- 08 juil. 2022, 09:39
#3495966
Sinon , à tout les sceptiques , ITW de Zeeman le manager de la Jumbo, ce matin dans l’Équipe . Morceaux choisis : (ITW réalisée en Décembre 2021)
"Sur le Tour de France, très souvent, le fait de dominer, d'être à l'avant, comme votre équipe ces derniers jours, génère la suspicion. Comment le vivez-vous ?
La suspicion vient souvent de France alors que personne ne s'intéresse vraiment à la façon dont on travaille. Les Français ne vont peut-être pas aimer mais je pense qu'ils ne travaillent pas avec le même professionnalisme que nous. Ils laissent régulièrement entendre que nos résultats sont dus aux cétones, au dopage mécanique, que sais-je... mais selon moi, ils cherchent des excuses. Certaines équipes, pas seulement les Françaises, refusent de regarder en face leur manque d'exigence et disent que les autres font des trucs louches.
Quel genre de choses entendez-vous ?
Un jour, sur Twitter, Alexandre Geniez a posté un truc du genre : "Maintenant que Jumbo-Visma est sortie du MPCC, c'est devenu une bonne équipe." On s'entend très bien, j'ai été son entraîneur pendant plusieurs années chez Skil-Shimano alors je l'ai appelé, on a parlé longtemps et je crois que cela a changé son avis. Je lui avais dit que je ne trouvais pas ça juste. Je suis responsable du recrutement de Jumbo-Visma et, avant de faire signer un coureur, on est extrêmement strict en matière d'antidopage.
C'est-à-dire ?
On demande à chaque nouveau coureur de nous présenter les tests sanguins qu'il a effectués depuis son passage chez les professionnels. S'il est pro depuis dix ou douze ans, il doit fournir les résultats de chaque test. S'il ne les a pas, s'il en a perdu, il ne peut pas venir chez nous. Beaucoup de coureurs nous disent : "C'était il y a si longtemps..." OK, mais tu peux appeler l'hôpital, le laboratoire, le médecin de ton ancienne équipe, qui tu veux ; nous, on veut toutes tes valeurs sanguines.Ces valeurs sont ensuite analysées par un expert indépendant spécialisé dans l'antidopage. Il classe les coureurs en trois groupes : vert, orange ou rouge. Seuls ceux qui sont en vert peuvent intégrer notre équipe. Je parle de cela car pas mal de coureurs, dans des équipes qui s'insurgent sur ces questions-là, ne peuvent pas fournir leurs valeurs sanguines. Il y a des coureurs qui ne sont pas acceptés chez nous qui courent pour ces équipes. Je ne dis pas qu'ils se dopent mais il y a dans leur dossier des éléments suspects. Pour nous, pas de zone grise, c'est noir ou blanc. Donc c'est assez paradoxal d'entendre de leur part ce genre de suspicion.
Vous êtes en désaccord avec le MPCC (mouvement pour un cyclisme crédible), que Jumbo-Visma a quitté en 2016, sur l'utilisation des cétones. Vous ne pensez pas que cela entretient les soupçons ?
Pour moi, c'est le débat le plus ridicule qu'il y ait jamais eu dans le cyclisme. Je ne dis pas que les cétones marchent, car il y a encore beaucoup d'études à mener. Mais c'est juste un complément alimentaire. Le sport de haut niveau est en évolution permanente ; ça bouge, ça cherche, on se demande toujours dans quelle nouvelle direction aller. Les cétones, ça nous fait à la fois marrer et ça nous énerve. Ça ne représente même pas 1 % de notre travail sur la performance. Comment s'entraîner mieux, optimiser les effets de l'altitude, améliorer les vélos, apporter l'alimentation idéale avant, pendant et après les courses ; ce sont ces choses qui sont importantes. Les cétones, c'est presque rien. Mais à partir du moment où elles sont autorisées, on a le droit de les tester pour savoir si cela aide certains de nos coureurs.
Comment expliquez-vous la position du MPCC qui demande de ne pas les utiliser ?
Mon avis, c'est que le MPCC avait besoin de trouver quelque chose pour garder une voix dans le cyclisme. Si le sujet était vraiment la santé des athlètes, il faudrait se pencher sur énormément de compléments (je parle de compléments autorisés), par exemple le sodium que les coureurs prennent avant les contre-la-montre. C'est bien de débattre de tout ça dans le sport de haut niveau mais est-ce que le but du MPCC ne serait pas plutôt de s'attaquer à ce qui est réellement mauvais, à ce qui est dans la zone grise et, franchement, les cétones ne font partie du lot. Notre nutritionniste (Asker Jeukendrup), un des experts reconnus sur le sujet, est très clair sur les cétones : c'est un sujet ridicule. Et c'est énervant d'entendre tant de coureurs, les Français en particulier, parler du peloton à deux vitesses en évoquant les cétones. Bardet, Pinot, Démare se sont exprimés là-dessus ; ce sont des bêtises.
