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Modérateur : Modos VCN

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Par levrai-dufaux
#3187594
4. Richard VIRENQUE

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Voilà sans doute le coureur le plus attendu de cette liste. Celui qui divise le plus en tout cas, entre ceux qui s’étonneront de ne pas le retrouver sur le podium et ceux qui le trouveront encore trop haut (l’essentiel étant que j’échappe au ban de justesse :elephant: )

Plus sérieusement et pour répondre à jimmy, je ne trouve pas que Virenque fasse tâche dans ce haut du classement qui n’est pas une liste des plus grands champions français mais des meilleurs grimpeurs. Dans ce domaine, on peut avoir tendance à déprécier quelque peu ce que l’on a vu et à idéaliser les récits d’anciennes épopées. Par sa régularité, sa longévité et la qualité de certains de ses victoires, j’espère convaincre les sceptiques dans les lignes qui suivent que Virenque appartient bien à la caste des meilleurs grimpeurs français de l’histoire.

Il y a bien sûr ses 7 maillots à pois sur le Tour (un record), acquis sur un intervalle de 10 ans qui témoigne d’une belle longévité. Il y a aussi ces deux maillots jaunes à 11 ans d’écart. Le premier, celui de la révélation en 1992, acquis suite à une échappée lors de la seule étape pyrénéenne que comptait ce Tour. Le second, celui du crépuscule en 2003, qu’il aura porté sur les pentes de l’Alpe d’Huez dans une montée mémorable.

Avec Virenque, il y a surtout plusieurs raids dans le Tour qui resteront dans les annales. Coureur offensif, il réalise le premier en 1994 en s'imposant au sommet de Luz-Ardiden. Certes acquis en échappée, la victoire de Virenque n’en est pas moins magnifique : la rediffusion récente de l’étape sur l’équipe 21 a permis de se souvenir que, malgré les nombreux kilomètres passés en tête (dont une large partie seul), il n’avait concédé qu’1’15 à Pantani dans la montée finale (celui-ci était parti en contre dans le Tourmalet) et moins de 2 minutes à Indurain qui avait pourtant bien fait le ménage derrière. Dans les meilleurs en montagne durant tout ce Tour, Virenque loupe son chrono final et termine finalement 5e au général.
L’année suivante, il termine encore dans les dix premiers en réalisant un nouveau raid dans l’étape de Cauterets. Après plus de 120 km en solitaire durant lequel il aura résisté à un trio de poursuivants composé d’Escartin, Chiappucci et Buenahora, il remporte un superbe succès qui sera logiquement occulté par la mort de Casartelli dans la descente du Portet d’Aspet.
En 1996, Virenque ne gagne pas d’étape mais sa régularité en montagne est récompensée par son premier podium sur le Tour.
L’année suivante, entourée par une équipe Festina surpuissante, il réalise son Tour le plus abouti mais tombe sur un Ullrich au sommet de sa forme. Il remporte son plus beau succès lors de l’étape de Courchevel qui avait vu les Festina dynamiter le peloton dans le Glandon, Virenque distancer Ullrich dans la descente, puis attaquer en solitaire dans la Madeleine après avoir bénéficié du relais de Dufaux avant de finalement s’imposer malgré le retour des Telekom au pied de la montée finale vers Courchevel.
Le quatrième et dernier grand succès de Virenque sur le Tour a lieu à Morzine en 2000, dans une étape largement animée par Pantani, "Richard cœur de lion" était parvenu à distancer Armstrong dans Joux-Plane en compagnie d’Ullrich qu’il décrochait un peu plus loin. Il revenait sur Heras, parti à l’avant, et profitait finalement d’une chute de l’Espagnol à proximité de l’arrivée pour s’imposer en solitaire.

Au total, Virenque a remporté 7 étapes sur le Tour de France dont une victoire en échappée au sommet du Ventoux où il résista au retour d’Armstrong. Signe de sa longévité, on peut noter qu'il fait partie des 19 coureurs à avoir gagné deux étapes sur le Tour à 10 ans d'intervalle.

