- 27 avr. 2021, 18:24
#3315574
La Ligue Nationale de Cyclisme et la Fédération Française de Cyclisme ont adressé une lettre ouverte à E. Macron:
"Monsieur le Président de la République,
Les associations représentant le cyclisme professionnel français et la Ligue Nationale de Cyclisme souhaitent vous saisir de leurs plus vives inquiétudes face à la situation difficile, parfois désespérée, dans laquelle notre sport est plongé cette année tout particulièrement.
En effet, sur ordre des préfectures, nous sommes confrontés à un arrêt brutal des compétitions professionnelles en France depuis la mi-mars et l’arrivée de Paris-Nice, alors que, dans le même temps, nos voisins européens n’ont pas renoncé au principe de la continuité du sport professionnel, créant ainsi de graves distorsions, à la fois sportives et financières, préjudiciables aux organisateurs, aux équipes et aux coureurs de notre pays.
Alors qu’en 2020, à la même époque, nous pouvions nous féliciter d’un calendrier européen occupé à hauteur de 50% d’épreuves françaises, nous sommes cette année relégués au dernier rang. Pourquoi cette situation, alors que nous n’avons cessé de renforcer nos mesures sanitaires, allant même parfois au-delà des exigences gouvernementales ?
Depuis l’an dernier, avec l’appui de notre Fédération internationale, nous avons mis en place un protocole sanitaire contraignant pour tous les acteurs du cyclisme qui s’y plient. Nous avons la modestie de penser qu’il est efficace puisque nous ne déplorons aucun cluster sur le territoire pour un sport, qui, devons-nous le souligner, se pratique en plein air et ne peut concentrer de foules massives eu égard aux nombreux dispositifs dissuasifs mis en place.
Aujourd’hui, nous lançons un cri d’alerte. Le cyclisme professionnel est en danger. Nous sommes fiers de compter parmi nous le champion du monde en titre, Julian ALAPHILIPPE, de disposer de la plus grande épreuve mondiale, le Tour de France. Malheureusement, derrière ces belles vitrines, se cache une réalité moins réjouissante :
• Nos organisations bénévoles qui participent à la solidité d’un tissu social de proximité sont en détresse, certaines au bord du dépôt de bilan, quand d’autres, nombreuses, souhaitent tout simplement « laisser tomber »,
• Nos équipes professionnelles, plus particulièrement nos sept équipes de 2ème et 3ème division, sont quasiment au chômage ou contraintes de s’expatrier hors Europe pour tenter de rester compétitives.
• Nos coureurs s’inquiètent d’une disparité sportive hors norme qui entame leur compétitivité et affaiblit leur mental. Comment préparer correctement le Tour de France et les plus prestigieuses épreuves dans ces conditions adverses ?
Malgré nos demandes réitérées, notre sport n’est pas répertorié parmi les disciplines et les clubs exposés durablement à la pandémie. Il ne bénéficie donc pas d’un soutien dédié de la part de l’Etat, exception faite de mesures à caractère général sans réel rapport avec la profondeur de la crise que nous traversons. Les équipes du Premier Ministre en charge du sport et le ministère chargé des sports disposent de la liste détaillée des solutions qui pourraient apporter ce ballon d’oxygène dont nous manquons cruellement.
Face à ces urgences sportive, sociale, associative, entrepreneuriale, pour un sport populaire et discipliné, il est plus que temps que le gouvernement et ses représentants régionaux prennent en considération la vulnérabilité préoccupante du cyclisme professionnel français et mesurent, enfin, la gravité réelle de la situation. Ce ne sont pas les organisateurs bénévoles des Quatre Jours de Dunkerque, qui viennent de recevoir un refus préfectoral à moins de quinze jours du départ de leur épreuve les laissant dans une profonde détresse, qui viendront nous contredire.
Nous restons à votre disposition pour, ensemble, trouver les solutions qui permettront au cyclisme français de retrouver sa place dans le concert des nations."