Voici l'interview complète de Yvon Ledanois, nouveau chef du sportif chez Arkea Samsic, réalisée pour le Télégramme. Aucune grande révélation mais quelques indications sur les objectifs du début de saison (à relier avec l'entrainement sérieux et plus précoce que d'habitude pour Warren d'après son "strava"). Bonne lecture.
Nouveau venu dans l’encadrement de l’équipe Fortuneo-Samsic, Yvon Ledanois (49 ans) ne s’attendait pas à vivre une saison aussi compliquée au sein de la formation bretonne. Au point d’envisager de tout plaquer.
Celui qui a dirigé Cadel Evans, Richie Porte et Alejandro Valverde par le passé a finalement prolongé son contrat avec la structure d’Emmanuel Hubert qui lui a récemment confié les rênes du « sportif ».
Yvon Ledanois, qu’est-ce qui n’a pas fonctionné en 2018 ?
C’était écrit, cela ne devait pas nous sourire… Beaucoup de choses n’ont pas marché. Je ne veux pas épiloguer là-dessus. On a souvent eu un collectif très fort mais il nous a toujours manqué ce petit truc pour aller gagner une étape et déclencher la dynamique que l’on attendait. Les mois ont passé, elle n’est jamais venue. Du coup, on a fait du social pendant un an. Dans cette spirale négative, il a fallu trouver les mots. Pas simple.
Personnellement, comment avez-vous vécu cela ?
Pour la première fois de ma carrière de directeur sportif, je n’ai pas gagné (NDLR : ce n’est pas lui qui encadrait l’équipe lors de ses deux victoires de la saison). Quand vous vous retrouvez voiture n°18 ou voiture n°20 toute la saison, pfff… A un moment donné, je ne pouvais plus l’accepter. J’ai pris sur moi, j’ai pris beaucoup de recul. Il y a tellement de choses qui se sont répercutées, ça a fini par exploser.
Des rumeurs de départ ont circulé à votre sujet…
J’ai souffert, j’ai beaucoup souffert. Je suis un sentimental, je suis un paternaliste, j’adore mes coureurs et j’ai été très malheureux de la tournure des événements. Après le Tour de France, j’ai dit à Manu (Hubert) que je voulais arrêter. Oui, j’ai failli tout arrêter. J’avais l’impression que plus personne ne se parlait dans l’équipe, j’avais le sentiment que l’on était tous un peu perdus. Je reconnais que j’ai également été sollicité par d’autres équipes. Mais je ne voulais pas quitter le navire qui était un peu en perdition. Finalement, j’ai fait comprendre à Manu qu’il fallait changer des choses dans l’équipe. Il m’a entendu et il m’a proposé les rênes de l’équipe. Du coup, j’ai prolongé mon contrat de deux ans (jusqu’à fin 2020).
Où en est l’équipe aujourd’hui ?
Cela ne s’est pas trop vu dans les résultats mais elle a sorti la tête de l’eau après le Tour de France. Bon, j’en avais quand même hâte que cette saison de merde se termine. Je ne peux pas dire que je faisais une croix sur le calendrier tous les jours mais quand même… Et puis, j’en avais marre d’entendre toutes ces critiques par ces gens qui ont la science infuse et une boule de cristal. Maintenant, on n’avance pas dans la vie si on regarde toujours derrière. Il faut retenir du positif de ce qui s’est passé. Il faut mettre le curseur au bon endroit.
J’en avais quand même hâte que cette saison de merde se termine.
Vous voilà donc promu patron du « sportif ». Concrètement, qu’est-ce que cela va changer ?
Cela ne va pas changer grand-chose. Je vais désormais avoir la responsabilité de mes collègues directeurs sportifs (Sébastien Hinault, Yvon Caër et Roger Tréhin). J’assumerai les choix sportifs, les sélections et le calendrier de l’équipe. J’ai à la fois la pression et un devoir de résultat.
J’ai hâte d’avoir le cul dans la voiture au départ de la première course.
Place à 2019. Comment retrouvez la confiance ?
On a identifié ce qui n’allait pas. Ceux qui ont gagné des courses en 2017 ne sont pas devenus mauvais du jour au lendemain. Je suis persuadé que l’on va faire une belle saison en 2019. Il y a déjà des petits signent qui ne trompent pas. Les messages ont été passés aux coureurs. J’ai hâte d’avoir le cul dans la voiture au départ de la première course.
L’arrivée d’Andre Greipel doit également remettre l’équipe sur les rails…
Avec son expérience, il va forcément avoir une grosse influence sur le groupe. Il nous manquait un sprinter. Maintenant, il n’y aura pas Greipel et les autres, ce ne sera pas l’équipe de Greipel. Il y a 21 coureurs dans le groupe. J’ai été le premier à le lui dire. Il a bien compris.
On imagine néanmoins que vous comptez sur le sprinter allemand pour lancer la saison 2019…
Ce qui est sûr, c’est que l’on se doit de briller et de gagner le plus rapidement possible. Certains garçons vont devoir répondre très vite aux attentes. Dans ce milieu, si vous ne gagnez pas de course, vous n’existez pas. Je l’ai dit à Andre (Greipel), je l’ai dit à Warren (Barguil), je l’ai dit à tous les autres. On ne peut plus se permettre de venir sur une couse pour préparer la suivante. On se doit d’être performant à l’Etoile de Bessèges, au Tour du Haut Var, à Paris-Nice.. On se doit d’être irréprochable. Irréprochable.
Avez-vous peur que l’équipe ne soit pas invitée au départ du Tour 2019 ?
Je ne suis pas de nature craintive. J’ai confiance en l’équipe, j’ai confiance en mes coureurs. Je ne suis pas inquiet. Si on n’est pas au départ du Tour, cela veut dire que l’on n’aura pas gagné la moindre course. Ce n’est même pas concevable. On sera au départ du Tour et on va y jouer un rôle.
© Le Télégramme
https://www.letelegramme.fr/cyclisme/fo ... ufU7C25.99