- 02 févr. 2022, 19:02
#3424324
Lotto-Soudal peut s’enorgueillir d’être dans les pelotons depuis 1985, au gré des différents sponsors qui lui ont permis d’exister. Présente sous cette appellation depuis 2015, elle fait partie du World Tour mais sa place dans l’élite est menacée. L’UCI ayant décidé de faire un classement roulant sur 3 ans, il ne reste que 2022 pour marquer des points et les esprits afin de rester au plus haut niveau de compétition. Eh oui, Lotto-Soudal, plus vieille équipe en activité, est en danger. En 20ème position au moment d’aborder l’exercice 2022.
Et pourtant, Lotto-Soudal, qu’est-ce que c’est ?
C’est une équipe où se trouve l’un des plus beaux palmarès du vélo au 21ème siècle, une formation menée par un des sprinteurs les plus rapides et spectaculaires de tout le plateau. Une équipe en général offensive, symbolisée par le plus grand baroudeur de la dernière décennie.
Toujours sous le management de John Lelangue, la formation belge est surtout reconnue pour sa capacité à faire débuter de jeunes professionnels arrivant tout droit de l’équipe de développement U23. En 2020 et en 2021, ils étaient nombreux à devenir professionnels dans les rangs de l’équipe première. Mais la poisse n’a pas épargné les petits nouveaux, entre pandémie et blessures sérieuses, entre réathétisations longues et annulations / reports de courses, y compris (et surtout?) les courses secondaires où des néo-pros se font les dents.
L’intersaison 2021-2022 aura été calme. L’équipe enregistre quelques départs parmi lesquels Kobe Goosens, qui s’était pourtant distingué sur les classiques ardennaises, ou John Degenkolb. La pointe de vitesse de l’allemand aurait été précieuse pour glaner des points UCI convoités, mais nous verrons plus bas que l’équipe ne sera pas complètement démunie pour ce genre de problématique.
Surtout, peu d’arrivées et un seul coureur en provenance de la réserve développement. Pas des moindres, il s’agit d’Arnaud de Lie. Nous reviendrons sur son cas dans le détail plus bas.
L’équipe s’est surtout renforcée dans le domaine du sprint, où deux grosses recrues viennent enrichir et densifier le « train » de Caleb Ewan. Pour le reste, elle comptera sur ses coureurs de talents dans les classiques et continuera de proposer une relative faiblesse pour les CG de Grands Tours. On espère surtout pour eux que la malchance les oubliera quelques mois consécutifs, car les talents sont nombreux.
Lotto-Soudal en 2021, c’était :
• des victoires d’étapes au Tour de Catalogne, sur le Dauphiné-Libéré, au Tour de Suisse.
• 2 victoires d’étapes au Tour d’Italie
• l’Etoile de Bessèges
• 2ème sur des monuments à deux reprises (Milan-San Remo et Paris-Roubaix)
• un maillot distinctif sur le Tour de la Provence.
L’effectif
Ils sont partis :
Ils doivent porter l’équipe
Caleb Ewan - 27 ans
Dans l’équipe depuis 2019, la dynamite australienne a parfaitement fait oublier André Greipel. Malheureux l’an dernier sur le Tour, victime d’une chute qui l’a contraint à l’abandon, il avait auparavant remporté deux étapes sur le Giro. Les deux GT seront de nouveau à son programme. Mais le petit wallaby australien voudrait surtout bondir de joie sur la Via Roma, après y avoir fait deux fois 2ème (en réglant à chaque fois un groupe d’hommes derrière le vainqueur isolé.) Très motivé aussi par les championnats du monde, chez lui, en Australie.
Thomas de Gendt - 35 ans
Le prototype du baroudeur a depuis longtemps fait le choix d’abandonner les classements généraux sur les courses à étapes, malgré une 3ème place au Giro 2012. Ce sont bien les victoires de prestige sur les courses à étapes qui le motivent (Stelvio, Chalet Reynard) et le belge a coutume d’apporter à l’équipe une à deux victoires par saison. Son terrain de chasse favori étant le Tour de Catalogne. Vainqueur sur presque toutes les courses par étapes WT, il est aussi capable de rapporter un maillot distinctif par ses échappées dont il a le secret.
Dommage de ne pas le voir mettre « le boxon » sur des classiques.
