- 19 mai 2024, 21:46
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La rubrique de P. Lefevere de ce we est en partie non négligeable consacrée aux 4-J de Dunkerque et c'est uniquement à ce titre que je souhaitais la retranscrire ici, en forme d'hommage amical à mes copains orga de la course, auxquels je la destinerai par ailleurs.
"Les Quatre-Jours de Dunkerque ne sont pas le Giro, mais croyez-moi quand je dis que la victoire de Warren Vangheluwe m’a fait autant plaisir que celle de Julian Alaphilippe la veille. Pour nous, Dunkerque est presque une course à la maison. Les coureurs dorment ce weekend à Watou, à moins de quarante kilomètres de notre service course.
Je me suis décidé tardivement à me rendre sur place. A moitié comme un acte de présence vis-à-vis de la nouvelle organisation, qui est venue il y a deux ans dans mon bureau me demander, peut-être même comme une supplique, si nous voulions « s’il vous plaît » une nouvelle fois participer. C’est bizarre que les Quatre-Jours de Dunkerque soient une course qui dure six jours, mais ça a en tout cas tout à fait son charme. J’étais le long du parcours dans les passages sur les trois secteurs pavés du circuit local. Ensuite j’ai sauté dans le bus de l’équipe pour suivre le dénouement sur Corsaire TV, l’émetteur local à Dunkerque. Le co-commentateur était à ma grande satisfaction Nico Mattan, qui semble parler aussi bien Français que Néerlandais. Nico peut tout, pour qui en douterait.
Pour faire court : une visite de courtoisie a trouvé son point culminant dans un thriller que j’ai suivi le cœur battant. Notre Warre Vangheluwe est resté le dernier d’un groupe de tête de quatre, mais a fait alors la faute que des grands comme Tom Boonen et Julian Alaphilippe ont fait avant lui : il a célébré trop tôt. Il a fallu une photo-finish pour prouver qu’il avait encore un millimètre de marge sur Sam Bennett, le plus rapide d’un peloton sur ses talons. J’étais près de l’attaque cardiaque, et le nom du numéro deux n’avait rien à y voir.
Il y a de grandes et de petites raisons pour lesquelles une victoire fait parfois un bien fou. Pour Julian Alaphilippe, ça va de soi. Ce n’est un secret pour personne qu’il revient de loin. J’ai dit ce que j’ai dit à ce sujet, et je n’y reviendrai pas. Mais ce qui a aussi joué : en fait, Julian aurait dû déjà gagner plus tôt sur ce Giro. Dans l’étape de gravel vers Rapolano Terme il a roulé volontairement avec un 56-dents. Le but était de changer de vélo avant la finale, mais ça allait si vite qu’il n’y a pas eu de temps pour ça. Dans le sprint contre Pelayo Sanchez le poids léger Julian n’a naturellement pas tiré avantage d’un tel développement.
La petite histoire de Warre est tout à fait différente de celle de Julian, mais lui aussi revient de loin. A neuf ans, il a été impliqué dans un grave accident de circulation. Il est resté une semaine et demie dans le coma et n’a plus pu rouler à vélo durant trois ans. Quand il a recommencé de nouveau, il souffrait de maux de tête permanents et aujourd’hui encore les conséquences de son accident se manifestent encore de temps à autre. Warre a parfois des problèmes à pouvoir se concentrer intensément. Comme si le transfert d’informations de son cerveau à ses jambes prenait plus de temps que la normale. Aussi en descente, il peut s’emmêler les pinceaux. C’est un problème que nous avons pris à bras le corps et que nous avons entretemps pu traiter.
Comme coureur Warre est un vrai talent. Quand il est arrivé dans l’équipe l’année passée, il a presque dans la foulée remporté la Gullegem Koerse. On pourrait rétorquer « que » Gullegem, mais il faut le faire, avec deux cents coureurs au départ qui veulent tous gagner. Warre n’est pas un grimpeur, mais à part cela il peut se débrouiller un peu partout et on peut tout lui demander. Et il peut donc aussi conclure lui-même."