Retour sur ma Santini Mont Ventoux, qui se déroulait hier. Attention, pavé en approche.
Alors pour faire court sur l'inscription / organisation / mise en place : Je suis logé à 45 minutes du départ, dans la magnifique station thermale de Montbrun les Bains. C'est un peu loin mais complètement voulu puisque j'y suis avec la famille.
Dossard récupéré le samedi, visite de Vaison la Romaine dans la foulée. Il devait y avoir des orages, au final on n'en aura pas vu la couleur.
Le maillot de l'épreuve est (évidemment) un Santini, il est inclus dans l'inscription et obligatoire (c'est le haut de gamme de la marque, impossible de râler sur la qualité où l'effet seconde peau). Il est -comme souvent- magnifique et très classe.
Pour le jour même, beau temps annoncé, chaud mais pas trop, par contre vent du sud jusqu'en milieu de matinée, puis nord ensuite. Ça c'est un peu la double peine vu qu'on partira vers le sud d'abord, avant de remonter au nord et grimper le Ventoux par Bédoin. On verra si ça se confirme.
Le matin même, le réveil sonne bien tôt mais je me sens bien. J'ai bien récupéré de ma dernière sortie en endurance critique de samedi dernier, et j'ai fait attention à bien me reposer toute la semaine.
Je suis un peu en retard (~10 minutes) en montant dans la voiture, mais j'ai prévu d'être sur place à 6h30 pour un départ une heure plus tard, donc aucun affolement.
À la radio, la station "Buis les Baronnies FM" (ça ne s'invente pas
), une chanson française se termine et ... croyez le ou pas, on enchaîne direct avec Johnny - Allumer le feu. Ça me rappelle un peu les résumés de cyclo par Thejul/Mancebo et "The Eye of the Tiger" le matin au réveil. Bref, je monte le son et j'ai donc Johnny qui gueule à fond dans ma Xantia turbodiesel.
(non c'est une vanne pour la Xantia, je roule en fait en break Nevada avec la galerie sur le toit, comme tout pratiquant qui se respecte).
Pas de bol, ensuite on passe sur un titre très calme de Calogero et l'ambiance retombe immédiatement. Moi qui voulais voir un "signe" pour ma cyclo à venir, mes rêves de mettre le feu s'estompent.
Alors après, c'est carrément la débande, YMCA - In The Navy ? Quel rapport avec ma cyclo ? Vais-je tomber dans le Toulourenc comme Akaion dans un canal à Toulouse ?
Puis ensuite c'est France Gall avec un refrain qui dit en résumé "tout le monde chante" ?! Va-t-il y avoir un happening dans le peloton ? Nous demandera-t-on de chanter pour avoir le droit de prendre le départ ? Celui qui chante faux prend 10' de pénalité ? Je suis perdu.
Bon, je comptais rattraper mes 10' de retard sur la petite route qui serpente entre Montbrun et le croisement vers Vaison, mais c'est partiellement loupé puisque je me retrouve rapidement "bloqué" derrière un puis rapidement deux gus.
On ne peut pas dire qu'ils se traînent, mais ils vont malgré tout trop vite pour que je les double sur les rares passages possibles. Bref, je prends mon mal en patience et m'aperçois sur un ralentissement que le conducteur devant porte le maillot de l'épreuve (en même temps, qui d'autre roule à 6h du mat le dimanche sur cette route paumée ?).
Dans le seul "col" du trajet, je me fais lâcher par les deux voitures devant, avant de les rattraper dans la descente. Alors là, j'espère que ce n'est vraiment pas un signe de ma cyclo à venir, d'autant que l'épreuve se termine au sommet du Ventoux et que la descente sur Malaucène ne compte donc pas.
Allez trêve de mise en bouche, je me gare, je me prépare et j'arrive sur la ligne.
6h55 dans le sas (qui ouvre à 6h30) et là c'est la soupe à la grimace, c'est DEJA noir de monde devant moi. Je constaterai, avec dépit, un peu avant le départ qu'il y a facilement autant de mecs devant que derrière, soit facilement 1300 gus devant moi.
Et donc là, je confirme qu'il y a bien un happening sur la ligne, avec différentes olas et même un clapping. Bon je vais me méfier de ne pas tomber dans le Toulourenc du coup.
En vrai le speaker est plutôt bon et le rappel des consignes de sécurité avant le départ est clair et bienvenu (avec rappels des points chauds).
Départ donné à l'heure pile, il est neutralisé jusqu'à la sortie de Vaison. Deuxième mauvaise surprise, les mecs autour de moi prennent le départ en vrais touristes. Je croyais que ce n'était que sur l'Ardéchoise ça ?