Excellent descendeur, Virenque est catalogué comme un grimpeur endurant mais il était également capable de très bien figurer lorsque la bagarre se développait sur une montée sèche : 4e à Hautacam et Val Thorens en 1994, 6e à la Plagne en 1995, 2e à Hautacam et 3e à Sestrières en 1996, 2e à Morzine (Joux-Plane) et 3e à Arcalis et l’Alpe d’Huez en 1997…
Ces multiples places d’honneur rappellent l’exceptionnelle régularité de Virenque en montagne sur le Tour, une course dont il était un véritable spécialiste. Après sa fameuse exclusion sur le Tour 98, il est encore parmi les meilleurs lors des Tours 99 et 2000 (bien que légèrement rentré dans le rang).

En dehors du Tour, Virenque s’est distingué sur les routes du Dauphiné où il a remporté 4 étapes sont une au sommet du Ventoux en 1996. Il a également triomphé à Guzet-Neige devant Mottet sur la Route du sud en 1994. Enfin, on peut noter une belle 5e place lors de la Vuelta 1995, performance qui est restée dans l’ombre de la victoire de Jalabert.

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Par gradouble
#3187597
Le plus gros problème pour Virenque est l'époque lors de laquelle il a performé.
Il a EPO "tatoué sur le front" en quelque sorte; il est très difficile de dire ce qu'il aurait fait si cette molécule n'avait jamais été utilisée à des fins de dopage.
Et puis il y avait le côté fanfaron, surtout entre 94 et 97 qui a pu être insupportable pour certains; d'autant plus que sur une montée "sèche" il n'était pas le meilleur, n'arrivant que difficilement à la cheville de Pantani, par exemple, ou même des gros culs comme Ullrich.
Moi, en tout cas, il m'agaçait clairement en tant que coureur; d'ailleurs beaucoup de ses contemporains cyclistes ne pouvaient pas le voir :spamafote:

Mais je reconnais que sa régularité, sa longévité et son endurance sont indéniables et signent à mon avis de biens réelles qualités intrinsèques. Et puis ce mental énorme; donc a posteriori on ne peut qu'être admiratif.

Et par ailleurs, je l'ai bien plus apprécié en tant que commentateur sur Eurosport, où il m'est apparu sous un autre jour : grand enfant sympa, déconneur, marrant et un peu insouciant.

Et surtout, c'est ton topic, si les autres ne sont pas contents, ils n'avaient qu'à en avoir l'idée :elephant:
Par biquet
#3187603
Virenque a sa place dans le top 5, peut même être sur le podium. Mais davantage comme montagnard que comme pur grimpeur, selon moi.

C'était un montagnard exceptionnel, car il avait tout pour ça: il grimpait, il descendait, il avait le coffre. Comme grimpeur spécifique, je le pense inférieur à un Thévenet, voire même un Hinault (qui gagnait des chronos en côte, ne l'oublions pas) ou les cabris du genre Faure-Lazaridès. Mais comme montagnard, je vois que le Vietto 34 et Hinault meilleurs que lui, car Robic, même s'il a réalisé de grands numéros ( Pau 47 et Luchon 53, mais Avignon 52 était pas mal non plus), n'était pas un descendeur hors pair. Il a souvent mangé du gravier (notamment lors de sa chevauchée vers Luchon, en 53), et ces chutes lui ont coûté trés cher durant sa carrière. Par contre, en tant que grimpeur, c'était un phénomène, au point d'être redouté par Bartali et Coppi, selon les dires de Jacques Marinelli (confirmés par les paroles de Gino le pieux, d'ailleurs).
Par JoeSaginowski
#3187608
C'est dommage qu'un topic aussi intéressant soit un peu gâché par des commentaires qui font "tache" c'est souvent le même je trouve, enfin bref...

Sinon @biquet, totalement d'accord avec ton post.

Et @levraidufaux, travail remarquable :super:, hâte de découvrir le podium.
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Par runnz
#3187613
runnz a écrit :
07 juil. 2020, 20:37
Très beau sujet et présentation fort intéressante de l'ami levrai-dufaux, dans ceux que j'avais classé uniquement sur la base des grandes étapes, il reste Virenque, Bobet et Robic, si on exclu Anquetil (qui savait s'accrocher en montagne aussi bien en France ou en Italie) et qui gagnait beaucoup de points, il reste alors deux coureurs d'avant-guerre, Vietto le plus récent, mais le très Ancien, je croyais bien que c'était Pottier le plus fort. On va découvrir ce héros sous-estimé.

