-Vélomen- a écrit : 14 juil. 2022, 09:45
Je viens de me refaire l'ascension du Galibier, et Pogacar en a clairement trop fait, sans aucune raison valable.
Tactiquement, il a été victime d'un très gros pêché d'orgueil.
A 5/6 km du sommet, Roglic attaque, Pogacar revient sur lui (jusqu'ici rien à dire). Sauf que 500 m plus loin, Roglic lâche prise et n'est donc plus un danger.
Pogacar n'a qu'à contrôler Vingegaard.
Or, que fait-il ? Il accélère, à 5 bornes du sommet, et lâche tout le monde, sauf le Danois, qui reste calé dans sa roue jusqu'au sommet.
Bilan : Pogacar a quand même fait 5 km dans le vent avec Vingegaard dans l'aspi (certes, moindre sur des pentes et à cette altitude là, mais réelle quand même puisqu'ils montaient à 20 km/h).
1) Pogacar avait un intérêt à l'éliminer définitivement parce qu'avec seulement, imaginons, 1 min repris sur Roglic dans le Granon, qui te dit que la Jumbo ne lui refait pas le même coup le lendemain et encore dans les Pyrénées jusqu'à le faire craquer ? Roglic, il l'a attaqué en bas, il l'a attaqué en haut, il a fallu un contre de Pogacar pour le faire céder, ça annonçait la couleur pour le reste de la course. Et Pogacar n'avait peut-être les écarts pour savoir que Roglic était assez loin, mais si ça regardait, il pouvait encore rentrer.
2) Ils ont trainé Thomas sur tout le Galibier sans qu'il ait pris un pet de vent, Vingegaard avait placé quelques banderilles mais Thomas n'a fait que suivre les roues. Voir un Thomas, tout en gestion à la Gaudu, tirer les marrons du feu dans le Granon ne paraissait pas du tout illusoire.
3) Il ne fallait absolument pas que Vingegaard prenne, ne serait-ce que 10 m d'avance sur le haut du Galibier parce qu'après dans le sillage de van Aert, il ne le revoyait plus avant l'arrivée. Alors la meilleure stratégie n'était-elle pas de rouler à un rythme très soutenu ? D'ailleurs, on peut penser que Vingegaard avait cet objectif d'utiliser van Aert mais il n'a rien tenté justement sur le haut, donc il faut croire que le rythme effréné de Pogacar a fonctionné.
La situation avec ce diable de van Aert à l'avant était vraiment inextricable. Si van Aert n'est pas à l'avant, on aurait eu je pense une toute autre course et Pogacar aurait laissé filer Roglic dans le Galibier.
Par contre, oui, a posteriori, la manœuvre de van Aert pour aller ramener Roglic qui n'a servi qu'à prendre un relais de 86 m au pied du Granon, ce n'était pas très malin, problème de communication dans l'équipe sur l'état de fraicheur de Roglic.
Mais c'était mieux de voir van Aert rouler pour Roglic que de le voir rouler à fond dans un groupe seulement constitué de Pogacar, de Vingegaard et de lui-même. Son long relais aurait davantage épuisé son coéquipier que Pogacar meilleur rouleur-gazier.
La réponse à ton interrogation, tu l'as aussi peut-être dans la réaction de Pogacar après l'arrivée, il est souriant et fair-play et ne tire pas la gueule, il n'est pas en colère contre lui-même. Car il sait peut-être qu'il n'a rien à se reprocher, il n'y avait pas grand chose d'autre à faire hier.