- 27 août 2022, 13:45
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La chronique hebdo de P. Lefevere:
"L’étape vers Pico Jano, je l’ai suivie en grande partie dans l’auto. En tant que CEO d’une équipe World Tour avec de surcroît une équipe dames et de développement, je ne suis assis qu’occasionnellement dans mon fauteuil. Dans la première moitié de la course j’avais reçu un texto d’un José De Cauwer [consultant cyclisme à la VRT] inquiet : On n’en parlera pas à la retransmission, mais pourquoi ne voit-on pas votre équipe devant ? J’ai répondu en deux mots : Attends seulement.
L’équipe a merveilleusement travaillé jeudi : Cavagna, Vervaeke, Alaphilippe et en fin de compte également Masnada. C’était osé de prendre la course en mains de cette façon, mais Remco avait en réserve un numéro à la San Sebastian.
Je ne vais pas mentir sur le fait que je me suis fait au préalable un peu de souci quant à l’envergure de l’équipe. Dans l’étape de mardi à Laguardia – où Roglic a gagné – Remco était tout à fait seul dans le dernier kilomètre en montée. Il a vraiment de nulle part encore sprinté vers la huitième place. C’est donc un profil que nous cherchons sur le marché des transferts : un coureur qui est suffisamment costaud pour rester bien où il est en cas de vagues, mais qui se porte suffisamment vite vers l’avant quand ça monte. Cette recherche est en cours. Les transferts que nous avons faits jusqu’à présent – Jan Hirt et Casper Pedersen – sont des profils autres. Je ne sais pas si on le trouvera encore cette année. L’équipe de Tours idéale autour de Remco est en tout état de cause un work in progress. Rome et Paris ne se sont pas non plus faits en un jour.
Tous mes doutes quant à la solidité de l’équipe après la démonstration de Pico Jano se sont-ils évaporés d’un coup ? Pour être honnête : pas tout à fait. Mon expression Française favorite est [en français dans le texte] L’équipe est toujours à la hauteur du leader. Je remarque que beaucoup de coureurs se hissent au niveau de Remco, mais qui de notre équipe a eu une préparation sans faille ? Julian a eu le covid au Tour de Wallonie, Ilan Van Wilder est tombé malade avant. Louis Vervaeke a abandonné au Tour de l’Ain. Ce n’est pas un cadeau de rouler maintenant à la Vuelta, où la température balance d’un extrême à l’autre. De 36 degrés à 18 et retour : ça fait réagir le corps bizarrement. Dans ma carrière de coureur je suis une fois revenu directement de Catalogne dans les courses Flamandes. J'ai vidé tout un tube d’Algipan sur mes jambes, mais ça ne les a jamais réchauffées. Je peux me représenter que beaucoup de coureurs dans la Vuelta ont maintenant des problèmes avec les chocs de température.
Pour notre équipe, nous prévoyons en Espagne un bain glacé après chaque étape. Remco dans sa baignoire bleue improvisée, c’est pour moi la photo de l’année. Pour qui trouve ça de l’amateurisme : nous avons un camping-car à l’intérieur duquel ont été construits trois baignoires glacées professionnelles, mais il n’est pas disponible parce que nous avons en ce moment un triple programme.
Notre équipe peut-elle encore faire des pas en avant dans le suivi scientifique ? Sans aucun doute. L’entraîneur Koen Pelgrim a entretemps mérité ses galons, mais nous devons investir plus loin dans l’encadrement. Nous sommes aussi en recherche de ces profils scientifiques. Si j’en crois Radio Peloton on peut croire que Asker Jeukendrup est le génie derrière les prestations de Jumbo-Visma. Son cv est en tout cas impressionnant. Il vient du triathlon, travaille aussi pour le Red Bull Athlete Performance Center. Mais des gens avec une telle expertise élargie – qui connaissent la théorie et la pratique – sont rares. Je peux entretemps remplir nos deux bus d’équipe et notre camping-car avec quelqu’un qui pense qu’il peut rendre notre équipe plus intelligente. En fin de compte, il en va des scientifiques comme des coureurs : il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. Peut-être devrions-nous simplement racheter Jeukendrup à Jumbo."