- 01 avr. 2023, 15:55
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La chronique hebdo de P. Lefevere:
"Chaque épreuve en Flandre dans la poche et pourtant la chaîne de supermarchés Jumbo ne veut pas sponsoriser après 2024 « à la hauteur actuelle ». C’est le genre de nouvelles qui ne me rend pas joyeux, même si ça concerne maintenant un concurrent qui joue parfois budgétairement parlant au calimero. Je l’ai moi-même aussi expérimenté. Quick-Step est un magnifique sponsor fiable dont je ne peux dire que de grandes choses, mais ils m’ont aussi en son temps laissé savoir que ça ne marcherait plus pour le même montant. Et ça n’avait certainement rien à voir avec les résultats.
Richard Plugge parle maintenant d’un grand sponsor international pour l’après-2024, mais je sais par expérience que le cyclisme ne figure pas haut dans les priorités pour un département marketing. J’ai pour cela ma propre hypothèse. Que le cyclisme soit trop petit ou pas assez international, je n’en crois rien. Deceuninck nous a quittés, mais je vois qu’ils sont entretemps de nouveau co-sponsor chez Alpecin. Le vélo ne marche donc apparemment pas si mal.
Le problème est que les grandes multinationales sous-traitent souvent leur marketing à des bureaux spécialisés, qui travaillent alors à la commission. Et ceux-ci n’aiment pas le vélo. Nous sommes un panneau publicitaire itinérant, logistiquement complexe, qui nécessite beaucoup de suivi. On doit discuter d’un maillot, organiser des événements en des emplacements différents. Ça coûte des heures de main-d’œuvre que les bureaux ne doivent pas supporter pour les sports "de stades".
Dans la recherche de sponsors, nous avons-nous-mêmes aussi parfois fait appel à des bureaux spécialisés. Ce furent toujours de mauvaises expériences, pour ne pas dire des flops complets. Avec l’un de ces pharisiens, nous sommes toujours en procès. En préambule, des discussions avaient été faites : nous avons un portefeuille de sponsors potentiels avec lesquels nous sommes nous-mêmes en contact, tu reçois une commission pour tout autre que tu amènes toi-même. Par après, j’ai été directement contacté par Deceuninck, via le directeur marketing. Il me connaissait via son père, qui s’était lui-même occupé du marketing chez notre sponsor principal précédent Brico. Sur ce deal notre « intermédiaire » a exigé une commission. Non seulement sur le contrat effectif pour trois ans, mais aussi sur les deux ans en option. Une option qui nota bene n’a jamais vu le jour.
Ensuite nous avons été frapper à la porte de IMG, le vrai manitou sur le marché du sponsoring. Parce que l’un de nos administrateurs les tenait en haute estime, nous leur avons donné une chance durant quelques mois, un ratio d’un certain nombre de milliers de livres. J’ai reçu 1 mail, quand notre contrat arrivait presque à son terme. Pas pour dire qu’ils avaient trouvé un sponsor, mais pour parler de la reconduction de notre collaboration. Je devais même pour cela encore me rendre moi-même à Londres.
Chez Jumbo-Visma, je vois Richard Plugge garder son calme. Mais sans vouloir paraître dénigrant : le trouble vient toujours d’en-bas. Je sais entretemps comment ça se passe. C’est dans les lobbys d’hôtel et dans les zones de ravitaillement que le stress prend naissance. Là se retrouvent les membres de toutes les équipes et s’y joue Radio Peloton. Nous devons faire des économies, nous ne pouvons plus aller qu’avec cinq soigneurs au Tour, est-ce que cela ne va pas mieux chez vous?
Je vois déjà un grand classique chez Jumbo-Visma. Suivant les bruits qui courent, Christophe Laporte a en mains une offre d’une autre équipe. De tels ragots sont monnaie courante. Je me rappelle de Peter De Clercq et Sammie Moreels en son temps sur le point de signer pour – montant fictif – 200.000 francs belges. Après cela, passe Walter Planckaert au nom de Panasonic : Allez, déjà signé ? Nous étions aussi intéressés. Et chez nous tu pouvais gagner 500.000 francs. Et donc Lotto se retrouve avec deux nouveaux coureurs qui pensent qu’ils sont en train de rouler en-dessous de leur valeur.
Je ne pense pas que le cas Laporte est déjà de cet ordre à l'heure actuelle. Et pour toute clarté : au cas où ladite offre existerait effectivement, je n’y suis certainement pour rien."
Remco est le vainqueur moral de tous les GT, sauf ceux gagnés par Merckx