Bon allez, du coup, je me lance pour un CR. Celui du Pistolero m'a motivé, même si le résultat est loin d'être aussi impressionnant (mais je vais quand même écrire un pavé, parce que c'est ma marque de fabrique, et que même si c'était un peu de la merde ma cyclo, il y a toujours des trucs à raconter non ?

).
Après tout, ce n'est pas comme si je me faisais d'illusions. Je n'ai pas roulé depuis 2 semaines (ma reconnaissance de l'EDT). Je suis rentré crevé (forcément, 7h de vélo, 5h de voiture, levé le matin même à 5h du mat, ça faisait une journée chargée). Sauf que mon fils a eu l'idée de choper un maxi-truc ce même jour, je n'ai donc fait aucune nuit complète la semaine dernière, et forcément, la fatigue aidant -impossibilité de récupérer convenablement- il m'a refilé son truc ...
Ainsi, je suis en arrêt de travail le mardi / mercredi (oui carrément), parce que fièvre + toux + nez complètement encombrés. Et dire que j'avais fait exprès de ne pas rouler le WE juste avant en espérant maximiser mes chances de récupérer. Bref, c'est un sacré fail à 2,5 semaines de mon objectif annuel, et dans la semaine je compte les jours et les chances qu'il me reste d'arriver opérationnel sur l'Ardéchoise.
Le vendredi matin, je tousse encore comme il faut, toujours les bronches et le nez encombrés. Bon, bah c'est foutu.
Néanmoins, je me sens quand même spécialement frais / reposé (j'ai commencé une cure de vitamines / magnésium, comme tous les ans à la même époque, et tous les ans je me sens spécialement frais avec ce complément alimentaire ... placebo ou pas ?).
"Au pire, je bifurque sur le 125 si je vois que ça va pas". C'est un peu l'histoire de ma vie (de cycliste) cette phrase. Tu trompes ton esprit en lui faisant croire qu'il n'y a aucun risque. La vigilance est abaissée et bim ! Tu prends pas la bifurcation et tu continues comme un blaireau sur le 175 alors que t'es déjà pas frais.
Je vais donc récupérer mon dossard le vendredi et ... toujours cette même remarque (j'oublie d'un an sur l'autre) :
"bordel, mais c'est à 45km de voiture et il faut 1h de route pour y aller". L'Ardèche c'est beau et tranquille, mais c'est vraiment la cambrousse.
Le samedi matin, debout à 4h30 (ouai on n'a pas tous la chance d'avoir les parents qui habitent à côté

). Inutile de dire que pouvoir se lever à 6h pour une telle cyclo est un luxe. Les départs sont toujours aussi moisis (pas de gestion par sas). Je comprends bien que l'Ardéchoise reste une grande fête populaire avant d'être une cyclosportive, et franchement c'est rafraîchissant dans la mesure ou on trouvera beaucoup moins de "champions du monde" au mètre carré. Mais faut reconnaître que si tu viens pour la perf' sans dossard prio, soit tu dors pas, soit tu attends 1h30 dans ton sas après le départ officiel pour partir.
Je voulais être levé plus tôt, mais honnêtement, vu mon niveau et mon état général, ça n'en vaut pas le coup si c'est pour gratter 300 places au départ ...
Et bref, je suis donc parti en retard sur l'horaire prévue. Sur le chemin, j'ai l'occasion de me prendre pour Sébastien Loeb, en doublant tous des boulets du 69 qui ne savent pas conduire sur les routes de merdes ardéchoises. C'est bien la peine de rouler à 120 sur vos 4 voies limitées à 90 si c'est pour vous trainer le cul comme ça chez nous bande de nazes (petite dédicace à tous les chauffards du Rhône).
Je dépasse également bon nombre de paquets de cyclos qui se rendent au départ et ... plus ou moins le même constat que la veille : Je fais attention d'arriver pas trop vite sur eux, je klaxonne bien bien bien à l'avance afin d'annoncer mon arrivée, il n'y en a pas pour se ranger, il reste agglutinés à 2 ou 3 de front. Abusé, ce sont vraiment des gros cons tous ces cyclos (non sérieux les gars, WTF ?).
Je constate aussi, comme le Pistolero, que beaucoup de mecs ont les coupe-vents, manchettes, etc.
Seriously guys? Ils annoncent 27°C aujourd'hui quand même hein ...
À la limite, arrivé sur place, je me dis que j'aurais du prendre leur vieux coupe-vent "jaune ardéchoise" dégueulasse offert, le mettre dans le sas afin de ne pas me les peler, puis le tej avant le départ, mais au final j'attendrai en plein soleil donc osef.
