- 11 mars 2023, 18:46
#3559813
Je me permets d'introduire ce nouveau sujet pour y accueillir dans un premier temps les chroniques hebdomadaires de P. Lefevere: celles-ci seront non seulement traduites, mais feront également l'objet de commentaires, les miens d'abord au cas où les sujets abordés par P. Lefevere le justifieraient, les vôtres ensuite (du moins je l'espère)
Comme le titre du sujet l'indique, j'y inclurai également des sujets qui me paraîtront intéressants à vous faire partager, non seulement au gré de mes lectures dans la rubrique cyclisme du Nieuwsblad (ou du journal francophone le Soir, auquel je suis également abonné), mais aussi de mes écoutes de la RTBF et de la VRT
11/03/2023: rubrique de P. Lefevere dans Het Nieuwsblad
Traduction
"Des rafales de vent à Paris-Nice et Tirreno-Adriatico, mais je constate qu’il pleut aussi. Les amendes de l’UCI tombent cette année toutes en même temps du ciel par seaux entiers. 500 francs Suisses pour Julian Alaphilippe parce qu’il a enlevé jeudi son casque le temps de changer de survêtement. Combien de temps ça a duré ? Maximum cinq minutes. C’est donc un ratio de cent francs Suisses par minute.
Je ne vais pas dire que l’UCI doit applaudir quand un coureur enlève son casque, nous ne devons pas minimiser la sécurité. Mais la fédération va-t-elle s’appliquer une amende à elle-même quand dans le dernier kilomètre de Paris-Nice un poteau apparaît tout à coup ? Dans le communiqué officiel, je ne l’ai en tout cas pas vu.
Ce n’est pas normal la façon dont le jury pour le moment « verbalise » tout et n’importe quoi. C’est bien connu que l’UCI est grippe-sous. On fermait auparavant les yeux quand revenir derrière l’auto permettait à un coureur malchanceux de pouvoir reprendre pied dans la course. Je veux dire par là faire du derny derrière l’auto, pas littéralement s’y accrocher. Maintenant, on reçoit une amende pour cela. Avec une exclusion à la clé. Voyez James Knox au Tour Down Under. Il prend l’avion d’Europe à Adélaïde, tombe dans la première étape et est disqualifié parce qu’il essaie de revenir dans le peloton derrière les voitures. La raison pour son retard n’était pas seulement la chute en soi, mais également le contrôle des médecins pour une éventuelle commotion cérébrale qui en a résulté. Dans le protocole de l’UCI à ce sujet, figure en toutes lettres qu’un contrôle en course ne peut remettre en cause la possibilité du coureur d’être de la partie, mais une tentative pratique de concilier les deux – revenir dans les voitures - ne passe pas auprès du jury.
Autre exemple : Julian Alaphilippe qui reçoit dans le Tour de 2020 une pénalité en temps parce que, dans la cinquième étape, il reçoit un bidon dans les vingt derniers kilomètres. La limite jusqu’à laquelle on peut être approvisionné varie à chaque étape, dépendant du temps et de la nature de l’étape. Est-ce donc équitable de priver quelqu’un du maillot jaune parce que notre soigneur se trouve à être - façon de parler – dix mètres au-delà de la ligne ?
Le problème du VAR dans le football existe pour moi aussi dans la voiture du jury. Il y a trop peu de gens avec une expérience pratique qui peuvent estimer les situations de course à leur juste valeur. Où est la frontière entre un dépannage et le fait de fausser la course ? Un ancien coureur sent ça mieux que quelqu’un qui n’a jamais couru. En toute modestie : si je vois quelqu’un « pendu » à la voiture suiveuse – le plus vieux truc « écrit dans les livres » - je sais assez rapidement s’il y a un vrai problème ou si c’est le fait de quelqu’un qui veut rouler un peu à du soixante à l’heure plutôt qu’à du quarante. Mon conseil aux coureurs ayant arrêté leur carrière qui « veulent continuer à faire quelque chose dans le vélo » : suivez une formation de commissaire UCI.
Une question au sein de chaque équipe est sans aucun doute : qui paie l’amende de l’UCI ? Elle nous arrive par la poste de Suisse au service course à Wevelgem. De là, elle va vers le bureau de mon CFO Geert Coeman. Avant, nous soustrayions les amendes du prix des courses, mais à présent nous ne recevons plus ces derniers en tant qu’équipe. Ils passent par la ligue Belge et le syndicat des coureurs et arrivent par ce biais aux coureurs.
