Mardi 13 août : Etape 11 partie 2 : El_Pistolero_07 vs Le Sucre Sportif
Tournon-sur-Rhône
17h, je traverse le Rhône retourne dans la Drôme, où, El Pistolero, l'ambassadeur de l'Ardèche, est contraint de travailler, fuyant la misère économique de son département natal. Je prends quelques chocolats (excellents par ailleurs
), puis on se retrouve à l'entrée. C'est vraiment plaisant de rencontrer un forumeur en vrai, et la soirée va passer très vite
Dans un premier temps, direction la demeure du Pisto, et j'ai droit à laisser mon paquetage dans son garage. Il laisse son VTT qu'il prend pour faire du vélotaf et le troque pour son vélo de route et nous voilà parti pour 2h d'intensité dans la montagne
Il y a un peu de vent venant du nord, et voilà qu'il me guide vers les premiers cols. Je ne connais pas du tout le coin donc je lui fais confiance
"Le premier col, il a des % irréguliers, attention il y a un mur vers la fin". Ne voulant pas passer pour un suceur de roue, je décide de prendre un relais à la sortie de Mauves, au pied du premier col
Rapidement, ElPistolero repasse devant et me mets dans le rouge
Un petit virage vers la droite, et me voilà déjà largué
(Voilà, le duel est fini
) Je gère bien mon effort et apprécie le côté technique de ce col : passages en replat dans le vent, pourcentages variés, on est toujours en prise mais il faut en garder un peu sous le pied avant le fameux mur
Puis je vois les forts pourcentages. Je le passe à l'arrache, puis bascule sur un faux plat, surplombant la vallée. Ca à l'air très joli, mais on est encore loin de l'arrivée
Et El Pistolero est tellement loin que je commence à flipper à l'idée de me retrouver au milieu de nulle part, sans mes affaires et sans boussole. Voilà qui stimule mes instincts primaires, et me donne l'énergie pour persévérer dans mon effort. Il n'est pas si loin que ça quand même
Puis je le vois redescendre, il me reste environ 500m. Un petit encouragement de sa part et je franchis le premier col, non sans mal, peu avant Plats
La descente est courte, on traverse maintenant Saint-Sylvestre. J'en profite pour demander si lors des cyclos, ça descend aussi vite (vu que c'est un thème récurrent dans les compte-rendu). Et il me sort qu'il n'est pas un super descendeur, que ça descend à peu près à cette vitesse lors des cyclos. Je me dis que j'aurais peut-être dû gonfler un peu mieux mes pneus pour ne pas être autant à l'arrache à essayer de le suivre dans les courbes
Deuxième montée, cette fois-ci vers Gilnoc-sur-Ormèze (me demandez pas d'où sortent des noms de patelin pareils, je ne parle pas l'ardéchois
). Ca m'a paru être un long faux-plat, sans abri, avec le vent de face. En regardant le profil, ça me paraît moins évident. El Pisto fait le train, et je tente de tenir bon, même si je suis à la rupture
Je remarque que les automobilistes sont très civilisés, propres dans leur manœuvres de dépassement. Ca me change du cirque de la vallée du Rhône, et me rassure car les routes sont étroites et sinueuses, sans visibilité
Le décor est magnifique avec des paysages pastoraux arides, cela me rappelle un peu le Larzac, en plus vallonné. Finie la verdure, me voilà dans le sud, j'ai l'impression d'avoir atteint mon objectif
Col de la Croix-de-Bauzon, le deuxième qui n'est pas si aride que ça finalement
Alors que je commence à perdre pied, Pisto, qui semble perdre patience, me lance un
"tu ne vas quand même pas lâcher sur du 5%" . Je vais finir cette deuxième côte à l'orgueil, me mettant en position aéro, pensant prendre l'allure de Primoz Roglic, alors que doit plus ressembler à Fabio Aru
Comme pour vouloir me récompenser de mes efforts, il me lance "on va faire un petit détour pour aller chercher un secteur pavé". Je suis touché par cette attention
Avant de voir 10 pavés de villes alignés pour faire un passage piéton dans un centre-ville dont j'ai perdu le nom. J'invite donc El Pistolero dans le Nord pour tester les pavés, les vrais
La dernière difficulté arrive sans un mètre de plat pour se reposer, et là, conscient que je l'empêche de faire un KOM, je lui lance d'un ton souverain
"tu peux y aller, je vais monter à mon rythme" . Je ne peux que me résoudre à abandonner ce duel. Me voilà donc seul face à moi-même et cette montée. Je resserre mes chaussures et tente de me rappeler de l'intensité que j'avais su mettre à Huy, tentant d'optimiser mon coup de pédale. Le rythme est bon, et je tente de limiter la casse, voyant El Pisto s'éloigner inexorablement dans cette montée exposée au vent
Au sommet, c'est fini, je peux profiter d'une superbe vue sur le Vivarais, ça valait le coup
On redescend vers Saint-barthélémy-le-Plain, les paysages sont à couper le souffle et je vois devant moi El Pisto me montrer, en pleine descente sinueuse
"regarde par-là comme c'est joli" . Mais je suis encore un peu carbo, et je m'applique à suivre le rythme en descente. Soudain, mauvaise appréciation de ma part, je sors un peu large. Je rectifie ma trajectoire mais le camion que j'ai croisé quelques secondes plus tard m'a bien refroidi. Je laisse filer, et profite des paysages
Moralité du jour : suivre le Pistolero, c'est cool, on en prend plein la vue, on dépasse ses limites, mais c'est à vos risques et périls
Bilan Strava : 58kms et 880m de D+ en 2h18
Saint-Barthélémy-le-Plain, fin de la descente
A la fin de la sortie, je suis complétement cuit. J'ai le luxe de prendre une douche puis une bière et me voilà scotché dans le canapé du Pisto
On a pu refaire l'actu cyclisme/forum que j'avais loupé lors du début d'août et surtout sortir manger les spécialités locales (ravioles) en bonne compagnie. Je peux également me reposer au chaud, j'ai été gâté
Dans ma tête, le tour est fini, puisque demain, mon père vient me chercher en fin de matinée pour qu'on passe le weekend du 15 août ensemble (et c'est pour ça que j'ai tout donné pendant la sortie, ça a été un vrai plaisir de me tester et de voir le Pisto en action, il m'a flingué sévère
)