Par curiosité et parce que je voulais savoir comment s’etait exactement construite la victoire de Fignon sur le Tour en 1983, je suis allé lire le « etape par etape » sur Lagrandeboucle.com (c’est bien foutu ce truc, encore merci à celui qui me l’a fait découvrir
).
Je n’ai pas été déçu du voyage, en lisant certaines « péripéties ». C’est assez savoureux, parfois quasi comique dans la manière de l’écrire, mais je me dis en lisant cela qu’on doit, là aussi, pas mal fantasmer le vélo d’avant, sans doute par nostalgie et parce que le temps a fait son oeuvre.
Mais, jugez plutot...
- Etape 10 (celle où tous les favoris passent à la trappe): Au premier sommet, le maillot jaune Kelly ( " bloqué " par une injection de " Synacten Retard " selon Willy Voet dans son livre " Massacre à la Chaîne ") est pointé à 4’18’’.
- Etape 11: Zoetemelk positif
Joop Zoetemelk (Coop) a reçu le résultat de la contre-expertise. Il a été reconnu positif aux anabolisants lors de l’étape contre-la-montre par équipes que sa formation avait remporté. Le hollandais est sanctionné de 10’ de pénalités, déclassé à la dernière place de l’étape (il perd ainsi le bénéfice des 3’45’’ de bonification) et puni d’un mois de suspension avec sursis. (
Le mec continue la course hein, pépouze! )
Pierre Bazzo (Coop) et Jean-François Rodriguez (Mavic) ont également été pris par la patrouille. (
C’est annoncé comme une info météo )
- Etape 12: Clerc positif
Un 4ème cas est venu s’ajouter à la liste : Patrick Clerc (Sem). Le français, victime d’un cancer des testicules en 1984, reviendra sur le sujet du dopage dans « L’Equipe » en 1999 : « Quand on parle de piqûre, je pouvais m’en faire 4 ou 5 par jour, des produits de récupération pour le foie, de l’Aspéjic injectable, des complexes de vitamines (B1, B6, B12). Pour autant, ce n’était pas du dopage. » Clerc, positif aux anabolisants, dédouanera De Gribaldy, son directeur sportif, qui prophétisait : « Quand les médecins arriveront, ce sera la fin du cyclisme. » (
Pas mal )
- Etape 13: - Mouvement de grogne
Le peloton est de mauvaise humeur. Le contrôle antidopage positif de Clerc a remis à l’ordre du jour de vieilles affaires mal résolues.
Les 2 premières côtes (Saint-Rome-de-Cernon et Montjaux) sont donc escamotées. Le colombien Jimenez, porteur du maillot à pois, n’a pas compris la consigne ? Duclos-Lassalle et Franceschini se chargent de la lui faire comprendre de manière parfaitement illicite.
- Etape 18: Bossis et Vanoverschelde positifs
Jacques Bossis (Peugeot) et Didier Vanoverschelde (La Redoute) ont été reconnus positifs lors de la 17ème étape pour le 1er cité et lors de la 18ème pour le second.
- Etape 22: Kelly se retrouve trop tôt le nez dans le vent. Gilbert Glaus (Cilo) le dépasse et s’impose. En difficulté sur ce Tour, le champion du monde amateurs 1978 broyait du noir. Quelques jours auparavant, il s’était lâché dans « L’Equipe » : « Il y a dans le peloton des coureurs qui utilisent des anabolisants et de la cortisone. Je n’ai pas le sentiment d’être mauvais et là, je n’existe pas. J’ai noté qu’une transformation radicale est intervenue chez certains entre le Tour de Suisse et le Tour de France. » Est-ce pour cette déclaration que le Suisse a attendu plus de 10 minutes avant d’être convié sur le podium protocolaire en compagnie des autres lauréats de cette épreuve ?
Une « bizarrerie » pour finir, lors de la 18eme etape:
Laurent Fignon a fait un grand pas vers la victoire finale. Delgado, son plus redoutable adversaire, s’est effondré, malade de l’estomac : 39ème à 25’34’’.
On peut évidemment avoir une defaillance, mais une défaillance de 25’34, Delgado n’a pas fait semblant. Dès le lendemain, un maalox et ça repart dis donc: Delgado finit 7eme du CLM en côte à 1’37 de Van Impe.
Je ne sais pas ce qu’on dirait d’une telle saute de forme de nos jours...
Rien qu’en lisant ça, je doute franchement qu’on ne tournait en general qu’à du « petit produit » avant 91, comme je l’ai souvent lu. Si les gars s’envoyaient de l’anabolisant, je les pense capables de s’envoyer n’importe quoi d’autre.
Et vu la faiblesse des sanctions (doux euphémisme...) et la faiblesse des contrôles (qui devaient encore balbutier), je me dis que les types de 83 etaient possiblement plus « sales » qu’aujourd’hui. Ou, histoire de coller au débat du jour sur ce topic, disons peut-etre plus « tricheurs », vu que le dopage mega-lourd n’existait a priori pas encore.
En tout cas, l’image du cyclisme à la papa que je me faisais a pris un sacré coup.
biquet va me tuer