Avant de commencer, il faut faire un petit point sur le système de course sur Zwift
Les courses sur Zwift, comment ça marche
-Comme dans la vraie vie, il y a des catégories, pour que chacun puisse (en théorie) s'amuser, à son niveau. Contrairement aux courses FFC ou Ufolep, sur Zwift les catégories ne se basent pas sur les performances lors des courses (tel résultat donne tel point, tel nombre de point permet d'accéder à telle catégorie), mais sur les performances physique pures. L'étalon, c'est la FTP, la puissance au seuil (en gros la puissance maximale que tu peux tenir sur une heure, même si généralement on l'obtient en prenant 95% de la puissance qu'on peut tenir sur 20 minutes). Il y a, en gros, 4 catégories. La première, la A, est réservée aux coureurs développant 4,1W/kg et au dela. La B, pour les coureurs entre 3,2 et 4,0, la C pour les coureurs développant entre 2,6 et 3,1, la D pour 2,5 en dessous. Ca parait simple, mais ça pose quelques problèmes :
- Le rapport poids/puissance, c'est important en montée, mais sur le plat, c'est la puissance brute qui compte. Surtout que dans Zwift, l'abri est bien moins puissant que dans la réalité. Les coureurs très lourd sont ainsi avantagés, parce qu'à rapport poids/puissance équivalent, ils vont bien plus vite sur le plat. Un coureur de 55kg développant 4 w/kg soit (220W) n'a aucune chance de victoire face à un coureur de 90kg développant 4w/kg (soit 360W) sur un terrain plat ou légèrement vallonné. Pour remédier à ce pbm, il existe un système qui permet à des coureurs dépassant la limite de 4W/kg de rester en catégorie B s'ils ne dépassent pas une certaine puissance au seuil en valeur absolue (250W). Ainsi le coureur de 55kg a la droit d'avoir un rapport poids puissance 4,55 w/kg. Ce qui veut dire qu'il sera quasiment impossible à battre sur une course montagneuse. Globalement, les coureurs avec un poids moyen sont les plus désavantagés. C'est pas un vrai problème, c'est avant tout un jeu, mais un système de classement par résultats serait un gros plus (certaines compétitions s'organisent selon ce principe)
- globalement, ce qui permet de gagner une course typique sur Zwift, ce n'est pas la puissance au seuil, mais la puissance sur 15 secondes (sprint) et la puissance sur 1-3 minutes (bosses courtes). On est pas tous égaux face à la nature et à FTP équivalente, il peut y avoir des écarts importants. Personnellement, je suis bien naze sur les efforts courts.
- qui vérifie que personne ne triche ? Eh bien, personne avant la course. Ce qui veut dire qu'il y a toujours des gars qui courent dans une catégorie plus basse que la leur. Des fois sans mauvaises intentions, des fois simplement pour tricher (ça m'est déjà arrivé ahem). Heureusement, il y a un site annexe à Zwift, Zwiftpower, qui filtre les résultats en éliminant ceux qui s'inscivent dans une catégorie inférieure, ceux qui développent trop de puissance pour leur catégorie, ainsi que les triches évidentes. Le problème, c'est que le filtrage se fait après, et que certains tricheurs faussent le déroulé des courses. La communauté estime que les seuls résultats valides sont ceux visibles sur Zwiftpower.
Ma course
Vu que je suis nul sur les efforts courts, j'ai choisi, pour ma première inscription en B, une course montagneuse, où la différence se fait sur des efforts de 20 minutes. Je suis un peu entre deux eaux : je me fait déclasser si je cours en C, et je me fais pulvériser si je cours en B sur des courses punchys
la bosse fait en gros 7 bornes et demi à 5,5%, mais elle est assez irrégulière.
Le départ
Généralement, les départs sont les moments les plus critiques des courses : c'est là que l'essentiel des écarts se font. C'est à fond les ballons pendant 2/3 minutes avant de se calmer un peu pour voir qui a survécu. Bon, là, vu la double ascension qui nous attendait, c'est parti un peu plus calmement et j'ai réussi à tenir le groupe de tête chez les B sans trop de problèmes. On est à peu près 25, tout en sachant que certains vont se faire déclasser sur Zwiftpower, et d'autres ne termineront pas. Je remarque vite que toutes les catégories sont parties en même temps ou presque. Le groupe de B se fait littéralement transpercer par le groupe des A, et s'est vraiment dur de tenir les roues. Parmi les noms qui défilent, je vois que Romain Cardis est présent
(il va finir 6ème sur 20 A à l'arrivée). Ca envoie du watt sur Zwift hehe. En tout, on est 96 en course.
