- 30 mai 2021, 14:35
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Gageons que, s'il parvenait à remporter enfin son championnat national chez les élites, il prolongera l'aventure pour le plaisir et l'honneur d'avoir à arborer fièrement les couleurs suisses de par le monde.
Mathias Frank, il aura été ce coureur à avoir su laisser une empreinte dans le microcosme du cyclisme suisse mais c'est aussi un homme avant tout et cela on a trop tendance à l'oublier. Le jour de ses funérailles nous rappellera, à n'en point douter, à quel point cet homme aura été apprécié et aura tenté d'enrichir par sa bonhommie chacune des rencontres qu'il avait le don de ne jamais rendre totalement anodines. Là est la force de l'homme qui, dans sa plus grande humilité, n'a pas vœu à s'accaparer l'éclat des projecteurs mais, qui, œuvre dans l'ombre à diffuser leur lueur dans nos cœurs.
J'aurais une pensée toute solennelle et profondément amicale pour son petit frère Sutter, la passion incarnée, ainsi que pour sa femme Anne, la passion des carnets.
Le cyclisme de Mathias Frank s'envisageait comme un cyclisme du dépassement de soi et non comme celui du dépassement des autres. Rejetant avec vigueur les adages marxistes "Dis moi quel coureur tu bats, je te dirais quel champion tu es" ou encore "Dis moi quelle femme tu bats, je te dirais quel mari tu es", l'idéal frankiste ne se trouvait pas tant dans le rapport de domination à l'autre que dans cet amour irraisonné pour l'éthique personnelle. Le cyclisme des valeurs et non le cyclisme des voleurs.
Mathias, tu perds les pédales mais tu garderas toujours toute ta tête.
Paul Lapeira, qui es-tu ?