Je partage en grande partie l'avis de @Caleb ci-dessus.
A la seule "différence" que je suis passionné par le cyclisme depuis (bien) plus longtemps que lui
, et ce sans que mon intérêt, que dis-je, ma passion pour ce sport ne se démentisse jamais.
Pourtant, ce n'est pas d'aujourd'hui que le problème du dopage accompagne le vélo.
2 cas précis qui me reviennent en mémoire et que je ressuscite à dessein parce que la plupart des forumers n'en ont sans doute entendu parler que de manière très indirecte:
- Jacques Anquetil, champion reconnu et incontesté, avouait ouvertement se doper sans que cela ne remette en cause son aura: je dirais même que cet aveu ne faisait que renforcer celle-ci; à l'heure actuelle, aurait-il osé ce genre de propos, qu'il se serait vu immédiatement brûlé en place publique.
- Eddy Merckx avait été exclu, pour dopage présumé, du Giro 1969: l'opprobre avait été unanime en Belgique, celle-ci criant comme un seul homme au complot anti-Merckx tellement fort que l'UCI s'était crue obligée d'effacer sa suspension "au bénéfice du doute" et de l'autoriser à prendre le départ du Tour, qu'il a d'ailleurs gagné.
Une anecdote en passant: imaginez-vous que ce dernier avait en son temps fait de la pub pour une marque de cigarettes (Belga, si je ne me trompe): oserait-on imaginer ce cas de figure dans un monde où la bien-pensance et le politiquement correct règnent en tels maîtres absolus qu'on en est arrivé à effacer la clope d'André Malraux sur les timbres à son effigie ou à gommer la pipe de Jacques Tati dans le métro parisien sur les affiches de Mon Oncle à la reprise du film?
Fermons la parenthèse. O tempora, o mores ...
Autres temps, autres moeurs aussi dans le culte de l'immédiateté: à peine une étape de montagne avec arrivée au sommet est-elle terminée que, plutôt que de se réjouir du spectacle - s'il y en a eu -, on se hâte d'aller à la pêche aux statistiques pour vérifier si les temps d'ascension n'auraient pas par hasard pulvérisé ceux établis auparavant, avec, bien entendu les conclusions péremptoires d'usage en cas de réponse positive. Celles-ci étant tirées sans nécessairement avoir tenu compte des différences de paramètres entre les différentes périodes auxquelles ces performances ont été établies (et je ne parle pas que du vent dans le dos
)
Perso, je me réjouis de voir plusieurs extra-terrestres (et j'emploie ce terme à dessein) performer en même temps.
Cette "bande des 4" (j'ajoute Pogacar à Alaphilippe, WVA et MVdP, et j'oublie momentanément Remco) m'enthousiasme littéralement par leur volonté de se départir d'un cyclisme d'attente pour évoluer avec un panache qui n'est que trop rare dans le cyclisme actuel.
Quel plaisir de voir Pogacar attaquer ce samedi de bien plus "loin" qu'il n'est coutume dans une arrivée au sommet pour faire plier un WVA super-tenace, et de le voir ensuite ne pas se contenter de calculs d'épicier le lendemain, avec un toujours aussi hargneux WVA à ses trousses.
Quel plaisir de voir MVdP attaquer à plus de 50 km de l'arrivée ce dimanche dans des conditions dantesques pour réaliser une performance "Merckxienne".
Et qu'importe pour moi que Pogacar (et les 10 ou 15 autres suivants) ait pulvérisé le temps de l'ascension et qu'une performance telle que celle réalisée hier par MVdP puisse paraître surnaturelle: ces prestations m'ont transporté et m'ont fait savourer le plaisir simple de l'instant, sans arrière-pensée.
Et si d'aventure, l'avenir me prouve que ma confiance avait été en l'occurrence mal placée, me restera au moins le souvenir d'un moment intense que je n'aurai pas cherché à gâcher en me posant dans l'immédiateté mille et une questions de toute façon sans réponse.