Je ne tente même pas de rejoindre un parking, à 7-8 bornes du départ, je me gare au bord de la route sur un endroit bien dégagé (faut bien comprendre que c'est l'Ardéchoise ici, et faire partir 8 à 10k mecs le samedi d'un bled paumé comme St Félicien, ça créé quelques légers problèmes de circulation, donc je ne tente pas le diable). Je décharge ici, je me prépare, et je rejoins le départ. Je tousse comme une merde sur mon vélo, ça permet de dégager les bronches. Bref, a priori, rien de neuf par rapport à hier (question santé).
J'ai le temps de croiser et saluer le Pistolero (un peu au dernier moment), mais pas un mot échangé, au final il est tard et on rejoint chacun nos sas respectifs (lui les privilégiés, moi la plèbe

).
J'arrive dans mon sas
"oh quelle agréable surprise, j'ai au moins 200 places d'avance par rapport à il y a deux ans, ça ne fera donc qu'une grosse heure d'attente".
Bon, je suis en plein soleil (je suis content de n'avoir rien pris d'autre que mon maillot court), et ça me permet d'admirer le matos que les gars ont autour.
Je vois un vieux avec une édition limitée d'un Lapierre Xelius (
https://bikerumor-wpengine.netdna-ssl.c ... mplete.jpg). Je lui demande s'il est satisfait du freinage de ses roues, il me baragouine un truc avec un accent à couper au couteau (bordel, il est pur ardéchois ou quoi ?

). Au final, il me cause rendement, et tout.
"Avant, j'avais des aireu-sisse, ça ça roule mieux", "- oui mais le freinage ?" "- euh ouai". Bon d'accord.
Bon j'ai bien vu qu'on ne se comprenait pas, il a buggué à ma question sur le freinage. Je suppose qu'il s'est demandé qui était ce gus avec son accent parisien à la con auquel il ne bitait rien.
Passage obligé par le stand de pitchs (oui oui, ça ne s'invente pas) à mi-attente du départ. On sent que certains sont venus pour la perf quand on les voit amasser goulûment les pitchs dans les poches arrière du maillot.
Puis enfin, c'est le départ ! Maintenant, place aux bouchons, les gars qui partent à 15km/h sur toute la largeur de la route (putain j'ai 175km à faire les gars, j'aimerais éviter de mettre 11h !).
Il y a deux ans, j'avais passé mon temps à gueuler "droite, droite, droite" dans tout le col du Buisson. Ici, je laisse couler (on sent le gars motivé déjà ...), je mets quelques coups de patin de temps en temps mais ça se passe pas trop mal.
Donc pour bien comprendre le truc, le col du Buisson c'est un faux-plat de 10 bornes. Je suis devant et j'envoie sans me préoccuper de ce qu'il y a derrière. M'enfin, à la faveur de quelques courbes je sens qu'il y a quand même quelques types sur le porte-bagages (
https://livingnarrow.files.wordpress.co ... enor-2.gif ).
Du coup, vu que les jambes répondent quand même pas trop mal (entre deux quintes de toux), je me fais mon petit fractionné du jour en relançant au sprint quand je sens que je ralentis un peu trop.
Je baisse un tout petit peu pavillon, et là un type prend enfin le relais.
"Tu fais quel parcours ?
- Le 175.
- On le fait à deux si tu veux".
Ah que j'aimerais bien ! Sauf que là dans la tête, je prends déjà une sorte de mini-éclat "bordel, je pars comme un guignol comme si j'étais dans la forme de ma vie et un gars vient de me rappeler que c'était le début en gros".
Je le laisse un peu partir et je continue mon bonhomme de chemin toujours à un bon rythme. Je passe au sommet, et il faut déjà que je m'arrête pisser (bah ouai, mais ça fait combien de temps que je suis sorti de ma voiture aussi ? Pas loin d'1h30 je suppose).
Je repars, et un petit groupe roulant à bonne allure me dépasse. Cool, pour une fois que je trouve des gars pour rouler. Je me colle dans les roues et on sent que les gars sont motivés, ça envoie bien dans les longs faux-plats avant la descente.
On attaque la descente et "wow !" mais c'est qu'ils freinent super tôt. Je me fais une petite frayeur en bloquant la roue arrière parce que j'avais pas anticipé un freinage si tôt. Spoiler alert : Non le tubeless n'est pas spécialement abîmé, et il ne se passera rien de particulier avec lui jusqu'à la fin de course.