Excellent en tous cas! :super:

J'avais cru voir Thévenet passé dans les pages précédentes, heureusement il est toujours en course! :flags:
C'était mon 3e Français avec les plus de points sur les étapes montagneuses du Tour depuis 1946.

1 L. VanImpe .. 8236
2 E. Merckx .. 7658
3 J. Zoetemelk .. 7302
4 L. Armstrong .. 6579
5 :france: R. Virenque .. 5493
6 :france: R. Poulidor .. 5386
7 P. Delgado .. 5023
8 :france: B. Thévenet .. 4942
9 C. Froome .. 4583
10 S. Ockers .. 4487
11 M. Pantani .. 4475
12 :france: B. Hinault .. 4403
13 :france: L. Bobet .. 4342
14 F. Bahamontès .. 4338
15 G. Bartali .. 4177
16 :france: R. Geminiani .. 4096
17 J. Ullrich .. 3896
18 :france: J. Anquetil .. 3780
19 M. Indurain .. 3678
20 J. Agostinho .. 3665
21 :france: L. Fignon .. 3638
22 C. Gaul .. 3603
23 F. Gimondi .. 3546
24 :france: J. Robic .. 3513
25 V. Nibali .. 3353
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Par loloherrera
#3187614
gradouble a écrit :
08 juil. 2020, 18:47
Le plus gros problème pour Virenque est l'époque lors de laquelle il a performé.
Il a EPO "tatoué sur le front" en quelque sorte; il est très difficile de dire ce qu'il aurait fait si cette molécule n'avait jamais été utilisée à des fins de dopage.
Et puis il y avait le côté fanfaron, surtout entre 94 et 97 qui a pu être insupportable pour certains; d'autant plus que sur une montée "sèche" il n'était pas le meilleur, n'arrivant que difficilement à la cheville de Pantani, par exemple, ou même des gros culs comme Ullrich.
Moi, en tout cas, il m'agaçait clairement en tant que coureur; d'ailleurs beaucoup de ses contemporains cyclistes ne pouvaient pas le voir :spamafote:

Mais je reconnais que sa régularité, sa longévité et son endurance sont indéniables et signent à mon avis de biens réelles qualités intrinsèques. Et puis ce mental énorme; donc a posteriori on ne peut qu'être admiratif.

Et par ailleurs, je l'ai bien plus apprécié en tant que commentateur sur Eurosport, où il m'est apparu sous un autre jour : grand enfant sympa, déconneur, marrant et un peu insouciant.

Et surtout, c'est ton topic, si les autres ne sont pas contents, ils n'avaient qu'à en avoir l'idée :elephant:
La même. Jamais pu le blairer :spamafote: mais il est à sa place ici.
Par contre, en tant que commentateur :euh:
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Par levrai-dufaux
#3187677
3. René VIETTO

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En l’espace d’une course, le Tour 1934, Vietto est parvenu à s’établir comme le meilleur grimpeur du monde à son époque. S’il avait reproduit ce niveau de performance, ne serait-ce que quelques saisons, il serait le n°1 incontestable de cette liste. Malheureusement pour Vietto, la suite fut moins brillante, même s’il serait injuste de réduire sa carrière à ce seul été 1934. Doté d’une personnalité complexe aux multiples facettes, il se distinguait autant par sa verve que ses talents de mécanicien (il est à l’origine de très nombreuses innovations : le double plateau, le bidon au cadre, l’utilisation du 14 dents…)

Au départ du Tour de France 1934, Vietto est un jeune coureur d’à peine 20 ans. Cet ancien groom des palaces cannois doit sa sélection à sa victoire dans le GP Wolber. Si les plus connaisseurs l’ont déjà remarqué suite à ses succès dans les courses de côte Nice-Mont Agel (1932) et du Mont-Faron (1933), il est encore un inconnu du grand public.

