- 04 févr. 2022, 08:13
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Source Velonews.be :
Il n’est pas exclu d’imaginer qu’un « nouveau » Remco Evenepoel est arrivé, « plus expérimenté, plus musclé, moins nerveux » tel qu’il se qualifie lui-même. Tom Steels, son directeur sportif, aussi calme et serein, aujourd’hui, qu’il pouvait péter un câble dans un sprint massif, lorsqu’il était coureur, sait parfaitement comment fonctionne un coureur, et surtout un groupe de coureurs. Une équipe, quoi !
« Remco n’est pas un héros pour ses équipiers »
« L’appellation du Wolfpack que nous avons choisie voici quelques années nous correspond parfaitement », explique le Flandrien. « Remco Evenepoel est un membre de cette équipe, un pion. Il n’est pas un héros pour ses équipiers car, chez nous, tout le monde peut et veut gagner une course. Moi-même, je ne suis pas le directeur sportif attitré de Remco. Lors d’une saison, avec mes collègues, nous avons l’occasion de travailler avec l’ensemble de l’effectif dans une sorte de tournante. C’est plus gratifiant pour tout le monde. »
Quant à la nervosité du Brabançon, très palpable l’année dernière à plusieurs occasions (Tour du Benelux, championnats d’Europe), Tom Steels admet que quelque chose a changé chez Evenepoel. « Quand tu ne gagnes pas, tu es frustré, et donc plus nerveux. Les heures de travail passées à l’entraînement ne donnent rien, cela augmente le stress par rapport aux mecs qui s’imposent. Le vainqueur, en revanche, est beaucoup plus serein. C’est exactement ce qui se passe avec Remco depuis mercredi, même si j’étais assez confiant par rapport à sa condition physique. »
Steels peut en parler mieux que quiconque. C’est lui, en décembre 2020, qui avait exigé que Remco Evenepoel descende de vélo lors du premier stage à Calpe. Il plaçait une main sous ses fesses pour ne pas souffrir du bassin lorsqu’il pédalait. « Cet arrêt absolument nécessaire a été très dur pour lui à supporter mentalement et je le comprenais volontiers. Cela a duré plusieurs mois avant cette reprise forcément difficile dans une course du niveau d’un Tour d’Italie. Malgré tout, il a gagné des courses ensuite. Un an plus tard, il est parfaitement en ordre physiquement, plus musclé et il possède surtout davantage d’expérience, même s’il n’a que 22 ans. »
Ce vendredi, l’étape dite « reine » anime toutes les curiosités. Hormis les 30 premiers kilomètres, tout est en montée ou en descente avant l’ascension finale qui comporte 1,7 kilomètre de graviers. « Nous n’avons pas pu observer ce tronçon durant la reconnaissance effectuée pendant notre stage à Calpe. Le pourcentage, surtout (11 %) amplifie la difficulté de ce passage mais ce que je crains en premier, c’est la crevaison. Nous ne sommes pas à Paris-Roubaix avec des mécanos un peu partout munis de roues. Il faudra donc croiser les doigts. Si cette étape est à l’avantage de purs grimpeurs, je pense qu’avec sa condition, Remco peut la gérer sans problème. »
« L’avantage, c’est que je ne dois pas attaquer »
Et la gagner ? D’une sérénité absolue après avoir épaulé son équipier Fabio Jakobsen vainqueur très autoritaire d’un sprint en légère montée à Torrent, le leader du Tour de Valence entend d’abord défendre son bien avant de songer à un deuxième succès personnel. « Quand tu défends une tunique de leader, tu es automatiquement impliqué dans la bagarre pour la victoire. Surtout quand je regarde le classement. Derrière moi, il n’y a que de solides grimpeurs, dont certains ont beaucoup d’expérience et la connaissance du final. Si je peux les suivre, je serai forcément candidat à la victoire mais je ne dois pas attaquer. Je dois, en priorité, surveiller Vlasov, même si c’est plus avantageux d’avoir 20 secondes d’avance sur un rival que 20 secondes de retard. Mentalement, la balle est donc mon camp et dans celui de l’équipe. Nous sommes prêts à faire la guerre, nous l’avons encore prouvé aujourd’hui car nous méritions cette victoire avec Fabio. »
En mai dernier, lors de l’étape des Strade Bianche qui conduisait le peloton du Giro vers Montalcino, Remco Evenepoel avait perdu beaucoup de temps sur les secteurs caillouteux où il n’était visiblement pas à l’aise. « Ce n’est absolument pas la même chose », corrige-t-il. « C’était sur des routes plates où on arrivait à pleine vitesse, il y avait encore un gros peloton. Vendredi, il s’agira de gérer 1,7 km à 11 %, nous ne serons donc plus très nombreux à ce moment-là. »
Tom Steels minimisait aussi, au-delà de la crevaison, l’importance de ce secteur de cailloux auquel succédera de surcroît un kilomètre sur un revêtement normal. « Au Giro, il y avait plusieurs secteurs, ici, il s’agira seulement d’une petite portion et puis le contexte est très différent par rapport à Remco, sa condition, sa confiance, son état mental. Remco est plus calme, je l’ai dit. Il y a deux ans, par exemple, il aurait directement foncé dans le sillage de Tolhoek qui fut le premier attaquant du jour dans le dernier col, mercredi. Ici, il ne l’a pas fait, il a patienté et porté son attaque au meilleur moment, alors que le rythme imposé par les Bahrein était impressionnant. »
Evenepoel mercredi, Jakobsen jeudi, Remco vendredi ? Avec un minimum d’ambitions, le « Wolfpack » peut envisager la victoire chaque jour sur ce Tour de Valence…