Tim Wellens - 30 ans
Coureur assez complet, dur au mal, bon puncheur, Wellens a déjà levé les bras il y a quelques jours sur le Trofeo Serra de Tramuntana, à Majorque. Vainqueur l’an passé de l’étoile de Bessèges, il lui manque une très grande victoire de prestige. Souvent placé mais rarement gagnant sur les grandes classiques, il est toujours un tout petit peu moins bon que les plus forts. En cette année cruciale pour rester dans l’élite, on lui demandera peut-être de viser des courses par étapes qu’il est capable de gagner. Comme quand il s’imposait sur le Tour de Pologne en 2016 ou le Tour d’Andalousie en 2018. Nous le verrons à l’attaque à coup sûr, entre le Het Nieuwsblaad et les Ardennaises.
Philippe Gilbert. - 39 ans
Difficile de le mettre ailleurs que dans les cadres prestigieux de l’équipe. Pourtant, on a bien du mal à envisager la gagne pour le grand champion belge. Au chapitre des quarantenaires qui font durer le plaisir, il souffre un peu de la comparaison avec Valverde, toujours punchy. Avec son palmarès long comme le bras, Gilbert entame là sa dernière saison et tiendra sûrement à ne pas faire que de la figuration. Milan-San Remo, seul monument qui manque à son palmarès, sera un objectif qu’il préparera sur Paris-Nice. Il faudrait quand même un grand concours de circonstances pour qu’il s’impose sur la Primavera. Peut-être plutôt un coup d’éclat sur la Flèche Brabançonne ou sur des étapes de Grand Tour, si l’un d’eux est à son programme.
Victor Campenaerts - 30 ans
De retour dans une maison qu’il connaît bien, le rouleur belge a gagné une étape du Giro l’an dernier, sous les couleurs de Qhubeka. Il est bien évidemment le spécialiste maison du contre-la-montre (recordman de l’heure, double champion d’Europe), mais il devrait avoir un rôle (offensif, espérons-le) à jouer lors des classiques. Sa préférence va à A Travers la Flandre, qu’il s’estime capable de gagner.
Les équipiers modèles
Jasper de Buyst - 28 ans
Celui qui a de solides références sur la piste est dans l’équipe depuis 2015. Capable de jouer sa carte personnelle, il a gagné des étapes sur le Tour de Wallonnie ou le Tour du Danemark. Il s’est aussi imposé sur Binche-Chimay-Binche. Il a prolongé son contrat avec l’équipe et il est surtout un élément essentiel du train d’Ewan. L’équipe souhaiterait aussi qu’il obtienne de bons résultats sur les flandriennes. A suivre.
Fun fact : cet hiver, il a fait 2ème des Six jours de Gand avec Roger Kluge
Frederik Frison - 29 ans
Le belge a l’expérience et évolue chez Lotto depuis les espoirs. Vaillant, il n’a pas été épargné par la malchance en 2021 : chute au GP de l’Escaut, fracture du bassin et deux mois d’arrêt. Revenu à un niveau correct en fin de saison, il n’a pas pu terminer la Vuelta, empêché par une grippe intestinale. Il caresse l’espoir d’avoir une ou deux journées printanières où il montrerait sa valeur au peloton. Comme quand il faisait 3ème de la Primus Classic en 2018 ou 3ème de son chrono national en 2020.
Fun fact : c'est le petit-neveu d'Herman Frison, vainqueur de Gand-Wevelgem en 1990, et qui a quitté le staff cet hiver.
Michael Schwarzmann - 31 ans
Transfuge de Bora-Hansgrohe où il a passé cinq ans, l’allemand vient densifier le train de Caleb Ewan. Grand gabarit, on devrait le voir à l’oeuvre souvent dans les préparations de l’emballage final.
Rüdiger Selig - 33 ans
Lui aussi arrive de la Bora. Lui aussi a une bonne pointe de vitesse qui lui permettait de travailler pour Peter Sagan. Un roule-toujours sur qui l’on peut compter. A déjà fait top 10 sur Gand-Wevelgem et podium au GP de Fourmies.
Roger Kluge - 36 ans
Voilà une autre grande silhouette bien connue des pelotons. Vainqueur d’une étape sur le Tour d’Italie quand il était che IAM, il a depuis rangé ses ambitions personnelles au placard. Excellent rouleur, au gabarit puissant, il garde aussi du temps pour la piste (double champion du monde de l’américaine, notamment)
Ils doivent confirmer
Andreas Kron - 23 ans
Le danois a vécu un rêve éveillé en 2021, sa première saison. Vainqueur d’étape sur le Tour de Catalogne et au Tour de Suisse, il avait été malade pour les ardennaises, son véritable objectif. Très bon puncheur, il avait aussi terminé dans le top 5 d’une étape à la Vuelta.