Bref, ils occupent TOUTE la route en roulant à 25km/h. À l'arrivée, un collègue habitué de l'épreuve me confirmera que "le Ventoux fait peur".
De là à prendre le départ en i2 ?
Bref, je comptais bombardé, c'est loupé, j'ai peine à me faufiler et là je comprends rapidement que mon résultat final sera fortement conditionné par ce départ foireux quoiqu'il arrive.
Donc là, c'est quand même une mauvaise surprise. Je pensais que l'épreuve était plutôt prisée des compétiteurs et que ça allait batailler sévère, ce n'est pas du tout le cas.
Après plusieurs kilomètres à tenter de remonter de groupe en groupe, on commence le premier petit col de la journée. Je me cale à mon rythme (un SST bien appuyé) et je continue de reprendre des mecs, tout en évoluant avec d'autres qui montent au même rythme que moi.
Là j'ai l'occasion de constater que ça va bien. La forme est là, les jambes répondent bien et la caisse semble présente.
Je suis dans la roue d'un belge et je constate que Monsieur a coupé un bout de manche sur son maillot officiel. Devinez ce qu'il y a au bout de la manche en temps normal ? Le drapeau français. Pas un simple liseré, non. Un bon gros drapeau français sur 4 à 5cm de hauteur.
Alors non seulement il a une manche plus courte que l'autre, et sur cette autre manche il a mis un brassard au couleur de la Belgique.
Je regarde le nom qui figure sur son dossard et je m'attends sincèrement à y lire "Daniel H." mais non.
En même temps, j'aurais du me douter que ce n'était pas lui vu qu'il ne roule pas sur un Specialized et qu'il n'arbore pas de cuissard DQS. Je ne pousse donc pas le vice jusqu'à tendre l'oreille pour savoir s'il vante les vertues de la Chimay à son voisin.
Un peu plus loin et 2 à 3km avant le sommet, alors que nous évoluons dans un petit groupe, une nana en tête colle une mine et emmène un ou deux gus dans sa roue. J'entends un vieux faire "ça sert à rien ça", et je ne peux m'empêcher d'être d'accord avec lui.
On les reprendra dans la descente ou sur le plat ensuite (c'était donc vraiment useless comme mouvement).
Dans mon groupe se trouve également deux italiens aux couleurs complètes Jumbo Visma, ainsi que le Bianchi de rigueur. Je m'attends presque à lire "Sepp Kuss" sur l'un des dossards, tellement son début de saison est impressionnant, mais non il s'agit de Dario et ... j'ai oublié le nom du second.
Petit aparté matos d'ailleurs : Toujours aussi impressionnant de traîner le samedi autour du village d'étape. Beaucoup de superbes matos très haut de gamme. Disons que la présence d'étrangers qui daignent faire le déplacement (beaucoup d'Italiens, Belges, etc.) gonfle ce constat.
Ainsi je peux constater que Bianchi a toujours autant la côte (pas fan sur le papier, mais toujours aussi joli de près pour peu qu'on ait la tenue qui va avec ce vert menthe (quoique comment ça c'est pas du bleu ?
)). Dans le lot, je me demande aussi combien sont des fakes tellement les copies sont maintenant faciles à commander via la Chine ?
Retour sur la course, où j'évolue dans la roue d'un autre belge, qui lui est sur le magnifique Factor à disques de l'équipe Roompot. Il rend vraiment super bien dans cette couleur ! Factor a vraiment le chic pour faire de belles machines.
Avant le second petit col, et dans un groupe d'une trentaine de gus, quelqu'un m'interpelle dans mon dos par mon prénom (il aurait pu tenter la blague "hey ! hey toi avec le maillot Santini Mont Ventoux !!"). Je me retourne, il m'annonce que j'ai une épingle qui se barre. Merci, c'est gentil mais je ne vais pas m'arrêter pour la remettre.
Bon il me précise ensuite (sans doute devant ma tête incrédule) que c'est pour éviter que je me pique. C'est sympa en vrai, mais je ne peux rien y faire.
On attaque le second col et des gus tentent de miner d'entrée de jeu. Je monte à mon rythme, c'est à dire en tête tout en laissant partir les 2 - 3 spécialement motivés. C'est encore très court, et donc rebelote sur le plat ensuite où on est tous de nouveau regroupé (à quelques unités près je suppose).
Rapidement, on va entamer le "col de l'Homme Mort". Là je pense qu'on pense tous un peu pareil "pourvu que ce ne soit pas moi". 15km autour de 5% tout de même.
Pas de bol pour les plus motivés, ça souffle bien du sud, et donc de face ... ça signifie que tu fumes la pipe dans les roues, et ça me va bien.
