Modérateur : Modos VCN
Juin est le mois des cerises, des fraises et des études du professeur Blocken. Cet universitaire néerlandais (Eindhoven University of Technology) a pris l'habitude de publier chaque année, à quelques jours du départ du Tour de France, une nouvelle expérience sur l'aérodynamisme et le cyclisme. Cette saison, il s'est appliqué à calculer les gains créés par le sillage d'une moto, et les chiffres qu'il vient de révéler sont étonnants.
Sur une route plate et en l'absence de vent fort, quelle que soit la vitesse du cycliste, la résistance de l'air diminue de :
- 48 % lorsque le coureur est placé à une distance de 2,50 mètres derrière la moto
- 23 % à 10 m
- 12 % à 30 m
- 7 % à 50 m.
Sur un contre-la-montre, à une vitesse de 54 km/h, les gains en temps sont gigantesques :
- 12''7 par kilomètre à une distance de 2,50 mètres derrière la moto
- 5''4 à 10 m
- 2''6 à 30 m.
Ces chiffres doivent évidemment être augmentés en cas de vent de face et diminués s'il souffle de dos. « Mais l'avantage aérodynamique est supérieur à ce qu'on attendait », résume le chercheur. En collaboration avec l'université belge de Louvain et la société ANSYS, un éditeur de logiciels spécialisés en simulation numérique, Bert Blocken a utilisé deux méthodes parallèles : des mesures prises dans sa soufflerie d'Eindhoven et des simulations informatiques nécessitant des calculs éléphantesques. Les deux procédés ont abouti aux mêmes résultats.
Cette étude repose le problème de la présence des motos dans l'environnement immédiat des coureurs, laquelle avait déjà été mise en question après qu'elles avaient causé plusieurs chutes. Elle soulève aussi le dilemme entre le respect de l'équité sportive et la nécessité d'assurer une bonne retransmission télé de la course. Mais la télé n'est pas seule en cause.
Sur une épreuve comme le Tour, on ne comptabilise pas moins de huit motos susceptibles d'évoluer juste devant ou juste derrière le coureur (si l'avantage est moindre, il ne faut pas oublier qu'une moto placée derrière un cycliste lui procure aussi un gain en aérodynamisme) ou de le doubler :
- la moto télé (la plus régulièrement montrée du doigt parce que la plus proche)
- la moto régulateur
- la moto commissaire
- une moto photographe
- la moto assistance neutre
- la moto info
- la moto ardoisier
- la moto boissons
- les motos drapeaux jaunes (gendarmes signalant les dangers sur le parcours).
Le règlement de l'UCI (Union cycliste internationale), revu en 2017, précise seulement que les motos « doivent travailler sans jamais gêner l'évolution de la course ni fournir une prise de sillage »... « Ces règles ne sont pas suffisantes et leur application n'est pas suffisamment surveillée », observe Bert Blocken.
En attendant les drones capables de remplacer les motos (et jusqu'à ce qu'une étude démontre leur impact aérodynamique...), le directeur de la performance de l'équipe Groupama-FDJ, Fred Grappe, qui collabore avec Bert Blocken, propose une idée : « Il faut déterminer une aire protégée autour du coureur à l'intérieur de laquelle aucune moto ne pourrait pénétrer au-delà de quelques secondes. On ne peut plus ignorer cette règle plus longtemps. »
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