On continue de faire le tour des boutiques sur les réformes avec Nico Portal cette fois-ci, l'entretien complet est ici :
http://www.velo-club.net/post/interview ... otre-sport
Pour les points qui nous intéressent, voir ci-dessous :
Avant d’évoquer le recrutement, on a vu certaines voix s’élever pour un salary cap, ou d’autres contraintes visant à limiter les armadas, quelle est ton opinion sur le sujet ?
Je ne sais pas, j’ai pas vraiment eu le temps d’y penser. Si on doit me demander mon avis, très humblement, car je n’ai pas étudié le sujet, c’est que les néo-pros aient des salaires un peu plus décents que ce que moi j’avais quand j’ai débuté chez les pros. Quand on fait la comparaison par rapport aux autres sports, l’effort fourni et les risques que l’on prend, ce n’est pas vraiment bien payé, ça c’est clair. De mettre des limites de salaires, je ne trouve pas ça juste ou honnête, et si des sponsors veulent mettre beaucoup d’argent, c’est une bonne chose, car ce n’est pas pour le plaisir qu’ils font ça, pour parce qu’il y a un retour sur investissement. Et ça veut dire que notre sport fait du bon boulot, qu’on est visibles, et pourquoi limiter ça ? Car évidement c’est réparti partout, et les équipiers de base auront aussi un meilleur revenu.
Après, si je dois réfléchir un peu, car comme tout le monde j’ai lu ce qu’a dit Contador dans la presse, j’ai envie de dire que c’est étrange, car Alberto il ne s’est pas non plus limité ses salaires pendant sa carrière, et dans sa formation tous ses équipiers n’avaient pas des salaires décents, alors que lui bon...Mais bon je me répète, mais je n’ai pas non plus eu le temps de trop y penser, et je ne suis ni politicien ni économiste du sport, par contre je vis de ça, et limiter les salaires j’ai du mal à comprendre, car pour moi, il faut faire rentrer de l’argent dans notre sport. Et cet argent il peut servir à plein de choses, la sécurité, l’accès au vélo, les retransmissions TV, etc...
Un mot sur la réduction du nombre d’équipiers sur les Grands Tours, qu’est-ce que cela va changer en terme de tactique pour les équipes, et notamment la Sky ?
La sélection va être compliqué, car on va avoir le même nombre de kilomètres à parcourir, mais avec un coureur de moins, et il va donc falloir que nos coureurs soient encore plus polyvalents pour compenser ce manque. Il faudra faire le point au bout d’un an, mais je ne vois pas ça de manière très positive. Je ne pense pas que baisser le nombre de coureurs par équipes va impacter une formation en particulier, mais plutôt l’ensemble, car on voit que la quasi totalité des équipes va passer de 30 à 24 ou 25 coureurs, et on a donc plein de gars qui ont perdu leur boulot et qui ne sont plus pros. Sans oublier le staff également, où les effectifs vont réduire. Concernant la course, ça ne changera rien, cette année, on était à 8, les autres à 9, et ça n’a rien changé.
Pour conclure, quelques questions sur le recrutement, où la encore les choses ont porté à polémique avec les arrivées des 3 meilleurs coureurs espoirs du peloton. Que pourrais-tu répondre à ce qui critiquent par exemple l’arrivée de Sivakov, formé par la BMC.
Je dirais juste que Pavel, je le connais depuis un moment. Dès les juniors, il avait l’occasion de rejoindre Chambéry, ou l’équipe jeune de Katusha. Mais via mes contacts, car nous sommes tous les deux de la même région, j’avais souhaité le placer dans une plus grosse structure, la BMC Devo, car nous, on n’a pas encore d’équipe espoirs, même si on a pour projet de mettre en place quelque chose à ce niveau-là. Mais malheureusement ce n’est pas encore prêt, car contrairement à ce que certains pensent, nous n’avons pas un budget illimité. Ce qui ne nous empêche pas d’investir de temps en temps sur des coureurs de talent, comme ce fut le cas avec Tao, ou Sebastien Henao. Gianni Moscon aussi, quand il est arrivé chez nous, personne ne le connaissait, mais nous on savait que c’était un bon.
Pour en revenir à Pavel, BMC ils ne l’ont pas trouvé comme ça, ils l’ont trouvé parce qu’on le leur a conseillé, et après il a fait son choix, et c’était pas une histoire d’argent. Pour lui c’était un choix compliqué, car il savait que BMC l’avait formé pendant deux ans, du coup je lui ai dit, « fais comme tu veux, le plus important c’est que tu te sentes bien dans tes baskets. » Au final je pense qu’il a fait le bon choix, car c’est le sien.