En tête, c'est le collègue de Dario (celui dont j'ai oublié le prénom) qui fait tout le boulot. Il est manifestement plus fort que son compère puisqu'il n'arrête pas de rouler devant. J'ai moi-même donné quelques tours de roues avant d'entamer le col, mais j'ai vite vu que personne ne voulait tourner ou presque (alors qu'on a 30 mecs sur le porte-bagages).
Lors d'une épingle où on se retrouve cette fois avec vent de dos, deux gus mettent une mine et s'échappent. Ils feront 1km comme ça, jusqu'à ce qu'on ait de nouveau le vent de face, et qu'ils rentrent gentiment dans le rang. Encore un mouvement pertinent si vous voyez ce que je veux dire.
Les kilomètres défilent, et au détour d'un virage on aperçoit un groupe un peu au-dessus avec à peu près autant d'unités que nous. Puis à 3km du sommet, alors que j'ai eu la bonne idée de me replacer parmi les premiers éléments, un type accélère franchement.
Je remonte "tranquille", je check les chiffres de puissance, on est facilement à PMA ... Je me pose la question de savoir si j'insiste, et je vois qu'on se rapproche rapidement de l'autre groupe. Ainsi, je reste calé dans les roues. On est 5 puis bientôt plus que 4. J'hésite à encourager le gars qui se relève, lui dire que ça va rentrer et qu'il pourra souffler dans ce groupe, mais finalement je n'en fais rien.
On rentre dans le groupe de devant, et je profite de la différence de vitesse (et du fait qu'on arrive bientôt au sommet), pour remonter parmi les premiers là aussi. Ça évitera les mauvaises surprises si ça casse.
En vrai, je m'attendais à voir notre ancien groupe rentrer lui aussi (en mode : "tout le monde a serré les dents et s'est fait violence pour rentrer"), mais non. Et je ne crois pas qu'on le reverra d'ici la fin de la course d'ailleurs. D'autant plus étonnant que ceux qui sont sortis sur le sommet n'étaient pas ceux qui s'étaient mis en évidence (en attaquant ou en roulant ...) jusque là.
Il n'y a guère que le 5ème larron que j'avais hésité à encourager qui rentrera finalement.
J'entame la descente parmi les premières unités et c'est un peu foireux. Je ne connais pas du tout les descentes du parcours et ça se ressent. Par ailleurs, j'ai clairement perdu confiance depuis ma chute fin Avril, et pour ne rien arranger je pense que mon pneu arrière en fin de vie a un comportement moins rassurant.
Bref, assez rapidement je suis dépassé et, heureusement pour moi, on se retrouve vite sur des routes larges et rectilignes ce qui permet de maintenir l'écart.
Dans la descente, un mec derrière me gueule de laisser passer ... tocard.
Spoiler Alert : Je crois bien que j'ai revu ce gars dans le Ventoux (mais sans conviction que ce soit lui), il était arrêté comme une merde entrain d'essayer de récupérer alors qu'on avait tout juste fait quelques kilomètres dans la partie difficile. #PetiteVictoire
Sur les premières parties plates, un débile laisse un trou pendant qu'il s'alimente et je me retrouve à boucher le trou à PMA, puis au sprint (parce que devant, certains font le forcing pour rentrer sur un groupe). J'avais pas le choix, il fallait rentrer maintenant sinon c'était mort. Une fois rentré, je me retourne, a priori les gars piégés ne rentreront pas.
Et là on rentre maintenant dans la partie relativement chiante de la course, car il reste encore 30 - 40 bornes pour être au pied du Ventoux, et il n'y a plus de difficulté majeure.
Autre chose, je peux constater que le vent a bien tourné et qu'on l'a de nouveau de face alors qu'on remonte plein nord.
Beaucoup de faux-plats descendants quand même ce qui fait qu'on est facilement à 45-50km/h même sans rien faire.
On entre alors dans la dernière difficulté avant le Ventoux, les gorges de la Nesque. C'est beau. Une fois encore, je remonte le groupe, et je me retrouve assez rapidement en tête.
Un gars est sorti devant (Canyon Aeroad disques avec Zipp 404, ça va être facile à emmener dans les 10% du Ventoux ça !), on le garde à distance. On le rattrapera même en début de descente.
Un autre gus sort aussi entre temps, et lui je le verrai revenir de l'arrière (?!) en fin de descente par contre ? Il s'est fait une pause caca dans la montée ? Il s'est arrêté saluer le fan club local ?