Il va se révéler au terme d’un des scénarios les plus marquants de toute l’histoire du Tour. Dans les Alpes, qu’il aborde avec un retard de près d’une heure sur Magne au général, il sidère en réalisant deux chevauchées fantastiques. La première a lieu entre Grenoble et Aix-les-Bains : il s’impose après 100 km d’échappée solitaire, étant parvenu à contrôler Ezquerra dans le Galibier avant de le passer dans la descente. La seconde, son chef d’œuvre, a pour scène les cols de Vars et de l’Izoard. Au terme de 150 km d’échappée solitaire, ce gamin de 20 ans triomphe en reléguant tous ses poursuivants à plusieurs minutes.
Les suiveurs sont ébahis. Le style de Vietto est d’une pureté incroyable et, comme l’a déjà dit biquet, il surprend en se montrant capable de résister dans les descentes et sur le plat, à l’inverse des grimpeurs des années précédentes.
Vietto s’impose de nouveau quelques jours plus tard, devant les siens, à Cannes dans l’hystérie la plus totale. Jacques Goddet reçoit un coup de poing en pleine face en tentant de l’extraire de la foule en délire tandis que Magne, pourtant en jaune, passe la ligne dans l’indifférence générale.
Si le Tour de Vietto s’arrêtait là, il serait déjà magnifique. Ce sont pourtant les Pyrénées qui vont le faire basculer dans la légende. Sur deux étapes successives, il doit se sacrifier pour dépanner Magne. Une première fois dans la descente de Puymorens où, après avoir donné sa roue à Magne ("cette roue, on me l’a volé !" dira-t-il plus tard), il s’effondre en pleurs sur un muret, moment immortalisé par une photographie qui émeut une grande partie du public. Puis, une seconde fois le lendemain, dans la descente du Portet d’Aspet que Vietto remonta à contre-sens sur plusieurs lacets (!) pour aller donner son vélo à Magne.
Malgré cela, Vietto remporte une quatrième étape dans ce Tour au terme d’un nouveau numéro dans le Tourmalet. Il termine ce Tour de France 5e et enlève le Grand Prix de la Montagne.

De l’avis de tous, Vietto est parti pour dominer le Tour pour plusieurs années. Il ne gagnera finalement jamais l’épreuve, privé, comme Bartali de ses meilleures années présumées par la Seconde Guerre mondiale (les deux sont nés la même année).

En 1935, Vietto fait encore illusion et réalise une très belle saison. Il s’impose notamment sur Paris-Nice et effectue encore une nouvelle chevauchée dans la première étape alpestre du Tour. Hélas, la suite n’est pas la hauteur et il déçoit dans les Pyrénées.

Après une traversée du désert entre 1936 et 1938 au cours de laquelle il se retrouve ruiné par son agent, il revient à un niveau très correct aux abords du Tour 1938 (victoire sur la Polymultipliée, l’ancien nom du Trophée des Grimpeurs) mais est renversé par un camion dès la deuxième étape qu’il finit hors délais.

En 1939, il porte le maillot jaune pendant 11 jours mais finit par craquer face à Sylvère Maes. Ironie du sort, c’est dans l’Izoard, là où il virevoltait en 1934, que le Roi René sombre face au Belge. Vietto se classe tout de même 2e de ce Tour.

Après-guerre, on le retrouve encore à un niveau très convenable pendant deux ans. Il finit 2e de Monaco-Paris en 1946 dont il remporte avec plus de 7 minutes d’avance l’étape alpestre.
L’année suivante, il porte le maillot jaune pendant 15 jours sur le Tour 47. Il est alors davantage un coureur complet que le pur grimpeur de ses débuts. Il y remporte son dernier succès d'étape sur le Tour au terme d'une échappée de 130 km avec Lazaridès. C’est sans doute cette année-là qu’il passe le plus proche de la victoire finale. Malheureusement pour lui, il est victime d’une défaillance dans le chrono final de Saint Brieuc. Des années plus tard, un supporter s’accusa de lui avoir remis un bidon contenant du cidre pour lui couper les jambes ! Vietto achève finalement ce Tour de France en 5e position.

