Bon j'ai commencé les bilans par coureurs. Comme c'est assez long, je posterai en plusieurs fois.
Je posterai dans l'ordre du classement UCI avec aujourd'hui Bonnamour et Coquard.
Franck Bonnamour : 566 pts UCI, 70 jours de course
Résultats remarquables : 6ème de la Bretagne Classic, SuperCombatif du Tour de France, 2ème Paris-Tours, 2ème du Tour du Limousin, 2 top 5 et 4 top 10 d’étape sur le TdF, 7ème du Tour Poitou-Charente, 8ème du Tour du Jura, 9ème de Paris-Camembert et 10ème du Trofeo Serra Tramuntana.
Le MVP mais aussi la révélation de la saison. S’il a été plutôt discret sur la première partie de saison suite à quelques ennuis de santé, il a commencé à devenir performant sur le Challenge Mallorca où il fit preuve d’une régularité intéressante (10ème, 16ème, 19ème et 21ème). Mais c’est sur le Dauphiné que la question de sa sélection pour le Tour de France commença à être posée : il va chercher une 10ème place sur l’étape de Saint Vallier et, offensif, il fut le seul à être utile à Rolland sur les échappées de fin de Dauphiné alors que dans le même temps, un garçon comme Cyril Gautier semble marquer le pas cette saison. Il entérina définitivement sa sélection pour le Tour grâce à un Paris-Camembert solide (9ème). Et c’est sur ce Tour de France, qui débutait sur ses terres en Bretagne (avec un passage chez lui à Lannion), que le potentiel de l’ancien champion d’Europe juniors explosa enfin. On le connaissait puncheur, se débrouillant au sprint et avec un bonus PCM par temps de pluie. Mais on découvrit sa caisse sur la longue étape de Longwy (6ème en terminant avec des spécialistes de Monuments tels Van Der Poel, Van Aert, Asgreen ou Stuyven) et aussi ses qualités de grimpeur sur l’exigeante montée finale vers Tignes où, figurant parmi les rescapés de l’échappée matinale, il termina 5ème en résistant au retour des prétendants au classement général. Mais son beau Tour de France ne s’arrêta pas là : il continua à être offensif dans les Pyrénées pour aller chercher deux nouveaux accessits : 9ème à Andorre-la-Vielle et 5ème à St-Gaudens. Sur la dernière étape de montagne, il confirme ses progrès en haute-altitude en terminant 25ème de l’étape de Luz-Ardiden au milieu de prétendants au top 10-15 du général. Il termina par contre son Tour fatigué mais trouva les ressources nécessaires pour prendre l’échappée de Libourne et obtenir le titre de SuperCombatif, accompagné d’une 22ème place finale au classement général.
Et la suite de la saison Bonnamour sera tout aussi belle que son Tour de France. Conscient de ses qualités et en confiance, il enchaina avec un très beau Tour du Limousin qu’il terminera à la 2ème place (dans le même temps que Barguil mais départagé aux places) suite à la défaillance de Godon sur la dernière étape. Il confirma derrière sur le Tour Poitou-Charentes en évitant les nombreuses chutes et en sortant un contre-la-montre de bonne facture (pourtant pas sa spécialité) pour prendre la 7ème place finale. Puis arriva les classiques de fin de saison et le récital de Bonnamour ne s’arrêta pas là : il permit à BB Hotels/KTM de briller enfin sur ses terres lors de la Bretagne Classic en décrochant le meilleur résultat à ce jour de l’équipe sur une classique WT (6ème). Il enchainera avec une 8ème place sur le Tour du Jura et quelques regrets sur le Tour du Doubs où il tenta le tout pour le tout dans le final pour être repris seulement à 200m de l’arrivée (14ème). Cette victoire qui lui échappait, c’est sur la Route Adélie qu’il était plus proche d’aller la chercher : après être sorti en costaud du peloton avec Rota à 35km de l’arrivée, il fait la jonction avec l’échappée et résiste de belle manière au retour du peloton. Malheureusement une chute à l’abord du dernier tour de circuit (soit à 9km de l’arrivée) priva le Lannionais d’un hypothétique succès ce jour-là. Et le dénouement de la saison, sur Paris-Tours, ne lui offrit toujours pas le succès tant attendu même s’il rendit les armes avec honneur, battu seulement par Arnaud Démare sur une course où il fit encore parler son panache, son sens de la course et ses jambes.