Fun fact : ce qui l'a le plus surpris lors de sa 1ère année ? Le temps de transport entre les courses
Florian Vermeersch - 23 ans
La tête aux flandriennes, il a crevé l’écran lors du Paris-Roubaix automnal de 2021. Deuxième pour sa première tentative, il a passé la journée à l’avant et a montré sa force, un peu comme Boonen en 2002. Il a récemment prolongé son contrat jusqu’en 2024 et incarne l’avenir des classiques. Si les deux restent dans la même équipe, il pourrait d’ailleurs former un tandem redoutable avec Arnaud de Lie dans 3 ou 4 ans. Il souhaite aussi s’améliorer en chrono, lui qui fut déjà médaillé de bronze dans la discipline, chez les Espoirs.
Fun fact : il faut organiser un concours de visages poupons pour les départager, Arnaud de Lie et lui ...
Brent Van Moer - 24 ans
Coureur «quatre-quatre», il s’est signalé l’an dernier par ses échappées plus ou moins heureuses. Après avoir fait 2ème d’une étape sur Tirreno-Adriatico, il était sur le point de s’imposer sur le Tour du Limbourg quand un aiguilleur lui indiqua la déviation des voitures suiveuses. Une grande déception dans sa saison, mais il a trouvé le chemin de la victoire en solitaire sur le Dauphiné. Deux échappées au long cours sur le Tour également, dont une qui l’a vu se faire reprendre 200m avant la ligne. Il aura peut-être un peu plus la «pancarte» cette année, mais son talent et son sens de l’offensive devrait le porter à l’avant malgré tout.
Harm Vanhoucke - 24 ans
Ses talents de grimpeur lui ont permis de faire top10 au Tour d’Andalousie en 2020. L’an passé, il a également fait 11ème de Paris-Nice et 2ème du Tour de l’Ain. Il est à la recherche d’une grande victoire. Comme lors du dernier Giro, dans l’étape des Strade, quand il joua de malchance et dut changer de vélo. Il termina pourtant à la 3ème place, à une trentaine de secondes du vainqueur...
Fun fact : sur le Giro 2020, c'est lui qui a fait le meilleur temps sur l'Etna
Maxim Van Gils - 22 ans
Néo-pro en 2021 (encore un!), il s’est illustré avec des top10 sur le Tour de Catalogne et au général du Tour de Wallonie. Surtout, il a obtenu une place d’honneur (12ème) sur la Classique Saint-Sébastien. Pour une saison tronquée par le Covid qui l’a privé de courses entre mars et le Tour de Suisse, c’est prometteur. Il faut désormais transformer l’essai.
Ils doivent prendre une autre dimension
Steff Cras - 26 ans
9ème d’étape lors de la dernière Vuelta, son objectif reste de bons classements sur les courses par étapes d’une semaine et une étape de GT. Après 4 saisons chez les pros dont deux chez Lotto-Soudal, le premier résultat probant se fait attendre.
Matthew Holmes - 28 ans
Le britannique s’était fait connaître lors de sa première course pour l’équipe, en résistant à Richie Porte pour s’imposer en haut de Willunga Hill, sur le Tour Down Under. Auteur par la suite d’un top 10 lors d’une étape sur le Giro, c’est surtout un coureur assez punchy qui peut apporter de bons résultats sur les courses à étapes courtes. En témoignent ses places de 5 et 6 lors du Tour de Yorkshire 2017 et 2019. Un bon profil pour les classiques ardennaises. A 28 ans, il doit s’affirmer désormais.
Harry Sweeny - 23 ans
Celui qui n’est pas passé loin sur le Tour lors de l’étape de Nîmes (3ème) remportée par N.Politt, a aussi fait 9ème d’une étape du Dauphiné. Il vient du triathlon et avoue lui-même ne pas bien cerner ses limites. Nul doute qu’on lui concoctera un programme pour les lui faire repousser, car son succès lors du Piccolo Lombardia 2020 laisse présager d’un vrai talent pour les terrains accidentés. Après son compère Brent Van Moer l’an dernier, à son tour de trouver l’ouverture au plus haut niveau ?
Ils sont là pour apprendre
Cédric Beullens - 25 ans
Le jeune belge a déjà deux années pro derrière lui, effectués chez Sport-Vlaanderen Baloise. Il fut auparavant stagiaire chez Intermarché-Wanty-Gobert. Prometteur chez les Espoirs, il doit continuer d’apprendre afin d’espérer bien faire sur les Flandriennes, son terrain de prédilection. En 2019 chez les espoirs, il montait sur la deuxième marche du Tour des Flandres et faisait 5ème de Gand-Wevelgem.
