Mercredi 7 août : Etape 5 : Jour de transition sur les ravels belges !
Le vieux-Lille, plus joli que Roubaix au petit matin
Je suis réveillé plusieurs fois par le vigile de nuit du vélodrome qui s'amuse à bien claquer la porte d'entrée pour la verrouiller de nouveau, de façon régulière. Mais peu importe, je me rendors facilement vu mes efforts de la veille. Le soleil se lève à Roubaix, mais j'attends un peu que le temps passe car les boulangeries/cafés ne devraient ouvrir que vers 7h. C'est grasse matinée aujourd'hui
Vers 6h30, je prends mon vélo, mon sac et part à la recherche d'une boulangerie/café. Je trouve après avoir tourné un bon quart d'heure dans un quartier résidentiel, et reste longuement me restaurer, me réhydrater, faire ma toilette
J'en profite aussi pour recharger mon portable, et donner des nouvelles à mes proches. A trop user du GPS, j'avais déchargé ma batterie, hier soir entre Gruson et Hem. Le tenant du bar, voyant que je me suis changé en tenue cycliste, me demande si je vais faire le Tour des Flandres. Vu mon état, ça ne sera pas pour cette année
Mon premier grand objectif étant réussi, je dois maintenant rejoindre Gabian, dans l'Hérault, pour le weekend du 15 août
La suite de l'itinéraire est maintenant de profiter des routes cyclables européennes, tout d'abord en Belgique pour rejoindre Namur via des canaux et la Sambre, puis remonter la Meuse, et enfin descendre la Saône, le Rhône. Et conclure par l'arrière pays héraultais afin d'éviter l'agglomération montpelliéraine et le littoral méditerranéen dont j'ai gardé un très mauvais souvenir à la fin de mon tour d'Europe
Si le vent m'étais favorable jusqu'ici, il devrait l'être bien moins en Belgique (plutôt de côté) puis de face pour remonter la Meuse. Peu importe, aujourd'hui, je compte faire de la récupération active, en roulottant sur les ravels belges
Je trouve facilement le canal de Roubaix, pas très loin du vélodrome, et il me permet de prendre la route européenne 5 en direction de Tournai et de la Belgique. L'objectif de la journée, c'est d'arriver à Namur, à 176kms de là. Mais mes jambes sont lourdes, on verra bien comment la situation évolue
Il fait beau ce matin, mais les ravels sont en travaux donc prudence. Il faut aussi ne pas se perdre entre les deux rives : parfois il faut prendre le pont pour changer de rive, parfois non, mais ce n'est pas toujours évident avec les travaux. Je m'arrête prendre une pause à Tournai (km 24), je suis tellement lent que je me fais dépasser par des couples de cyclotouristes plutôt agés
Longeant la frontière française, je vois des panneaux "Camphin en Pévèle" qui me rappellent la veille
La base de loisirs du Grand Large près de Péronnes
Par la suite, je dois aller jusqu'à Mons, mais c'est bien loin (50kms de Tournai) et je suis en plein cagnard. Je prends une pause à la base de Péronnes, qui est le long du canal, pour me restaurer. J'y côtoie de nombreux promeneurs, et vois des baigneurs, des cygnes, et de nombreux bateaux amarrés le long de la piste cyclable. Je me rends compte que les bateaux et leur usage est important en Belgique, et que c'est un cadre sympa
Plus loin, après Péruwelz, je dois quitter la piste cyclable à cause des travaux. Il est midi passé, et le soleil me flingue. J'ai tenté auparavant de suivre le canal par des chemins de halage, parfois non adapté (boue/herbe) mais je dois retrouver les grands axes
Pas de soucis, il y a sur la nationale menant vers Mons, une partie cyclable
Je m'arrête à une friterie, prend une mitraillette (sans savoir ce que c'est) et me rend compte que ça va être compliqué de manger ça vu la chaleur qu'il fait dehors
Je m'arrête donc longuement, mange le sandwich et garde les frites pour plus tard. Tant pis pour les odeurs de fritures, je ne peux pas me permettre de gâcher alors qu'il est difficile de trouver de quoi se restaurer quand on est dans les ravels, et que je suis particulièrement lent aujourd'hui. Avant de repartir, je me rends compte que ma crème solaire est épuisée. Je me suis fait piégé par les prévisions de pluie toute la semaine, et n'en ai pas pris assez
