Xav_38 a écrit : ↑14 déc. 2020, 08:55
veji2 a écrit : ↑14 déc. 2020, 08:28
bref du grand n'importe quoi... je ne sais pas comment on peut réglementer cela, mais le matériel devrait être "inerte", ie le but devrait être de minimiser la perte de l'énergie produite par l'athlète par toutes les différentes frictions, mais pas de créer des énergies nouvelles, les effets ressort pour moi ça va bien au delà de ce qui me semble acceptable. Mais bon hein...
Je pense que nous sommes dans un temps d'adaptation de la réglementation. Ces chaussures sont déjà interdites sur piste, ce serait surprenant que cela ne soit pas le cas rapidement sur route aussi.
Je suis étonné par ce que tu écris.
D'après ce que j'avais compris, les chaussures à lame carbone sont également utilisés sur piste et ce depuis les mondiaux de Doha en 2019 où les demi-fondeurs et les fondeurs sponsorisés par Nike en avaient bénéficié. C'est d'ailleurs en espérant y trouver le prototype que Makhloufi avait alors utilisé que Jimmy Gressier a fouillé dans son sac à l'Insep, y trouvant à la place des médicaments en grande quantité.
Dans le même ordre d'idée, il me semble qu'en octobre dernier, lors de son record du monde sur 10 000m, Cheptegei a également utilisé ce type de chaussure, ce qui a poussé certains (Mekhissi par exemple) à décrédibiliser sa performance.
En ce qui concerne la route, si mes souvenirs sont bons, j'avais lu que les premiers à avoir utilisé ce type de chaussures étaient Kipchoge et Rupp lors du marathon des JO 2016. Après avoir été à la traine des Vaporfly qui se sont répandus massivement au sein de l'élite ces dernières saisons, on peut dire qu'Adidas a aujourd'hui refait son retard.
Pour autant, j'ai l'impression que l'effet de ces chaussures sur les performances est largement surestimé, y compris par les athlètes eux-mêmes.
On peut prendre l'exemple du record du monde de semi-marathon établi le week-end précédent à 57'32 par Kandie, soit 29 secondes de mieux que le précédent record du monde. Pour moi, plusieurs paramètres permettent d'expliquer une telle amélioration des chronos :
- lors des précédents records du monde de semi-marathon établis, les athlètes (Kamworor et Tadese) avaient effectué toute la seconde partie de course seul, loin devant la concurrence. A Valence, lors du record du monde de Kandie, c'est la première fois qu'un groupe de plusieurs athlètes courent groupé, sans considération tactique, dans le seul objectif de battre le record du monde.
- ce qui a permis cette absence de phases tactiques dans la course est précisément la rareté des courses en cette année de Covid. Il n'y a pratiquement pas de course et les rares courses qui se déroulent ne proposent pas de grosses primes, contexte oblige. Le seul objectif des athlètes qui y prennent part est donc de battre leur record personnel. Contrairement à d'habitude, l'important n'est pas la position mais uniquement le chrono qui permettra de se monnayer plus cher ultérieurement (et, accessoirement, cela donne un but précis à l'entraînement)
- jusqu'au milieu des années 2000, le semi-marathon n'était pas disputé sérieusement. L'épreuve n'a pas une longue histoire et les stars des années 90/2000 qui s'y frottaient s'en servaient surtout comme préparation en vue d'un marathon. A l'époque, les meetings sur piste étaient plus nombreux et mieux dotés financièrement. C'est pourquoi, indépendamment du dopage qui a bien sûr joué un rôle dans le niveau des performances, les athlètes les plus doués essayaient de s'attaquer aux records du monde sur piste. A partir des années 2010, la donne a changé. Bekele a décliné et l'argent s'est fait plus rare sur les meetings. Les jeunes talents se sont davantage tournés vers la route et le semi-marathon est devenu un course à part entière. Kandie en est le meilleur exemple avec seulement des semi-marathons disputés cette saison.
- Tadese a établi un record du monde de 58'23 il y a plus de dix ans, à une époque où les chaussures ne faisaient pas débat, en effectuant plus de la moitié de la course seul. Il ne fait guère de doute qu'à l'époque, le grand Bekele aurait pu faire mieux de 30 à 45 secondes. On peut ainsi évaluer que, sans les chaussures à lame carbone, Bekele aurait pu réaliser un chrono autour de 57'45, à une époque où le semi était peu couru.
De ce point de vue, une performance de 57'32 réalisée une décennie plus tard, dans une course disputée dans des conditions parfaites par des athlètes plus expérimentés sur cette distance, seulement intéressés par le chrono et non leur position, avec des meilleures chaussures, ne me paraît forcément délirante. Et l'effet des chaussures ne me semble pas aussi important que certains l'affirment. A mon avis, le gain est autour de 30 secondes sur un semi et 1 minute sur marathon.