Arnaud de Lie - 20 ans
Attention, petit phénomène ! Il n’a pas encore 20 ans, il est néo-pro et a déjà levé les bras sur le challenge de Majorque, créant une petite sensation. C’est un sprinteur attiré par les classiques flandriennes qui pourrait devenir l’attraction de l’équipe. C’est le seul coureur cette année à monter depuis l’équipe développement Lotto-Soudal. Auteur d’une belle année 2021, vainqueur de deux étapes au Tour d’Alsace + le classement par points, il a aussi fait trois top5 sur le Tour de l’Avenir avant de terminer 9ème de Paris-Tours Espoirs. Dans cette chasse aux points cruciale pour l’avenir de l’équipe, il pourrait être d’un grand secours pour l’équipe d’autant plus qu’il ne sera aligné avec Ewan que sur Gand-Wevelgem et la classique Brugge-De Panne. Avant cela, le routier-sprinteur le plus prometteur de l’année sera à surveiller sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne, le Samyn ou Nokere-Koerse. On prend les paris ?
Jarrad Drizners. - 22 ans
Le dernier venu du gang australien au sein de Lotto-Soudal. Formé à l’école de la piste, il devrait s’intégrer au pôle sprint de l’équipe et soutenir Ewan sur certaines courses (comme actuellement sur le Saudi Tour)
Sébastien Grignard - 22 ans
Il fut champion de Belgique dans les rangs des jeunes (en ligne et sur chrono). Bon rouleur, il a passé la journée à l’avant lors du dernier Amstel Gold Race. Néo-pro en 2021, il devrait prendre plus de caisse cette année. De son propre aveu, il manque encore d’explosivité et il doit continuer d’apprendre.
Sylvain Moniquet - 24 ans
Celui qui est passé par la conti FDJ s’est distingué quand il termina 4ème du Tour de Lombardie amateurs. Egalement 7ème de la Ronde de l’Isard en 2020, c’est un grimpeur, profil pas si répandu dans l’équipe. Auteur d’une prometteuse 16ème place sur la Flèche Brabançonne l’an dernier, il a terminé son premier grand Tour sur la Vuelta. A contracté le Covid il y a quelques semaines, sans symptôme inquiétant.
Xandres Vervloesem - 21 ans
Néo-pro en 2021, sa saison a été gâchée par les chutes et les blessures. Ancien vainqueur de la Ronde de l’Isard, c’est un grimpeur qui aime éviter les à-coups. Il faut surtout lui souhaiter d’éviter les pépins afin d’apprendre son métier.
Fun fact : il se charrie souvent avec Sylvain Moniquet. Ce dernier portait le maillot de leader sur la Ronde de l'Isard 2020, jusqu'au dernier jour, où Vervloesem l'en a dépossédé.
Viktor Verschaeve. - 23 ans
Lui aussi a fait partie de la promo néo-pro 2021. De très beaux résultats chez les Espoirs (étape au Giro U23 – 2ème de Liège-Bastogne-Liège), il a gagné une étape sur le Tour de Savoie-Mont Blanc en 2020. Malheureusement, une opération de l’artère fémorale à l’hiver 2020-2021 a fortement empêché son intégration au peloton professionnel.
Filippo Conca - 23 ans
Pour une première saison l’italien s’est illustré en ramenant le maillot de maillot grimpeur du Tour de la Provence. C’est toujours ça de pris. Bon grimpeur, mais de grande taille, il réside près du lac de Côme et son rêve est bien sûr de s’illustrer sur les classiques automnales italiennes. Saison contrariée lui aussi, par une infection au bras suite à une chute.
Fun fact : il achèvera cette année sa 3ème et dernière année d'éco-gestion.
Le saut vers l’inconnu
Kamil Matecki. - 26 ans
Le coureur polonais, 6ème de son tour national en 2020, s’est fracturé le bassin et la clavicule fin 2020. Il a perdu 10 kilos lors de sa convalescence ! La réathlétisation fut longue et son objectif est désormais de bien figurer sur les courses par étapes d’une semaine, ainsi que sur quelques classiques, ardennaises notamment.
Voilà sur quoi tous ces braves gens devront poser leurs fesses ...
