- 22 mai 2022, 14:43
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La chronique hebdo de P. Lefevere:
"J’ai lu cette semaine partout sur internet que Tim Merlier avait signé un contrat dans notre équipe. C’est le journalisme d’aujourd’hui : un seul media en fait état – sans avoir contacté l’équipe notez bien - et tout le reste le prend pour argent comptant. Ensuite, je peux recoller les morceaux. Cela provoque un malaise qui n’est en aucun cas nécessaire.
Chacun est déjà en train de construire le puzzle à ma place : Merlier dedans signifie Cavendish dehors. Cela fait que la situation actuelle est très irrespectueuse envers Mark. J’ai pris accord avec lui d’attendre après le Giro pour parler de l’avenir. Mercredi, j’ai réunion avec son management, jeudi je le vois personnellement en Italie. Chacun me raconte que Mark roule motivé, ses résultats au Giro en sont la preuve. Très perturbant qu’il ait ce genre de choses à lire.
Qu’est-ce qui est vrai dans toute cette histoire ? Oui, je parle avec le management de Tim Merlier. Tout comme je parle à cette période de l’année avec tout le monde. Alex Carera, Moreno Nicoletti, Dries Smets, Christian Baumer, Billy Reynders et Frédéric Fonteyne : tous les grands et petits agents, je les ai vus ces dernières semaines. Mais parler est encore tout autre chose que signer. J’ai discuté de Dylan Teuns, de Quinten Hermans et, parce que nous sommes à la recherche d’un lead-out supplémentaire, de Ramon Sinkeldam. Mais je peux déjà maintenant assurer que jamais tous ceux-là ne rouleront ensemble l’année prochaine pour notre équipe.
L’hypothèse que chacun fait est en soi correcte : dans une seule équipe, on ne peut avoir trois sprinters de classe mondiale. Donc Fabio Jakobsen et Cavendish et Merlier ensemble dans l’équipe n’est pas une option. C’est chercher les problèmes. Ce qui peut se faire, c’est de compléter deux top sprinters avec un jeune talent. Comme nous l’avons fait en 2018 avec l’ »inconnu » Fabio Jakobsen aux côtés de Elia Viviani et Fernando Gaviria. Là, on a une hiérarchie et ça ne cause pas de conflit quant aux programmes de courses.
A remarquer : Mark a de nouveau changé de management. Il se laisse maintenant guider par le bureau Néerlandais SEG des frères Martijn et Eelco Berkhout. Ils semblent spécialisés dans les sprinters. Jakobsen et Dylan Groenewegen sont aussi dans leur portefeuille. Alberto Dainese, le jeune Italien qui a surpris tout le monde dans l’étape vers Reggio Emilia, aussi d’ailleurs. Avec lui, j’avais parlé il y a quelques années d’un transfert, mais finalement il avait alors opté pour Team DSM.
Comme évoqué : nous sommes encore à la recherche d’un lead-out supplémentaire. Parce qu’il s’agit d’une position très spécifique et parce que Michael Morkov n’a pas l’éternelle jeunesse. Amener les sprints est une sorte de fonction-clé dans le peloton, donc nous sommes en quête d’un bon. Le « scouting » est difficile. Pour le recrutement de nouveaux coureurs, nous demandons les données d’entraînement, analysons le passeport bio et, combiné avec une dose d’intuition, on a souvent une bonne idée de quel bois ils se chauffent. Pour les lead-outs, ça ne suffit pas : il faut regarder des vidéos et analyser très profondément les sprints.
Car ce n’est pas parce qu’un sprinter ne gagne pas que les « lièvres » n’ont pas bien fait leur travail. Et l’inverse est tout aussi vrai. Mais même si tout ce travail en amont a été bien fait, il reste à espérer que l’alchimie entre un sprinter et son dernier homme s’opère bien. Plus que pour tout autre job dans la course, vaut pour le lead-out la maxime : the proof of the pudding is in the eating.
Ce doit être dit : provisoirement, c’est très calme sur le marché des transferts. L’explication en est simple : selon moi, aucun coureur du top-vingt du classement UCI n’est cette année en fin de contrat. De gros transferts mettent toujours tout en branle et ça n’a jusqu’à présent pas été le cas. Au grand dépit de qui en aurait envie : pas plus pour celui de Tim Merlier.