Et là, commence la partie où je me prends pour Vincenzo, moi le Tibopino. Donc je me retrouve dans le groupe de ces gars qui me paraissaient costauds, sauf qu'ils descendent presque tous comme des daubes (c'est Tibopino qui parle, je le rappelle).
Du coup, je lâche les freins, je double, et je lâche les gars ... en descente. À un moment je me demande "c'est pas possible, j'avais du mal voir le groupe, il doit y avoir pleins de gars devant ?". Mais non.
On arrive en bas sans encombre, je sais qu'on a une belle et longue portion plate, mieux vaudrait être accompagné. Je suis plus ou moins dans la roue d'un mec tout en noir avec casque Mavic bien affûté, mais tel un frère Schleck, il attend manifestement quelqu'un du groupe. Du coup, je file seul, mais tranquille sans taper dedans, on verra bien s'ils reviennent.
Là, je reprends une sorte de Chris Froome de 2m de haut (il a un maillot aux couleurs Sky et pédale avec les coudes écartés ...), je regarde le dossard, en fait c'est Bert Van de Wouver. Bon, bah pour moi ça sera Kurt.
Kurt a envie de rouler, et je me cale dans sa roue. Puis bientôt on voit revenir le groupe de nos nazes descendeurs. Il y a deux ou trois types devant bien motivés pour rouler. Ca roule fort d'ailleurs, on est de nouveau dans un faux-plat montant et ... petit miracle, on voit revenir un vieux, seul, le gars ne prend même pas les roues et remonte tout le groupe pour se placer devant et nous faire tous mal à la gueule.
Papy avait bien salé la soupe a priori.
Il nous fera tous sauter dans les derniers km du col relativement roulant.
On était peut-être une quinzaine dans ce groupe, je dois passer autour de la 4ème position (du groupe de nazes hein ...) au sommet. Je sous toujours avec les frères Schleck (casque Mavic et son pote avec casque POC orange ou rose j'sais plus trop), mais les gars s'arrêtent au ravito. OK tant pis, je me lance dans la descente suivante, sauf que c'est une descente toute moisie vent de face où il faut pédaler sans cesse. Du coup je m'alimente et ... devinez quoi ? Kurt et les frères Schleck reviennent sur moi au pied.
C'est cool, sauf que juste après c'est la bifurcation et ... ils tournent tous ou presque, sauf Kurt qui accuse un peu le coup dès que ça monte. Kurt est rapidement distancé vu qu'ensuite c'est un long, très long faux plat jusqu'au vrai début du col.
Donc voilà, la bifurcation arrive après 55 (?) km, et inutile que je ne suis pas assez entamé pour tourner ici. Bon, je le regretterai plus tard, normal.
Deux gars me rattrapent, l'un avec un maillot La Pomme Marseille, l'autre avec la GF Santini Mont Ventoux qui s'est déroulée la semaine dernière (ou celle d'avant ?). Ca roule fort, le maillot Santini fait mal à la gueule dès qu'il prend un relais. Honnêtement, je me colle dans les roues et je ne prends pas un relais. Je tousse comme une merde, je suis limite et c'est encore super long.
Après quelques km, je finis par les laisser filer (après avoir pris un relais histoire de dire). Jusqu'au ravito (pas au sommet, loin de là d'ailleurs, c'est encore super long jusqu'au Gerbier de Jonc) c'est pas exceptionnel sans être trop naze non plus, je monte comme je peux.
Après le ravito, un groupe finit par revenir sur moi et inutile de dire que je m'accroche car c'est clairement maintenant qu'il faut s'abriter dans les roues. Comme d'hab un putain de vent froid et défavorable là-haut, j'imagine pas le chemin de croix en solo.
Bon, seuls quelques types tournent devant, et ça agace un gus qui fait exprès de visser ou de miner quand il peut ... Osef, il part seul et on finit par le reprendre au sommet (gg noob).
Là, nouvelle séparation, j'attaque la descente en tête et ... après quelques centaines de mètres je m'étonne que personne ne passe -rien que pour m'indiquer que j'avance pas-. Je me retourne, un type pas trop loin, bon bah je continue et je me lâche. Au final, beaucoup de plaisir dans cette descente, je dépasse des dizaines de gus (exactement comme il y a deux ans, sauf que c'était le déluge, et j'étais sur les freins complet).