LOTTO-SOUDAL (équipe Elite Hommes)
Lotto-Soudal peut s’enorgueillir d’être dans les pelotons depuis 1985, au gré des différents sponsors qui lui ont permis d’exister. Présente sous cette appellation depuis 2015, elle fait partie du World Tour mais sa place dans l’élite est menacée. L’UCI ayant décidé de faire un classement roulant sur 3 ans, il ne reste que 2022 pour marquer des points et les esprits afin de rester au plus haut niveau de compétition. Eh oui, Lotto-Soudal, plus vieille équipe en activité, est en danger. En 20ème position au moment d’aborder l’exercice 2022.
Et pourtant, Lotto-Soudal, qu’est-ce que c’est ?
C’est une équipe où se trouve l’un des plus beaux palmarès du vélo au 21ème siècle, une formation menée par un des sprinteurs les plus rapides et spectaculaires de tout le plateau. Une équipe en général offensive, symbolisée par le plus grand baroudeur de la dernière décennie.
Toujours sous le management de John Lelangue, la formation belge est surtout reconnue pour sa capacité à faire débuter de jeunes professionnels arrivant tout droit de l’équipe de développement U23. En 2020 et en 2021, ils étaient nombreux à devenir professionnels dans les rangs de l’équipe première. Mais la poisse n’a pas épargné les petits nouveaux, entre pandémie et blessures sérieuses, entre réathétisations longues et annulations / reports de courses, y compris (et surtout?) les courses secondaires où des néo-pros se font les dents.
L’intersaison 2021-2022 aura été calme. L’équipe enregistre quelques départs parmi lesquels Kobe Goosens, qui s’était pourtant distingué sur les classiques ardennaises, ou John Degenkolb. La pointe de vitesse de l’allemand aurait été précieuse pour glaner des points UCI convoités, mais nous verrons plus bas que l’équipe ne sera pas complètement démunie pour ce genre de problématique.
Surtout, peu d’arrivées et un seul coureur en provenance de la réserve développement. Pas des moindres, il s’agit d’Arnaud de Lie. Nous reviendrons sur son cas dans le détail plus bas.
L’équipe s’est surtout renforcée dans le domaine du sprint, où deux grosses recrues viennent enrichir et densifier le « train » de Caleb Ewan. Pour le reste, elle comptera sur ses coureurs de talents dans les classiques et continuera de proposer une relative faiblesse pour les CG de Grands Tours. On espère surtout pour eux que la malchance les oubliera quelques mois consécutifs, car les talents sont nombreux.
Lotto-Soudal en 2021, c’était :
• des victoires d’étapes au Tour de Catalogne, sur le Dauphiné-Libéré, au Tour de Suisse.
• 2 victoires d’étapes au Tour d’Italie
• l’Etoile de Bessèges
• 2ème sur des monuments à deux reprises (Milan-San Remo et Paris-Roubaix)
• un maillot distinctif sur le Tour de la Provence.
L’effectif
Ils sont partis :
- John Degenkolb (Team DSM)
Kobe Goossens et Gerben Thijssen (Intermarché-Wanty-Gobert)
Tomasz Marczynski (arrêt)
Stefano Oldani (Alpecin-Fenix)
Tosh Van der Sande (Jumbo-Visma).
- Cédric Beullens (ex Sport Vlaanderen Baloise)
Victor Campenaerts (ex Qhubeka Next Hash)
Arnaud de Lie (ex Lotto Soudal U23)
Jarrad Drizners (ex Hagens Berman Axeon)
Michael Schwarzmann et Rüdiger Selig (ex Bora Hansgrohe)
Ils doivent porter l’équipe
Caleb Ewan - 27 ans
Dans l’équipe depuis 2019, la dynamite australienne a parfaitement fait oublier André Greipel. Malheureux l’an dernier sur le Tour, victime d’une chute qui l’a contraint à l’abandon, il avait auparavant remporté deux étapes sur le Giro. Les deux GT seront de nouveau à son programme. Mais le petit wallaby australien voudrait surtout bondir de joie sur la Via Roma, après y avoir fait deux fois 2ème (en réglant à chaque fois un groupe d’hommes derrière le vainqueur isolé.) Très motivé aussi par les championnats du monde, chez lui, en Australie.
Thomas de Gendt - 35 ans
Le prototype du baroudeur a depuis longtemps fait le choix d’abandonner les classements généraux sur les courses à étapes, malgré une 3ème place au Giro 2012. Ce sont bien les victoires de prestige sur les courses à étapes qui le motivent (Stelvio, Chalet Reynard) et le belge a coutume d’apporter à l’équipe une à deux victoires par saison. Son terrain de chasse favori étant le Tour de Catalogne. Vainqueur sur presque toutes les courses par étapes WT, il est aussi capable de rapporter un maillot distinctif par ses échappées dont il a le secret.
