Agneau a écrit : ↑10 avr. 2021, 10:56
Triste fin cycliste pour Romain Sicard... Fidèle coéquipier pour Pierrot (Giro 2014) et Lilian (TDF 2017)...
Déçu que Wallers ne lui ait pas rendu un hommage appuyé...
J'étais trop déprimé ...
En guise d'hommage, je vais revenir sur l'enchaînement des circonstances qui ont conduit à sa victoire sur le Tour de l'Avenir 2009 pour une toute petite seconde.
C'était une édition très peu montagneuse, avec juste une étape vosgienne et quelques étapes accidentées.
Outre Sicard, l'équipe de France A était composée de Bonnafond, Gallopin, Yannick Martinez, Soupe et Vichot.
Dans la startlist, on trouvait notamment aussi Bagot, Bérard, Nelson Oliveira, Guldhammer, Juul Jensen, Degenkolb, Sergio Henao, Atapuma, Pantano, Kump, Tratnik, Kritskiy, Boeckmans, Debusschere, Keukeleire, Vanmarcke, Kennaugh, Rowe, Stetina, Van Garderen, Castroviejo, Gorka Izagirre, Valls, Michel Kreder, Kruijswijk, Sinkeldam, Van Winden, Joeaar, Gaustauer, Siskevicius, Teklehaimanot, Venter et Fumeaux. Je ne cite pas les ukrainiens au départ, vu que pendant l'épreuve, ils ont tous été arrêtés par la douane après avoir été pris avec l'attirail complet du parfait petit chimiste.
Sur la première étape, Sicard sort dès le km 7, en contrant une attaque de Debusschere et part avec Julien Bérard, qui était dans l'équipe de France B.
Le peloton ne s'organise pas bien, comme ça arrive assez souvent sur premières étapes du Tour de l'Avenir, et les deux terminent avec 1'29" d'avance. De quoi faire déjà de Sicard un favori pour la victoire finale.
C'est Bérard qui s'impose (et prend la bonif associée), mais Sicard lui laisse aussi les bonifs sur les sprints intermédiaires, pour prendre de son côté le maillot du meilleur grimpeur. Ce qui fait quelques secondes de perdues assez bêtement mais, compte tenu du parcours général de cette édition, qui ne lui convenait pas trop, il ne se voyait pas jouer un rôle au général et voulait simplement se contenter de vivre la course au jour le jour (c'est ce qu'il a déclaré ensuite).
Les jours suivants, il se disperse en allant chercher des points au GPM sur de petites côtes.
Lors de la 5e étape, il part dès le km 5 dans un groupe de 12 coureurs, où il y avait aussi Van Garderen, mais aussi Nico Keinath, son dauphin au GPM, avec qui il se bat pendant toute l'étape pour faire les points.
L'échappée va au bout, en conservant 9 secondes d'avance sur le peloton. C'est Castroviejo, à l'époque son coéquipier chez Orbea, qui s'impose.
Quant à Sicard, après avoir pris juste une minuscule seconde de bonif en cours de route (GPM ou bonifs, il faut choisir), avoir attaqué dans le final avant d'être repris à 6 km de la ligne, il termine le sprint en roue libre et concède 4 secondes à TVG et ses compagnons d'échappée. Il manque ainsi la prise du maillot jaune pour une seconde.
Le lendemain, c'est l'étape de montagne, avec 3 côtes de 3e catégorie puis l'arrivée en montée à Gerardmer.
Dans la descente du col de Grosse Pierre, avant dernière difficulté du jour, Sicard s'échappe avec Kritskiy. Ils arrivent au pied de Gerardmer avec 35 secondes d'avance. Au sommet, Kritskiy s'impose au sprint, tandis que TVG a repris un peu de temps et termine 3e à 22 secondes.
Arrive le chrono d'Ornans, dans une région très mal plate, sur 27 km et avec notamment une montée de 5 km.
A départ, Sicard possède au général 1"37" d'avance sur Kritskiy et 1'58" sur Van Garderen.
Kritskiy est réputé bien meilleur rouleur que lui, ayant déjà terminé deux fois 2e du championnat d'Europe U23 du chrono (respectivement derrière Kittel et Malori). Mais il chute lourdement et est victime d'une fracture ouverte de la jambe.
Sicard s'impose avec 3" d'avance sur TVG, repoussé à 2'01" au général. Il a été le premier surpris par cette victoire, ayant peu de références dans ce domaine et n'ayant jamais disputé un chrono aussi long.
Le lendemain, pour la dernière étape, sa seule mission était de rester accroché aux basques de Van Garderen tout du long. Mission accomplie au final, les deux ayant terminé roue dans roue.
Mais le parcours était très casse pattes, avec 8 tours d'un circuit comportant deux GPM à chaque fois. D'où sans doute du stress et probablement un petit moment de panique lors de son incident mécanique, qui l'a amené à changer de vélo avec un coureur de l'équipe de France B, alors qu'il avait encore des équipiers qui l'accompagnaient ou, du moins, n'étaient pas loin.
C'est en arrivant à la cérémonie protocolaire pour recevoir son maillot qu'il a appris qu'il avait pris 2 minutes de pénalité et gagné la course pour seulement une seconde.
Le matin, il était encore aussi porteur des maillots vert et à pois, mais il les a perdus aux profits respectifs des allemands Stauff et Keinath, qui avaient passé la journée dans l'échappée.
Avec cette mésaventure finale, il aurait probablement perdu la course si Kritskiy n'avait pas abandonné.
Et s'il avait terminé avec une seconde de retard sur Van Garderen, au lieu d'une miraculeuse seconde d'avance, il aurait sans doute ruminé longtemps les quelques petites secondes un peu bêtement perdues en chemin.