Au total, il comptabilise 9 victoires d'étapes et 26 jours en jaune sur le Tour ce qui a longtemps constitué un record pour un coureur n’ayant jamais remporté l’épreuve (seul Cancellera le devance aujourd’hui).
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Par angelsB
#3187684
Je ne peux que m'associer à tous pour féliciter levraidufaux pour le travail remarquable qu'il nous offre sur ce topic…
J'ai rarement vu un topic aussi bien documenté et argumenté sur le site !
Même pour moi qui connais particulièrement bien l'histoire du cyclisme son travail de présentation et d'intégration des grimpeurs d'avant-guerre à l'histoire des meilleurs grimpeurs Français est particulièrement bien documenté et justifié !
Félicitations ! :jap: :agenou: :super:
Par biquet
#3187692
S'il fallait faire un classement des topics de l'histoire de VCN, celui-ci serait effectivement un candidat sérieux aux places sur le podium. Et même à la plus belle. Respect. :jap:

Concernant Vietto, 1 exemple trés concret pour donner une idée du montagnard fabuleux qu'il était. C'est celui de l'étape Gap-Digne, du Tour de France 1934:

"..Sur les pentes de Vars, René Vietto appuyait sur les pédales avec une facilité étonnante et augmentait de plus en plus son avance. Au sommet, Vietto était bon premier. L'espagnol Ezquerra le suivait à 1'20, Trueba à 1'50, Vervaecke à 2'50, Martano, Magne, Morelli, Canardo et Gestri à 4'25, Maes à 6'..La descente sur Barcelonnette est l'une des plus terribles de France, et Vietto, ne prenant point garde aux mauvais virages qui l'émaillent, se laissant glisser jusqu'en bas en ne se servant que rarement de ses freins, à tel point qu'en ressortant notre chronomètre nous constatons qu'arrivé dans la plaine il avait 6'30 :pt1cable: d'avance sur un peloton formé de Magne, Martano, Canardo, Ezquerra, Trueba, Vervaecke, Morelli, Molinar et Gestri. ..Le cannois était déjà dans Allos, qui n'allait pas exister pour lui. En haut, il était suivi à 6' par Trueba, 7'10 par Molinar, 7'40 par Ezquerra, 9'10 par Vervaecke et 10' par Martano, Magne, Maes, Canardo et Cazzulani. 50km ! Vietto allait-il tenir jusqu'au bout ? On se posait la question avec inquiétude, d'autant plus qu'il commençait à donner des signes de fatigue. Mais aprés s'être ravitaillé, le cannois repartait de plus belle et tenait bon jusqu'à Digne..Est-il utile de dire que Vietto est un trés grand champion ? Sa performance, unique en son genre, ne parle-t-elle pas d'elle même ? ..Il nous autorise à penser qu'il peut, dans un avenir prochain, fournir un vainqueur du Tour de France. " ( Felix Levitan, Match L'intran n°412)

Ce qui est estomaquant, au-delà de son numéro global, c'est la différence incroyable qu'il réalise dans la descente de Vars. Magne, futur vainqueur du Tour, se prenait 3'40 dans les museau, les espagnols 5' !! Et cela ne faisait que confirmer sa spectaculaire descente du Galibier, l'avant-veille, ou il avait déjà atomisé tout le monde. Evidemment, les crevaisons étaient monnaie courante en ces temps, ce qui pouvait expliquer parfois certaines différences étonnantes entre les passages au sommet des cols et les positions à l'issue des descentes qui suivaient. Mais les spécialistes considéraient alors que les mauvais descendeurs, comme Trueba, usaient exagérément des freins et que cette utilisation maximale était la source de leurs trés nombreuses crevaisons. Le Vietto 34 est sans doute un des meilleurs montagnards que le cyclisme ait connu.
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Par levrai-dufaux
#3187941
Merci pour vos retours, je suis très heureux de lire l'intérêt suscité par nos grands grimpeurs français :super:

Fin du classement aujourd'hui avec tout d'abord :

2. Bernard THÉVENET

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Par sa taille, Thévenet ne possède pas la morphologie du grimpeur ce qui, ajouté à sa discrétion, explique sans doute pourquoi son nom n’est pas associé aux grands spécialistes de l’exercice. Pourtant, s’il se défend contre-la-montre (il a même gagné un chrono décisif sur le Tour en 1977), c’est essentiellement en montagne que Thévenet a brillé durant sa carrière. Très bon coureur de courses par étapes (un podium sur la Vuelta, vainqueur du Tour de Romandie et du Tour de Catalogne), c’est sur les routes du Dauphiné et du Tour de France qu’il s’est le plus illustré.