Dommage de ne pas le voir mettre « le boxon » sur des classiques.
Tim Wellens - 30 ans
Coureur assez complet, dur au mal, bon puncheur, Wellens a déjà levé les bras il y a quelques jours sur le Trofeo Serra de Tramuntana, à Majorque. Vainqueur l’an passé de l’étoile de Bessèges, il lui manque une très grande victoire de prestige. Souvent placé mais rarement gagnant sur les grandes classiques, il est toujours un tout petit peu moins bon que les plus forts. En cette année cruciale pour rester dans l’élite, on lui demandera peut-être de viser des courses par étapes qu’il est capable de gagner. Comme quand il s’imposait sur le Tour de Pologne en 2016 ou le Tour d’Andalousie en 2018. Nous le verrons à l’attaque à coup sûr, entre le Het Nieuwsblaad et les Ardennaises.
Philippe Gilbert. - 39 ans
Difficile de le mettre ailleurs que dans les cadres prestigieux de l’équipe. Pourtant, on a bien du mal à envisager la gagne pour le grand champion belge. Au chapitre des quarantenaires qui font durer le plaisir, il souffre un peu de la comparaison avec Valverde, toujours punchy. Avec son palmarès long comme le bras, Gilbert entame là sa dernière saison et tiendra sûrement à ne pas faire que de la figuration. Milan-San Remo, seul monument qui manque à son palmarès, sera un objectif qu’il préparera sur Paris-Nice. Il faudrait quand même un grand concours de circonstances pour qu’il s’impose sur la Primavera. Peut-être plutôt un coup d’éclat sur la Flèche Brabançonne ou sur des étapes de Grand Tour, si l’un d’eux est à son programme.
Victor Campenaerts - 30 ans
De retour dans une maison qu’il connaît bien, le rouleur belge a gagné une étape du Giro l’an dernier, sous les couleurs de Qhubeka. Il est bien évidemment le spécialiste maison du contre-la-montre (recordman de l’heure, double champion d’Europe), mais il devrait avoir un rôle (offensif, espérons-le) à jouer lors des classiques. Sa préférence va à A Travers la Flandre, qu’il s’estime capable de gagner.
Les équipiers modèles
Jasper de Buyst - 28 ans
Celui qui a de solides références sur la piste est dans l’équipe depuis 2015. Capable de jouer sa carte personnelle, il a gagné des étapes sur le Tour de Wallonnie ou le Tour du Danemark. Il s’est aussi imposé sur Binche-Chimay-Binche. Il a prolongé son contrat avec l’équipe et il est surtout un élément essentiel du train d’Ewan. L’équipe souhaiterait aussi qu’il obtienne de bons résultats sur les flandriennes. A suivre.
Fun fact : cet hiver, il a fait 2ème des Six jours de Gand avec Roger Kluge
Frederik Frison - 29 ans
Le belge a l’expérience et évolue chez Lotto depuis les espoirs. Vaillant, il n’a pas été épargné par la malchance en 2021 : chute au GP de l’Escaut, fracture du bassin et deux mois d’arrêt. Revenu à un niveau correct en fin de saison, il n’a pas pu terminer la Vuelta, empêché par une grippe intestinale. Il caresse l’espoir d’avoir une ou deux journées printanières où il montrerait sa valeur au peloton. Comme quand il faisait 3ème de la Primus Classic en 2018 ou 3ème de son chrono national en 2020.
Fun fact : c'est le petit-neveu d'Herman Frison, vainqueur de Gand-Wevelgem en 1990, et qui a quitté le staff cet hiver.
Michael Schwarzmann - 31 ans
Transfuge de Bora-Hansgrohe où il a passé cinq ans, l’allemand vient densifier le train de Caleb Ewan. Grand gabarit, on devrait le voir à l’oeuvre souvent dans les préparations de l’emballage final.
Rüdiger Selig - 33 ans
Lui aussi arrive de la Bora. Lui aussi a une bonne pointe de vitesse qui lui permettait de travailler pour Peter Sagan. Un roule-toujours sur qui l’on peut compter. A déjà fait top 10 sur Gand-Wevelgem et podium au GP de Fourmies.
Roger Kluge - 36 ans
Voilà une autre grande silhouette bien connue des pelotons. Vainqueur d’une étape sur le Tour d’Italie quand il était che IAM, il a depuis rangé ses ambitions personnelles au placard. Excellent rouleur, au gabarit puissant, il garde aussi du temps pour la piste (double champion du monde de l’américaine, notamment)
Ils doivent confirmer
Andreas Kron - 23 ans
Le danois a vécu un rêve éveillé en 2021, sa première saison. Vainqueur d’étape sur le Tour de Catalogne et au Tour de Suisse, il avait été malade pour les ardennaises, son véritable objectif. Très bon puncheur, il avait aussi terminé dans le top 5 d’une étape à la Vuelta.