Le MPCC bannissait aussi l'usage des corticoïdes, jusqu'à leur interdiction stricte par l'AMA (Agence mondiale antidopage) cette année...
Nous n'utilisons pas les corticoïdes. Ça, oui, c'est mauvais pour la santé. Et ce n'est pas autorisé. C'est complètement différent.
Et le dopage mécanique ?
On en a beaucoup parlé avec Primoz (Roglic) et Tom (Dumoulin) car ils ont été soupçonnés. Pourtant, aucun d'eux n'aurait l'idée de tricher pour gagner. Je pense vraiment que cette génération ne fonctionne pas comme ça. Celle d'avant était dans un système culturel où, dans leur grande majorité, les cyclistes étaient persuadés que le dopage était un passage obligé. Même s'il faut rester vigilant, je crois qu'un réel changement s'est opéré. Quand je regarde les coureurs chez moi, il n'y a pas cette idée sous-jacente que, si on triche, on peut gagner.
Pourtant, après l'écrasante victoire de Tadej Pogacar devant Primoz Roglic sur le contre-la-montre de la Planche des Belles Filles en 2020, en écoutant les commentaires de certains de vos coureurs, on pouvait avoir l'impression qu'ils émettaient des doutes sur la performance de Pogacar.
Je n'ai pas interprété leurs propos comme ça. Je pense que ce jour-là, les coureurs étaient sonnés par la performance exceptionnelle de Pogacar. On l'avait déjà senti monter en puissance l'année précédente, sur la Vuelta et le Tour de Californie. On n'était pas surpris par son niveau mais ce jour-là, il nous avait éclatés sur ce chrono. Je ne peux pas parler à la place des coureurs, dire à leur place ce qu'ils pensent vraiment, mais en tant qu'équipe, nous n'avons pas eu ce genre de discussion, rien qui puisse jeter le doute sur ce qu'a réalisé Pogacar."
"Sur le Tour de France, très souvent, le fait de dominer, d'être à l'avant, comme votre équipe ces derniers jours, génère la suspicion. Comment le vivez-vous ?
La suspicion vient souvent de France alors que personne ne s'intéresse vraiment à la façon dont on travaille. Les Français ne vont peut-être pas aimer mais je pense qu'ils ne travaillent pas avec le même professionnalisme que nous. Ils laissent régulièrement entendre que nos résultats sont dus aux cétones, au dopage mécanique, que sais-je... mais selon moi, ils cherchent des excuses. Certaines équipes, pas seulement les Françaises, refusent de regarder en face leur manque d'exigence et disent que les autres font des trucs louches.
Quel genre de choses entendez-vous ?
Un jour, sur Twitter, Alexandre Geniez a posté un truc du genre : "Maintenant que Jumbo-Visma est sortie du MPCC, c'est devenu une bonne équipe." On s'entend très bien, j'ai été son entraîneur pendant plusieurs années chez Skil-Shimano alors je l'ai appelé, on a parlé longtemps et je crois que cela a changé son avis. Je lui avais dit que je ne trouvais pas ça juste. Je suis responsable du recrutement de Jumbo-Visma et, avant de faire signer un coureur, on est extrêmement strict en matière d'antidopage.
C'est-à-dire ?
On demande à chaque nouveau coureur de nous présenter les tests sanguins qu'il a effectués depuis son passage chez les professionnels. S'il est pro depuis dix ou douze ans, il doit fournir les résultats de chaque test. S'il ne les a pas, s'il en a perdu, il ne peut pas venir chez nous. Beaucoup de coureurs nous disent : "C'était il y a si longtemps..." OK, mais tu peux appeler l'hôpital, le laboratoire, le médecin de ton ancienne équipe, qui tu veux ; nous, on veut toutes tes valeurs sanguines.Ces valeurs sont ensuite analysées par un expert indépendant spécialisé dans l'antidopage. Il classe les coureurs en trois groupes : vert, orange ou rouge. Seuls ceux qui sont en vert peuvent intégrer notre équipe. Je parle de cela car pas mal de coureurs, dans des équipes qui s'insurgent sur ces questions-là, ne peuvent pas fournir leurs valeurs sanguines. Il y a des coureurs qui ne sont pas acceptés chez nous qui courent pour ces équipes. Je ne dis pas qu'ils se dopent mais il y a dans leur dossier des éléments suspects. Pour nous, pas de zone grise, c'est noir ou blanc. Donc c'est assez paradoxal d'entendre de leur part ce genre de suspicion.
