être viciée."
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Akaion (dans un grand rire) : "Kelmeur se mêle à la populace à présent

. Voilà une bien plaisante nouveauté !"
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Blouss : "

"
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Coalize (prenant à part Albator) : "Toi qui es familier des mœurs de cette contrée, comment expliquer l'état de si complet dénuement dans lequel nous avons retrouvé le chevalier ? "
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Albator : "Les routes italiennes ne sont pas sûres aux abords de la frontière et il y règne une grande anarchie. Il aura fait quelque mauvaise rencontre sans doute, des brigands qui l'auront dépouillé de tous ses attributs, lui laissant la vie sauve uniquement par miséricorde pour son infirmité. Je crains que la Cuirasse ne soit tombée en de biens viles mains qui l'auront souillée et il est illusoire de vouloir jamais la retrouver......
Constatant l'inutilité de poursuivre plus avant l'interrogatoire, les chevaliers se retiraient, laissant Coco s'attarder un instant auprès de son complice des mauvais coups :
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Kelmeur (attirant Coco vers lui pour lui murmurer à l’oreille) : "Approche-toi Coco ! Comme tu t'en doutes, il n’y a pas plus de badaud et de breuvage mystérieux, qu’il n'y a de...

... sous l'armure de Blouss. Enfin, tu m'as compris ! ......Ecoute-moi : possèdes-tu toujours cette potion d’invincibilité qu’on avait acquise avec l'ami Blaireau, chez le Mage Bergamotte, contre une poignée d'écus lors de la cavalcade helvète de l'an dernier ?"
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Coco : "Oui, je la porte sur moi, mais je n'ose y goûter car on murmure qu'une seule gorgée a suffi pour rendre borgne notre compagnon...

"
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Kelmeur : "Conserve la précieusement je t'en prie ! Le tournoi dauphinois approche à grands pas et il me tarde d'en profiter pour aller rendre visite à un mage de notre connaissance, dans sa chaumière des faubourgs de Genève. Je te jure de lui faire ingurgiter son maudit poison par le fondement, à grands coups d'entonnoir s'il en est besoin........et jusqu'à la dernière goutte !

"
Le soir même, comme pour célébrer la déchéance de son ennemi juré, Ray remportait le 20e tournoi
Un ultime défi, le plus ardu assurément, attendait encore nos chevaliers : comment conclure dignement cette cavalcade italienne qui virait à la bouffonnerie ?.....
...............A suivre, pour l'épisode final................