Quef a écrit : ↑17 avr. 2021, 23:05
#JeSuisCycliste a écrit : ↑17 avr. 2021, 22:42
Qu'est-ce qui vous semble intéressant quant aux coulisses ? Je peux éventuellement répondre.
Une première chose qui m'intéresse sur le poste de commentateur est de savoir si on ressent quand même une forme de pression, qui ferait effectivement que vous seriez plus judicieux/posés/emballés en étant tranquille à la maison, ou que Chassé réussirait ses soustractions facilement.
Une deuxième chose est de savoir ce que vous avez dans le casque. Tout le monde entend le chef d'édition ou seul "l'animateur"? Y a-t-il d'autres voix de chez Eurosport ? Écoutez vous Radio Tour ? Durand le mentionne parfois, mais y a-t-il un partage des tâches ? En quel langue est Radio Tour (parler en français en entendant de l'anglais au casque me paraît par exemple un sacré défi)? Coupez vous les sons entrants parfois ?
Une dernière : est-il facile de parler des coureurs/équipes que vous connaissez à titre personnel ? Y a-t-il une répartition des rôles en ces cas là ?
Une nouvelle dernière : existe-t-il une ligne éditoriale, qui ferait que vous avez à vous concentrer sur ce qui est dit ou sur la façon dont c'est dit ?
Alors, et désolé pour le retard, dans l'ordre:
Ue forme de pression: forcément un peu car c'est du live, mais pas trop non plus, car ce n'est "que" du cyclisme et pas un débat présidentiel. Mais bon, il y a quand même une certaine différence avec le fait d'être seul dans son canapé ou avec ses potes. Dans les deux sens d'ailleurs: quand je suis en live et à l'antenne j'essaye de bien m'exprimer et il y a donc une petite phase de réflexion qui bride le naturel, peut-être à tort je ne sais pas. Mais je n'ai de toute façon pas envie d'être le mec dans son canapé ou au bistrot, je pense que le consultant doit aussi avoir plus de recul et moins de jugements définitifs, parce que, quand même, il a pédalé à ce niveau le mec (sans snobisme vis à vis de ceux dont ce n'est pas le cas, c'est juste une réalité). Il est également difficile de continuer à s'exprimer et d'assurer le live tout en cherchant des infos et se renseignant, alors que dans son canapé, ben ça on s'en fout !
Dans le casque, justement, et c'est le truc le plus inconnu mais le plus important: bordel ça n'arrête pas ! Le décompte pour les pubs: même si elles sont absentes sur l'appli elles existent pour la télé, et il faut donc à la fois subir les ordres et en tenir compte dans nos propos pour redémarrer sur une phrase quand le direct revient sur la TV alors qu'il n'avait pas quitté l'appli ! Et il y a également beaucoup de "coupes" pour les redif, et donc il ne faut plus parler pendant plusieurs secondes... même au beau milieu d'une explication ! Et, depuis la Covid, nous ne sommes, au mieux, pas dans la même cabine, et même carrément parfois à distance, et donc sans visuel entre nous... Je pense que ça se ressent, d'ailleurs.
Une dernière: J'essaye de ne pas (trop) laisser transparaitre ma préférence pour certains coureurs, et, d'ailleurs, si je ne travaille plus avec mon ami agent, c'est aussi et justement pour qu'il n'y ait ni ambiguïtés, ni obligation de mesures dans mes propos vis à vis des équipes... Il me semble que sur ce Tour de Valence ou celui de la Turquie j'ai été objectif (alors que j'étais à fond derrière Delko en Turquie et Rémy Rochas à Valence !). Je l'espère en tout cas. Mais bon, quand même, vivement la Mercan'Tour Classic Alpes-Maritimes...
Une dernière nouvelle: non ! En tout cas pas chez Eurosport. La preuve: j'ai fréquenté Twitter en roue libre. N'oubliez pas que cette chaîne a pour consultants des personnalités comme Mourad Boudjellal... En revanche, et pour conclure: je suis carrément épaté par le niveau des journalistes d'Eurosport, tant au niveau des connaissances sportives que d'un point de vue de l'animation, ils sont top ! Et ils m'ont grandement réconforté quant à cette profession. Encore plus quand ils m'ont dit qu'un Pierre Ménès ça ne les intéressait pas, car aucun fond, et de la forme gratuitement méchante.
Bref, je suis la 5ème roue du carrosse chez Eurosport, mais ça me va très bien.