Retour sur la Ronde Castraise d'hier, la Sidobre (96 kms pour 1650 de D+ environ, 575 inscrit sur ce parcours). Un récit qui ne va pas franchement être fait avec enthousiasme mais après tout, il n'y a pas que nos exploits qu'il faut raconter je pense mais également nos courses anonymes ou nos grosses désillusions. Vous l'aurez compris nous sommes dans la 3ème catégorie aujourd'hui.
Je couve une gastro depuis 2 jours, en ayant quasi rien mangé ni bu ces dernières 48 heures donc mais étant à l'avance, comme souvent sur les cyclosportives pour éviter le coup de massue tarifaire, je décide de m'y rendre, ayant convaincu un ami d'y aller qui plus est.
Dès l'échauffement je sens que ça ne va pas être du grand Mendes mais bon, on y est !
Je retrouve Akaion sur la ligne de départ que je salue ainsi que d'autres connaissances.
9h20 le départ est donné, ça part vite, comment à l'accoutumée sur les cyclos, je n'apprécie pas ces départs et suis pas super bien placé.
Au km 3, voilà déjà la 1ère bosse, 2 bornes à 5%, c'est dur d'entrée, je suis un peu loin donc remonte le paquet et parviens à accrocher le cul de ce qu'il reste du paquet au sommet de la bosse, mais je me sens déjà mal, pas bon signe...On enchaine avec 3/4 kms de bout droit et 2 coups de culs successifs de 600 metres chacun à 6/7%, pareil l'effort pour moi est violent, un petit vomi sur le haut du deuxième coup de cul en passant histoire de me rappeler mon état de santé du jour et en avant, je cède du terrain sur le paquet sur le haut de 2ème coup de cul, j'essaye de faire l'effort dans la descente derrière mais du mal à tirer du braquet, ils sont en file indienne devant, mission impossible, je me relève, de toute façon moins de 2 kms plus loin on attaque la 1er grosse difficulté avec 6 kms de montée à 6%. J'aperçois Akaion de loin, je dois attaquer la montée 20/30" derrière lui, nous sommes au km 12.
Que dire, je sens moins d'énergie encore que sur les bosses précédentes où malgré les sensations pourries j'ai montée à bon rythme, là je commence à pédaler dans la choucroute. N'empêche, j'arrive quand même à tenir des roues de mecs qui m'ont rejoint sur le plat ce qui me permet de rester à peu près régulier, bien que je lâche rapidement les roues des plus costauds de ce groupe, et je reprends Akaion sur le haut de bosse qui lui aussi ne pète pas le feu le pauvre, avec des problèmes de dos.
Jusqu'au km 37 ça va monter quasiment, de très courtes descentes et derrière des enchaînements de montées, puis des longs faux plats montants interminables avec un fort vent, Akaion et moi régressons de groupe en groupe vers l'arrière, la "demontada" commence.
On va rester ensemble avec Akaion jusqu'au km 42 environ, après la descente de St Pierre de Trivisy, en fait un gars devant moi fait un écarat dans la descente rapide, je perd les roues, je n'ai pas la force de rentrer, on aborde les premières pentes de la bosse suivante et c'est là que la lumière s'éteint d'un coup, panne moteur. Plus aucune force, je vois mes anciens compagnons d'infortune dont Akaion filer à l'avant et moi sur le 34 sur du 5% je n'avance plus.
Je sens que ça y est mon corps a été au bout de ce qu'il pouvait faire dans l'état dans lequel il est, sans carburant sur ces 48 dernières heures, j'étais sur la réserve depuis le départ de la course, là on est en panne sèche et il reste 55 kms à couvrir. C'est énorme dans cet état je vous promet.
Donc là on attaque un long moment de solitude, où je me fait doubler à tout va par des grappes entières de cyclistes, au début je tente évidemment d'accrocher les roues, j'en tiens pas une seule, je me dis qu'au fil des groupes le niveau baisse et voyant le physique de certains (sans leur faire offense) je me dis que je vais bien réussir à m'accrocher.
Hé bien non. Je suis collé à 7 km/h sur du 3/4% et dans les passages un peu plus raides à 8% mon Garmin se met en pause automatique tant j'avance pas.
Les cyclos qui me doublent me regardent tous comme un OVNI, j'imagine que je suis très vilain à voir.
Au km 55 environ dans la vallée, un énième groupe me reprend, je ne les compte plus de toute façon j'ai les yeux rivés sur mon compteur je vois passer les kms par tranches de 100m, j'entends un "ça va ?", et là je vois mon ami avec qui je suis venu sur la course, je lui réponds par la négative et prends enfin les roues sur du "plat" bien que j'en chie, et je lui dis que dès que je lâche qu'il s'accroche à son groupe et qu'il s'embête pas à m'attendre.
La bosse suivante arrive, je lâche en 1er évidemment, c'est la déconfiture complète, Benoît s'accroche mais quand il voit que j'ai lâché il se laisse décrocher et m'attend malgré ce que je venais de lui dire. Je lui dis que je vais être un boulet que j'avance pas et que c'est pas de la parole de coursier du dimanche, là je suis vraiment collé. Il préfère quand même ne pas me laisser seul dans cette galère.
Ces 40 derniers kms vont être effroyables, je sais j'enchaîne les superlatifs et le but n'est pas de me faire plaindre, mais je n'ai jamais eu aussi mal sur le vélo, mon ventre me fait atrocement souffrir depuis des kms, je n'arrive pas à manger quelque chose, je manque de dégueuler les gels, je bois très peu n'arrivant à prendre plus, et toujours ces grappes de cyclistes qui me doublent, j'ai l'impression de voir passer des avions, et pourtant...
Dans l'avant dernière bosse au km 70, qui fait 4 kms environ je crois à 6%, je craque complètement, je suis en pleurs comme un idiot, avançant à une vitesse déconcertante une nouvelle fois, le corps m'a lâché, le mental n'y est plus, et si mon ami n'était pas là à m'encourager je pense que j'aurais mis pied à terre tant je souffre. Mais il a sacrifié sa course pour moi, donc je n'ai pas le droit de me plaindre et encore moins de l'abandonner. Et pourtant le pauvre, il me lâche tous les 20 mètres alors qu'il est à l'arrêt quasiment. C'est un ami dans la vie, mais il m'a montré que c'était un grand Monsieur.
Sur le haut de cette bosse, les 1ers du grand parcours doublent, 3 coureurs puis 30/40" derrière un groupe d'une 15aine avec Bodo en tête qui tracte le reste des coureurs, je lâche un "allez Bodo" à leur passage, il l'a entendu je pense j'ai eu droit à un sourire en échange. ;)
Quasiment 15 kms de descente derrière après cette bosse où je ne vais pas donner un coup de pédale quasiment, pas la force, et on arrive km 90 à la dernière bosse (que j'avais oublié), environ 2,5 kms à 3% de pente moyenne que je monte à 10km/h.
Enfin la dernière descente et l'arrivée sur Castres, on arrive à 2 presque à l'arrêt dans le final, je laisse évidemment mon ami passer devant moi. Et une anecdotique 364ème place.
A peine la force de se changer après la course, encore moins de manger, retour à la maison après 1h45 de route et une grosse sieste en rentrant de 2h puis au lit à 21h.
Bref, à l'avenir, cela me servira de leçon, malgré le fait d'avoir payé à l'avance j'aurais pas dû y aller, j'ai vécu ma pire journée sur un vélo et ce n'est que le retour de bâton...Maintenant du repos du repos et me requinquer...Mais au delà du physique ça a été psychologiquement vraiment très difficile.