Vous êtes en désaccord avec le MPCC (mouvement pour un cyclisme crédible), que Jumbo-Visma a quitté en 2016, sur l'utilisation des cétones. Vous ne pensez pas que cela entretient les soupçons ?
Pour moi, c'est le débat le plus ridicule qu'il y ait jamais eu dans le cyclisme. Je ne dis pas que les cétones marchent, car il y a encore beaucoup d'études à mener. Mais c'est juste un complément alimentaire. Le sport de haut niveau est en évolution permanente ; ça bouge, ça cherche, on se demande toujours dans quelle nouvelle direction aller. Les cétones, ça nous fait à la fois marrer et ça nous énerve. Ça ne représente même pas 1 % de notre travail sur la performance. Comment s'entraîner mieux, optimiser les effets de l'altitude, améliorer les vélos, apporter l'alimentation idéale avant, pendant et après les courses ; ce sont ces choses qui sont importantes. Les cétones, c'est presque rien. Mais à partir du moment où elles sont autorisées, on a le droit de les tester pour savoir si cela aide certains de nos coureurs.
Comment expliquez-vous la position du MPCC qui demande de ne pas les utiliser ?
Mon avis, c'est que le MPCC avait besoin de trouver quelque chose pour garder une voix dans le cyclisme. Si le sujet était vraiment la santé des athlètes, il faudrait se pencher sur énormément de compléments (je parle de compléments autorisés), par exemple le sodium que les coureurs prennent avant les contre-la-montre. C'est bien de débattre de tout ça dans le sport de haut niveau mais est-ce que le but du MPCC ne serait pas plutôt de s'attaquer à ce qui est réellement mauvais, à ce qui est dans la zone grise et, franchement, les cétones ne font partie du lot. Notre nutritionniste (Asker Jeukendrup), un des experts reconnus sur le sujet, est très clair sur les cétones : c'est un sujet ridicule. Et c'est énervant d'entendre tant de coureurs, les Français en particulier, parler du peloton à deux vitesses en évoquant les cétones. Bardet, Pinot, Démare se sont exprimés là-dessus ; ce sont des bêtises.
Le MPCC bannissait aussi l'usage des corticoïdes, jusqu'à leur interdiction stricte par l'AMA (Agence mondiale antidopage) cette année...
Nous n'utilisons pas les corticoïdes. Ça, oui, c'est mauvais pour la santé. Et ce n'est pas autorisé. C'est complètement différent.
Et le dopage mécanique ?
On en a beaucoup parlé avec Primoz (Roglic) et Tom (Dumoulin) car ils ont été soupçonnés. Pourtant, aucun d'eux n'aurait l'idée de tricher pour gagner. Je pense vraiment que cette génération ne fonctionne pas comme ça. Celle d'avant était dans un système culturel où, dans leur grande majorité, les cyclistes étaient persuadés que le dopage était un passage obligé. Même s'il faut rester vigilant, je crois qu'un réel changement s'est opéré. Quand je regarde les coureurs chez moi, il n'y a pas cette idée sous-jacente que, si on triche, on peut gagner.
Pourtant, après l'écrasante victoire de Tadej Pogacar devant Primoz Roglic sur le contre-la-montre de la Planche des Belles Filles en 2020, en écoutant les commentaires de certains de vos coureurs, on pouvait avoir l'impression qu'ils émettaient des doutes sur la performance de Pogacar.
Je n'ai pas interprété leurs propos comme ça. Je pense que ce jour-là, les coureurs étaient sonnés par la performance exceptionnelle de Pogacar. On l'avait déjà senti monter en puissance l'année précédente, sur la Vuelta et le Tour de Californie. On n'était pas surpris par son niveau mais ce jour-là, il nous avait éclatés sur ce chrono. Je ne peux pas parler à la place des coureurs, dire à leur place ce qu'ils pensent vraiment, mais en tant qu'équipe, nous n'avons pas eu ce genre de discussion, rien qui puisse jeter le doute sur ce qu'a réalisé Pogacar."
Dernière édition par MajorK03 le 08 juil. 2022, 10:35, édité 1 fois.
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