Braine-le-Comte, je vois bien mais je connais pas du tout. J'y passe parfois à vélo et tous les jours en train... Je viens de La Louvière, donc à 20km de Mons mais côté intérieur des terres.
Bon, voilà le premier récit : le premier test dans la préparation de l'Ultra.
Après deux gros mois de reprise, voilà mon premier gros test qui se profile : Differdange – Chez moi.
250km de prévus pour 3.500m de dénivelé.
Ça s’annonce costaud mais je suis plutôt confiant. Deux semaines plus avant, j’ai enchaîné 14 répétitions de la plus grosse côte de la région sur une sortie de 5h pour presque 1.800m de dénivelé à une fc basse, le tout sous la drache, le vent et 10°. J’y ai pris beaucoup de plaisir et je n’ai pas senti mes réserves s’entamer.
J’espère pouvoir tester trois choses :
1. Le matériel : j’inaugure mes sacoches et mon matériel de nuit ;
2. Le ravitaillement : j’ai déjà fait des dizaines de sorties de 5/6h de selle mais jamais plus. A voir comment mon corps digère des repas plus consistants pendant l’effort et maintenir mes réserves d’énergie le mieux possible ;
3. Le corps : j’estime l’effort à 10 ou 12h de selle. Avec pas mal de dénivelé, ça devrait suffire pour souligner des faiblesses musculaires là où je ne vais jamais assez loin pour les sentir et savoir quoi travailler dans les mois à venir. Tenant le renforcement musculaire en horreur, j’ai pour ambition de le travailler de la manière la plus ciblée et la plus efficace possible (comprendre, en faire le minimum
) .
La veille, je rejoins le Luxembourg en train avec mon vélo chargé comme si je devais commencé mon tour de Suisse (il le sera moins pour la course mais autant faire ça dans ce sens-là). Il y a un match des Diables et je compte le regarder avec mon ami avant de dormir quelques bonnes heures et de partir autour 3h30 du matin, histoire de vérifier mes luminaires. Après 4h de train et un petit 28km de vélo au départ d’Arlon, me voilà à Differdange. Un bon plat de pâtes et un bon match des Diables au calme, voilà qui semble raisonnable et agréable. En plus des pâtes, on me propose une soupe typique luxembourgeoise, assez grasse. Etant plutôt gourmand, j’accepte. Grosse erreur, voilà que je passe ma nuit sur le pot, une bouteille d’eau à la main afin de ne pas me déshydrater, le papier-cul dans l'autre..
J’arrive à peine à fermer l’œil et à 2h du matin, l’éjection de la soupe s’étant calmée et en ayant marre d’attendre, je décide de partir. Le temps d’avaler un gatosport , à 2h30, je suis dehors. J’entame la route par une belle petite côte de 1,5km avec un mur de 500m à 14% pour passer la frontière française. Parfait pour se mettre en jambe et voir si le cœur ne monte pas trop vite
.
Adorant prendre les petites routes, je suis du genre à préparer mes parcours assez minutieusement. Malheureusement, ça ne prévient pas toujours des galères et voilà que je me retrouve avec une route coupée infranchissable au bas de la descente suivant le premier mur. Pas le choix, retour en arrière, remontée de la côte, et itinéraire bis pour rejoindre l’affreuse ville de Longwy par des nationales plus larges . Voilà qui commence très bien.
Une fois Longwy passé, je suis de retour sur l’itinéraire prévu et des route plus accueillantes. La nuit, il fait froid mais la route semble nous appartenir. On croise 2/3 voitures de gens fêtards sur le retour mais surtout des chats. Après un départ un peu chaotique, les kilomètres commencent à défiler et, au bout de 2h30, je passe Virton et le ciel s’éclaircit petit à petit, laissant place à une lumière fantastique à l’approche des premiers méandres de la Semois et de Florenville. Le dénivelé était très doux de Longwy à Virton, il l’est toujours assez jusque Florenville. Florenville est atteint après 75km et 4h15 de route et j’en profite pour faire une pause déjeuner dans une boulangerie. La moyenne est en dessous des 20km/h en comptant les pauses et je me trouve assez lent, mais je me focalise sur mes pulsations. J’ai pour objectif de rester à 65% de fcm jusqu’au bout. Par contre, même si je m’y attendais, je constate que le poids du chargement influe pas mal le rendement dans les côtes.
Passé Florenville, les paysages sont magnifiques. Particulièrement entre Herbeumont, Mortehant et les Hayons. Mon tracé passe sans cesse des méandres de la Semois, où la lumière du soleil levant perce la brume pour donner une ambiance de tableau paysagiste au décors, aux plateaux la surplombant elle et la brume pour offrir des points de vue fantastiques. Ça monte dur, mais ça en vaut la peine et, vu mon rythme, ça passe facile. Ces routes devraient figurer en sens inverse sur le fin du parcours de mon ultra, ce passage fait donc un peu office de reconnaissance.
Après les Hayons, je suis sur un plateau jusque Gedinne et la descente sur la Meuse pour un court repassage en France. La route monte et descend de manière beaucoup plus courte et facile mais le vent souffle de face. Heureusement, il est assez faible ce jour-là et il sera en réalité plutôt favorable sur l’ensemble du parcours. A l’approche de Paliseul, je fais une pause casse-croûte. Je n’ai encore fait que 110km mais l’essentiel du dénivelé est derrière moi. Je suis bien mais je sens que la nuit a été quasiment inexistante et je me doute que je le paierai à un moment ou un autre. Mais tant que le coup de bambou n’est pas là, eh bien il n’existe pas et pas de raison de s’angoisser plus que ça J ! La nature est belle, je suis en pleine santé et je profite à fond du fait de rouler sur des routes toutes nouvelles pour moi.