Notre politique est à ce jour de payer nous-mêmes les amendes, celles de l’UCI bien entendu, évidemment pas les amendes routières. J’insiste : c’est notre politique à ce jour. Car oui, l’UCI n’y va pas de main morte, mais nos coureurs sont parfois aussi nonchalants. Je n’en veux pour preuve que les pipis intempestifs ou les jets à l’emporte-pièce de bidon ou de déchets. Si les lettres de Suisse continuent à arriver à ce tempo, nous allons peut-être devoir en arriver à être plus sélectifs."
Commentaire: n'ayant rien spécifiquement à ajouter à ce que dit ici P. Lefevere, je voudrais simplement pour cette fois-ci rebondir sur l'allusion qu'il fait dans le 2ème paragraphe à la sécurité: cet aspect fait justement également l'objet ce jour d'un billet du chef de la rubrique cyclisme du Het Nieuwsblad, que je traduis sans autre commentaire (sauf que je l'approuve entièrement) ci-après.
"Soudain, un trampoline est venu voler vers moi. Je me trouvais à Tourrettes-sur-Loup, sur la boucle locale. A quinze kilomètres de Colle-sur-Loup. Heureusement, j’étais en auto et non à vélo.
Un peu plus loin, une branche sèche est tombée sur mon toit. Ensuite, j’ai louvoyé entre des pierres. Des poubelles se balançaient par terre pendant que les feuilles accompagnaient en cercles le jeu des rafales, qui par moments atteignaient facilement plus de cent kilomètres à l’heure. Non, c’était de la folie. Le directeur de course François Lemarchand a vite été convaincu qu’avec un vent s’amplifiant, les 80 premiers kilomètres deviendraient trop dangereux. Il a transféré le départ vers Montauroux et espéré recevoir de la préfecture des Alpes-Maritimes l’autorisation de s’en tenir à deux fois la boucle d’une trentaine de kilomètres. Tout au long d’une matinée les différentes parties ont pesé le pour et le contre. Se trouvaient à la table l’organisateur ASO, la préfecture du département des Alpes-Maritimes, Pascal Chanteur au nom du syndicat des coureurs CPA et le jury des commissaires de l’UCI.
Pour contenter les autorités de la ville de départ Tourves le peloton y a roulé un petit tour de trois kilomètres. Les coureurs ont ensuite cherché l’autocar qui devait les amener 80 kilomètres plus loin. Jusqu’à ce que furent diffusées les photos de ce qui se jouait haut dans l’arrière-pays de Nice. Encore bien avant que la caravane n’arrive à Montauraux, l’annulation de l’étape était un fait. Ouf, enfin une saine compréhension des choses l’avait emporté sur le spectacle [en français dans le texte]. Même si ASO a immédiatement reçu sur les réseaux sociaux la monnaie de sa pièce, où c’était comme si les coureurs de maintenant étaient des mauviettes. Il y a des limites à tout. Sorry. On ne joue pas avec la vie des gens. Que ce serait-il passé si un coureur avait basculé dans le ravin à cause d’une rafale de vent ?
Ce fut ces dernières années déjà suffisamment limite comme ça. Le dernier kilomètre de La Verrière dimanche, de Fontainebleau lundi et – encore plus grave – l’arrivée de Saint-Paul-Trois-Châteaux jeudi ne figureront jamais dans le safetybook de l’UCI. Sauf comme exemple de ce qui ne doit pas être. Envoyez un peloton de juniors ou de U23 sur de tels derniers kilomètres et vous obtenez à coup sûr des collisions en chaîne.
Nous comprenons que pour un organisateur c’est un équilibre difficile à atteindre entre des municipalités locales prêtes à débourser de l’argent pour un finish de Paris-Nice qui se trouve de préférence tout près du château de Fontainebleau et en même temps essayer de préserver au mieux la sécurité. C’est presque mission impossible [en français dans le texte] dans un pays comme la France, où journellement sont ajoutés des ralentisseurs beaucoup trop hauts qui même à une vitesse de trente à l’heure sont un test de fiabilité pour les amortisseurs de votre auto. Soit.
ASO a avec l’annulation de cette étape de vendredi en tout cas marqué des points auprès des coureurs et des équipes. Chapeau. Ce fut une décision très courageuse. Comme ce fut aussi une intervention ferme du président des commissaires UCI d’annuler l’étape après la chute massive sur un pont à l’Etoile de Bessèges. Une hirondelle ne fait pas le printemps, mais ce sont deux preuves que la sécurité dans le cyclisme sur route n’est pas lettre morte.
C’est vrai qu’auparavant ils roulaient dans la neige. Ça a livré des images héroïques. Ce fut ce jour à Liège-Bastogne-Liège où il faisait si froid que les doigts du vainqueur Bernard Hinault ont gelé. Il en a gardé un doigt insensible. Mais pour être un héros, il n’est pas nécessaire de jouer avec sa vie un vendredi après-midi dans les montagnes après Nice. Ça n’a rien à faire avec le sport de haut niveau. Point à la ligne."