Dès ses premiers Tours, il remporte des succès de prestige. En 1970, il s’impose en solitaire au sommet de la Mongie alors qu’il n’a que 22 ans. L’année suivante, il parvient à suivre un Ocana déchainé dans la Chartreuse (la veille de sa démonstration d’Orcières Merlette) et remporte l’étape au sprint en petit comité tandis que Merckx montre des premiers signes de faiblesse. Thévenet se classe finalement 4e de ce Tour de France.
En 1972, il subit une mauvaise chute dans les Pyrénées mais parvient tout de même à s’imposer au Ballon d’Alsace et surtout au Ventoux devant Merckx, Ocana, Poulidor ou encore Van Impe un peu plus loin.
Thévenet poursuit sa progression en 1973. Il se classe 2e au général en ayant remporté une étape à Méribel où il profite en partie de la rivalité entre Fuente et Ocana.
Contraint à l’abandon l’année suivante, c’est en 1975 qu’il réalise l’exploit de sa carrière en déboulonnant Merckx sur le Tour. Le Belge était alors invaincu avec cinq victoires en cinq participations. Thévenet s’impose après avoir distancé le Cannibale dans la montée du Puy de Dôme (où Eddy reçut son fameux coup de poing au foie) et surtout, après avoir signé l’un des retournements de situation les plus improbables de l’histoire du Tour à Pra-Loup. Repoussé à 1’15 de Merckx à 6 km de l’arrivée, il revient sur le Belge puis sur Gimondi qui avait pris la tête et s’impose finalement avec près de 2 minutes d’avance sur Merckx au sommet ! Euphorique, Thévenet remporte une nouvelle étape le lendemain en décrochant avec brio tous ses adversaires dans l’Izoard (un col qui convient décidemment bien aux Français !).

Par la suite, Thévenet ne confirme pas l’année suivante malgré un succès sur le Dauphiné. Il revient cependant à un bon niveau sur le Tour 1977 et, s’il n’est plus le grimpeur dominateur de 1975, il se montre héroïque de résistance dans la dernière étape de montagne arrivant à l’Alpe d’Huez. A l’extrême limite, il parvient à franchir la ligne en 2e position à 40 secondes de Kuiper sur lequel il conserve… 8 secondes d’avance au général ! Il repoussera finalement le Hollandais quelques jours plus tard en remportant le chrono de Dijon et s’adjugera son 2e Tour de France.

En parallèle du Tour, Thévenet était aussi un grand spécialiste du Dauphiné. Avec six podiums dont deux victoires (1975, 1976), il est d’ailleurs le recordman des podiums sur cette épreuve. Parmi ses principales victoires, on peut mentionner l’incroyable échappée qu’il mena à bien en 1973 avec Ocana et son beau maillot de Champion d’Espagne. Quelques semaines avant l’étape des Orres, les deux coureurs repoussèrent leurs poursuivants (Zoetemelk, Ovion, Lopez-Carril et Delisle) à près de 10 minutes à travers les cols de la Croix-de-Fer et du Galibier !
Autre grande victoire : son succès à Grenoble en 1975, année où il s’imposa au général avec près de cinq minutes d’avance sur Moser et Zoetemelk.

Thévenet connut une fin de carrière plus laborieuse durant laquelle il est diagnostiqué d’une maladie aux glandes surrénales consécutive à sa prise prolongée de cortisone. Il se retrouva en partie ostracisé (lâché par son équipe notamment) après avoir révélé dans une interview que cette pratique était alors courante au sein du peloton.
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Par levrai-dufaux
#3187945
1. Jean ROBIC

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Et en n°1 pour finir, voici sans surprise Robic ce qui devrait réjouir biquet et marcella :hehe:

S’il ne compte que 6 victoires d’étapes sur le Tour contre 9 à Thévenet et Vietto, Robic est probablement le grimpeur français à avoir effectué le plus de chevauchées en montagne de toute l’histoire du Tour de France. Du haut de ses 1m61, il est l’incarnation du grimpeur pur et s’il savait se défendre sur le plat, il était en revanche un piètre descendeur.

