Booze a écrit : ↑10 juil. 2021, 22:33
gradouble a écrit : ↑10 juil. 2021, 18:52
Sont-ils moins coupables cependant?
Excellente remarque
Sur le principe, ils sont, à mon sens, autant coupables dans la mesure où ils auraient cherché à optimiser un gain en fonction des possibilités de leurs temps.
Sur les performances sportives, ils seraient moins "questionnables" dans le sens où leurs pratiques auraient moins bousculé les hiérarchies naturelles qu'ont pu le faire des produits récents (ou que ne le pourraient le faire de futures (?) pratiques transhumanistes).
Bref, ils sont tout aussi coupables tout en ayant moins travesti la confrontation sportive.
Les coureurs des générations Bartali, Coppi, Bobet, Anquetil et autres ne sont en RIEN coupables pour la bonne et simple raison qu'il n'existait AUCUN règlement anti-dopage avant 1965, ni aucun contrôle.
Ils ne se sont donc rendus coupables d'aucun triche puisqu'il n'y avait aucune règle à enfreindre.
Et la remarque n'est pas purement juridique. Elle est aussi d'ordre moral. Assimiler le dopage à une tricherie est un anachronisme et un non-sens avant les années 1970. Ce que nous considérons aujourd'hui comme du dopage était alors perçu comme un élément de la préparation des coureurs, au même titre que l'entraînement ou la nutrition. Par exemple, lorsque Anquetil faisait joujou avec l'ozone pour préparer son record de l'heure en 1967, préfigurant les transfusions sanguines qui suivront dans les années 1970, la réaction de Jacques Goddet, patron du Tour de France était la suivante :
"Revenons aux soins. Anquetil a battu le record de l’heure avec une piqûre d’ozone. Il est naturel que nous souhaitions qu’un tel procédé puisse être appliqué à tous s’il ne nuit pas à la santé mais, au contraire, augmente les capacités humaines, même momentanément. C’est ce genre de recherches, dans tous les domaines, qui améliore la condition humaine. C’est à l’honneur des sportifs de servir d’exemple."
Imagine-t-on Jean-Marie Leblanc ou Christian Prduhomme en dire autant de l'EPO ?
Je suis donc en désaccord avec Booze lorsqu'il dit que les pratiques d'un Coppi, Gaul ou autres relèvent de la même logique qu'un Indurain. La différence ne tient pas seulement à la nature des produits ingérés (ce point est évident). Bien sûr, les champions de l'après-guerre cherchaient à prendre les meilleurs produits disponibles pour booster leurs performances. Mais la pratique a beau être analogue au dopage actuel, elle ne s'inscrit pas du tout dans la même logique car elle n'était pas perçue de la même façon qu'aujourd'hui.
A l'époque, il était impensable de ne pas se doper pour supporter les souffrances imposées par l'effort. Contrairement à aujourd'hui, cela n'a aucun sens d'imaginer un coureur refusant de se doper pour rester propre, pour la bonne et simple raison que le dopage n'était pas considéré comme une tricherie. Et, s'il y a toujours eu du mystère et du secret autour du dopage, c'est essentiellement par volonté de préserver la recette de sa "potion magique" de la concurrence.
Justifier le dopage présent par celui des anciens m'apparaît donc totalement vide de sens. Avant les années 1970, se doper, ce n'est pas tricher.