Sur les faux-plats de la fin, sentant venir la descente, et tel un Tibopino, je passe la plaque et j'oblige tout le monde à se mettre en file indienne afin d'entamer la descente en tête. Ça marche bien d'ailleurs, route pas large, ce qui fait que c'est un peu "bloqué" derrière moi, mais je relance à chaque sortie de virage pour rester en tête.
Je me retrouve en fond de groupe en fin de descente mais la tactique a marché puisque je suis toujours dans le groupe.
L'occasion de constater la présence d'un mec sur un Venge à disques (ancienne génération le Spé) avec des roues qui doivent faire 60mm ... Ça aussi ça va être drôle à emmener dans le Ventoux. :)
Bref, vous l'aurez compris, ça reste une constante sur ces cyclos de montagne de se pointer avec des vélos faits pour rouler à 50km/h sur le circuit Bugatti au Mans.
Donc là, je compte maintenant les km qui restent avant le pied du Ventoux, 10,9,8 ...
Et je fais aussi mes calculs pour mes bidons de flotte. Soit je m'arrête sur le ravito quelques kilomètres AVANT le pied, soit je m'arrête à celui en plein milieu de la partie difficile du Ventoux.
Je ne veux pas perdre les bénéfices du groupe, donc ça sera arrêt dans le Ventoux, en considérant que je ne perdrais pas le bénéfice du groupe ici.
Je devrais avoir assez de flotte jusque là.
Bon, inutile de dire que ce fut un pari assez foireux. Car 85% du groupe s'est arrêté au ravito, qu'il n'y avait donc plus ou moins aucun bénéfice à continuer à quelques gus (plus d'effet de groupe), et EN PLUS, c'est une succession de faux-plats montants en plein cagnard avant d'entamer le pied. Merde, les bidons se vident bien vite. Ça serait la lose que ça tienne pas jusqu'au ravito suivant ...
La bifurcation arrive finalement, et on est donc 5 dans mon groupe (notamment le mec avec son Canyon Aeroad qui avait la socquette légère dans les gorges de la Nesque). Les kilomètres défilent et quelques hectomètres avant d'entamer officiellement "la foret", un gars avec un Tarmac disques couleurs Bora sort. Le gars avec son Canyon s'est logiquement garé assez rapidement (inutile de dire qu'il avait le physique pour emmener son vélo).
Un mec avec un casque orange me lâche et accélère une fois dans la partie compliquée. Bon 3 / 5 du groupe en entrant dans le Ventoux (partie compliquée au moins), ce n'est pas fameux.
Je bois mes bidons avec parcimonie, et même si je constate que les watts sont un peu en dessous de la cible, je note que le rythme est bon (si je compare à ceux qui m'entourent) et que ça tient bien. Je reprends quelques gars, dont celui au casque orange qui s'est manifestement enflammé.
Dans le pied, la chaleur est étouffante, trop peu d'ombre et pas un pet de vent. Le ravito arrive finalement plus vite que prévu et après 2'30" d'arrêt, je repars pas mal fringant.
Je dépasse bien plus de gars que ce que j'en vois me dépasser, et surtout, ceux qui me dépassent seront quasiment tous repris plus tard. C'est le cas notamment du gars avec son Tarmarc disques que je reprendrai après le Chalet Reynard.
Pareil, j'avais été dépassé par des "fusées" de mon précédent groupe un peu avant ou après mon arrêt au ravito, et j'ai finalement repris ces gars (à l'arrêt ou presque) un peu avant le Chalet Reynard là aussi ...
Il n'y a guère qu'après le fameux ravito du Chalet Reynard où je me fais déposer par 2 types que je ne reverrai plus.
Bref, on ne peut pas dire que ça avance bien vite, mais c'est très bon pour le moral de reprendre tous ces types. Et surtout, je ne me désunis pas. Oui ça fait mal, oui c'est compliqué, mais je suis dans mon rythme et ça avance toujours honnêtement.
J'en veux juste un peu (beaucoup !) au vent défavorable à 40km/h qu'on se tape quasiment de face après le Chalet Reynard et qui fait que je plafonne entre 10 et 12km/h.
Au final, le Ventoux ne pardonne pas, et il faut l'entamer en ayant bien conscience qu'on part pour ~1h30 d'effort (pour mon niveau en tout cas). Les gars qui m'avaient dépassé et que je reprends finalement n'avaient pas bien anticipé ça.
Je viens de checker les résultats, je termine tout juste en dehors du top 100 (un peu déçu pour le coup) sur 1300 coureurs pour le grand parcours. Bref, c'est un bon résultat pour moi. Satisfait surtout d'avoir tenu le choc dans le Ventoux et de ne pas m’être désunis, c'est une bonne "première" pour mon enchaînement à venir. :)