La première bosse
Je m'accroche au peloton principal jusqu'au 4/5ème kilomètre. La première borne de l'ascension est en faux plat, l'aspiration est importante, pour moi ça vaut le coup de me mettre un peu dans le rouge, en terme de temps total gagné. Quand la route se cabre, je reläche un peu et me met à la puissance que je pense pouvoir tenir (250-255 W). (C'est un peu optimiste sachant que mon record sur 20 minutes est de 263, alors que j'étais frais, et que je n'avais que ça à fournir comme effort. Là la course devrait durer à peu près une heure pour moi et je suis en plein milieu d'un cycle d'entrainement et je sens que ça tire un peu)Je suis en 48ème position globalement.Je mets un peu moins de jus dans les parties les plus plates et j'accélère un peu plus dans les parties montantes. Ca fait vraiment mal, et je commence à paniquer un peu : est ce que je vais réussir à tenir comme ça jusqu'en haut ? Heureusement, je rattrape quelques mecs qui se sont vu trop beaux (je me fais également dépasser, mais un peu moins). On se retrouve dans un petit groupe de trois avec un coureur allemand et un coureur japonais (je ne me souviens plus de leurs noms). C'est un avantage de pas être isolé pour les portions de replat. Je me mets systématiquement dans leurs roues dès que la route s’aplatit. Au 2/3 de l'ascension, je sens que j'ai un peu de réserve, et je relance. L'allemand pète, mais le japonais reste dans ma roue jusqu'en haut. On passe la ligne en 39ème position. Au final, j'ai tenu 258W sur un peu plus de 22minutes, je suis vraiment très content.
La descente
Je vois vite que le mec qui est dans ma roue est un habitué. Il faut savoir que sur Zwift, l'avatar prend une position aérodynamique quand on dépasse une certaine vitesse et une certaine déclivité, et que l'on arrête de pédaler. Je le suis, je pédale quand il pédale, je me mets en position aéro quand il le fait. Ainsi, on se "relaye" en descente, et on gagne énormément de temps. On dépasse plusieurs coureurs dans la descente, incapables de prendre nos roues. Un coureur français, qui avait 20 secondes d'avance en haut de la bosse, en a 20 de retard lorsque se présente l'ascension finale.
Le final
La plupart des écarts sont faits, et je me dis que j'ai bien fait d'en mettre un peu plus dans la montée précédente. Vu que le coureur qui était avec moi m'avait un peu sucé la roue dans la fin de l'ascension précédente, je me dis que je vais pas me gêner et je me mets dans l'aspiration. Derrière nous, trois coureurs peuvent encore rentrer, dont un coureur de Catégorie A qui revient à toute berzingue (je ne sais pas ce qu'il faisait derrière nous à ce moment de la course). On revient rapidement sur un autre coureur japonais, qui semble nous attendre. A partir de là commence un vrai jeu de cons. On roule sur un petit rythme, et toutes les trois minutes, un de nous accélère pour tenter de faire craquer les autres. Ça a le mérite de nous protéger du retour des gars de derrière, mais ça me fait vraiment mal. Les kilomètres défilent, et personne ne se détache. Le coureur de catégorie A commence à se rapprocher. A un kilomètre de l'arrivée, j'accélère sans attaquer dans la dernière partie dure, et je prends une seconde d'avance. J'ai pas confiance en mes jambes donc je me dis que je vais arrêter et me remettre dans leurs roues. Sauf que derrière, un des deux gars sort la machine à Watt et s'envole, avec l'autre qui tente de s'accrocher. Mon cerveau se fracture, j'ai mal partout, et je me dis que je vais bien gentiment rallier l'arrivée à un rythme tranquille (je suis alors 35ème). Ils prennent rapidement 15 secondes d'avance. Je me mets à mon rythme avant de me rendre compte que si je n'accélère pas, le coureur A va finir par me rattraper. Je fais donc les 800 derniers mètres à fond, parvenant de justesse à garder mon adversaire derrière moi, et revenant sur les talons du gars devant.
Seconde montée plus longue que la précédente, (23 min à 248W), mais qui a été bien plus dur physiquement.
A l'arrivée je suis content de ma perf physique et de ma gestion de course. J'ai pas flanché lors de la deuxième ascension. Je suis vraiment content de ma progression depuis que je me suis mis à Zwift
Je finis 5ème/11 classés en catégorie B, pour une première, je suis content même si je n'étais au final pas si loin du podium !
Avec mon compère japonais, sur le point de rattraper le coureur qui nous allumera dans le final