Fun fact : ce qui l'a le plus surpris lors de sa 1ère année ? Le temps de transport entre les courses
Florian Vermeersch - 23 ans
La tête aux flandriennes, il a crevé l’écran lors du Paris-Roubaix automnal de 2021. Deuxième pour sa première tentative, il a passé la journée à l’avant et a montré sa force, un peu comme Boonen en 2002. Il a récemment prolongé son contrat jusqu’en 2024 et incarne l’avenir des classiques. Si les deux restent dans la même équipe, il pourrait d’ailleurs former un tandem redoutable avec Arnaud de Lie dans 3 ou 4 ans. Il souhaite aussi s’améliorer en chrono, lui qui fut déjà médaillé de bronze dans la discipline, chez les Espoirs.
Fun fact : il faut organiser un concours de visages poupons pour les départager, Arnaud de Lie et lui ...
Brent Van Moer - 24 ans
Coureur «quatre-quatre», il s’est signalé l’an dernier par ses échappées plus ou moins heureuses. Après avoir fait 2ème d’une étape sur Tirreno-Adriatico, il était sur le point de s’imposer sur le Tour du Limbourg quand un aiguilleur lui indiqua la déviation des voitures suiveuses. Une grande déception dans sa saison, mais il a trouvé le chemin de la victoire en solitaire sur le Dauphiné. Deux échappées au long cours sur le Tour également, dont une qui l’a vu se faire reprendre 200m avant la ligne. Il aura peut-être un peu plus la «pancarte» cette année, mais son talent et son sens de l’offensive devrait le porter à l’avant malgré tout.
Harm Vanhoucke - 24 ans
Ses talents de grimpeur lui ont permis de faire top10 au Tour d’Andalousie en 2020. L’an passé, il a également fait 11ème de Paris-Nice et 2ème du Tour de l’Ain. Il est à la recherche d’une grande victoire. Comme lors du dernier Giro, dans l’étape des Strade, quand il joua de malchance et dut changer de vélo. Il termina pourtant à la 3ème place, à une trentaine de secondes du vainqueur...
Fun fact : sur le Giro 2020, c'est lui qui a fait le meilleur temps sur l'Etna
Maxim Van Gils - 22 ans
Néo-pro en 2021 (encore un!), il s’est illustré avec des top10 sur le Tour de Catalogne et au général du Tour de Wallonie. Surtout, il a obtenu une place d’honneur (12ème) sur la Classique Saint-Sébastien. Pour une saison tronquée par le Covid qui l’a privé de courses entre mars et le Tour de Suisse, c’est prometteur. Il faut désormais transformer l’essai.
Ils doivent prendre une autre dimension
Steff Cras - 26 ans
9ème d’étape lors de la dernière Vuelta, son objectif reste de bons classements sur les courses par étapes d’une semaine et une étape de GT. Après 4 saisons chez les pros dont deux chez Lotto-Soudal, le premier résultat probant se fait attendre.
Matthew Holmes - 28 ans
Le britannique s’était fait connaître lors de sa première course pour l’équipe, en résistant à Richie Porte pour s’imposer en haut de Willunga Hill, sur le Tour Down Under. Auteur par la suite d’un top 10 lors d’une étape sur le Giro, c’est surtout un coureur assez punchy qui peut apporter de bons résultats sur les courses à étapes courtes. En témoignent ses places de 5 et 6 lors du Tour de Yorkshire 2017 et 2019. Un bon profil pour les classiques ardennaises. A 28 ans, il doit s’affirmer désormais.
Harry Sweeny - 23 ans
Celui qui n’est pas passé loin sur le Tour lors de l’étape de Nîmes (3ème) remportée par N.Politt, a aussi fait 9ème d’une étape du Dauphiné. Il vient du triathlon et avoue lui-même ne pas bien cerner ses limites. Nul doute qu’on lui concoctera un programme pour les lui faire repousser, car son succès lors du Piccolo Lombardia 2020 laisse présager d’un vrai talent pour les terrains accidentés. Après son compère Brent Van Moer l’an dernier, à son tour de trouver l’ouverture au plus haut niveau ?