Né en 1921, Robic est le grand grimpeur français du peloton de 1946 à 1953, malgré la présence de Vietto ou Bobet ces années-là. Son bilan aurait pu être bien plus important s’il n’avait pas couru à une époque où les étapes de montagne étaient moins nombreuses qu’aujourd’hui et se terminaient régulièrement très loin du dernier col. Réputé pour son mauvais caractère, il ne dispute que deux Tours de France avec l’équipe de France (1948, 1952), s’alignant la plupart du temps sous les couleurs de l’équipe de l’Ouest, lui le Breton qui reprochait à Bobet de ne pas en être un vrai car né en Île-et-Vilaine ! :genance:
S’il était un grand grimpeur, Robic était en revanche un coureur irrégulier, capable dans un bon jour de décrocher n’importe qui dans une ascension puis de connaître un jour-sans le lendemain. Ses performances ont ainsi pu être très fluctuantes d’une année à l’autre et même d’un massif à l’autre dans un même Tour.

Surnommé biquet ou "Tête de Cuir" pour le casque avec des lanières en cuir qu’il portait en raison d’une chute sur Paris-Roubaix en 1944 qui lui avait causé une fracture du crâne, Robic commence par se faire remarquer en cyclo-cross dont il est Champion de France en 1945. En 1950, il en deviendra le premier Champion du monde de l’histoire.

En 1946, il se distingue sur la route en terminant 3e de Monaco-Paris (le "Petit Tour de France" organisé par Goddet) dont il remporte une étape au terme d’une belle échappée dans les Alpes (il repousse Vietto à 17 minutes ce jour-là).
L’année suivante, il remporte le Tour de France ainsi que 3 étapes. Après une victoire à Grenoble au terme d’une belle échappée solitaire par les cols du Cucheron et de Porte, Robic a pourtant compté jusqu’à 25 minutes de retard sur Vietto. Il aborde d’ailleurs les Pyrénées avec encore plus 23 minutes de débours. Il y réalise l’un ses plus grands exploits entre Luchon et Pau. S’échappant dès le col de Peyresourde, il lâche Brambilla dans le col d’Aspin puis parcourt tout le reste de l’étape en solitaire, creusant d’importants écarts dans le Tourmalet. A l’arrivée, il repousse Vietto, 2e, à plus de dix minutes.
Après le contre-la-montre final, Robic se retrouve 3e au général à près de 3 minutes de Brambilla. Alors que beaucoup se seraient contentés de ce podium, Robic décide lui d’attaquer et compte bien profiter de la moindre cote pour tenter encore sa chance dans la dernière étape arrivant à Paris. Dans celle de Bonsecours, il parvient à distancer l’Italien en compagnie de Fachleitner après plusieurs démarrages et remporte finalement ce Tour de France sans jamais avoir porté le maillot jaune, une première ! D’autant plus fort qu’il n’avait pu compter sur le soutien d’aucun équipiers, s’étant mis les siens à dos en déclarant qu’il se sentait "irrésistible" sur ce Tour :genance:

En 1948, Robic confirme sa victoire et ses talents d’escaladeur en enlevant la course de côte du Mont-Faron puis en se classant 3e du Dauphiné dont il remporte le classement de la montagne.
Sur le Tour, il est d’abord dans l’ombre de Bobet, mais se montre le meilleur grimpeur dans les Pyrénées. Après avoir franchi en tête le Tourmalet et Aspin, il possède 2 minutes d’avance sur un Bartali pourtant en grande forme cette année-là et plus de 5 minutes sur tous les autres. Malheureusement, il restait 135 km de plat à parcourir jusqu’à Toulouse…
Dans les Alpes en revanche, Robic connaît deux sévères défaillances dans l’Izoard puis le Galibier et ne peut qu’assister de loin aux trois victoires consécutives de Bartali.

