- 16 mai 2023, 22:09
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Déjà un peu abordé par ailleurs, mais par souci d'exhaustivité, la réaction complète de P. Lefevere, interviewé par "Le Soir", après l'abandon de R. Evenepoel.
Patrick, il n’y a pas de règle officielle en matière de contrôle du covid. Comment cela se passe dans votre équipe ?
Nous effectuons des tests régulièrement en compétition mais aussi en dehors. Ici, tous les coureurs et leurs accompagnateurs avaient été testés avant de partir. Puis il y a eu un contrôle lorsqu’ils sont arrivés sur place. Le troisième, c’était dimanche. On avait d’abord pensé les effectuer lors du jour de repos, ce lundi, mais on a anticipé…
Vous auriez pu précisément attendre la fin de la journée de repos, puis la fin de l’étape de mardi relativement calme plutôt que d’annoncer le retrait de Remco ?
J’y ai pensé comme vous. J’ai retourné cent fois cette question dans ma tête avec au bout la même conclusion : nous ne voulons pas prendre de risques avec nos coureurs, les exposer à des problèmes de santé. Leur santé est prioritaire. Quand quelqu’un est positif, il reste à quai, même s’il s’appelle Evenepoel. Nos médecins sont formels, le risque d’abîmer leur corps est trop élevé. Et puis, les étapes tranquilles, cela n’existe pas. Il faut tout de même rester quatre heures au minimum sur son vélo, faire des efforts…
Aviez¬vous perçu des signes précurseurs dans son attitude ?
C’est toujours facile à dire après et a fortiori derrière son écran de télévision, mais dès samedi à Fossombrone, j’avais décelé moins de fraîcheur qu’à Liège, par exemple, alors que c’était un final plus facile. La façon dont il doit se garer à un moment donné sur l’attaque de Roglic m’a surpris. Et dans le chrono, quand il est arrivé, son visage était celui d’un homme de 40 ans. Je sais qu’il pleuvait mais tout de même, cela m’a inquiété. Il a en tout cas dû puiser au fond de ses réserves, raison supplémentaire pour nous indiquer, lorsqu’il a été testé positif, qu’il fallait à tout prix l’arrêter.
C’est un coup dur pour lui mais aussi pour vous ?
C’est clair, nous avons beaucoup misé sur ce Giro, avec lui, avec ses équipiers en stage. C’était notre principal objectif de l’année et c’était justifié. Mais mon premier souci, aujourd’hui, c’est qu’il récupère, qu’il prenne des jours de congé après des mois de travail acharné.
Vous avez déjà réfléchi à un programme ? Peut¬-on imaginer, par exemple, qu’il puisse participer au Tour ?
Je ne lis que cela depuis que je suis réveillé ! Nous sommes très loin de là, croyez-moi. Lorsqu’il aura récupéré, lorsqu’il aura digéré sa déception, car il était, vous l’aurez deviné, extrêmement abattu, nous nous mettrons autour de la table pour élaborer un programme. Je ne vais pas vous parler maintenant du Tour ou de la Vuelta…
Qu’attendez-¬vous de la suite de ce Giro pour votre équipe ?
Que les autres coureurs ne tombent pas malades. Ils étaient assez isolés l’un de l’autre, chacun a son siège dans le bus. Remco dormait tout seul, il ne voyait que son soigneur David Geeroms et son attaché de presse Phil Lowe. Et… vous, journalistes. N’a-¬t-on pas été suffisamment prudent ? C’est impossible à dire car on peut contracter le virus n’importe où.
Le covid est¬-il à jamais un adversaire de plus dans le cyclisme ?
Clairement et il faut l’accepter. Dans la vie normale, on peut avoir le covid sans s’en rendre compte, prendre un Dafalgan puis partir au boulot. En cyclisme, ce n’est pas possible.
Remco a remporté deux étapes, porté le maillot rose. Tout fonctionnait parfaitement bien pour lui ?
Il a encore progressé par rapport à l’année dernière, il avoue aussi apprendre lui-même de ses erreurs. Je ne suis pas d’accord, par contre, quand il dit qu’il est parti trop vite dans la première partie du chrono. S’il avait été en bonne santé, il aurait poursuivi à ce rythme jusqu’au bout mais nous ne saurons jamais, au grand jamais, ce qui se serait passé. Remco manquait de fraîcheur le dernier week¬end, Klaas Lodewyck, son directeur sportif, m’avait d’ailleurs dès vendredi alerté là¬-dessus, sans s’inquiéter, cela dit.