J'ai plus ou moins jamais autant pris de plaisir en descente que sur cette cyclo (à défaut d'avancer quand ça grimpe

). Après bon, faut bien reconnaître que ça m'avait déjà frapper il y a deux ans, mais l'Ardéchoise, c'est vraiment le plus gros rassemblement cyclosportifs de burnes en descente. Là encore, je suppose que ça tient à la nature festive de l'événement, beaucoup viennent jouer les touristes.
Je m'arrête de nouveau au ravito dans la plaine (notamment pour pisser, fil roule de ma cyclo). Puis j'attaque le quatrième col de la journée, le putain de col de St Agrève. Et là, la tête décroche ... Je m'arrête en plein col, je pisse, fais quelques étirements. Je repars, me fait dépasser par un collègue que je connais à peine et avec qui je ne discute même pas (je suis dans le gaz complet, et pas du tout envie de causer), je suis donc rentré en mode ours mal léché.
Je me fais déposer par pleins de gus.
Au sommet, je passe 20 minutes au ravito, je prends mon temps, faut absolument vider la tête et repartir sur des bases saines. J'ai à moitié des frissons alors que je me suis alimenté nickel depuis le début et qu'il doit faire 25°C ...
Je repars, je passe le sommet et je me lance dans la descente. La tête revient avec le plaisir pris ici. J'attaque Rochepaule au sprint (bien lancé par la descente

). Je vois le panneau qui indique 4km, la tête aime ça, ça sera court.
Je connais pas le parcours par coeur, loin de là, mais la tête commence à trop réfléchir à mon goût "bon, je crois bien qu'il en reste un après, il n'est pas facile en plus".
Et ouai, il reste le fameux Lalouvesc (à ma décharge, faite qu'une fois cette cyclo, sous un déluge complet dans les 100 derniers km, rien vu du paysage, rien retenu des routes). Panneau qui indique 9km au pied (bon, la tête ne pète pas un câble, on reste sous les 10 bornes), et la descente a été trop courte, et pas mal gênée par des naabs qui occupent toute la route cette fois.
Bordel, c'est dur ... je vais sans doute encore m'arrêter pour pisser et pour m'étirer. Un type me rattrape, je me retourne, il se porte à ma hauteur et me dit avec un fort accent étranger "je peux rouler avec toi jusqu'au sommet ?". J'ai envie de lui dire "tu sais, je vais plutôt exploser comme une merde d'ici 500 mètres", mais je réponds simplement par l'affirmative. C'est un portugais super sympa installé en Suisse. On discute ensemble de tout et de rien, et les kilomètres passent bien plus vite. La tête revient petit à petit au fur et à mesure que je vois les kilomètres filer. Sur le sommet, un type nous reprend, ça souffle fort, on se cale dans la roue et le gars va nous emmener bien motivé jusque là haut. Mon compagnon de galère portugais me salue et me dit qu'il attend un pote à lui. Je le remercie chaleureusement, il ignore à quel point il m'a aidé dans cette montée.
Je ne m'arrête pas pisser là haut, mais c'est pas l'envie qui manque. Au final, après les longs faux-plat et avant la descente (soit à 10-12 bornes du but), je dois m'arrêter pour pisser, je ne tiens plus. Mince, c'était pas très stratégique comme arrêt là, j'étais avec deux types (enfin l'un roulait, l'autre suçait les roues).
Je pisse un tonneau, et je repars tambour battant. C'est une fausse descente. J'envoie du bois, après plusieurs kilomètres je reprends notamment les deux gus en question (sérieux les gars, je me suis au moins arrêté 2 à 3' !). Juste avant la dernière remontée, je me retourne, j'ai quelques types sur le porte-bagages. "Ah ouai, c'est comme ça bande de suceurs ?", je donne tout ce que j'ai pour les faire sauter en mode Jan Ullrich, Andorre 1997. Sauf que Janou ne s'est pas tapé de crampes lui.
Et c'est comme ça que se termine mon Ardéchoise, sur une note crampue.
D'une manière générale, ce problème de "tête qui lâche", c'est un vrai problème chez moi. Ca devient systématique.
Bon, samedi dernier, vu que j'avais été malade dans la semaine, je ne m'attendais pas à autre chose. Mais ça m'arrive plus ou moins tout le temps le reste du temps aussi.
J'envisage sérieusement d'aller faire une prise de sang pour voir s'il y a des carences ou pas, car j'essaie de m'alimenter / boire au mieux, et malgré cela ...
Si quelqu'un a une bonne idée autre, je suis preneur.
I AM THE LAW. (Chris Froome)
I'm here to kick ass and chew bubble gum, and I'm all out of gum. (Duke Nukem)