En 1949, malgré une belle 2e place sur le Dauphiné et une nouvelle victoire sur la course du Mont-Faron, il n’est pas favori du Tour face à Bartali et Coppi. Il va néanmoins se révéler leur adversaire le plus coriace et se classer 4e au général. Dans les Pyrénées, il réussit la performance de distancer Coppi dans Peyresourde en compagnie de Lucien Lazaridès qu’il devance au sprint à l’arrivée.
Pris en grippe par le public italien pour avoir déclaré que lui tout seul, il "corrigerait Bartali et Coppi" :rieur: , il parvient néanmoins à terminer 3e à Briançon puis Aoste dans les deux étapes alpestres, se montrant le "meilleur des autres"… loin derrière les deux campionissimi.

Les Tours 50 et 51 de Robic sont moins réussis malgré une belle échappée en compagnie de Bobet (qu’il détestait) sur les pentes du Turini en 1950.

En 1952, il revient en forme en gagnant la Polymultipliée et en brillant également dans les classiques (3e de Liège-Bastogne-Liège), ce qui lui vaut d’être de retour en équipe de France sur le Tour. Cette année-là, Coppi y sera intouchable, écrasant l’épreuve comme peu de champions l’ont fait. Le plus coriace face à lui ? Une nouvelle fois, Robic.
Dans l’Alpe d’Huez, il est le seul à pouvoir rivaliser avec l’Italien. Il le décroche d’abord en attaquant dès le pied mais se fait rattraper et finit à 1’20, plus de deux minutes avant le 3e arrivant (Ockers). Le lendemain, Coppi réalise sa plus belle envolée sur le Tour en partant dans le Galibier. Au sommet, Robic est déjà à six minutes. Mais le Breton est parti prudemment et au sommet du Montgénèvre, il est revenu à moins de 4’30 alors qu’il reste encore Sestrières à gravir. Bien parti pour finir encore 2e, il crève dans la descente et ne reçoit aucune assistance du DS de l’équipe de France qui était restait avec Lauredi. On imagine la grosse colère de biquet… :sylvain84:
Quelques jours plus tard, Robic va signer une revanche éclatante sur les pentes de Ventoux lors de la première montée par Bedoin de l’histoire du Tour. Peu après le Chalet Reynard, il s’envole et ni Coppi, ni le vieux Bartali ne peuvent le suivre. Il franchit le sommet avec près de 2’30 sur le groupe Coppi et s’impose à Avignon. Une victoire de très grande classe car pour battre le Coppi 52 sur ce terrain (certes ralenti par une crevaison), il fallait vraiment être un grimpeur d'exception.

L’année suivante, Robic signe son dernier grand fait d’armes sur le Tour 1953.
En conflit avec l’équipe de France dans laquelle il n’a pas été retenu ("j’ai un Bobet dans chaque jambe !" clame-t-il), il réalise un nouveau grand numéro dans les Pyrénées. Deuxième dernière Lorono à Cauterets, il s’impose le lendemain à Luchon en étant parti dès le Tourmalet puis avoir passé les cols d’Aspin et de Peyresourde seul en tête. En dépit du temps perdu dans la descente finale, son avance lui permet d’enfin décrocher le maillot jaune qu’il n’avait jamais porté en course malgré sa victoire sur le Tour 47.
La joie sera de courte durée : dans l’étape entre Albi et Béziers, l’équipe de France dynamite le peloton dès les premiers kilomètres et Robic concède près de 40 minutes. Il abandonnera la lendemain…

La fin de carrière de Robic est marquée par la malchance (il doit abandonner sur chutes lors des Tours 54 et 55) puis il ne court plus que de façon épisodique à partir de 1956. Revenu sur le Tour en 1959, il le quitte sans gloire, hors délais dans l’avant-dernière étape.
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Par AlbatorConterdo
#3187967
loloherrera a écrit :
10 juil. 2020, 14:46
De même, superbe travail.
J'attends maintenant la même chose avec l'Espagne, la Colombie, la Belgique et les Pays-Bas :genance: :elephant:
En attendant, je peux te faire celui sur les grimpeurs Italiens actuels :
....
..
.
Voilà.
:jap:

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