Une très belle saison donc, pour ce coureur qui sera sans contestation LE leader de l’équipe l’an prochain. Avec ses qualités de puncheur, sa pointe de vitesse et son sens offensif, on peut espérer qu’il soit l’élu qui rapporte enfin une Coupe de France à l’équipe l’an prochain. Il a aussi prouvé qu’il pouvait être costaud sur des courses longues comme Longwy ou Paris-Tours, ça serait intéressant que l’équipe soit conviée aux Ardennaises l’an prochain pour le voir à l’œuvre sur ce terrain de jeu. Autre point intéressant, on a vu qu’il peut avoir un niveau tout à fait correct sur des montées en haute montagne : peut-être qu’il pourrait de ce fait jouer quelques CG sur des courses à étapes françaises comportant seulement une étape de montagne mais à condition que le parcours ne comporte pas de long CLM (il est capable de limiter la casse avec une concurrence modeste mais dès que le curseur augmente, c’est plus compliqué comme on a pu le voir sur le Tour du Luxembourg).
Bryan Coquard : 557 pts UCI, 71 jours de courses
Résultats remarquables : 2ème du GP du Morbihan, 4ème des Boucles de la Mayenne, 3ème du GP la Marseillaise, 6ème de Paris-Tours, 5ème de Paris-Bourges, 14ème d’A Travers la Flandre et 16ème de l’Omloop Het Nieuwsblad.
Le Coq avait commencé la saison pourtant bien en pattes, notamment pour passer les bosses mais manquant de pointe de vitesse dans l’emballage final comme pour sa course inaugurale à Marseille où il termina 3ème battu par Paret-Peintre et Boudat. Et cette course fut à l’image de cette saison. Que ce soit sur Bessèges, le Tour de la Provence ou encore Paris-Nice, il ne pèse sur aucun sprint massif, n’arrivant pas à décrocher le moindre podium d’étape. Il eut pourtant une occasion en or sur la 2ème étape de Paris-Nice où Lecroq le déposa sur un plateau mais le Coq lança son sprint trop tard et termina 4ème d’Amilly. Après, reconnaissons-le, il n’a pas été gâté par la chance en ce début de saison : d’abord à Bessèges, sur la 3ème étape, où il arrive à accrocher le groupe de 15 qui se jouera finalement le classement général, il chute dans la descente de la dernière difficulté de la journée. Sur l’Omloop ensuite, après un gros travail de Lemoine et Lecroq pour lui permettre de terminer dans le peloton qui se joue la gagne, une chute de Pasqualon à 1,5km de l’arrivée le fait rétrograder en queue de peloton l’empêchant de jouer sa carte au sprint. Enfin sur Kuurne, il parvient à accrocher le groupe de 30 qui se jouera la gagne, avec pour seuls sprinteurs Pedersen, Trentin et Colbrelli…mais une crevaison à 3km du but doucha les espoirs du Coq.
Pour la suite de la saison, la direction sportive fit le choix de modifier son programme : initialement prévu sur les Coupe de France (Cholet et Pays de Loire), c’est finalement sur les Flandriennes qu’on retrouve Coquard fin mars-début avril…et malheureusement, ce switch ne fut pas une grande réussite. Sur Brugges-De Panne, le train BB caracole en tête du peloton dans le final après un gros boulot de Debusschere, Lecroq et Mozzato (qui dispute ici sa dernière Flandrienne belge WT de l’année car il sera aligné sur les Coupes de France à la place de Coquard) et là c’est le drame, la poisse du Coq refait surface : idéalement placé à 2km de l’arrivée, il est victime d’une béquille et ne peut sprinter. La suite de la campagne Flandrienne n’est guère brillante : 53ème à Gent, 14ème sur A Travers la Flandre (il avait fait un peu trop d’effort sur les quelques monts du parcours et n’avait plus de jus pour son sprint), abandon au Tour des Flandres et 44ème sur le GP Escaut. Un mois plus tard, sur le Tour du Finistère, l’équipe travaille encore pour lui mais Coquard manque de punch dans le final (13ème). Une première partie de saison à oublier pour le Coq, avec pour seul résultat référence sa 3ème place à Marseille au lancement de sa saison.