Ils sont là pour apprendre
Cédric Beullens - 25 ans
Le jeune belge a déjà deux années pro derrière lui, effectués chez Sport-Vlaanderen Baloise. Il fut auparavant stagiaire chez Intermarché-Wanty-Gobert. Prometteur chez les Espoirs, il doit continuer d’apprendre afin d’espérer bien faire sur les Flandriennes, son terrain de prédilection. En 2019 chez les espoirs, il montait sur la deuxième marche du Tour des Flandres et faisait 5ème de Gand-Wevelgem.
Arnaud de Lie - 20 ans
Attention, petit phénomène ! Il n’a pas encore 20 ans, il est néo-pro et a déjà levé les bras sur le challenge de Majorque, créant une petite sensation. C’est un sprinteur attiré par les classiques flandriennes qui pourrait devenir l’attraction de l’équipe. C’est le seul coureur cette année à monter depuis l’équipe développement Lotto-Soudal. Auteur d’une belle année 2021, vainqueur de deux étapes au Tour d’Alsace + le classement par points, il a aussi fait trois top5 sur le Tour de l’Avenir avant de terminer 9ème de Paris-Tours Espoirs. Dans cette chasse aux points cruciale pour l’avenir de l’équipe, il pourrait être d’un grand secours pour l’équipe d’autant plus qu’il ne sera aligné avec Ewan que sur Gand-Wevelgem et la classique Brugge-De Panne. Avant cela, le routier-sprinteur le plus prometteur de l’année sera à surveiller sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne, le Samyn ou Nokere-Koerse. On prend les paris ?
Jarrad Drizners. - 22 ans
Le dernier venu du gang australien au sein de Lotto-Soudal. Formé à l’école de la piste, il devrait s’intégrer au pôle sprint de l’équipe et soutenir Ewan sur certaines courses (comme actuellement sur le Saudi Tour)
Sébastien Grignard - 22 ans
Il fut champion de Belgique dans les rangs des jeunes (en ligne et sur chrono). Bon rouleur, il a passé la journée à l’avant lors du dernier Amstel Gold Race. Néo-pro en 2021, il devrait prendre plus de caisse cette année. De son propre aveu, il manque encore d’explosivité et il doit continuer d’apprendre.
Sylvain Moniquet - 24 ans
Celui qui est passé par la conti FDJ s’est distingué quand il termina 4ème du Tour de Lombardie amateurs. Egalement 7ème de la Ronde de l’Isard en 2020, c’est un grimpeur, profil pas si répandu dans l’équipe. Auteur d’une prometteuse 16ème place sur la Flèche Brabançonne l’an dernier, il a terminé son premier grand Tour sur la Vuelta. A contracté le Covid il y a quelques semaines, sans symptôme inquiétant.
Xandres Vervloesem - 21 ans
Néo-pro en 2021, sa saison a été gâchée par les chutes et les blessures. Ancien vainqueur de la Ronde de l’Isard, c’est un grimpeur qui aime éviter les à-coups. Il faut surtout lui souhaiter d’éviter les pépins afin d’apprendre son métier.
Fun fact : il se charrie souvent avec Sylvain Moniquet. Ce dernier portait le maillot de leader sur la Ronde de l'Isard 2020, jusqu'au dernier jour, où Vervloesem l'en a dépossédé.
Viktor Verschaeve. - 23 ans
Lui aussi a fait partie de la promo néo-pro 2021. De très beaux résultats chez les Espoirs (étape au Giro U23 – 2ème de Liège-Bastogne-Liège), il a gagné une étape sur le Tour de Savoie-Mont Blanc en 2020. Malheureusement, une opération de l’artère fémorale à l’hiver 2020-2021 a fortement empêché son intégration au peloton professionnel.
Filippo Conca - 23 ans
Pour une première saison l’italien s’est illustré en ramenant le maillot de maillot grimpeur du Tour de la Provence. C’est toujours ça de pris. Bon grimpeur, mais de grande taille, il réside près du lac de Côme et son rêve est bien sûr de s’illustrer sur les classiques automnales italiennes. Saison contrariée lui aussi, par une infection au bras suite à une chute.
Fun fact : il achèvera cette année sa 3ème et dernière année d'éco-gestion.
Le saut vers l’inconnu
Kamil Matecki. - 26 ans
Le coureur polonais, 6ème de son tour national en 2020, s’est fracturé le bassin et la clavicule fin 2020. Il a perdu 10 kilos lors de sa convalescence ! La réathlétisation fut longue et son objectif est désormais de bien figurer sur les courses par étapes d’une semaine, ainsi que sur quelques classiques, ardennaises notamment.
Voilà sur quoi tous ces braves gens devront poser leurs fesses ...