- 02 oct. 2021, 10:34
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La rubrique hebdomadaire de P. Lefevere dans Het Nieuwsblad: bonne lecture!
"Dimanche, a lieu Anderlecht – Club Bruges, mais je conseille à chacun de se brancher à temps sur Paris-Roubaix. On prévoit de la pluie et vent dans le dos. Le peloton va se livrer à un long sprint direction le premier secteur pavé.
La dernière édition sous la pluie de Roubaix – en 2001 – est une course que je ne vais jamais oublier. Cette année-là avait démarré l’équipe Domo-Farm Frites, après mon départ de Mapei. A partir de décembre nous étions passés d’une calamité à l’autre : Johan Museeuw avait eu son accident de moto, je me rétablissais de ma tumeur au pancréas et mon grand transfert Romans Vainsteins était arrivé au camp d’entraînement avec dix kilos de trop.
Tout le début de saison s’était mal déroulé. A Gand-Wevelgem – quatre jours avant Roubaix – nous n’avions eu personne de l’équipe dans le Top-10. Nous avions si mal roulés que j’en étais malade. Un des jours les plus sombres de ma carrière.
Le matin de Roubaix j’étais monté dans le bus et j’y avais fait l’un de mes plus virulents discours de ma carrière. Je ne crie jamais, cette fois-là non plus, mais chacun en avait pris pour son grade. Et le soir, nous avions trois coureurs sur le podium. Un Servais Knaven, deux Johan Museeuw et trois Romans Vainsteins, enfin à son poids de forme.
Encore un podium total ce weekend, je n’y crois pas, mais nous en sommes avec le phénomène annuel d’une équipe composée presque exclusivement de chefs de file. Tim Declercq et Bert Van Lerberghe rouleront au service des autres, mais Kasper Asgreen, Zdenek Stybar, Davide Ballerini, Florian Sénéchal et Yves Lampaert peuvent tous gagner la course.
Pour Yves, Roubaix est la course de ses rêves. « Chacun célèbre » a réalisé un beau documentaire sur sa préparation et je sais qu’Oncle Geert lui a promis la plus belle vache de son étable s’il gagne dimanche. Moi-même regarde cela de façon un peu moins romantique. Yves a un beau contrat dans notre équipe et il est suffisamment intelligent pour savoir qu’il a cette année peu de victoires à faire valoir. Il est particulièrement loyal – ce sera le premier à se manifester quand il faut remettre les choses d’aplomb – mais sa prestation dimanche, pour l’équipe ou pour lui-même, sera déterminante pour le bulletin final.
Point positif : aucun de nos cinq chefs de file n’est en fin de contrat pour le moment. Cela ne jouera donc certainement pas dans la course. Stybar était le dernier, mais nous avons renouvelé la semaine passée son contrat d’un an. J’entends parfois dire que Zdenek a de la chance d’être Tchèque, un compatriote de notre actionnaire Zdenek Bakala. Croyez-moi bien : il n’y a aucune relation de cause à effet. Bakala était la semaine écoulée en Belgique pour les Mondiaux, mais il n’est pas intervenu dans les discussions autour du contrat de Stybar.
Pour terminer : je regarderai aujourd’hui le premier Paris-Roubaix femmes. La revalorisation du cyclisme féminin se passe selon moi parfois de façon artificiellement rapide, mais c’est une bonne étape logique. Mes déclarations sur la mise sur pied d’une équipe féminine – « je ne suis pas une œuvre sociale » - a été la semaine dernière extraite de son contexte. Je voulais simplement signaler qu’il n’y a pas en ce moment huit ou plus de coureuses en fin de contrat qui me rendraient compétitif en World Tour. Mais une équipe féminine est une piste que nous investiguons évidemment. Peut-être cela surviendra-t-il plus vite qu’on ne le pense."