Comme le titre du sujet l'indique, j'y inclurai également des sujets qui me paraîtront intéressants à vous faire partager, non seulement au gré de mes lectures dans la rubrique cyclisme du Nieuwsblad (ou du journal francophone le Soir, auquel je suis également abonné), mais aussi de mes écoutes de la RTBF et de la VRT
11/03/2023: rubrique de P. Lefevere dans Het Nieuwsblad
Traduction
"Des rafales de vent à Paris-Nice et Tirreno-Adriatico, mais je constate qu’il pleut aussi. Les amendes de l’UCI tombent cette année toutes en même temps du ciel par seaux entiers. 500 francs Suisses pour Julian Alaphilippe parce qu’il a enlevé jeudi son casque le temps de changer de survêtement. Combien de temps ça a duré ? Maximum cinq minutes. C’est donc un ratio de cent francs Suisses par minute.
Je ne vais pas dire que l’UCI doit applaudir quand un coureur enlève son casque, nous ne devons pas minimiser la sécurité. Mais la fédération va-t-elle s’appliquer une amende à elle-même quand dans le dernier kilomètre de Paris-Nice un poteau apparaît tout à coup ? Dans le communiqué officiel, je ne l’ai en tout cas pas vu.
Ce n’est pas normal la façon dont le jury pour le moment « verbalise » tout et n’importe quoi. C’est bien connu que l’UCI est grippe-sous. On fermait auparavant les yeux quand revenir derrière l’auto permettait à un coureur malchanceux de pouvoir reprendre pied dans la course. Je veux dire par là faire du derny derrière l’auto, pas littéralement s’y accrocher. Maintenant, on reçoit une amende pour cela. Avec une exclusion à la clé. Voyez James Knox au Tour Down Under. Il prend l’avion d’Europe à Adélaïde, tombe dans la première étape et est disqualifié parce qu’il essaie de revenir dans le peloton derrière les voitures. La raison pour son retard n’était pas seulement la chute en soi, mais également le contrôle des médecins pour une éventuelle commotion cérébrale qui en a résulté. Dans le protocole de l’UCI à ce sujet, figure en toutes lettres qu’un contrôle en course ne peut remettre en cause la possibilité du coureur d’être de la partie, mais une tentative pratique de concilier les deux – revenir dans les voitures - ne passe pas auprès du jury.
Autre exemple : Julian Alaphilippe qui reçoit dans le Tour de 2020 une pénalité en temps parce que, dans la cinquième étape, il reçoit un bidon dans les vingt derniers kilomètres. La limite jusqu’à laquelle on peut être approvisionné varie à chaque étape, dépendant du temps et de la nature de l’étape. Est-ce donc équitable de priver quelqu’un du maillot jaune parce que notre soigneur se trouve à être - façon de parler – dix mètres au-delà de la ligne ?
Le problème du VAR dans le football existe pour moi aussi dans la voiture du jury. Il y a trop peu de gens avec une expérience pratique qui peuvent estimer les situations de course à leur juste valeur. Où est la frontière entre un dépannage et le fait de fausser la course ? Un ancien coureur sent ça mieux que quelqu’un qui n’a jamais couru. En toute modestie : si je vois quelqu’un « pendu » à la voiture suiveuse – le plus vieux truc « écrit dans les livres » - je sais assez rapidement s’il y a un vrai problème ou si c’est le fait de quelqu’un qui veut rouler un peu à du soixante à l’heure plutôt qu’à du quarante. Mon conseil aux coureurs ayant arrêté leur carrière qui « veulent continuer à faire quelque chose dans le vélo » : suivez une formation de commissaire UCI.
Une question au sein de chaque équipe est sans aucun doute : qui paie l’amende de l’UCI ? Elle nous arrive par la poste de Suisse au service course à Wevelgem. De là, elle va vers le bureau de mon CFO Geert Coeman. Avant, nous soustrayions les amendes du prix des courses, mais à présent nous ne recevons plus ces derniers en tant qu’équipe. Ils passent par la ligue Belge et le syndicat des coureurs et arrivent par ce biais aux coureurs.
Notre politique est à ce jour de payer nous-mêmes les amendes, celles de l’UCI bien entendu, évidemment pas les amendes routières. J’insiste : c’est notre politique à ce jour. Car oui, l’UCI n’y va pas de main morte, mais nos coureurs sont parfois aussi nonchalants. Je n’en veux pour preuve que les pipis intempestifs ou les jets à l’emporte-pièce de bidon ou de déchets. Si les lettres de Suisse continuent à arriver à ce tempo, nous allons peut-être devoir en arriver à être plus sélectifs."