Mine de rien, le soleil commence à taper et je tarde un peu trop à m’arrêter pour enduire ma vilaine peau de roux de crème solaire. Cette enfoirée se trouvait au fond de mon sac, que j’ai dû vider en entier pour la retrouver. Résultat, je me tape un coup de chaud et j’ai la peau qui brûle un peu. Dommage, tout était vraiment agréable jusqu’ici. Une petite côte précède la longue descente vers la Meuse. Au bas de la descente, je passe les 150km et je longe le fleuve sur 7/8 km et une très agréable piste cyclable en direction de Fumay où je compte faire une petite pause-café avant une sacrée côte pour ressortir de la vallée de la Meuse pour rejoindre le Viroinval. Petite discussion avec un cafetier :
Lui :
D’où vous venez comme ça ?
Moi :
De Differdange, au Luxembourg.
Lui :
Non, pas où vous habitez, mais d’où vous venez en vélo ?
Moi :
C’est ce que je viens de vous dire
Je fais moins le malin quelques minutes plus tard en remontant la vallée. La côte est bien connue du coin et s’appelle le Trou du Diable- 3km et 8% de moyenne. Après 160 bornes et avec le chargement, elle pique aux jambes et, pour la première fois, ça ne tourne plus rond du tout. Pourtant, j’y prend un certain plaisir, c’est plus long que tout ce que j’ai chez moi et il y a des faux airs de montagne.
Malheureusement, les sensations moyennes ressenties présagent un gros passage à vide de deux bonnes heures. Alors que j’attendais la traversée du Viroinval avec impatience, y ayant passé plusieurs de mes camps scouts durant mon enfance et mon adolescence, celle-ci ne sera qu’un long calvaire. Coup de barre et douleur piquante aux lombaires dès que ça grimpe, je me rassure en me disant que c’est ce que j’étais venu chercher. J’ai respecté à la lettre mon plan de ravitaillement mais la mauvaise nuit et le coup de chaud n’ont pas dû aider.
J’avoue ne pas trop me souvenir de mon trajet jusque Philippeville et les abords du Lac de L’Eau d’Heure. Il y a des moments où on se met en mode pilote automatique et où on se vide l’esprit. Je n’avais plus connu ça depuis ma période trails d’il y a quelques années, sur un vélo c’est la première fois. Plus question de profiter de paysage et prendre des photos. Je commence à avoir envie d’arriver.
Presque heureusement, le temps se couvre et, à Philippeville, la pluie s’invite. Je me demande si elle ne me réveille pas un peu, mais en tout cas je reprends du plaisir. D’ici quelques kilomètres, je me retrouverai vers sur mes routes d’entraînement et ça me rassure. Un peu comme quand, sur le retour des vacances, on voit réapparaître des noms familiers sur des plaques d’autoroute. Me voilà dans l’entre Sambre et Meuse et, une fois Walcourt derrière moi, je retrouve un ravel (chemin de promenade adapté aux vélos en Belgique) bien connu qui descend lentement vers Thuin, la Sambre et ses jardins suspendus. Pourtant, ici non plus pas question de profiter du paysage, la pluie s’est transformée en bonne vieille drache nationale et ne s’arrête plus.
Petite péripétie, en plein milieu du ravel vers Thuin et au milieu de nulle part (je connais bien le coin), je tombe nez à nez avec un très jeune chaton. Il n’a pas l’air bien fier sous cette drache et je m’arrête pour essayer de le récupérer. Après une approche progressive et alors qu’il s’est approché à un mètre de moi, voilà un coup de tonnerre qui met à plat ma tentative. La bête a fui danse les taillis en dessous du pont sur lequel je me trouvais et je ne la reverrai plus. Tant pis pour la mission sauvetage, il est temps de boucler les trente derniers km.
L’air de rien, il y en déjà 220 dans les pattes.
Maintenant, plus rien à battre de la gestion, c'est le déluge et ça caille sévère. En danseuse dès que ça ressemble à un peu plus qu'un faux plat, premièrement parce que ça me fait aller plus vite, deuxièmement parce que ça soulage les lombaires. Remontée de Thuin vers Binche, 8 bornes pour chez moi. J'ai plus qu'une image en tête : une bonne douche chaude.
J'arrive chez moi très content de pouvoir retirer le maelstrom qu'à créer ma transpiration, la crème solaire et les couches agglomérées de vêtements. Tout ça dans un évier et ma tronche sous la douche, content d'être arrivé mais satisfait d'une première bonne mauvaise idée accomplie.
Bilan de l'affaire :
Je dois renforcer tout ce qui se trouve près des lombaires ;
je suis arrivé au bout, ce qui me fait penser que je suis sur la bonne voie ;
les pauses sont quand-même vite chronophages (j'ai oublie de préciser que la course de 725km doit absolument se boucler en moins de 48h) ;
le potage luxo, ça coûte cher en papier toilette.
Récap' :
251,34km, 3.630m de dénivelé positif, 14h10 en comptant les pauses et 11h21 sans, et entre 65 et 70% de fcm.
La semaine suivante, j'ai pu profiter à excès du Doudou la conscience plus que tranquille
PS: si on m'explique comment, il y a moyen que j'insère des images.