J'arrive dans les faubourgs de Mons, et vais directement à une pharmacie. J'ai pris un bon coup de soleil. Je me mets de la crème et repars
A la sortie de Mons, je tente de retrouver le canal qui me mènera vers Charleroi (suivre la Haisne d'après mon calepin). Sauf que je ne la trouve pas
Je longe un canal sans savoir lequel c'est puis arrive au niveau du parking de la piscine municipale, blindée. Charleroi est trop loin pour être indiqué, et personne pour me dire où est la Haisne. Et il se met à pleuvoir. Le cocktail crème solaire, crasse de la veille, pluie n'est pas agréable
Finalement je persévère derrière la piscine après quelques demi-tour, et vais retrouver un panneau Ville sur Haisne après avoir contourné Mons
L'avantage en suivant les canaux et en passant par la Belgique, c'est que c'est plat. Et je pense pouvoir éviter la dénivelée en me rallongeant vers le nord, plutôt qu'en descendant directement vers Charleville Mézières, qui n'est pas si loin que ça de Charleroi. Sauf que peu avant Charleroi, je me retrouve à franchir un col
Ascenseur à bateaux de Stepy-Thieu
Il s'agit en fait d'une énorme infrastructure, une énorme écluse qui permet de faire monter les embarcations de la vallée de l'Escaut où j'étais vers la vallée de la Sambre et de la Meuse
Je passe le col, que l'on voit (en partie) sur la rive à gauche de la photo, chemin blanc serpentant jusqu'en haut. Je suis tout à gauche, n'ayant rien fait de la journée, ça se passe bien. Ensuite je me retrouve avec une belle vue sur Thieu, à ma droite, que je contourne.
J'évite ainsi le trafic en cet après-midi, mais je suis isolé. Je vois des panneaux indiquant des villages à 3-4-5kms, mais est-ce-que ça vaut le coup de faire ce détour si je n'y trouve pas de troquet pour trinquer ?
Finalement, je vois qu'un village n'est qu'à 1km du canal, j'y vais, et tombe sur "la maison du peuple". Je cadenasse mon vélo, entre, et on m'accueille d'un "c'est le maillot jaune ! Bravo !"
Oui, je roule avec des couleurs claires pour être bien vu, n'y voyez pas une quelconque volonté de se comparer à ceux qui ont porté le vrai maillot jaune ! Bonne ambiance dans le bar en tout cas, j'y reste un peu, profite de l'ambiance festive, mais ne fais pas de folies vu mon état
Je repars en direction de Charleroi, et en y arrivant, je tombe sur un décor de films post-apocalyptique : les ravels sont en fait des anciennes voies ferrées recyclées en promenades mais les usines qui profitaient du transport fluvial auparavant certainement important sont désormais désertées. Vitre cassées, grands bâtiments de bétons, l'endroit est un peu glauque, mais témoigne aussi de l'histoire de cette ville
Arrivé au centre-ville, il y a un concert en bord de Sambre, et je vois un hôtel juste à côte, la nuit coûte 60€. J'entre, demande une chambre que l'on me facture 90€
Le réceptionniste a dû se dire que vu mon état, j'étais prêt à tout pour prendre une chambre
C'est mal me connaître. Mais je dois quand même me reposer au chaud ce soir, car il me reste encore une semaine d'effort (enfin j'espère). Plus loin, je vois un appart'hôtel. J'entre, et je suis accueilli par un couple d'albanais, qui me demande 50€ cash. Vendu. Je n'ai pas les moyens de prendre un "vrai" hôtel, et je demande juste 4 murs et un toit. Le luxe n'est pas prioritaire
Malgré la propreté à désirer de l'appart', il est spacieux, et surtout, il y a du savon ! J'en profite pour faire la lessive, étendre mes tenues un peu partout, prendre la douche que j'aurais aimé prendre au vélodrome puis sors manger. Le soir, je dors sur le carrelage, pas trop confiance dans la propreté du lit vu ce que j'ai vu ailleurs. Demain matin, je repartirais dès que mes vêtements auront séché