Commentaire: n'ayant rien spécifiquement à ajouter à ce que dit ici P. Lefevere, je voudrais simplement pour cette fois-ci rebondir sur l'allusion qu'il fait dans le 2ème paragraphe à la sécurité: cet aspect fait justement également l'objet ce jour d'un billet du chef de la rubrique cyclisme du Het Nieuwsblad, que je traduis sans autre commentaire (sauf que je l'approuve entièrement) ci-après.
"Soudain, un trampoline est venu voler vers moi. Je me trouvais à Tourrettes-sur-Loup, sur la boucle locale. A quinze kilomètres de Colle-sur-Loup. Heureusement, j’étais en auto et non à vélo.
Un peu plus loin, une branche sèche est tombée sur mon toit. Ensuite, j’ai louvoyé entre des pierres. Des poubelles se balançaient par terre pendant que les feuilles accompagnaient en cercles le jeu des rafales, qui par moments atteignaient facilement plus de cent kilomètres à l’heure. Non, c’était de la folie. Le directeur de course François Lemarchand a vite été convaincu qu’avec un vent s’amplifiant, les 80 premiers kilomètres deviendraient trop dangereux. Il a transféré le départ vers Montauroux et espéré recevoir de la préfecture des Alpes-Maritimes l’autorisation de s’en tenir à deux fois la boucle d’une trentaine de kilomètres. Tout au long d’une matinée les différentes parties ont pesé le pour et le contre. Se trouvaient à la table l’organisateur ASO, la préfecture du département des Alpes-Maritimes, Pascal Chanteur au nom du syndicat des coureurs CPA et le jury des commissaires de l’UCI.
Pour contenter les autorités de la ville de départ Tourves le peloton y a roulé un petit tour de trois kilomètres. Les coureurs ont ensuite cherché l’autocar qui devait les amener 80 kilomètres plus loin. Jusqu’à ce que furent diffusées les photos de ce qui se jouait haut dans l’arrière-pays de Nice. Encore bien avant que la caravane n’arrive à Montauraux, l’annulation de l’étape était un fait. Ouf, enfin une saine compréhension des choses l’avait emporté sur le spectacle [en français dans le texte]. Même si ASO a immédiatement reçu sur les réseaux sociaux la monnaie de sa pièce, où c’était comme si les coureurs de maintenant étaient des mauviettes. Il y a des limites à tout. Sorry. On ne joue pas avec la vie des gens. Que ce serait-il passé si un coureur avait basculé dans le ravin à cause d’une rafale de vent ?
Ce fut ces dernières années déjà suffisamment limite comme ça. Le dernier kilomètre de La Verrière dimanche, de Fontainebleau lundi et – encore plus grave – l’arrivée de Saint-Paul-Trois-Châteaux jeudi ne figureront jamais dans le safetybook de l’UCI. Sauf comme exemple de ce qui ne doit pas être. Envoyez un peloton de juniors ou de U23 sur de tels derniers kilomètres et vous obtenez à coup sûr des collisions en chaîne.
Nous comprenons que pour un organisateur c’est un équilibre difficile à atteindre entre des municipalités locales prêtes à débourser de l’argent pour un finish de Paris-Nice qui se trouve de préférence tout près du château de Fontainebleau et en même temps essayer de préserver au mieux la sécurité. C’est presque mission impossible [en français dans le texte] dans un pays comme la France, où journellement sont ajoutés des ralentisseurs beaucoup trop hauts qui même à une vitesse de trente à l’heure sont un test de fiabilité pour les amortisseurs de votre auto. Soit.
ASO a avec l’annulation de cette étape de vendredi en tout cas marqué des points auprès des coureurs et des équipes. Chapeau. Ce fut une décision très courageuse. Comme ce fut aussi une intervention ferme du président des commissaires UCI d’annuler l’étape après la chute massive sur un pont à l’Etoile de Bessèges. Une hirondelle ne fait pas le printemps, mais ce sont deux preuves que la sécurité dans le cyclisme sur route n’est pas lettre morte.
C’est vrai qu’auparavant ils roulaient dans la neige. Ça a livré des images héroïques. Ce fut ce jour à Liège-Bastogne-Liège où il faisait si froid que les doigts du vainqueur Bernard Hinault ont gelé. Il en a gardé un doigt insensible. Mais pour être un héros, il n’est pas nécessaire de jouer avec sa vie un vendredi après-midi dans les montagnes après Nice. Ça n’a rien à faire avec le sport de haut niveau. Point à la ligne."
On écrit "Lefevere"?... jicébé arrive dans la minute 