Sur le mois de juin, l’espoir repointait le bout de nez. Il retrouve des couleurs sur les Boucles de Mayenne, terminant 4ème du général et prenant la 3ème place au sprint de la dernière étape, battu de peu par Démare et McLay. Sur le Tour de Belgique avec un plateau de sprinteur relevé, il semble retrouver sa vitesse avec notamment une belle 2ème place derrière Ewan sur la 4ème étape et une honorable 13ème place au général. Et le Tour de France débuta. Et là patatras : 3 chutes sur les 3 premières étapes ! Considérablement diminué, il est hors-délais lors de la première arrivée au sommet à Tignes. Coquard pansera ses blessures mais reprendra (trop ?) rapidement dès le Tour de l’Ain. Malgré trois courses à étapes à la concurrence modeste en sprint (Tour de l’Ain, Arctic Race ou Limousin), le Coq (sans doute encore diminué) ne peut faire mieux que 2 troisièmes places d’étapes derrière des coureurs comme Hodeg, Bouhanni, Hoelgaard ou Kristoff. Au milieu de ces 3 courses, Coquard est envoyé en Belgique, au GP Leuven. Là aussi, l’équipe effectue un gros boulot pour lui, De Backer et Debusschere en tête qui le place idéalement pour l’emballage final…mais Coquard perd la roue de De Backer, une cassure permet à 11 coureurs de se jouer la gagne dans le dernier km et Coquard termine… 12ème. Derrière Coquard est inscrit sur le Tour Poitou-Charentes mais une chute réveille ses douleurs et sa blessure aux côtes. On pense alors que sa saison est terminée.
Que nenni, à la surprise générale, il reprend seulement 2 semaines plus tard au GP Fourmies. Et sans surprise, insuffisamment remis de sa dernière chute, il trainera sa misère pendant près d’un mois. Et là, je me pose vraiment la question pour cette reprise très rapide : est-ce du fait du coureur, trop confiant de sa capacité de guérison ; ou bien est-ce sa direction sportive qui lui a mis une très grande pression pour repartir au combat et aller chercher un dernier résultat coute que coute ? Finalement, Coquard retrouvera ses moyens pour les dernières courses de la saison : d’abord à Paris-Bourges où il sortit enfin un sprint consistant pour chercher une 5ème place. Ensuite sur Paris-Tours, où il montra que sa condition physique était bien là au bout des 212km rythmés à travers les chemins de vignes pour prendre une belle 6ème place. Enfin sur le GP Morbihan, la course à domicile pour les Men In Glaz, l’épilogue (oui je passe sur le véritable épilogue des Boucles de l’Aulne où le parcours était trop dur pour lui) cruel de son aventure de 4 ans avec l’équipe de Jérôme Pineau : après un gros travail de son équipe pour que la course se conclut par un sprint, Coquard contre les barrières réalise le sprint parfait jusqu’à 50m de la ligne. La suite, tout le monde la connait, Coquard laisse un trou de souris entre lui et les barrières. Le jeune belge Marit s’y engouffre pour venir coiffer le Coq sur la ligne et ses adieux en Glaz.
En retraçant le fil de sa saison, et notamment ses trois mois galères de juillet à septembre, personnellement j’ai du mal à tomber sur Coquard pour sa 2ème place au GP de Morbihan, au contraire. Je suis plus déçu de sa première partie de saison où il n’a jamais été tranchant dans un sprint ou en jambes sur les courses belges. Et une saison sans lever les bras malgré 71 jours de courses pour un sprinteur comme lui, c’est une mauvaise saison. Même au-delà de l’absence de victoire, il n’y pas eu vraiment d’accessit significatif pour lui cette année. Après là où cela s’est mal goupillé, c’est que les plateaux de sprinteurs les abordables qu’il a eu, c’était lorsqu’il était diminué en août-septembre. Je lui souhaite tout de même de réussir chez Cofidis avec un calendrier plus fourni. En confiance, je pense qu’il peut encore briller et même en WT.
Rendez-vous demain pour la suite avec au programme, mes 2 chouchous de la saison.
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