j'y vais de mon petit récit aussi :)
Tout comme On1, je suis relativement confiant niveau météo avant le départ, donc ce sera manchettes, surchaussures et bandana car je suis frileux des oreilles et des pieds, mais pas de K-way ou de deuxième épaisseur. Pas forcément un bon choix vu la suite..
Je suis sas 5, donc dans le paquet. Je pense que les sas du milieu sont guère plus organisés en peloton sur le plat, que les sas de fin. J'essaie de choper qq roues sur les parties plates, mais je ne m'épuise pas non plus à suivre les petits groupes de 3-4-5 avions qui me passent à 45.
Malgré tout j'ai la pêche sur cette premiere moitié d'etape. Je suis content quand les bosses arrivent, surtout que je suis plutot bosses 6-7 % , que bosses à 8-9 %
Vers Bagnères, je suis à 29 de moyenne quand la pluie arrive. Tout le monde commence à sortir le K-way, et ca commence un peu à devenir n'importe quoi. De mon coté, j'envoie un peu de bois sur les 10 bornes qui suivent de faux plat, en attendant le village de Gripp où j'avais repéré que les % allaient augmenter.
Avec la pluie, j'arrive pas trop à me repérer et à voir les villages que l'on passe (Campan, Ste Marie de Campan, cabadur.. ?) mais les jambes répondent donc je regarde pas trop le kilométrage.
Je prévois deja de faire mon ravito à la Mongie, histoire à la fois de récupérer au milieu des gros pourcentages, de remplir les bidons quasi vides, et de choper autre chose que des barres de cereales.
Après le 1er tunnel suivant le patelin de Gripp, ca commence à monter sec. J'alterne bien danseuse et selle. Les 2 kms avant la Mongie, je commence à regarder pour la première fois les hectomètres défiler sur mon Garmin, attendant assez impatiemment le ravito de la Mongie. Plusieurs pare-avalanches offrent un semblant de répit au sec, au milieu des pentes de 10%. Ce sont les premiers passages ou je commence à ne plus trop dépasser. A vrai dire, y a pas tant d'avions que ça dans la montée, p-e une vingtaine sur les 5 derniers km, mais guère plus.
La mongie -> ravito -> oranges, bananes et gels. Je bouffe mes oranges sur le velo en repartant, le temps passe plus vite
Arrive le sommet du Tourmalet, on est dans une purée de pois. Ca + la fatigue, et je fais meme pas gaffe à la statue du fameux Octave Lapize !! la loose un peu...
Vu que j'ai pas de K-way, et que mon cerveau a un peu ramolli au point d'oublier de chercher un journal, je descends direct. C'est l'enfer cette descente à 30-35. Quasi tout le monde est sur les freins à part 2-3 gus.
Mes genoux sont gelés. Le maillot aussi. Le garmin aussi, qui m'indique qu'on est toujours à 1500 mètres alors que je descends depuis 5 bornes. Arrive Barèges et un moment de répit dans le village coupé du vent.
La deuxième moitié de la descente est à peine moins pénible : mes yeux (j'avais que mes lunettes teintées... :S) prennent la pluie pleine face, et je passe mon temps à regarder devant en mode chinois.
Vu mon état déplorable, je m'arrête 2 minutes au ravito liquide en bas, demander une boisson chaude... y a que coca, perrier ou flotte, super. Je repars en claquant toujours des genoux. Je commence enfin à revenir à moi quand la pluie cesse. Ca repleut qq min plus tard, mais le corps s'est réchauffé quand meme. Les 10 dernières bornes avant Hautacam, je mange un peu, un gel, je suce une roue, et je suis quasi retapé avant le pied d'Hautacam.
Je m'attends à une montée hyper irrégulière : j'ai été servi. Je gère super bien les premiers km, occupé à doubler des dizaines de types, je cherche en meme temps un pote qui devait se placer au pied, impossible de le voir. Mon iphone est noyé donc je verrai pas son SMS pour me dire ou il s'est placé. Bref pendant 4-5 km, tout va bien, je gère les alternance faux plats - passages pentus sur 2 ou 300 mètres. Et la foule te donne encore un peu plus de giclette.
Arrive le premier km complet à 10% (10,4 annoncé je crois), qui me fait un peu mal, suivi d'un deuxième, qui commence à me plomber ; je plafonne à 10 à l'heure. Je crois avoir passé le plus dur en voyant le prochain kilomètre annoncé à 6,6% , donc je passe en force le premier passage très pentu.. qui dure quasi une borne ! je sais pas comment ils l'ont compté à 6,6% celui là....
Bref, du coup j'ai pris un petit coup sous le casque. Je commence à compter les bornes jusqu'au sommet... 5...4...3
Le soutien du public, forcément un peu moins nombreux sur les hauteurs d'Hautacam, car le temps est menaçant, aide beaucoup.
La fin en sortie de forêt est un peu moins compliquée, sauf une grosse rampe à 2 bornes, où je colle au bitume, et perd de vue 2-3 types avec qui je faisais la montée depuis le pied ou presque.
Je donne tout après la flamme, quand la pluie retombe drue. Je passe la ligne, je sais pas pourquoi mes yeux sont mouillés, si c'est la pluie ou pas... Je vois meme pas qu'il y a un compteur avec le nb de finishers en gros. Je vais direct au stand boissons chaudes, et à l'abri sous le déluge, écouter le debrief des coureurs arrivés
Au final, 2078è (et 2100+ au classement grimpeurs) à 21,4 de moy avec les pauses. Très content de moi, je vais pas chipoter sur les 2 minutes qui m'auraient valu un top 2000. Je suis à peine vénèr quand je suis bloqué 2h sur le parking \"soulor\" mis en place à Argelès le dimanche soir...
Je pense que le coté dantesque compense les commentaires des gens qui trouvaient cette EdT un peu light en terme de D+ / nombre de cols.